10 bras fragiles à l’aspect plumeux
Petit corps central en forme de cône
Accroché au fond par des cirres
40 cirres au maximum
Antedon, crinoïde, encrine, danseuse de mer, étoile plumeuse, plume de mer
Mediterranean feather-star, feather-star (GB), Giglio di mare mediterraneo (I), Comátula mediterránea, clavelina, antedon (E), Mittelmeer-Haarstern (D), Haarster (NL)
Antedon rosacea et A. adriatica ne sont plus valides.
Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Espèce relativement abondante dans toute la Méditerranée, mais peu nombreuse à certains endroits.
Antedon mediterranea se rencontre de 10 à 80 m dans l'herbier de posidonies, mais aussi sur des fonds rocheux couverts d'algues, dans le coralligène* et sur les fonds sableux. C'est un animal benthique* (vivant sur le fond), sédentaire (il effectue des déplacements de faible amplitude). Libre (non fixé), grégaire (vit en groupes sans être social), il se rencontre en petits peuplements plus ou moins denses.
Les antédons craignent la lumière, ils vivent plutôt cachés à l’ombre pendant la journée, et sur des promontoires exposés au courant la nuit. Antedon mediterranea est souvent accroché sur d’autres animaux comme les gorgones, les bryozoaires (en épifaune) ou sur des algues ou des posidonies (en épiphyte*).
Le corps est constitué d'un petit cône central en forme de cupule de 6 à 7 mm de diamètre (le calice*).
Autour de la bouche et de l’anus, situés tous les deux vers le haut du calice, partent une dizaine de bras fragiles, striés, formés d’une vingtaine de pièces squelettiques comparables à des « vertèbres » (les articles*). L'aspect plumeux de ces bras est dû à la présence sur ces articles de 60 paires de petites ramifications latérales (les pinnules*).
Du disque central partent également, mais vers le bas, une série d’appendices segmentés et articulés (les cirres* au nombre de 40 au maximum). Le nombre de segments par cirre, chez Antedon mediterranea, est toujours inférieur à 30 (20 à 23 le plus souvent).
Chez les comatules, la partie du corps dirigée vers le substrat, correspond à la face dorsale (ou face aborale) de l'animal et la face de laquelle partent les bras plumeux correspond à la face ventrale (ou face orale) de cet échinoderme. Situé sur cette face orale, l’anus est excentré et situé au sommet d’un cône pédonculé. Le diamètre hors tout est en moyenne de 15 cm, jusqu’à 20-25 cm maximum.
La couleur varie du pourpre foncé au rouge, au brun, à l’orange, au jaune et au blanc. Le plus souvent elle est uniforme, mais parfois la livrée est bicolore (bandes blanches).
Fixé dans son jeune âge, l'individu est libre à l'état adulte. L'antédon est le plus souvent fixé, accroché par ses cirres, mais il peut se déplacer par reptation* sur ces mêmes cirres ou en s’aidant de ses bras munis de petites ventouses appelé pédicellaires*. Il peut se déplacer également (dans le cas d'une fuite par exemple) en nageant, vers le haut ou vers le bas, par des battements des bras.
Des 600 espèces de crinoïdes connues dans le monde, seules 4 espèces, très semblables, sont présentes en Méditerranée. Les 2 suivantes ne seront pas rencontrées sur les côtes méditerranéennes françaises, seule A. mediterranea pourra l'être par les plongeurs sur ces côtes.
Antedon bifida (Pennant), de couleur rouge marron avec ou sans bandes blanches, est très semblable, mais n’est rencontrée que dans l’Atlantique Nord, du Portugal à la mer du Nord, dès les premiers mètres jusqu’à des profondeurs de 200 m et uniquement dans le sud de la Méditerranée occidentale (Algérie, nord de la Tunisie, et au sud de la Sicile et de la Sardaigne). Son diamètre est un peu plus petit, de l’ordre de 10 cm. Sa structure générale est plus compacte, plus touffue, ses bras et ses pinnules sont plus courts. Antedon bifida a moins de 20 cirres (15-18 le plus souvent) ayant chacun 12-16 segments, et lorsqu’il nage, ses cirres sont placés vers le haut, entre ses bras.
Leptometra phalangium (Müller), vit uniquement à plus de 60 m, jusqu’à 1300 m (essentiellement de 200 à 600 m). Cirres à 37-38 segments. De couleur verte, ses bras sont plus minces et les pinnules moins nombreuses. Méditerranée occidentale.
Les crinoïdes fixés (lys de mer) ne se rencontrent pas en Méditerranée.
Animal consommateur microphage* omnivore qui capture par filtration avec ses bras (longs, ramifiés, pennés et mobiles) de minuscules proies en suspension (microorganismes planctoniques* et particules organiques d'origine animale et végétale): on le qualifie de suspensivore*. Des gouttières ciliées le long de chaque bras amènent les prises jusqu'à la bouche située au centre de la face orale, elle-même orientée à l’opposé du substrat*. Les comatules se tiennent dans le courant et sont surtout actives la nuit.
A. mediterranea est un animal gonochorique* (individus mâles et des individus femelles) mais il n’y a pas de différenciation externe visible entre les deux sexes. La fécondation est externe (libération des gamètes* mâles dans l’eau). Les œufs sont conservés à la base des pinnules, jusqu’à l’éclosion, par les individus femelles. Les larves* sont pélagiques* pendant quelques heures à quelques jours (entraînées en pleine eau par les courants) puis elles se fixent dans un premier temps (quelques mois), sur le substrat* par un pédoncule (stade « pentacrine » où l’animal mesure quelques mm), avant le passage à une vie libre où les comatules perdront ce pédoncule. Au stade fixé, les comatules ressemblent à des lys de mer, il s’agit d’un caractère ancestral du point de vue de l’évolution. La reproduction a lieu au printemps et en été.
De nombreux parasites cohabitent sur les antédons. De tout petits crustacés (copépodes, isopodes) vivent sur les bras des comatules, ils arborent souvent une couleur identique à leur hôte, ce qui les rend difficilement visibles pour le plongeur (camouflage). Des vers (Myzostoma sp.) sont également retrouvés sur le calice, autour de la bouche.
Une crevette, Hippolyte prideauxiana, vit parfois sur la comatule, affichant l'exacte couleur de celle-ci.
Comme tous les échinodermes, la comatule de méditerranée présente une symétrie radiaire d’ordre 5, mais chacun des 5 bras naissant du disque central se divise immédiatement en deux bras identiques, ainsi nous comptons 10 bras visibles.
La respiration se fait directement à travers la peau (respiration podiale).
Les bras fragiles, et donc souvent brisés, ont le pouvoir de se régénérer rapidement.
Contrairement aux autres échinodermes, la plaque madréporique* est absente, et de nombreux pores aquifères sont présents sur la face orale.
Les crinoïdes sont les descendants d’un groupe fossile très ancien.
Seuls représentants visibles (par les plongeurs) de la classe des crinoïdes sur nos côtes européennes, les comatules font partie des rares représentants du très ancien et primitif groupe qui peuplait les fonds des mers depuis l'ère primaire jusqu’à la fin de l’époque secondaire (nombreux groupes fossiles) pour la majorité d'entre eux. Ils ont peuplé les mers d’une foule de formes fixées au substrat, d'allures semblables à de gracieux palmiers ou à des fleurs. Leur nom même de Crinoïdes vient du mot grec krinon, qui veut dire lys. Les comatules de nos côtes ressemblent effectivement à des lys de mer ou encrines libres mais qui serait réduites à leur panache terminal. Au début du 18ème siècle les encrines n’étaient connues que sous leurs formes fossiles. Cependant de loin en loin, dans les parages des Antilles, les lignes de fond des pêcheurs ramenaient de véritables encrines : le premier échantillon, que l'on peut voir encore dans les galeries du Muséum d'histoire naturelle de Paris, avait été décrit par Guettard, membre de l'Académie des Sciences, en 1755. Les encrines étaient demeurées de précieuses raretés jusqu'au moment où l'expédition de Blake démontra qu'il en existait de véritables prairies au large de la Havane, par 520 mètres de profondeur, et qu'on pouvait en trouver même à la médiocre profondeur de 75 mètres. (Voir les photos prises au Muséum de Vienne, en Autriche).
Antédon : nom scientifique francisé du nom de genre de cette comatule.
Comatule : du latin [comatula], de [coma] = chevelure.
Encrine : du latin [encrinus], du grec [en-] = dans, et [krinon] = lys. Nom usuel des crinoïdes en général.
Crinoïdes : [Krinon] = lys, et [eides] = forme. En forme de lys.
Antedon : du grec [anthêdôn] = nèfle, sans doute du à la forme du calice.
Mediterranea : Méditerranée
Numéro d'entrée WoRMS : 124208
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Sous-embranchement | Crinozoa | Crinozoaires | Echinodermes présentant, au minimum au stade larvaire, un pédoncule les fixant au substrat. Les formes adultes libres savent nager. |
Classe | Crinoidea | Crinoïdes | Corps en forme de calice, 5 bras primaires bien définis et des bras terminaux longs et ramifiés. Certaines espèces sont fixées par un pédoncule articulé, d'autres sont libres et nageuses. |
Sous-classe | Articulata | Articulés | |
Ordre | Comatulida | Comatulides | Seul ordre actuel, comprend 2 sous-ordres, l’un avec des organismes fixés, l’autre avec des organismes non fixés. |
Sous-ordre | Macrophreata | Macrophréates | Comatulides non fixés (libres et nageurs). Bouche centrale, anus excentré. |
Famille | Antedonidae | Antédonidés | Environ 10 cm, bras fragiles, nagent assez vite, mais pas longtemps. |
Genre | Antedon | ||
Espèce | mediterranea |
Comatule de Méditerranée de nuit
Champ de comatules sur posidonies. C'est la nuit que les antédons remontent en haut des feuilles de posidonies où ils pourront mieux se nourrir en filtrant les eaux nocturnes riches en particules nutritives.
Ile Verte, La Ciotat (13), de nuit, 20 m.
09/2004
Cirres sur posidonie
Les comatules craignent la lumière, on les rencontrera en haut des feuilles de posidonies uniquement de nuit où leurs bras grands ouverts filtrent les eaux nocturnes riches en plancton et microorganismes. Pendant la journée c’est recroquevillées à l’ombre, au pied des posidonies, qu’elles se cachent.
Ile Verte, LaCiotat (13), de nuit, 20 m.
09/2004
Comatule sur gorgone rouge
Dans une zone ombragée, cette comatule de Méditerranée est ici au repos dans les « bras » d’une gorgone pourpre (Paramuricea clavata).
Iles Medes, Costa Brava (Espagne), 22 m.
07/1999
Fixé sur un spirographe
Individu fixé sur un spirographe.
L'émissaire, Palavas (34), -27m
10/05/2018
Cils visibles le long des pinnules
Tout autour des pinnules se trouvent des cils permettant à l'animal de capturer sa nourriture.
Les moures, Palavas (34), -16m
21/05/2018
Couleurs variables
Au dessus du bryozoaire orange nommé "rose de mer" (Pentapora fascialis), ce regroupement de comatules montre la diversité des couleurs rencontrées dans cette espèce. Notez la présence non systématique de taches ou bandes blanches sur les bras.
Tombant au large du Frioul, Marseille, 25 m.
06/2003
Œufs à la base des pinnules
Les œufs sont conservés à la base des pinnules sur les bras (ce sont les petits points blancs sur la photo), jusqu’à l’éclosion, par les individus femelles.
Le Pradet (83)
10/05/2014
Epifaune
Accrochée au dessus d’autres animaux sciaphiles (ici une gorgone blanche, Eunicella singularis et une "rose de mer", Pentapora fascialis), la comatule de Méditerranée déploie dans le courant ses 10 bras plumeux pour capturer de minuscules particules organiques.
Tombant au large du Frioul, Marseille, 25 m.
06/2003
Nage et cirres
Du disque central partent vers le bas une série d’appendices segmentés et articulés appelés cirres* qui sont au nombre de 40 au maximum. Le nombre de segments par cirre, chez Antedon mediterranea, est toujours inférieur à 30 (20 à 23 le plus souvent).
Corse
24/04/2007
Crevettes associées
De nombreux parasites cohabitent sur les antédons. Ici deux petites crevettes Hippolyte prideauxiana (sans doute des mâles de 1 an) vivent sur les bras des comatules, elles arborent une couleur identique à leur hôte, ce qui les rend difficilement visibles pour le plongeur (mimétisme).
Corse
24/04/2007
Ver parasite : Myzostoma glabrum
Cette photo montre un couple de vers parasite, Myzostoma glabrum, à proximité de la bouche de notre antédon méditerrannéen où ils demeurent fixés.
Baie des Anges, Nice (06), 23 m
25/01/2011
Anus pédonculé
Cette macrophotographie illustre bien l'anus pédonculé des antédons.
Antibes, 12 m, de nuit
01/02/2008
Stade pentacrine
La larve, après une période pélagique, se fixe sur un substrat dur par un pédoncule (stade pentacrine), c'est à ce moment qu'on observe leur lien de parenté avec les Lys de mer. Et ensuite la jeune comatule se détachera pour une vie libre.
Taille : 15 mm de diamètre pour 10 mm de haut.
Baie des Anges, Nice (06), 21 m
12/02/2011
Minuscule juvénile !
Cherchez bien, ce bébé antédon ne doit pas dépasser la taille de 10 mm !
Côte Vermeille (66)
1995
Rassemblement nocturne
Sur cette ascidie blanche Phallusia mammillata, plus d'une douzaine de comatules s'accrochent au support.
Tout autour, sur cette zone de gravier, en bord de tombant, des dizaines et des dizaines d'individus étendaient leurs bras dans la nuit estivale azuréenne.
Pointe de la Cuisse, rade de Villefranche-sur-mer (06), 30 m, de nuit
13/07/2018
Crinoïde fossile: Encrinus liliiformis
Voici un exemple des nombreux représentants fossiles du très ancien groupe des Crinoïdes fixés (lys de mer) qui peuplaient les fonds des mers il y a très longtemps (essentiellement jusqu’à la fin de l’époque secondaire). Il s’agit de Encrinus liliiformis. La division des plaques est bien visible au pied de chaque bras ; 5 plaques primaires qui se divisent ici en deux, pour donner 10 bras comme pour Antedon mediterranea ! La partie, présentée sur la photo, du pédoncule segmenté a pour fonction de fixer au substrat l’animal, ce pédoncule démarre de la face dorsale (ou aborale).
Collection publique du Muséum d’histoire naturelle de Vienne (Autriche)
10/2005
Lys de mer actuel: Neocrinus decorus
Voici, en premier plan dans le formol, un représentant actuel des crinoïdes fixés : Neocrinus decorus et, photographié en arrière plan, la même espèce par 420 m au large de la Floride. Le long pédoncule ancre au substrat l’animal. Les bras déployés dans le courant, collectent la nourriture (plancton et débris organiques).
Collection publique du Muséum d’histoire naturelle de Vienne (Autriche)
10/2005
Vivons cachés
La plupart du temps, en plongée de jour le plongeur n'observera que l'extrémité des bras de l'animal caché dans une anfractuosité.
Punta Negra, Colera (Espagne), 18m
01/10/2016
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Véronique LAMARE
Vérificateur : Vincent MARAN
Responsable régional : Michel PEAN
La page d'Antedon mediterranea dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN