Corps massif et globuleux atteignant 21 cm
Nombreux ocelles en forme d'oscules d'éponge
1e épine dorsale différenciée en un filament pêcheur
Illicium fin et plus long que la 2e épine dorsale
Leurre touffu
Nageoires pectorales et pelviennes en forme de pattes
Bouche très large
Poisson-grenouille peint, poisson-crapaud peint, laffe cochon
Painted frogfish, painted anglerfish, spotted frogfish, black anglerfish (GB), Rana pescatrice dipinto (I), Ranisapo pintado (E), Rundflecken Anglerfisch (D)
Lophius pictus Shaw, 1794
Antennarius chironectes (Latreille, 1804)
Lophius chironectes Latreille, 1804
Chironectes verus Cloquet, 1817
Antennarius leprosus (Eydoux & Souleyet, 1850)
Chironectes leprosus Eydoux & Souleyet, 1850
Antennarius polyophthalmus Bleeker, 1852
Antennarius horridus Bleeker, 1853
Lophiocharon horridus (Bleeker, 1853)
Indo-Pacifique, de la Mer Rouge à l'Afrique de l'est, jusqu'à Hawaï et les îles de la Société
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]Antennarius pictus est présent dans tout l'Indo-Pacifique tropical. Depuis la mer Rouge et l'Afrique du Sud jusqu'à la Polynésie française et Hawaï. Du nord au sud, on trouve cette espèce du sud du Japon à l'île Lord Howe en Australie et la Nouvelle-Calédonie.
L'antennaire peint fréquente les lagons et récifs coralliens généralement de la surface à une quinzaine de mètres mais peut se rencontrer jusqu'à 75 m de profondeur. Dans les récifs, cette espèce se cache souvent parmi les éponges dont elle prend la couleur. Elle affectionne aussi les zones sableuses riches en éponges et en algues.
Antennarius pictus est un poisson au corps massif plus ou moins globulaire, atteignant 21 cm de longueur. Sa couleur varie du blanc au gris, jaune, vert, brun, rouge, noir avec un réseau de taches grises, brunes à rouges semblables à des croûtes. Ce réseau part du dos et descend vers les flancs. La peau, rugueuse, extensible et sans écaille, porte de nombreux ocelles en forme de cratères ou d'oscules* d'éponge de taille variable. 3 ocelles, plus ou moins visibles, barrent verticalement la nageoire caudale.
La bouche prognathe*, dirigée vers le haut, fait la largeur du corps. Elle porte de nombreuses dents villiformes*, fines et serrées comme les poils d'une brosse. L'ouverture branchiale, réduite à un simple trou circulaire, se situe en arrière des nageoires pectorales.
La nageoire dorsale se compose de 4 parties distinctes : 3 rayons épineux espacés chacun l'un de l'autre, puis la partie composée de 12-13 rayons mous. Le premier rayon épineux, situé au-dessus de la bouche, a évolué en filament pêcheur, constitué d'une tige (illicium) surmontée d'un leurre (esca). Les deuxième et troisième rayons épineux sont recouverts de peau. L'ensemble ressemble plus à une bosse ou une protubérance qu'à des nageoires. Une membrane fine, difficile à voir, relie la base de ces deux nageoires.
Le filament pêcheur est un critère d'identification chez les antennaires. Pour cette espèce, l'illicium est deux fois plus long que la deuxième épine dorsale, avec souvent de nombreuses bandes noires, et l'esca est touffue à sa base puis membraneuse vers son extrémité. Les pelviennes mais surtout les nageoires pectorales font penser à des pattes terminées par une petite main palmée. Contrairement à la majorité des poissons, les pelviennes sont placées en avant des pectorales.
La discrimination des différentes espèces d'antennaires n'est pas toujours aisée, notamment du fait de la très grande variation de couleur au sein d'une même espèce.
Un bon critère d'identification est l'illicium et son leurre.
Chez Antennarius pictus, l'illicium est fin et plus long que la deuxième épine dorsale. Le leurre est touffu à sa base puis membraneux vers son extrémité, rappelant vaguement un poisson. Le corps est couvert de cratères.
Parmi les espèces les plus fréquentes, souvent confondues avec l'antennaire peint citons :
Antennarius maculatus ou antennaire verruqueux : taille maximale de 15 cm, illicium plus long que la 2ème épine dorsale, leurre foliacé en forme de poisson. Coloration très variable (blanche, grise, rose, rouge, jaune, verte, brune, noire) avec un réseau de croûtes brun rouge partant du dos et se dirigeant en arc de cercle vers les yeux. 3 ocelles disposés en ligne verticale sur la queue. Certains individus de A. pictus ont également un réseau de croûtes brun rouge partant du dos, mais contrairement à A. maculatus, ce réseau n'atteint pas les yeux. Distribution : de l'île Maurice à la Papouasie Nouvelle-Guinée.
Antennarius commerson ou antennaire géant : taille maximale de 38 cm, illicium plus long que la 2ème épine dorsale, leurre touffu à sa base puis prolongé par quelques filaments. Coloration plus variable et le plus souvent uniforme. Distribution : de la mer Rouge à l'Amérique Centrale.
Antennarius coccineus ou antennaire à taches de rousseur : taille maximale de 12 cm, illicium de même taille que la 2ème épine dorsale, leurre touffu souvent de couleur blanche. Coloration variable (grise, rose, rouge, brune) mais généralement avec 5 bandes noires sur la queue. Distribution identique à A. commerson.
Antennarius striatus ou antennaire strié : taille maximale de 22 cm, illicium de même taille que la 2ème épine dorsale, leurre en forme de 2 à 7 gros vers. Coloration très variable (blanche, grise, jaune, verte, rose, rouge, brune, noire) mais avec habituellement de nombreuses taches plus ou moins allongées. Se rencontre sur les fonds sableux. Parfois le corps est couvert d'excroissances fines de peau, lui donnant un aspect chevelu. Distribution de la mer Rouge à Hawaï, mais également aux Caraïbes et sur les côtes atlantiques tropicales de l'Afrique.
Les juvéniles de Antennarius pictus, avec leur couleur noire à petits points jaune orangé, sont mimétiques de vers plats comme Pseudoceros lindae ou Thysanozoon nigropapillosum.
L'antennaire peint chasse à l'affût de petits poissons jusqu'à des poissons ayant la même taille que lui, y compris ses congénères. C'est un maître du camouflage très vorace. Il reste immobile, confiant dans son camouflage et gobe les proies passant à sa portée. Pour cela, il a une bouche protractile*, c'est-à-dire qu'il est capable de projeter ses mâchoires en avant, tout en ouvrant sa bouche aussi large que son corps en moins de 10 millisecondes. La dépression créée par cette ouverture brutale aspire tout ce qui se trouve devant lui. Pour attirer ses proies, il peut également agiter son leurre au-dessus de sa bouche. Malgré sa voracité, il peut se contenter d'une ou deux proies par semaine.
Il n'y a pas de différenciation sexuelle chez Antennarius pictus. C'est une espèce ovulipare*. Un couple se forme. La femelle est alors reconnaissable à son ventre distendu par les milliers d'ovules qu'il contient. Après une parade plus ou moins longue, le couple quitte le fond et remonte près de la surface où la femelle expulse ses œufs, en se secouant violemment, qui sont alors immédiatement fécondés par le mâle. Les œufs sont groupés dans une masse gélatineuse flottante en forme de ruban qui va dériver au gré des courants. On parle de ponte épipélagique. Les œufs éclosent au bout de quelques jours et la larve* restera encore 1 ou 2 mois dans le plancton*. Déjà à ce stade, la larve a un leurre au-dessus de sa grosse tête.
Les adultes sont généralement associés à des éponges, dont ils deviennent mimétiques.
Antennarius pictus, avec son corps massif et globulaire, est un mauvais nageur. Pour se déplacer, il se sert le plus souvent de ses pectorales comme des pattes et il est alors possible de le voir marcher sur le fond ou avancer en sautillant. Cependant, en cas de danger ou quand il est dérangé, il est capable de nager sur de longues distances en se servant de sa queue comme propulseur. Il peut aussi se propulser en avalant de grandes quantités d'eau par son immense bouche et en la rejetant par ses ouïes étroites, qui jouent alors le même rôle que le siphon d'un poulpe ou le réacteur d'un avion.
Il est fréquent de voir les antennaires bâiller sans que l'on sache vraiment la signification de ce phénomène.
La très grande variété de couleurs au sein d'une même espèce explique le grand nombre de synonymes. En effet, par le passé, il a été souvent attribué un nom différent pour chaque couleur d'une même espèce. Les analyses modernes ont permis de confirmer que le plus souvent il ne s'agissait que de variation d'une même espèce. En fait, un même individu est capable de changer de couleur (homochromie*) en fonction de celle du substrat sur lequel il se pose, afin de parfaire son camouflage. Cela peut prendre plusieurs jours à plusieurs semaines, ce qui ne gêne pas l'antennaire, qui peut rester des semaines au même endroit. En aquarium, un antennaire noir avec des taches orange est devenu jaune à points noirs en un mois. La couleur n'est donc pas un critère d'identification. De nos jours, 12 genres et 46 espèces (dont 25 espèces pour le genre Antennarius) sont reconnus dans la famille des Antennariidés.
Antennaire est la francisation du nom latin du genre. Peint, car peut arborer de très nombreuses couleurs différentes.
Avec leur forme massive et leurs pectorales en forme de pattes, souvent bien écartées de chaque côté de leur corps, les antennaires ressemblent vaguement à des grenouilles d'où leurs autres noms communs de poissons-grenouilles ou poissons-crapauds.
Antennarius : du latin [antenna] = antenne, car le leurre est semblable à une antenne.
pictus : du latin [pictus] = peint.
Numéro d'entrée WoRMS : 217851
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Ordre | Lophiiformes | Lophiiformes | |
Sous-ordre | Antennarioidei | Antennarioïdes | |
Famille | Antennariidae | Antennariidés | Famille des antennaires. |
Genre | Antennarius | ||
Espèce | pictus |
De profil
L'antennaire peint se reconnaît entre autres à la présence d'ocelles, semblables à des cratères, couvant plus ou moins son corps.
Lembeh, Sulawesi, Indonésie, 20 m
05/07/2010
Leurre
Le filament pêcheur (illicium) est très long. Il se termine par un leurre (esca) en forme de touffe. Noter les nageoires pectorales, ressemblant à un bras avec un coude bien marqué.
Lembeh, Sulawesi, Indonésie, 12 m
02/07/2010
Position bras écartés
Les antennaires utilisent leurs nageoires pectorales comme des bras pour se caler, alors que tout leur poids repose sur leurs nageoires pelviennes. Contrairement à la majorité des poissons, chez les antennaires, les nageoires pelviennes sont en avant des pectorales.
Bali, Indonésie, 5 m
03/09/2008
Grande variabilité de couleur
Cette espèce est un des antennaires dont la couleur peut être la plus variable.
Dumaguete, Philippines
02/08/2005
Variété jaune
Parfois, les ocelles couvrant le corps sont très petits et très nombreux.
Manado, Sulawesi, Indonésie
08/2008
Variété grise
Dans les zones volcaniques au sable noir, l'antennaire peint prend souvent cette couleur.
Manado, Sulawesi, Indonésie, 15 m
14/04/2006
Couleur brune
Avec cette couleur, sur le sable gris, cet individu ne passe pas inaperçu.
Manado, Sulawesi, Indonésie
08/2008
Individu marron
Les 3 ocelles sur la queue, ainsi que celui, assez gros, à la base de la nageoire dorsale sont caractéristiques de cette espèce.
Nha Trang, Viet Nam, 10 m
03/2009
Variété noire
Sur cet individu noir, les ocelles ressemblent à des cratères.
Lembeh, Sulawesi, Indonésie, 20 m
02/07/2010
Avec des zones rouges
L'antennaire peint peut avoir un réseau de "croûtes" rouges, partant du dos et descendant sur les flancs. L'antennaire verruqueux (Antennarius maculatus) peut également avoir ce réseau de taches mais elles rejoignent toujours l'œil.
Lembeh, Sulawesi, Indonésie, 18 m
04/07/2010
Autre couleur
Immobile, il est difficile de voir ce poisson.
Lembeh, Sulawesi, Indonésie, 20 m
05/07/2010
Repu
En pleine digestion. Les antennaires peuvent avaler des proies aussi grosses qu'eux !
Lembeh, Sulawesi, Indonésie, 15 m
05/04/2009
Bâillement
Il est fréquent de voir les antennaires bâiller sans que l'on sache vraiment la signification de ce phénomène.
Lembeh, Sulawesi, Indonésie, 15 m
11/04/2006
Camouflage
De même couleur que l'éponge qui l'entoure.
Lembeh, Sulawesi, Indonésie, 5 m
23/11/2008
Invisible
L'antennaire peint peut changer de couleur, pour imiter parfaitement les éponges dans lesquelles il se cache.
Lembeh, Sulawesi, Indonésie, 10 m
06/2010
Homochromie
L'antennaire peint ne se contente pas de prendre la couleur de son environnement. Il peut également en prendre l'aspect, comme sur cette photo où l'individu imite aussi les orifices exhalants de cette ascidie coloniale.
Lembeh, Sulawesi, Indonésie, 10 m
06/2010
Juvénile
La coloration classique des juvéniles est noire avec des points jaunes.
Puerto Gallera, Philippines, 8 m
11/04/2007
Autre juvénile
Il existe des exceptions et ce juvénile n'a pas une coloration classique. On le reconnaît malgré tout à son long filament pêcheur et son leurre touffu. Les ocelles sur le corps, ainsi que les 3 ocelles plus sombres de la queue et celui à la base de la dorsale sont aussi caractéristiques.
Lembeh, Sulawesi, Indonésie, 8 m
07/07/2010
Rédacteur principal : Sylvain LE BRIS
Vérificateur : Cédric MITEL
Responsable régional : Sylvain LE BRIS
La page sur Antennarius pictus sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
La page d'Antennarius pictus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN