Gobie à demi-bandes

Amblygobius semicinctus | (Bennett, 1833)

N° 4073

Océan Indien Ouest

Clé d'identification

Gobie avec une taille maximale documentée de 11 cm
Tache brun foncé au-dessus de l’opercule
Cinq barres transversales grisâtres à noires sur les flancs
Deux à trois séries longitudinales de taches bleu turquoise sur les flancs
Ocelle noir ou rougeâtre bordé de points bleus sur la première dorsale et la caudale
Femelle : six ou sept barres bleu pâle bordées de noir en partie inférieure de la première moitié du corps

Noms

Autres noms communs français

Gobie galone, gobie galonne

Noms communs internationaux

Half-barred goby, halfbarred goby (GB), Ghiozzo (I), Binden-Grundel (D), Baigalhi funna (Maldives)

Synonymes du nom scientifique actuel

Gobius semicinctus Bennett, 1833

Distribution géographique

Océan Indien Ouest

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique

Cette espèce se rencontre dans l’ouest de l’océan Indien (mer Rouge exclue), des côtes de l’Afrique de l’Est au Sri Lanka, aux Maldives, aux Chagos, aux Seychelles, à Madagascar et aux Mascareignes (La Réunion, l'île Maurice, Rodrigues et les petites îles proches).

De récents signalements en mer d’Andaman et à Bali demandent à être confirmés.

Biotope

Le gobie à demi-bandes est une espèce benthique* qui privilégie les fonds sablo-détritiques* des zones protégées des récifs, ainsi que les herbiers et les fonds boueux des estuaires. On peut le trouver de 1 à 20 mètres.

Description

Description sommaire : gobie de taille moyenne (max : 11 cm) au corps fuselé et comprimé latéralement, de couleur gris vert à brun rouge avec trois séries longitudinales de taches turquoise et cinq barres transversales noirâtres plus ou moins distinctes sur les flancs. On observe une tache brun foncé au-dessus de l’opercule*, et un ocelle* noir à rougeâtre bordé de points bleus sur la dorsale épineuse et sur la caudale. La livrée des femelles est caractérisée par six ou sept barres bleu pâle bordées de noir dans la partie ventrale du corps.

Description détaillée :
Le corps est long, fuselé et comprimé latéralement. Sa hauteur (calculée à l’aplomb du troisième rayon dur de la dorsale) entre de 3,3 à 4,6 fois dans sa longueur standard (longueur sans la queue). Le pédoncule* caudal est large. La taille maximale documentée est de 11 cm.

La couleur de fond est un gris verdâtre plus ou moins foncé qui peut tendre au brun rouge. Cette couleur est souvent plus claire dans le tiers antérieur du corps. Une tache brun foncé, plus ou moins nettement visible selon les individus, se trouve au-dessus de la limite supérieure de l’opercule. Cinq barres transversales grisâtres à noires de largeur variable marquent les flancs : la première commence sous la dorsale épineuse et la dernière se situe sur le pédoncule caudal. Ces barres peuvent être difficilement perceptibles dans les livrées foncées, ou réduites à des lignes dans certaines livrées claires. Plusieurs séries longitudinales de taches rouges à peu près circulaires s’étendent entre le front et la partie antérieure du dos, jusque sous la dorsale épineuse ; les séries partant de la partie postérieure de l’œil se prolongent souvent jusqu’à la moitié de la dorsale molle. Cinq à sept taches blanchâtres, de forme irrégulière et très espacées, sont distribuées le long du profil dorsal, les premières sous la dorsale épineuse, la dernière sur le pédoncule caudal. Deux à trois séries longitudinales de taches bleu turquoise de forme très irrégulière marquent les flancs. La première, parfois blanchâtre, commence au-dessus de la nageoire pectorale, la seconde derrière cette pectorale et la troisième, très irrégulière et souvent réduite à une dissémination aléatoire de petites taches bleues, commence sous la pectorale et longe la partie supérieure de l’abdomen*. En dehors de ces lignes, de nombreuses écailles sont marquées d’un point bleu, notamment dans la moitié postérieure du corps.

La tête est déprimée (aplatie) de l’espace interorbitaire à la nuque. Préopercule* et opercule sont concaves. Le museau est arrondi tant de profil que vu de dessus. La bouche est terminale, oblique et protractile* ; elle est très large, les lèvres sont épaisses. Les narines antérieures sont tubulaires, les narines postérieures sont plus proches des antérieures que des yeux.
Les yeux, en position dorsolatérale, sont proéminents et globuleux, l’iris* est doré. Seuls le tiers supérieur de l’opercule et la nuque portent des écailles. Une bande brune, parfois peu distincte, part de la pointe du museau, traverse l’œil et se prolonge sur le préopercule. La partie supérieure du museau porte des taches rouges plus petites que celles qui lui succèdent derrière l’espace interorbitaire. De nombreuses taches bleu clair bordées de noir de taille et de forme variables ornent les lèvres, la joue et l’opercule.

La dorsale épineuse est séparée de la dorsale molle ; elle est plus courte et plus haute qu’elle, avec des membranes fortement échancrées. Ses rayons sont fins et flexibles. Les deuxième, troisième et quatrième rayons sont prolongés par des filaments plus ou moins longs. La dorsale molle et l’anale sont longues, hautes et régulières ; elles s’achèvent en pointe et sont à peu près symétriques. La caudale est longue et très arrondie.

La couleur de fond de ces trois nageoires (qu’on appelle les nageoires « impaires ») est un brun rougeâtre plus moins prononcé, la caudale étant toujours plus claire.
- Une série de grosses taches rondes et rouges longe la base de la dorsale épineuse ; une ligne oblique de taches rouges plus petites se trouve entre les trois premiers rayons, et on observe un ocelle noir à rougeâtre entouré de points bleus derrière le quatrième rayon. Le dernier tiers des quatre derniers rayons est marqué par une ligne brune bordée de bleu. De nombreuses petites taches bleu clair sont distribuées entre ces motifs. Les filaments sont brun rouge à noirâtres.
- La dorsale molle présente une multitude de petites taches bleues et de nombreuses taches rondes et rouges distribuées aléatoirement. Elle porte une large bande distale* brun grisé à liseré bleu pâle précédée d’une ligne de petites taches bleues et noires.
- Le premier tiers longitudinal de l’anale est brun foncé et porte deux séries de grosses taches bleues, puis vient une large bande plus claire avec des lignes verticales brun foncé accompagnant les rayons, entre lesquelles se trouve une multitude de petites taches bleues ; une bande distale* gris foncé à liseré bleu pâle couvre toute la longueur de la nageoire.
- La caudale présente un large liseré foncé sur tout son pourtour et un ocelle noir ou rougeâtre bordé de points bleus proche de la partie supérieure de sa base. Certains individus peuvent présenter en outre de une à cinq petites taches noires cerclées de bleu pâle, réparties à proximité des bords supérieur et inférieur de la nageoire. De nombreuses petites taches d’un bleu très pâle plus ou moins alignées marquent les membranes.
- Les nageoires pectorales sont larges, assez longues, et arrondies. Leurs membranes sont translucides.
- Les parties postérieures des pelviennes sont soudées et forment ainsi un long et large éventail de forme presque conique quand elles sont déployées. Le premier rayon de chacune est un court rayon dur relié par une membrane (dite « frenum ») au rayon dur de l’autre nageoire. Leur couleur va du gris pâle au gris foncé à noirâtre avec un fin liseré blanc.

La livrée de la femelle est caractérisée par six ou sept barres bleu pâle bordées de noir dans la partie inférieure de la première moitié du corps, de l’arrière des pectorales à l'aplomb de la moitié de l’anale. Les nageoires impaires sont plus discrètement ornées que celles du mâle à l’exception de la dorsale épineuse.

La livrée des juvéniles ne diffère pas sensiblement de celle des adultes.

Espèces ressemblantes

Dans sa distribution restreinte à l’ouest de l’océan Indien, Amblygobius semicinctus ne peut éventuellement être confondu qu’avec une espèce de son genre :

  • A. albimaculatus : une large bande claire bordée de bleu monte en oblique de la commissure des lèvres à l’extrémité de l’opercule, une autre, presque verticale, se trouve sur la partie inférieure de l’opercule ; il n’y a pas d’ocelle noir sur la première dorsale chez les adultes, et la dorsale molle et l’anale sont couvertes de très petits points bleus. Le mâle présente trois petits ocelles noirs bordés de bleu au-dessus de la base de la dorsale molle. Cette espèce se rencontre en mer Rouge et dans les zones tropicales et subtropicales des océans Indien et Pacifique.

Alimentation

A. semicinctus se nourrit d’algues filamenteuses, de petits crustacés (amphipodes, copépodes, crevettes) et de vers polychètes qu’il capture en prenant des bouchées de sable. Ces bouchées sont ensuite évacuées par les ouïes après filtration des éléments nutritifs.

Reproduction - Multiplication

Peu de choses sont documentées sur la biologie de la reproduction chez A. semicinctus à la date de publication de cette fiche (septembre 2021). L’espèce est connue pour être monogame, les couples partageant ou non le même territoire. Le mâle creuse plusieurs terriers en évacuant avec sa gueule le sédiment sous un débris corallien ou une roche. L’un de ces terriers est dédié à la reproduction. Le mâle assure la garde et l’entretien des œufs.

A titre indicatif, voici quelques informations issues de deux études sur la reproduction chez Amblygobius phalaena, morphologiquement proche d’A. semicinctus et d’écologie comparable : la première (Hernaman et Munday, 2005a) établit que la taille moyenne à la maturité sexuelle est d’environ 6 cm (6 mois) pour les femelles et 5 cm (environ 5 mois) pour les mâles. La seconde étude (Takegaki, 2000) relate que le mâle comme la femelle attaquent les poissons qui s’approchent des terriers et que, si le mâle est prélevé, la femelle s’occupe des œufs. Les œufs sont fixés sur le plafond du terrier. Des mâles ont été observés immobiles, l’arrière du corps engagé dans l’entrée du terrier : l’auteur suppose qu’ils créent alors un courant avec leur caudale pour ventiler les œufs. Un mâle a été observé en aquarium sous la grappe d’œufs, en train de la ventiler avec ses pectorales tout en frétillant du corps. Les terriers ont une forme en L avec une seule ouverture, ou en U avec deux ouvertures, et mesurent de 20 à 30 cm de longueur. Les accouplements ont lieu peu avant les pleines et nouvelles lunes. La femelle pond entre 37000 et 38000 œufs ovoïdes d’environ 1,6 mm de longueur. Les larves* éclosent au bout de trois ou quatre jours, elles mesurent alors environ 2,5 mm.

Divers biologie

Cette espèce démersale* ne s’éloigne jamais beaucoup du fond.

La dentition de l’espèce consiste en une rangée de canines recourbées vers l’arrière dans la partie antérieure des deux mâchoires. Les deux canines les plus latérales de la mâchoire inférieure sont beaucoup plus longues que les autres et fortement rabattues vers l’arrière.

L’espérance de vie chez A. semicinctus n’est pas connue. A titre indicatif, l’espérance de vie maximale chez A. phalaena, établie d’après un échantillon de 134 individus, est d’environ 14 mois, et celle d’A. bynoensis va de 12 mois chez les femelles à 13 mois chez les mâles (échantillon de 153 individus).

La dorsale épineuse comprend 6 à 7 rayons durs, la dorsale molle de 14 à 15 rayons mous. L’anale comprend 1 rayon dur et 14 à 15 rayons mous. Les pectorales ont 19 à 20 rayons. Les pelviennes ont un rayon dur et 5 rayons mous.
Il n’y a pas de ligne latérale*, elle est remplacée par un système de canaux, de papilles et de pores sensoriels sur la tête.

Informations complémentaires

Une étude menée sur les relations génétiques à l’intérieur de la famille des Gobiidés a montré que le genre Amblygobius est étroitement lié aux genres Valenciennea et Signigobius, et que cette proximité génétique se manifeste dans des caractéristiques éthologiques partagées. Les auteurs de l’étude observent en effet que les espèces de ces trois genres vivent en couples monogames, sont territoriales, creusent des terriers et se nourrissent en filtrant le sable à travers leurs branchies*.

La famille des Gobiidés est la plus vaste des familles de poissons, avec actuellement (septembre 2021) 1949 espèces valides (dont 329 décrites ces dix dernières années) réparties en 258 genres. On les trouve en eaux douces (environ 200 espèces) ainsi qu'en eaux saumâtres* et marines dans toutes les zones tropicales et subtropicales, essentiellement dans le domaine indo-Pacifique. Elles vivent généralement à faible profondeur (mais on peut en trouver par 800 m de fond dans les océans, aussi bien que dans des cours d’eau sibériens ou des ruisseaux à 2000 m d’altitude). Le plus grand gobie connu est Gobioides broussenetii, qui peut mesurer plus de 55 cm, et le plus petit est Trimmatom nanus, qui ne dépasse pas 1 cm.

Les plus anciens fossiles de la famille des Gobiidés sont datés de l’Eocène (-56 à -33,9 millions d’années).

Statuts de conservation et réglementations diverses

Le statut de l’espèce pour l’UICN* est LC (Least Concerned, traduit par « Préoccupation mineure »), ce qui signifie que les informations recueillies sur l’espèce n'orientent pas vers une classification dans les autres catégories, notamment dans les trois qui alertent sur une menace (CR : en danger critique d’extinction, EN : en danger, VU : vulnérable). Fonction de quoi elle n’est pas actuellement concernée par des mesures de protection.

Origine des noms

Origine du nom français

Gobie : traduction du nom de genre « Gobius ».
à demi-bandes : traduction de l’épithète spécifique « semicinctus » (voir l’origine du nom scientifique).

Origine du nom scientifique

Amblygobius : ce nom de genre est composé du mot grec [amblys], qui signifie « émoussé, usé », et du mot latin [gobius] qui désignait un goujon et par extension un petit poisson. Ici, le mot renvoie au genre Gobius créé par Linné en 1758 pour réunir des poissons dont les nageoires pelviennes sont soudées en un disque ventral faisant office de ventouse.
Le genre est décrit en 1874 par Pieter Bleeker, médecin et naturaliste néerlandais (1819-1878), dans Esquisse d'un système naturel des Gobioïdes (Archives néerlandaises des sciences exactes et naturelles, Tome IX, page 322). Bleeker ne justifie pas explicitement ce nom, mais il emploie deux fois, pour décrire la tête et la queue des poissons du genre Amblygobius, l’adjectif latin « obtusus » (obtus). Le sens premier de ce mot est « émoussé », et son usage dans le domaine des sciences de la nature renvoie à ce qui a des contours arrondis. Ce sont donc très probablement les profils arrondis de la tête ou de la nageoire caudale chez ces poissons qui justifient le nom du genre dans lequel ils ont été rangés.
L’espèce-type* est Amblygobius sphinx (que Bleeker nommait Gobius sphinx).

Le genre contient 16 espèces actuellement acceptées.

semicinctus : ce mot est le participe passé du verbe latin [semicingere], qui signifie « entourer à demi », le nom [cingulum] désignant une ceinture.
L’espèce est décrite en 1833 par le médecin et zoologiste anglais Edward Turner Benett (1797-1836) dans Characters of new species from the Mauritius (Proceedings of the Zoological Society of London, 1833, Première partie, page 32). Dans sa courte description de l’espèce (en latin), l’auteur note : « semicingulis sex ventralibus argenteis nigro-marginatis » (littéralement : « six demi-ceintures ventrales argentées à bordures noires »). Le choix de l’épithète spécifique est donc motivé par la caractéristique marquante de la livrée des femelles de l’espèce. Benett la décrit sous le nom de Gobius semicinctus.
La localité du type* est l’île Maurice.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 219376

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Actinopterygii Actinoptérygiens Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées.
Ordre Perciformes Perciformes Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales.
Famille Gobiidae Gobiidés
Genre Amblygobius
Espèce semicinctus

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