Pneumatophore pigmenté de rouge
Nectophores (cloches natatoires) en 2 rangées contigües
Siphosome (longue colonie pélagique blanche semi-transparente) pouvant atteindre 120 cm
Siphonophore (GB), Sifonofori (I), Sifonóforo (E), Siphonophoren (D), Sifonoforer (N)
Agalmopsis elegans Sars, 1846
Agalmoides elegans (Sars, 1846)
Agalmopsis Sarsii Kölliker, 1853
Atlantique Nord-Est et Atlantique Nord-Ouest
Zones DORIS : ● Atlantique Nord-OuestLe siphonophore de l'Atlantique est principalement connu dans le nord de la mer du Nord, dans l'ouest de la Manche ; peut-être dans le sud de la mer du Nord. Dans l'Atlantique Nord-Ouest, il est présent dans le golfe du Saint Laurent.
Les siphonophores de l'Atlantique vivent en pleine eau, de la surface jusqu'à 400 m de profondeur. Pour cette raison l'espèce est dite épipélagique*. Sa présence dans les eaux moins profondes est probablement associée à la circulation des eaux océaniques sur le plateau continental.
Agalma elegans est un siphonophore colonial de l’ordre des Physonectes, c’est-à-dire possédant un pneumatophore* et des nectophores*. Le pneumatophore est une petite ampoule gazeuse de forme ovoïde et dotée d'un chapeau pigmenté de rouge. Il assure la flottabilité de la colonie. Sous le pneumatophore se trouve le nectosome*. Il est constitué de
polypes (zoïdes*) spécialisés dans le déplacement de la colonie : les
nectophores*, sortes de cloches natatoires mesurant chacune environ de 5 à 7 mm. La colonie se poursuit par
le siphosome*, sorte de guirlande de couleur blanche semi-transparente qui peut mesurer jusqu’à 120 cm. Les individus (zoïdes) de la colonie s'organisent en cormidies* autour d'un axe creux appelé le stolon*. Chaque cormidie
est dotée d'un zoïde reproducteur (gonozoïde*), d'un zoïde de défense
(dactylozoïde*) et d'un zoïde nourricier (gastrozoïde*). Celui-ci est
muni d'un tentille* : long filament pêcheur ramifié servant à capturer
et immobiliser les proies par l’intermédiaire de cnidocytes* (cellules
urticantes spécialisées dans la capture des proies ou la défense de la
colonie).
Il s'agit principalement d'autres siphonophores à flotteurs qui sont également susceptibles de remonter près de la surface depuis les grandes profondeurs.
La forskalie Forskalia edwardsi Kölliker, 1853 : ce siphonophore possède également un flotteur à l'une de ses extrémités. Il présente un panache urticant sur un stolon* mesurant couramment 3 à 5 m et pouvant atteindre jusqu'à 10 m de long. Le stolon forme comme une gaine ; il est très volumineux et très hérissé. Des vésicules* rouges/orange sont visibles au niveau des filaments pêcheurs.
Le siphonophore fil de fer Apolemia uvaria (Lesueur, 1815) : il possède également un flotteur mais le siphosome* relativement fin peut être extrêmement long, jusqu'à 10, 20 voire 30 mètres en état d'extension ! Facilement reconnaissable à ses cormidies* de couleur blanche, ressemblant à des tampons de laine assez espacés sur le stolon.
La rhyzophyse filiforme Rhizophysa filiformis (Forskål, 1775) : l'espèce ressemble aussi à une longue guirlande translucide, mais on ne voit pas
de cloches natatoires, le pneumatophore* forme une grosse ampoule et le
siphosome très étiré n'est pas pigmenté de rouge. Les cormidies sont
largement espacées sur le stolon.
Le siphonophore de l'Atlantique a un régime carnivore. Les filaments des polypes protecteurs et nourriciers sont dotés de cnidocytes* très urticants. Les colonies étendent leurs tentacules* pour ratisser l'eau environnante, et harponner toutes sortes de petits organismes planctoniques* (crustacés, mollusques, cnidaires, cténaires, thaliacés...) et même des poissons. Les proies sont ramenées vers les bouches et estomacs, nourrissant toute la colonie via le stolon*.
Les siphonophores possèdent des zoïdes* spécialisés dans la reproduction, appelés les gonozoïdes. Ils libèrent les gamètes* mâles et femelles et la fécondation a lieu en pleine eau, permettant l’obtention d’un ovule* fécondé. Chaque œuf va ensuite se développer pour former une colonie d’individus où chaque zoïde est spécialisé dans une fonction vitale. Les stades post-larvaires* distinctifs sont souvent capturés dans des échantillons de juillet à septembre, ce qui indique un frai* printanier pour les adultes. La post-larve mesure généralement moins de 4 mm de long.
Le cérianthe du nord Pachycerianthus borealis et l’anémone Cribrinopsis similis font partie de ses prédateurs.
Attention aux colonies du siphonophore de l'Atlantique, la plupart du temps très urticantes de par leurs cellules appelées dactilozoïdes garnies de cnidocytes*.
Siphonophore est dérivé du mot de siphon avec le suffixe -phore, littéralement « qui porte des siphons ».
Atlantique : cible son aire de distribution
Agalma : (XXe siècle) Concept de Jacques Lacan (la cause du désir), tiré du Banquet de Platon. Du grec ancien [agalma] = gloire, délice, honneur.
elegans : du latin [eligans] = délicieux, recherché, prodigue, fastueux et du latin [elegans] = raffiné
Numéro d'entrée WoRMS : 135484
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Hydrozoa | Hydrozoaires | Cnidaires dont le cycle de vie est alterné, mais de façon inconstante, par deux phases différentes : le polype et la méduse. Présence d’un velum dans la méduse (dite craspédote), gonades ectodermiques, perte des septes, perte des cnidocytes endodermiques. Coloniaux ou solitaires. Quelques espèces d’eau douce. |
Sous-classe | Hydroidolina | Hydroïdes | Hydrozoaires dont le cycle de vie présente toujours une phase polype. |
Ordre | Siphonophorae | Siphonophores | Hydroïdes coloniaux exclusivement pélagiques. Les colonies présentent des méduses et des polypes associés et fortement différenciés, disposés le long d'un stolon long parfois de plusieurs dizaines de mètres. |
Sous-ordre | Physonectae | Physonectides | Siphonophores possédant un pneumatophore, un nectosome, et un siphosome. |
Famille | Agalmatidae | Agalmatidés | Nectosome sans tentacules disposé en biseaux entre les nectophores |
Genre | Agalma | ||
Espèce | elegans |
Un siphonophore colonial
De couleur blanc transparent, il peut mesurer jusqu'à 120 cm.
Le palan, Baie de Gaspé, Québec, Canada, 12 m
04/07/2021
Organisation de la colonie
Les individus de la colonie s'organisent autour d'un axe creux appelé le stolon*
Baie des anémones, Les Escoumins, Québec, Canada, 3 m
31/07/2021
Organisation de la colonie
Les individus de la colonie s'organisent autour d'un axe creux appelé le stolon*
Baie des anémones, Les Escoumins, Québec, Canada, 3 m
31/07/2021
Siphonophore de l'Atlantique
Sous les cloches natatoires on trouve une chaîne linéaire constituée par les cormidies* qu'on appelle le siphosome*.
Baie des anémones, Les Escoumins, Québec, Canada, 3 m
31/07/2021
Locomotion
Les siphonophores utilisent une méthode de locomotion similaire à la propulsion par jet.
Saguenay, Québec, Canada, 18 m
15/08/2021
Unités nourricières
Chaque cormidie* est dotée d'une unité nourricière le gastrozoïde*.
Saguenay, Québec, Canada, 18 m
15/08/2021
Prédation
L’anémone Cribinopsis similis est en train d'ingérer le siphosome du siphonophore
Baie des anémones, Les Escoumins, Québec, Canada, 18 m
05/08/2019
Rédacteur principal : Laurent FEY
Vérificateur : Emmanuelle MARTINS
Responsable régional : Laurent FEY
Basse V., Ribeiro A., 2017, Un pour tous, tous pour un : Les siphonophores, Culture Biologique Numérique.
Damian-Serrano A., Haddock S., Dunn H D., Casey W., 2020, "Shaped to kill: The evolution of siphonophore tentilla for specialized prey capture in the open ocean", Edited by Jeremy B. C. Jackson, American Museum of Natural History, New York, NY, 9p.
Gershwin L., Lewis M., Gowlett-Holmes K., Kloser R., 2014, The Siphonophores, In: Pelagic Invertebrates of South-Eastern Australia: A field reference guide, Version 1.1, CSIRO Marine and Atmospheric Research, Hobart, 29p.
Mapstone G. M., 2014, Global Diversity and Review of Siphonophorae (Cnidaria : Hydrozoa), PLoS ONE, 9(2).
Totton A. K.,1955, Development and metamorphosis of the larva of Agalma elegans (Sars) (Siphonophora Physonectae), In “Papers in Marine Biology and Oceanography”, Edited by M. Graham, Deep-Sea Res. 3 (Suppl), 239-241.
Uribe-Palomino J., López R., Gibbons M J., Gusmão F., Richardson A J., 2019, Siphonophores from surface
waters of the Colombian Pacific Ocean, Journal of the Marine Biological
Association of the United Kingdom, 99(1), 67‑80.
La page des Agalma elegans dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN