Aldisa fraise

Aldisa fragaria | Tibiriçá, Pola & Cervera, 2017

N° 5732

Océan Indien, Pacifique Ouest

Clé d'identification

Corps ovale avec une bosse dorsale pourvue de deux dépressions en forme de cratère
Nombreux tubercules courts et arrondis, au sommet marqué par des taches noires
Couleur dominante rouge vif, généralement avec deux bandes transversales blanches de part et d’autre de la bosse dorsale
Rhinophores, panache branchial et pied uniformément rouges
Taille maximale documentée : 4 cm

Noms

Noms communs internationaux

Sponge-mimicking Aldisa, double pit Aldisa (GB)

Distribution géographique

Océan Indien, Pacifique Ouest

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique

L’espèce est documentée au Mozambique, à La Réunion, à Maurice, aux Philippines, sur la côte ouest de l’Australie et en Nouvelle-Calédonie. Toutefois la rareté des observations, probablement liée à son mode de vie caché sous une roche ou un débris corallien, incite à penser que sa distribution est plus riche. Il faut en outre se rappeler qu’elle a été décrite récemment (2017).

N.B. : les descripteurs de l’espèce considèrent que sa distribution officielle est pour le moment réduite au Mozambique, où ils ont prélevé les spécimens qu'ils ont séquencés (ADN) et disséqués pour la description. Ils ajoutent que les individus réputés présents dans d’autres endroits doivent être prélevés pour séquençage et/ou examen anatomique pour vérifier qu’il s’agit bien de cette espèce. Mais les mêmes auteurs écrivent aussi qu’A. fragaria diffère visuellement des autres espèces de son genre par la présence de tubercules arrondis dont le sommet est marqué de taches noires. En tant que naturalistes amateurs, nous en restons à ce critère pour ce qui concerne la distribution.

Biotope

L’aldisa fraise fréquente les cuvettes des côtes rocheuses et les platiers* récifaux, généralement à très faible profondeur (1 à 2 m), mais elle a été documentée jusqu’à 11 m.

Description

Description succincte : petit nudibranche de 4 cm maximum au corps ovale. Une bosse dorsale pourvue de deux dépressions en forme de cratère commence entre les rhinophores* et s’achève après le panache branchial*. Le corps est couvert de petits tubercules arrondis de taille variable.
La couleur dominante est rouge vif ; elle peut être marquée par deux bandes transversales blanches plus ou moins consistantes de part et d’autre de la bosse dorsale. Les tubercules ont un anneau clair à leur base et un anneau foncé à leur extrémité. Les rhinophores, le panache branchial et le pied sont uniformément rouges.

Description détaillée :
Ce petit doridien, qui peut atteindre 4 cm, a un corps ovale de consistance ferme. Il est pourvu d’une large bosse dorsale qui commence entre les rhinophores*, progresse régulièrement en hauteur jusqu’aux deux tiers du corps et s’achève par une descente sur laquelle se situe le panache branchial*. Sur l’axe médian de cette bosse dorsale se trouvent deux dépressions en forme de cratère, de taille et de profondeur variables, qui imitent les oscules* de certaines éponges. La première dépression se trouve derrière les rhinophores, la seconde devant le panache branchial. Le corps porte de nombreux tubercules* arrondis de taille moyenne régulièrement espacés dont la taille diminue en s’approchant des bords du manteau*. La lèvre de chacun des cratères dorsaux est entourée d’un anneau de tubercules généralement plus petits que les autres.
Le tronc des rhinophores est relativement court ; la massue (la partie lamellaire), en forme de pomme de pin, porte de 13 à 19 lamelles.
Le fourreau branchial est court. Le panache branchial est constitué de cinq branchies* bipinnées*. La partie exposée des branchies est de faible hauteur ; elles peuvent se rétracter complètement dans le fourreau.
Le pied est moins large que le manteau.

La couleur dominante est rouge vif. On peut généralement observer de part et d’autre de la bosse centrale deux bandes transversales blanches à jaunâtres plus ou moins discernables qui rayonnent vers les bords du manteau. Ces bandes, qui agrègent des taches minuscules, colorent également les tubercules situés sur leur passage. Elles peuvent présenter des parties jaune vif, ou être réduites à quelques amas blanchâtres. Les tubercules sont marqués à leur base par un anneau blanchâtre et, à leur extrémité, par des taches rouge foncé à noires pouvant former un second anneau.
Les rhinophores et le panache branchial sont rouge vif.
Le dessous du manteau et le pied sont uniformément rouges.

Espèces ressemblantes

Parmi les espèces de son genre, à couleur dominante rouge et présentes dans son aire de distribution (océan Indien et Pacifique Ouest), Aldisa fragaria peut être confondue avec A. zavorensis et A. pikokai.

  • Aldisa zavorensis : les branchies sont bordées de brun très clair à crème. Le manteau ne porte pas de tubercules dont le sommet serait marqué par un petit anneau rouge foncé à noir. L’espèce a une distribution indo-Pacifique. Elle a été décrite en même temps qu’Aldisa fragaria, par les mêmes auteurs.
  • Aldisa pikokai : la couleur peut aller de l’orange au rouge vif. Le corps est parcouru par un réseau irrégulier de crêtes de faible hauteur ; la bosse dorsale présente trois dépressions en forme de cratère et les branchies sont de couleur crème à brune avec une extrémité blanche. L’espèce est signalée dans le Pacifique, au sud du Japon, sur la côte australienne, aux îles Marshall et à Hawaï.

Alimentation

L’alimentation de l’espèce n’est pas documentée à la date de publication de cette fiche (février 2024), à notre connaissance. Toutefois, dans la mesure où de nombreuses autres espèces du genre se nourrissent d’éponges (Aldisa sanguinea, A. smaragdina, A. andersoni, A. pikokai, A. banyulensis, etc.), il est probable que la nourriture d’A. fragaria soit de même nature.

Reproduction - Multiplication

La biologie de la reproduction n’est pas documentée pour cette espèce à la date de publication de cette fiche (février 2024), à notre connaissance. Cependant, comme tous les nudibranches doridiens, elle est plus que probablement hermaphrodite* synchrone (ou simultané) : chaque individu produit des gamètes* des deux sexes et est à la fois inséminateur et inséminé lors des accouplements. Les organes génitaux se trouvent du côté droit de la partie antérieure du corps ; les individus voulant s’accoupler se placent donc en position tête-bêche et s’échangent leurs gamètes mâles, qui sont stockés dans une spermathèque*. Un ruban d‘œufs fécondés au fur et à mesure et enrobés de mucus est ensuite fixé sur un substrat*, généralement sous la forme d’une spirale.
Quelques pontes ont été observées à La Réunion en janvier et février, soit au milieu de l’été austral.

Chez Aldisa fragaria, le pénis est armé par 11 rangées longitudinales de 18 à 24 épines dirigées vers l’arrière.
Sa ponte se présente sous la forme d’une spirale rouge vif de faible hauteur, aux tours bien espacés les uns des autres.

Divers biologie

Le genre Aldisa présente une particularité notable chez les nudibranches : ses espèces ne peuvent pas être discriminées à partir de leur formule radulaire* parce que leurs dents sont trop fines, trop nombreuses et se chevauchent trop pour qu’elles puissent être comptées. Toutes les espèces du genre ont donc de très nombreuses dents fines et très longues, à base triangulaire et bords dentelés jusqu’à une pointe portant un bouquet d’épines dirigé vers l’arrière.

Au titre de la défense contre les prédateurs, le manteau d’A. fragaria est armé par de minuscules spicules*, ce qui peut suffire à rendre l’animal inconsommable. De plus, l'espèce partage probablement une caractéristique documentée chez d’autres espèces du genre Aldisa (par ex. A. andersoni, A. cooperi et A. smaragdina) : la présence dans ses tissus de composés chimiques dissuasifs pour les prédateurs. Ces substances peuvent venir directement des éponges que ces espèces consomment, ou être synthétisées par l’animal à partir de molécules prélevées dans leur nourriture.

Les deux dépressions en forme de cratère présentes sur la bosse dorsale, de même que l’illusion d’optique créée par l’anneau blanc entourant un anneau noir sur les tubercules, évoquent des siphons d’éponge. A. fragaria associe donc les stratégies dissuasives au niveau de la palatabilité* et du mimétisme* visuel pour se protéger des prédateurs.

On trouve souvent l’aldisa fraise sous une pierre ou un débris corallien en journée. L’espèce semble être active la nuit.

Informations complémentaires

La famille des Cadlinidés comprend trois genres : Aldisa, Cadlina et le genre monotypique* Inuda. Ces genres regroupent actuellement 52 espèces.

Aldisa fragaria est considérée comme rare.

Origine des noms

Origine du nom français

Aldisa fraise : reprise du nom de genre et adaptation du nom d’espèce.
En l’absence de nom commun français disponible, aldisa fraise est une proposition du site DORIS.

Origine du nom scientifique

Aldisa : le genre est décrit en 1878 par le médecin et naturaliste danois Ludvig Rudolph Sophus Bergh (1824-1909) dans Malacologische Untersuchungen, in: C. Semper (ed.) Reisen im Archipel der Philippinen, volume 3, page 1098. La description est liminaire et comme à son habitude, Bergh ne donne aucune explication sur le choix du nom. Toutefois, il s’est souvent inspiré du nom de personnages de textes anciens, notamment les sagas médiévales islandaises, pour choisir les noms d’un certain nombre d’autres genres (par ex. Jorunna, Thorunna, Halgerda), et Aldisa est le nom d’un personnage de la Saga de Laxdæla (en français « Saga des gens du Val-au-Saumon »). Il est donc probable que le nom du genre vienne de ce texte.
L’espèce-type* est Aldisa zetlandica.
Le genre contient actuellement 23 espèces acceptées.

fragaria : c’est le nom générique des fraisiers, via le latin [fraga], qui désigne les fraises.
L’espèce est décrite en 2017 par Yara Tibiriçá, Marta Pola et Juan Lucas Cervera dans Two new species of the genus Aldisa Bergh, 1878 (Gastropoda, Heterobranchia, Nudibranchia) from southern Mozambique (pp. 45-48). Les auteurs écrivent que le nom d’espèce vient de la ressemblance de l’animal avec les fraises. Ce que justifient sa couleur rouge vif et sa petite taille.
La localité du type* est Zavora Bay, dans la province d’Inhambane, au sud du Mozambique.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 1023224

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Heterobranchia Hétérobranches
Super ordre Nudipleura Nudipleures
Ordre Nudibranchia Nudibranches Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre.
Sous-ordre Doridina Doridiens Corps aplati. Anus dorsal entouré complètement ou partiellement par des branchies de remplacement ramifiées qui peuvent être rétractées (voire absentes). Mangeurs d’éponges, habituellement armés de spicules calcaires internes.
Famille Cadlinidae Cadlinidés
Genre Aldisa
Espèce fragaria

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