Parasite externe vivant dans la cavité incubatrice sous l'abdomen de la crevette Athanas
Taille modeste, femelle de 5 mm et mâle minuscule
Femelle asymétrique, mâle allongé et symétrique
Lames incubatrices légèrement teintées en brun violacé
(néant)
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Mer du Nord, Manche, Atlantique Nord-Est
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Anisarthrus pelseneeri est une espèce de l'Atlantique Nord-Est potentiellement présente sur toutes les côtes de France. Elle a également été signalée d'Irlande et des côtes bulgares de la mer Noire.
Ce crustacé isopode est le parasite d'autres crustacés : son biotope* est donc l'hôte, le crustacé qu'il parasite, et plus largement, le biotope de l'hôte. Ainsi, au stade larvaire*, il vit en parasite d'un copépode pélagique*. Puis, dans un second temps, il partage le biotope de la crevette, son hôte définitif. Il devient benthique*, dans des graviers et sur des fonds rocheux. La distribution bathymétrique* est donc faible, de la surface à une cinquantaine de mètres de profondeur.
Cette espèce est un parasite externe ventral qui se rencontre sous l'abdomen de sa crevette hôte, la crevette à capuchon. Elle a été décrite d'après une seule femelle adulte et n'est pas très bien connue. Elle est morphologiquement très simple et ressemble à première vue aux autres petits isopodes parasites abdominaux. Sa taille est en rapport avec celle de l'hôte ; avec une longueur de 5,6 mm, elle est de taille modeste par rapport aux autres bopyres.
Elle est asymétrique, l'un des côtés présentant des pattes moins développées que celles de l''autre côté. Les pattes sont présentes des deux côtés de tous les segments thoraciques ; celles du côté déformé sont moins développées que celles de l'autre côté ; les deux dernières pattes de ce côté déformé sont fortement réduites, bien que possédant tous les articles normaux. Les griffes terminales des 6e et 7e pattes sont très rudimentaires.
Les lames incubatrices sont légèrement teintées d'un brun violacé.
Le mâle est tout petit ; son corps est allongé et symétrique ; il ressemble à un isopode libre classique (forme de cloporte).
Il est difficile de confondre cette espèce avec d'autres en raison de la grande spécificité parasitaire chez les crevettes. D'autres isopodes épicarides ventraux existent chez les crevettes européennes. Citons par exmple Pliophrixus philonika chez les crevettes autruches (Processidae/Processidés), Hemiarthrus abdominalis chez les petites hippolyte (Hippolytidae/Hippolytidés), Eophrixus lysmatae chez la crevette monégasque (genre Lysmata), et Diplophryxus alveolatus chez les crevettes pistolet du genre Alpheus.
A noter qu'il existe d'autres espèces de bopyres qui parasitent des crevettes au niveau des branchies. Citons par exemple le bopyre des crevettes Bopyrus squillarum sur les bouquets du genre Palaemon ou le bopyre ocellé Bopyrina ocellata qui est un parasite des crevettes Hippolyte comme Hippolyte inermis.
A l'instar des autres épicarides parasites abdominaux, la femelle de ce bopyre est hématophage*. Elle ponctionne par succion l'hémolymphe* de son hôte dans les sinus ventraux abdominaux. La littérature ne fournit pas de renseignements sur l'alimentation du mâle.
La femelle est solidement cramponnée sur la crevette. Le minuscule mâle évolue sur le corps de la femelle et la féconde. La femelle possède une cavité incubatrice, limitée par les oostégites* (expansions lamellaires thoraciques portées par les péréiopodes*), cavité dans laquelle les œufs embryonnés sont déposés après la ponte et commencent leur développement. La couleur orangée de la femelle est due à la présence des "œufs" et plus précisément au vitellus*. De nombreux œufs très petits sont pondus ; ils changent de couleur au cours de l'incubation. Les femelles sont porteuses d'œufs embryonnés dans leur poche incubatrice tout au long de l'année. La femelle, après une mue, peut rentrer dans une phase de repos sexuel sans qu'il y ait modification des oostégites. La longévité de l'espèce est liée à celle de son hôte, à savoir 1 à 2 ans environ.
La larve* du bopyre (dite "épicaridienne") suit un cycle particulier : incubée dans l'organisme maternel, elle y est tout d'abord sédentaire. Elle évolue ensuite et devient une bonne nageuse grâce aux soies natatoires de ses appendices abdominaux et quitte sa génitrice pour mener une vie planctonique* à la recherche d'un copépode pélagique* sur lequel elle se fixe pour poursuivre son développement. Elle quitte ensuite le copépode (hôte intermédiaire) à la recherche de la crevette qui constitue son hôte définitif où elle se métamorphose* et devient soit mâle soit femelle et poursuit sa croissance. La première larve à se fixer sur la crevette devient femelle, la suivante se transforme en mâle. Tout au long de ces diverses phases de la vie du parasite, un grand nombre d'individus ne survivent pas faute de trouver un hôte.
A l'état larvaire, le bopyre vit en parasite d'un copépode pélagique. Ensuite, il devient le parasite de crevettes du genre Athanas.
La biologie de l'espèce est mal connue. D'une façon générale, les isopodes parasites présentent fréquemment un dimorphisme sexuel qui est particulièrement marqué chez les bopyres. La forme particulière du corps de la femelle coincée sous la queue de la crevette, lui permet de rester cramponnée sans effort entre les pléopodes* de son hôte. On ne sait pas si le bopyre infecte de préférence des hôtes de sexe femelle. La répercussion de ce parasitisme sur la santé de l'hôte est importante, l'empêchant de pondre et entraînant un ralentissement de son développement. Le parasite peut occuper presque la totalité de l'emplacement théorique de la ponte sous l'abdomen.
Le bopyre abdominal : ce parasite appartient au groupe de parasites habituellement dénommés en français "bopyres" et du sous-groupe des espèces qui se fixent à l'abdomen de leur hôte,
de la crevette à capuchon : nom vernaculaire de l'hôte.
Anisarthrus vient de [aniso-] = inégal, et de [arthro] qui selon les habitudes d'Alfred Giard peut se comprendre soit de façon restrictive comme "articulation", soit (par métonymie) comme "un arthropode" au sens large. Ce terme est sans doute en lien avec les pattes inégales à gauche et à droite du parasite qui est asymétrique et un peu tordu comme un haricot (il n'a pas les mêmes pattes à gauche et à droite).
pelseneeri : l'espèce est dédiée par Giard à son ami le Professeur Paul Pelseneer, zoologiste belge de l'Université de Gand.
Numéro d'entrée WoRMS : 118190
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Peracarida | Péracarides | Les femelles sont dotées d'une cavité d'incubation formée par des expansions lamelleuses des péréiopodes. |
Ordre | Isopoda | Isopodes | Corps comprimé dorso-ventralement, première paire d’antennes beaucoup plus petite que la seconde, yeux non pédonculés. 7 paires de pattes de même apparence. |
Famille | Bopyridae | Bopyridés | Parasites externes de crevettes marines. |
Sous-famille | Hemiarthrinae | ||
Genre | Anisarthrus | ||
Espèce | pelseneeri |
Crustacé ectoparasite abdominal
Anisarthrus pelseneeri, le bopyre abdominal de la crevette à capuchon Athanas nitescens, est rarement observé in situ.
Ce crustacé ectoparasite appartient au groupe des isopodes.
Saint Malo (35), estran
30/10/2011
Dessins d'une espèce ressemblante
Sans dessin explicite de Anisarthrus pelseneeri, nous vous proposons ceux de l'espèce ressemblante Hemiarthus abdominalis pour mieux comprendre son aspect.
A : Femelle (9 mm), face ventrale,
B : idem, face dorsale,
C : mâle (3 mm) à la même échelle,
D : idem agrandi.
Dessins de Richardson et proposés sur le site Peracarida
Dans : Richardson H., 1905, A monograph on the Isopods of North America, Bulletin of the United States national museum, Smithsonian institution, 54, i-liii, 1-727p.
Reproduction de documents anciens
1905
Rédacteur principal : Pierre NOËL
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Codreanu M., Codreanu R., 1956, Sur l'Anisarthrus pelseneeri, épicaride parasite abdominal de la crevette Athanas nitescens ; sa présence dans la Mer Noire et la dispersion du genre Anisarthrus, Bulletin Biologique de la France et de la Belgique, Paris, 90(2), 111-121.
Giard A., 1907, Sur l'Anisarthrus pelseneeri (nov. gen. et nov. sp.), Bopyrien parasite d'Athanas nitescens Leach et sur la synonymie du genre Hemiarthrus, Comptes Rendus des Séances de la Société de Biologie, Paris, 63, 321-324.
Nouvel H., Nouvel L., 1935, Observations sur la biologie d'une crevette Athanas nitescens Leach, Bulletin de l'Institut Océanographique de Monaco, n° 685 (28 décembre 1935): 1-8.
Richardson H., 1905, A monograph on the Isopods of North America, Bulletin of the United States national museum, Smithsonian institution, 54, i-liii, 1-727.
Turquier Y., 1962, Les Décapodes Natantia de la région de Luc-sur-Mer, Faculté des Sciences de Caen, Laboratoire de Biologie Marine de Luc-sur-mer , 1-65.
La page de Anisarthrus pelseneri dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN