Eponge à grand développement, formant de longs lobes ramifiés
Couleur beige à brun orangé
Consistance caoutchouteuse
Oscules sommitaux à margelle nette
Surface piquetée de zoanthaires marron rougeâtre
Eponge tubulaire brune, éponge-caoutchouc brune
Brown tube sponge (E)
Chalinopsis conifera Schmidt, 1870
Atlantique tropical Ouest
Zones DORIS : ● CaraïbesElle est commune dans le golfe du Mexique, la mer des Caraïbes, Cuba, les Antilles, et de la Jamaïque aux côtes du Venezuela.
Agelas conifera s'établit entre 5 et 40 m de profondeur. La situation lui est à peu près indifférente à condition qu'il y ait un substrat* solide (roche, massif corallien) et assez de place pour déployer ses branches. On la trouve aussi bien fixée sur le fond que pendant du plafond d'une grotte ou d'un tombant.
Cette éponge très commune, de couleur assez terne, passe cependant rarement inaperçue à cause de son développement exubérant. Un seul individu peut occuper une surface allant jusqu'à 3 m de diamètre avec ses branches.
A partir d'une base massive ancrée sur la roche, elle déploie des lobes allongés qui se prolongent en branches recourbées, parfois ramifiées, couronnées d'oscules* ronds disposés à la partie sommitale des lobes.
Ces oscules, de 0,5 à 3 cm de diamètre, sont nettement cernés d'une membrane mince, claire, qui peut parfois fermer presque entièrement l'ouverture. A l'intérieur, la cheminée est cylindrique, de diamètre régulier, perforée de petits orifices exhalants.
La couleur est variable : beige, marron clair, brun orangé, avec une teinte plus claire à l'intérieur des cheminées.
La surface est lisse, le contact comme la couleur rappelle le caoutchouc. Elle porte de petites dépressions en forme de cuvette, de virgule, de tiret disposées de façon irrégulière.
La partie basale et centrale de l'éponge est presque systématiquement colonisée par des zoanthaires qui vivent sur l'éponge et donnent un aspect piqueté de marron rougeâtre à la surface.
Dans le nord de son aire de répartition, elle pourrait être confondue avec certaines formes de l'éponge Agelas tubulata, de forme et de couleur similaires. Celle-ci a cependant plus une tendance à pousser en tubes accolés par la base, avec des parois épaisses et convolutées, et elle semble présente uniquement dans le golfe du Mexique et les Bahamas.
La confusion est possible également avec l'éponge de Zea (Svenzea zeai), parfois colonisée aussi par les zoanthaires marron-rouge. La forme, la coloration et la position des oscules permettent de faire la différence.
Comme la majorité des éponges, elle se nourrit en filtrant les particules microscopiques contenues dans l’eau.
Chez les Agelas, la reproduction sexuée se fait par production de gamètes* mâles et femelles, éventuellement par un même individu mais pas simultanément : il y a donc fécondation croisée.
Les larves* ciliées, de type parenchymella*, nagent quelques temps avant de se fixer.
Des colonies de Parazoanthus, spécifiquement le zoanthaire-éponge marron, s'installent presque systématiquement dans les petits orifices latéraux de l'éponge.
L'éponge corne d'élan a un squelette de fibres de spongine* entrecroisées supportant les spicules* typiques des Agelasidés : des acanthostyles*. Ils sont droits, verticillés*, et mesurent de 80 à 180 µm de longueur.
Malgré leur aspect charnu, ces éponges sont rarement attaquées par les prédateurs habituels (poissons-ange, tortues). Elles produisent, entre autres, des alcaloïdes à effet répulsif sur les consommateurs éventuels.
Eponge corne d'élan, à cause d'une forme de développement assez commune où les branches retombantes forment des pousses secondaires dirigées vers le haut, l'ensemble finissant par ressembler aux bois en plateau d'un élan.
Agelas : du grec [agelaios] = qui vit en troupeau, sans doute à cause de la forme de croissance en lobes serrés de plusieurs espèces de ce genre.
conifera : du latin [conus] = cône, cimier, et [-fero] = porter : porteur de cônes.
Numéro d'entrée WoRMS : 164824
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
Classe | Demospongiae | Démosponges | Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella. |
Ordre | Agelasida | Agélasides | |
Famille | Agelasidae | Agélasidés | Squelette de spongine réticulé. |
Genre | Agelas | ||
Espèce | conifera |
Eponge brune, multilobée, souvent incrustée de Parazoanthus.
Un cas extrême de multiplication des lobes !
Pointe Burgos, Martinique sud, 12 m
08/12/2011
Une éponge à grand spectacle !
Elle peut atteindre un très grand développement.
Guadeloupe, 24 m
24/03/2012
Les cheminées
Chaque lobe est en réalité une cheminée s'ouvrant au sommet par un oscule circulaire.
L'intérieur de la cheminée est jaunâtre, plus clair que l'extérieur, et perforé de petits orifices exhalants irréguliers.
Anse Dufour, Martinique, 18 m
11/03/2012
En vue rapprochée
La membrane mince, claire, qui encercle chaque oscule est ici bien visible.
La Dominique, 13 m
03/01/2011
Tuyaux d'orgue
Les cheminées issues de la branche sont ici étroitement accolées et non individualisées.
L'Avion, Port-Louis (Guadeloupe), 23 m
13/03/2012
Partiellement colonisée
Sur la branche située au premier plan, les zoanthaires ne se sont pas encore installés. La surface est lisse, seulement interrompue par les oscules alignés sur le dessus.
Pointe Burgos, Martinique, 17 m
25/11/2012
Totalement infestée
Ici les Parazoanthus ont envahi tout l'espace disponible.
Pointe Plate, Guadeloupe, 19 m
02/12/2009
Haut les mains !
Pas de crainte, l'éponge est inoffensive !
On voit ici l'extrémité des lobes en pleine croissance, remarquer que les zoanthaires marron-rouge ne sont pas encore installés sur ce terrain neuf.
Bouillante, Guadeloupe, 20 m
12/03/2010
Cornes d'élan !
Ou de bouquetin, au choix.
La Coucoune, Martinique Nord, vers 20 m
24/10/2004
En version octopus
Devant ce spécimen à longues branches, on ne pense plus tellement à un élan, mais à un poulpe en train de se déplacer.
Guadeloupe, 36 m
02/2005
Candélabre
Ce grand spécimen est suspendu comme un lustre au plafond d'une arche calcaire.
Port-Louis, Guadeloupe (971), 18 m
13/03/2012
Abri
Deux mombins timides se cachent sous l'aile protectrice d'une éponge corne d'élan.
La confluence des petits orifices latéraux occupés par les zoanthaires forme plutôt des tirets que des points.
Bouillante, Guadeloupe, 215 m
11/12/2009
Abri (bis)
Celle-ci sert de reposoir à un petit mérou ouatalibi (Cephalopholis fulva).
Saba, vers 20 m
09/1997
Insolite
Sans ses habituels zoanthaires et en début de croissance, seul l'alignement des oscules bien ronds nous permet de reconnaître l'éponge corne d'élan !
Les Arches, Port-Louis (Guadeloupe), 18 m
18/04/2009
Malade
Cette photo montre deux phénomènes curieux :
- un enveloppement blanchâtre, probablement dû à l'invasion par des bactéries ou des champignons ;
- la quasi occlusion des oscules par la membrane périphérique.
On peut supposer que l'éponge a été cassée (on en voit encore une trace récente), ou sciée par une amarre, et la reconstitution des tubes comme l'infection sont la conséquence de cet accident. La faculté de régénération des éponges est grande, mais celle-ci a subi deux accidents en peu de temps ...
Guadeloupe, 28 m
26/05/2012
Les spicules
Tirée de la description originale (Schmidt, 1870) voici la première représentation des spicules de notre éponge :
a - Chalinopsis cervicornis
b - Chalinopsis conifera
Ce sont des acanthostyles (bâtonnets à extrémité pointue, couverts d'épines) verticillés (ces épines sont disposées en 13 à 18 couronnes autour de l'axe).
Antilles
Reproduction de documents anciens
1870
Rédacteur principal : Anne PROUZET
Correcteur : Susanna LÓPEZ-LEGENTIL
Responsable régional : Anne PROUZET
Assmann M., Lichte E., Pawlik J. R., Köck M., 2000, Chemical defenses of the Caribbean sponges Agelas wiedenmayeri and Agelas conifera, Marine Ecology Progress Series, 207, 255-262.
Crocker L.A., Reiswig H.M., 1981, Host specificity in Sponge-incrusting Zoanthidea of Barbados, West Indies, Journal of Marine Biology, 65, 231-236.
Leys S.P., Ereskovsky A.V., 2006, Embryogenesis and larval differentiation in sponges, Canadian Journal of Zoology, 84, 262-287.
Pulitzer-Finali G., 1986, A collection of West Indian Demospongiae (Porifera), Annali di Museo Civico di Storia Naturale Genova, 86, 65-216.
Schmidt O., 1870, GRUNDZÜGE EINER SPONGIEN-FAUNA DES ATLANTISCHEN GEBIETES, Engelmann, Leipzig, 88p.
La page d'Agelas conifera sur le site de référence de DORIS pour les spongiaires est ici : World Porifera Database
La page d'Agelas conifera dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN