Alose vraie/Alose feinte

Alosa alosa/fallax | (Linnaeus, 1758)/(Lacepède, 1803)

N° 4490

Atlantique Nord-Est, Manche, mer du Nord, Méditerranée (rare, disparues en France) (+ eaux douces continentales et estuaires)

Clé d'identification

Alosa alosa :
Taille moyenne = 54 cm jusqu'à 80 cm maximum
Poids = 1,6 kg
Ecailles irrégulières et non alignées
Une seule grosse tache derrière l'opercule (qui peut être absente dans de rares cas)

Alosa fallax :
Taille moyenne = 42 cm jusqu'à 55 cm maximum
Poids = 0,7 kg
Ecailles régulières et parfaitement alignées sur l'axe longitudinal
Entre 4 et 8 petites taches noires derrière l'opercule (pas toujours visibles)

Rq: suivant les sources, ces chiffres (tailles et poids) peuvent varier un peu.

Noms

Autres noms communs français

Pour Alosa alosa : alose, grande alose, alose vulgaire, coulac, coulaca, coulacqua, coulat, couvert, poisson de mai, allache, sable.
Pour Alosa fallax : alauze, astouna, caluyau, couvreux, feinte, finte, gatte, lacia, loza, pucelle, vérot.

Noms communs internationaux

Pour Alosa alosa : Allis shad (GB), Agone (I), Sobalo, Samborca (E), Mecheuisch, Maifisch, Eift, Alse (D),
Pour Alosa fallax : Twaite shad (GB), Cheppia (I), Saboga (E), Finte, Elben, Bajeckens (D).

Synonymes du nom scientifique actuel

Pour Alosa alosa :
Clupea alosa Linnaeus, 1758
Alosa alosa alosa (linnaeus, 1758)
Alosa communis Yarrell, 1836
Alosa vulgaris Valenciennes, 1847
Alosa rusa Mauduyt, 1848
Alosa cuvieri Malm, 1877 (mal orthographié)
Alosa cuvierii Malm, 1877
Pour Alosa fallax :
Alosa ficta Duhamel du Monceau, 1772
Clupea rufa Lacepède, 1803
Alosa falax fallax (lacepède, 1803)
Clupea nilotica Geoffroy saint-hilaire, 1809
Clupea alosa elongata De la Pylaie, 1835
Clupea sardinella Vallot, 1837
Alosa minor Bonaparte, 1846
Alosa squamopinnata Couch, 1865
Alosa africana Regan, 1916
Alosa finta killarnensis Regan, 1916
Alosa fallax rhodanensis Roule, 1924
Alosa finta rhodanensis Roule, 1924

Distribution géographique

Atlantique Nord-Est, Manche, mer du Nord, Méditerranée (rare, disparues en France) (+ eaux douces continentales et estuaires)

Zones DORIS : ● Eau douce d'Europe, ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

Ce sont deux espèces plutôt rares que l'on peut rencontrer en Atlantique Nord-Est, du sud de la Norvège, y compris la Baltique, jusqu'aux côtes de la Mauritanie, Manche, mer du Nord et Méditerranée occidentale. Elles fréquentent aussi les eaux douces continentales et les estuaires. La France reste le seul pays où l'on peut rencontrer des populations significatives, mais néanmoins en régression.

Biotope

En France, on les rencontre sur les côtes près de l'embouchure des fleuves ou des rivières.
En mer, on trouve Alosa alosa entre 70 m et 300 m de profondeur, et Alosa fallax dans des fonds de moins de 20 m.
En eaux douces, à l'exception de la Seine où seuls quelques spécimens ont été récemment constatés, on trouve des populations relativement importantes dans la Loire, l'Allier, le Cher, la Vienne, la Garonne et le Rhône et dans de nombreux cours d'eaux côtiers comme la Charente, l'Adour, la Nivelle.

Description

C'est un poisson de la famille des harengs, des sardines ou des sprats. Il n'y a pas de dimorphisme* sexuel, sinon que les femelles peuvent atteindre un poids maximum plus grand que les mâles. Le corps fusiforme, est légèrement comprimé latéralement, au profil dorsal incurvé, sans ligne latérale*.

La nageoire dorsale est composée de 18 à 21 rayons mous sans épine chez Alosa alosa et 12 à 16 rayons mous avec 4 à 6 épines chez Alosa fallax. La nageoire caudale est largement échancrée. L'opercule branchial* (partie qui ferme les ouïes) est strié. Les écailles sont grandes et brillantes, agencées irrégulièrement par rapport à l'axe longitudinal des flancs pour Alosa alosa et parfaitement alignées pour Alosa fallax. La tête porte une bouche de type supère* (ouverture vers le haut pour attraper des proies qui nagent en surface), sans dents apparentes, avec une échancrure médiane très nette sur la partie supérieure. Les yeux sont couverts par une membrane nictitante* (3e membrane qui protège et humidifie le globe oculaire).

On peut différencier les 2 espèces par l'observation des peignes branchiaux permettant de filtrer les particules alimentaires sur le 1er arc branchial* (boucle osseuse qui supporte les branchies). Le nombre de branchiospines* (épines fixées sur le bord interne du 1e arc branchial) est différent, entre 85 et 130 chez Alosa alosa et entre 30 et 80 chez Alosa fallax.

La couleur du dos est bleu-vert. La tête est plutôt marron. Les opercules branchiaux présentent des taches dorées. Les flancs sont argentés. Chez Alosa alosa on distingue une grosse tache noire derrière l'opercule suivie de 1 à 2 taches noires plus petites, mais sur certains spécimens elles peuvent être absentes, chez Alosa fallax on distingue entre 4 et 8 taches noires alignées vers l'arrière du corps. Il est à noter que ces taches sont sur la peau, et peuvent ne pas apparaître sous les écailles en fonction de la réflexion de la lumière. (voir photo n°1 et 2 du même poisson, avec et sans écailles).

Enfin Alosa alosa montre une taille moyenne de 54 cm (jusqu'à 80 cm maximum) et un poids moyen de 1,6 kg. Alors que chez Alosa fallax la taille moyenne est de 42 cm (jusqu'à 55 cm maximum) et le poids moyen de 0,7 kg.

Espèces ressemblantes

Les harengs, les sardines, les sprats et les aloses se ressemblent.

Chez Alosa fallax on peut noter 6 sous-espèces dont 2 espèces sensiblement différentes Alosa fallax killarnensis et Alosa fallax lacustris endémiques* de lacs et une espèce un peu plus grosse que Alosa fallax sur le bassin Rhodanien Alosa fallax rhodanensis.

Alimentation

Les Aloses sont euryphages* (qui se nourrissent de proies très variées), larves* d'insectes en eaux douce, crustacés et plancton* dans le milieu marin.

Alosa alosa se nourrit de zooplancton* (organismes d'origine animale vivant en suspension dans l'eau), elle peut être piscivore* (se nourrissant de poissons) pour les plus grosses.

Alosa fallax est essentiellement piscivore en particulier envers les anchois pour celles du golfe de Gascogne.

Dès le passage en eau douce pour la reproduction, les adultes cessent de se nourrir.

Reproduction - Multiplication

Ce sont des poissons de mer migrateurs, anadromes* (qui vivent en milieu marin littoral pour effectuer leur croissance, et migrent vers les eaux douces à substrat* caillouteux pour leur reproduction). Ils vivent en banc aussi bien en mer qu'en rivière.

Les Alosa alosa ne se reproduisent qu'une fois, rarement 2. En général, elles ne survivent pas à cette migration, seulement 4 à 6 % pourront regagner la mer. L'épuisement, les frayères étant très éloignées, (on peut en trouver jusqu'à Vichy sur l'Allier soit à plus de 650 kms de la mer), et le manque de nourriture explique cette mortalité importante.

Les Alosa fallax peuvent se reproduire jusqu'à 5 fois, les frayères sont plus proches de la mer.

La maturité sexuelle est atteinte en moyenne à 4 ans pour les mâles et 5 ans pour les femelles.

Les frayères sont toujours des zones de cailloux et de graviers, où les œufs peuvent être dissimulés pour échapper aux prédateurs.

La ponte est liée à la température de l'eau et est très spectaculaire, elle a lieu la nuit entre 1h00 et 5h00 du matin après une parade nuptiale ou les adultes forment une ronde en tapant la surface de l'eau avec leur queue, on appelle ce phénomène le "Bull". C'est lors de ces parades alors que les adultes nagent côte à côte que les œufs et les spermatozoïdes* sont expulsés et que la fécondation a lieu.

L'incubation dure entre 4 et 8 jours. 15 à 20 jours après l'éclosion, les alevins deviennent de petites aloses appelées alosons, au bout de 1 à 2 mois ils se regroupent pour descendre en banc vers la mer, c'est la dévalaison* qui débute en été pour durer entre 3 et 6 mois.

Pour Alosa alosa la migration se fait de mars à juin et la reproduction de mai à juillet en fonction de la température de l'eau (déclenchement de la reproduction à partir de 18 °C). Elles se reproduisent plutôt en amont des rivières. C'est une espèce semelpare* (espèce dont les femelles ne se reproduisent qu'une seule fois et meurent). En fonction de son poids, une femelle pond entre 100 et 250 000 œufs par kg en plusieurs fois avant de mourir.

Les Alosa fallax sont itéropares* (espèce dont les femelles se reproduisent plusieurs fois au cours de leur vie). La reproduction se fait plus en aval, voire dans les estuaires, la femelle pond entre 80 et 150 000 œufs par kg en plusieurs fois, dans une eau à 20 °C.

Divers biologie

Alosa alosa : âge maximum = 10 ans,

Alosa fallax : âge maximum = 25 ans.

Informations complémentaires

On peut déterminer l'âge des poissons en étudiant les écailles qui présentent des stries caractéristiques à chaque fois qu'ils passent de l'eau douce dans l'eau de mer, qu'ils se reproduisent ou lors d'un cycle hivernal, comme les cernes observés sur un tronc d'arbre coupé, cette technique s'appelle la scalimétrie*. Elle nécessite un bon référentiel pour chaque espèce et le respect de la zone de prélèvement des écailles, variable suivant l'espèce.

Les 2 espèces étant très proches peuvent s'hybrider, et les hybrides se reproduire.

Les aloses sont de bons indicateurs de la qualité de l'eau.

Les aloses en général remontent dans leur rivière d՚origine, leur raréfaction est surtout due aux obstacles qu’elles peuvent rencontrer car elles n՚ont pas le pouvoir de les sauter, contrairement aux saumons.

Parmi les causes de raréfaction de cette espèce, on peut citer :

  • Les barrages non munis d'ascenseur à poissons,
  • La dégradation de la qualité de l'eau,
  • L'extraction de granulats qui a détruit de nombreuses frayères,
  • Les prises d'eau des centrales nucléaires surtout sur la Loire,
  • La pêche excessive.

Statuts de conservation et réglementations diverses

En France comme en Europe, les aloses sont considérées comme vulnérables et de ce fait figurent aux annexes III de la convention de Berne, II et IV de la directive Habitat-Faune-Flore.

En France l'arrêté du 8 décembre 1988 interdit la destruction des œufs et l’altération ou la dégradation des milieux particuliers, et notamment des lieux de reproduction des aloses.

Origine des noms

Origine du nom français

Grande alose est un dérivé du nom scientifique Alosa.

Alose feinte est la traduction du nom scientifique Alosa fallax.

Origine du nom scientifique

Alosa du latin [alausa], nom qui apparaît pour la 1ère fois dans un poème sur La Meuse dans l'œuvre "Les Idylles" du gallo Romain Ausone 309/394 après JC, où il détaille la faune halieutique de la Moselle.

fallax, du latin [fallo] = tromperie, pour désigner ce poisson que l'on pourrait prendre pour la grande alose.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 126415

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Actinopterygii Actinoptérygiens Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées.
Ordre Clupeiformes Clupéiformes
Famille Clupeidae Clupéidés Poissons essentiellement marins. Absence d’écailles sur la tête, certaines espèces en sont même dépourvues sur le corps. Ligne latérale courte ou absente, dents minuscules ou absentes. Planctonophages.
Genre Alosa
Espèce alosa/fallax

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