Animal plat, allongé, caché par de nombreuses excroissances claviformes dont les extrémités sont bleu pâle plus ou moins vif
Cérates sur la tête, devant les rhinophores
Caroncule entre les rhinophores à la pointe blanche
Coloration blanc laiteux, translucide, ou en partie beige à orange clair
2 bandes blanchâtres parcourent le dos
Antiopella (GB, I, E, D), Blauwtipje (NL)
Eolis cristata Delle Chiaje, 1841
Eolidia cristata Delle Chiaje, 1841
Janolus spinolae Vérany, 1846
Antiopa splendida Alder & Hancock, 1848
Janolus cristatus (Delle Chiaje, 1841)
Le dernier changement de nom (anciennement Janolus cristatus) date de l'article de [Pola & al. 2019] révisant les Janolisés.
Méditerranée, mer du Nord, Atlantique Nord-Est
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]L'antiopelle se rencontre de la Norvège dans l'Atlantique Nord jusqu'à la Méditerranée.
L'antiopelle évolue sur des substrats durs, de la surface à de plus importantes profondeurs. On peut la voir évoluer à proximité ou sur des colonies de bryozoaires, souvent buissonnantes.
D'une taille maximale pouvant atteindre 8 cm, cet animal plat, allongé mais épais, a une apparence trapue, due à ses nombreuses excroissances claviformes : les cérates*. Ceux-ci entourent et cachent son pied et son manteau, dissimulant par là-même souvent la double ligne blanche qui parcourt longitudinalement le dos.
Ces cérates ont leurs extrémités d'un bleu pâle, plus ou moins vif selon les individus et contiennent les diverticules de la glande intestinale, visibles sous forme de lignes brunes à noires. Cette espèce présente également des cérates sur la tête, devant les rhinophores*.
Ces rhinophores, dont la base commune est de grande taille, sont lamellés. Leur pointe est blanchâtre. On peut distinguer sur la tête une sorte de crête remarquable, une caroncule* caractéristique.
La couleur de ces animaux varie du blanc laiteux au beige, à l'orange clair.
Cette arminacée est carnivore, elle se nourrit de colonies de bryozoaires souvent de forme buissonnante comme Bugula sp.
Animal hermaphrodite*, il n'y en règle générale pas d'autofécondation chez les nudibranches et deux individus sont donc nécessaires pour la reproduction.
La reproduction se fera en position tête-bêche, les organes génitaux émergeant sur la droite du corps, derrière la tête. Chacun des partenaires offrira ses gamètes* mâles puis pondra des œufs.
Ces œufs, rassemblés en petits paquets de plusieurs dizaines voire centaines d'œufs, forment un cordon tarabiscoté et relativement régulier, englobés dans un ruban gélatineux, rose pâle à blanchâtre et enroulé en cercle.
Les pontes et les individus de taille adulte s'observent de février à juillet.
Comme souvent, les conditions extérieures (notamment la température de l'eau) seront prédéterminantes pour l'éclosion de la ponte. Certains auteurs citent 23 jours dans une eau à 10-12 °C pour qu'éclosent les œufs.
Il en sortira une larve* véligère* qui devra passer une courte vie planctonique* avant de se transformer en une minuscule antiopelle et de se poser sur le fond.
On peut parfois observer, accrochés à des antiopelles, de petits copépodes parasites. Il peut s'agir d'espèces du genre Doridicola spp. (tel que D. agilis), Splanchnotrophus spp , Ismaila spp ou autres. On en voit généralement que les sacs ovigères* qui dépassent du corps du nudibranche.
Contrairement aux éolidiens (flabellines, hervia, cuthona, etc.) qui peuvent esthétiquement ressembler à l'antiopelle par la présence de cérates sur le dos, Antiopella cristata ne possède pas de cnidocystes* urticants au sommet des cérates* à des fins de défense. Et pour cause : ces cnidocytes urticants proviennent des hydraires qu'ingèrent les éolidiens et Antiopella cristata n'en mange pas ! Les bryozoaires que mange l'antiopelle n'ont pas de cellules urticantes.
Antiopelle : francisation du premier nom de genre de l'animal, Antiopella.
Antiopella : en référence au nom Antiope.
On trouve de nombreux personnages portant ce nom dans la mythologie grecque. Le fait qu'il s'agisse ici d'un animal marin et notamment d'un nudibranche porte à penser qu'il s'agit d'Antiope, la fille du gardien des vents Éole et d'Enarété, maîtresse de Poséidon.
Le genre a été décrit en 1902, par le zoologiste britannique William Evans Hoyle (1855-1926) et compte à ce jour (2024) huit espèces valides
cristata : du latin [cristatus, a, um] = à aigrette, à crête, en rapport avec la caroncule entre les rhinophores.
Numéro d'entrée WoRMS : 162687
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Cladobranchia | Cladobranches | |
Famille | Janolidae | Janolidés | Aspect d'éolidiens. Tentacules oraux distincts, grands rhinophores non rétractiles, cérates tuberculés (collants et se détachant facilement) sur le dos mais également sur le pourtour antérieur de la tête, anus médio-dorsal, queue effilée. |
Genre | Antiopella | ||
Espèce | cristata |
Couleur bleu ciel... azuréen
L'espèce peut montrer différentes nuances de couleurs et notamment une couleur bleu ciel sur le sommet des cérates. Bleu ciel comme celui de la côte d'azur où vit cet individu. Peut-être même que le flash a offert un peu du soleil azuréen pour illuminer le cœur de l'animal !
La tête est à gauche. On distingue bien, au travers des cérates, l'extension de la glande hépato-pancréatique (brune) qui finit en bouquet branchu dans la partie terminale.
Pointe de Crau de Nao, rade de Villefranche-sur-Mer (06), Méditerranée, 39 m
11/09/2005
Couleur mauve (en Bretagne)
La couleur mauve de cet individu breton est relativement soutenue.
L'animal est en position de défense, cérates hérissés, rhinophores à peine visibles.
Saint-Cast (22), 18 m
25/06/2003
Couleurs bleutées, très pâles (en Bretagne)
Cet individu breton montre d'assez pâles couleurs et des cérates pointus.
Bretagne
N/A
Couleur brune (en Languedoc-Roussillon)
Cette couleur brune est une couleur plutôt inhabituelle chez l'antiopelle ! Elle est probablement dûe à l'alimentation.
Banyuls (66)
23/02/2010
Mimétisme
Un bon moyen de se protéger des prédateurs est de se faire passer pour quelqu’un de dangereux alors qu'on ne l’est pas vraiment. Les nudibranches éolidiens stockent au bout de leurs cérates les cellules urticantes prises aux hydraires-proies et sont quasiment inattaquables. Antiopella cristata, plus inoffensive que ces derniers, imite magnifiquement leur aspect échevelé alors que l’apex de ses cirres ne recèle aucun cnidosac. Et pour cause : notre Arminacée ne mange pas de cnidaires urticants mais des bryozoaires !
Sec à Merlot, Cap-Ferrat (06), Méditerranée, 42 m
18/06/2004
Une crête
On peut distinguer ici, entre les rhinophores un appendice bulbeux caractéristique de l'antiopelle : la caroncule.
L'ile verte, LaCiotat (13), 20 m
18/09/2004
Détails sur les cérates dorsaux
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Tombant à André, Rade de Villefranche-sur-Mer (06), 28 m
17/06/2007
Belle vue sur la tête
On distingue bien ici la partie céphalique, avec entre les rhinophores lamellés, la caroncule caractéristique de cette espèce et des cérates au devant de l'ensemble. Au pied du rhinophore gauche, on distingue bien un point sombre : c'est la tache oculaire, qui permet à l'animal d'appréhender son environnement sous son aspect lumineux.
Site du vieux passage, rivière d'Etel (56), 7 m
14/03/2015
Attitude de défense
Cette attitude doit probablement être adoptée pour assurer la défense de l'antiopelle.
Dunkerque (59), zone portuaire, 7 m
15/06/2004
Nourriture
L'antiopelle a trouvé son mets favori : l’ « éventail » à droite sous le nudibranche est le bryozoaire Bugula sp.
La fosse, Banyuls sur mer (66), 10 m
03/06/2000
Cherchez-la sur les tombants...
Au milieu de son biotope très riche, l'antiopelle cherche les bryozoaires qui constituent son alimentation. Agacée par le photographe, elle érige ses cérates à titre d'avertissement.
C'est sur les tombants et les sites rocheux que vous avez une chance de la rencontrer...
Tombant à André, Rade de Villefranche-sur-Mer (06), 28 m
17/06/2007
Histoire d'une belle histoire
Si l'on veut résumer cette tendre rencontre...
1. Rencontre. Deux antiopelles se rencontrent... Elles semblent se plaire et l'animal de gauche n'hésite pas à le signaler ! On peut donc apercevoir, placés du côté droit de son corps, derrière la tête (signalée par les deux rhinophores à bout blanc), les organes génitaux hermaphrodites se déployant.
2. Accouplement. Les deux individus se sont positionnés tête-bêche, de façon à pouvoir mettre en contact leurs organes génitaux respectifs. L'échange de gamètes va bientôt pouvoir avoir lieu...
3. En train de pondre ? Une antiopelle très probablement en train de pondre. Du moins, les témoins l'ont vue sur la ponte (en rose) mais des dizaines d'autres individus étaient alentours ! Celle-ci est-elle la génitrice ?
4. La ponte. La photographe a eu le plaisir de voir autour d'elle plus de 30 antiopelles et elle a pu photographier également leurs pontes. Chacune d'elles, rose, en petits paquets de plusieurs dizaines voire centaines d'œufs par capsule, forme un cordon tarabiscoté, englobé dans un ruban gélatineux.
Cap d'Agde (34), Méditerranée, 8 m
25/02/2009
L'acte !
1. Les individus se rencontrent et se reconnaissent. Ils prennent la posture adaptée. Celui d'en haut regarde à droite (c'est son pied pointu que l'on voit, bordé de blanc). Celui du bas regarde à gauche (on distingue ses rhinophores).
2. L'acte. Les gamètes mâles sont transmis durant l'intromission.
3. Gros plan sur les organes sexuels interconnectés.
4.. Les individus reprennent une vie normale....Mais la rencontre débouchera peut-être sur une ponte.
Port du Havre, Le Havre (76), Manche, 6 m
11/11/2022
Dans l'halimède
Une antiopelle traverse un champs de monnaie de Poseïdon. Le nudibranche ne mange pas l'algue verte mais peut-être est-il en quête des bryozoaires qui peuvent pousser sur les thalles ou entre ceux-ci ?
Niolon (13), 20 m
10/05/2009
Copépode parasite
Un copépode Doridicola agilis parasite une antiopelle.
Cette très belle photo a été prise sous microscope.
Au labo, en Zélande
2011
Copépodes parasites (2)
On peut observer sur ce gros plan d'une antiopelle la présence de copépodes.
Les sacs ovigères sont roses. Dès lors, est-ce aussi Doridicola agilis comme sur la photo précédante et quid de son nom vernaculaire de "bunny orange" ?
Faille du Moulon, Niolon (13), 20 m
30/05/2014
Distribution : en Zélande (Pays-Bas)
Sur cet individu du Nord-Ouest de l'Europe, on distingue bien l'organe sexuel de l'antiopelle, situé sur le côté droit de l'animal.
Oosterschelde, Zélande, Pays-Bas, mer du Nord
21/07/2023
Distribution : dans le département du Nord
En mer du Nord française, et en milieu portuaire, l'antiopelle peut être également rencontrée.
Zone portuaire, Dunkerque (59), mer du Nord, 7 m
15/06/2002
Distribution : trio en Languedoc-Roussillon
Trois individus héraultais. Le pénis déployé est bien visible sur l'animal de gauche et un accouplement va probablement avoir lieu (ou a déjà eu lieu).
Ce jour-là, une trentaine d'antiopelles fréquentaient le même site !
Cap d'Agde (34), Méditerranée, 8 m
25/02/2009
Distribution : dans l'étang de Thau !
Cette espèce a pu également être rencontrée dans la lagune de Thau !
Étang de Thau (34), côte méditerranéenne, 5 m
12/06/2016
Distribution : sur la Côte d'Azur
Belle azuréenne !
L'espèce se rencontre assez facilement sur les tombants de Côte d'Azur. Il faut quand même un peu compter sur la chance et partager cette chance avec ses compagnons de palanquée ! Vous ferez des heureux.
Sec à Merlot, Cap Ferrat (06), Méditerranée, 42 m
18/06/2004
Distribution : duo italien (Ligurie)
Couple d'Antiopelles sur la côte ligure, dans le nord-ouest de l'Italie.
A gauche, un plan de dictyote.
Vers Savone, Ligurie, Italie, Méditerranée, 15 m
27/04/2006
Vidéo : Déambulation sur terrain sablo-vaseux
Cette antiopelle navigue en petite profondeur, parmi les moules et les gobies de la lagune de Thau.
Etang de Thau (34)
07/2012
Rédacteur principal : Aedwina REGUIEG
Rédacteur : Alain-Pierre SITTLER
Vérificateur : Michel KUPFER
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable historique : Aedwina REGUIEG
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Pola M., Hallas J.M., Gosliner T.M., 2019, Welcome back Janolidae and Antiopella: Improving the understanding of Janolidae and Madrellidae (Cladobranchia, Heterobranchia) with description of four new species, J Zool Syst Evol Res., 57, 345–368.