Adéonelle

Adeonella calveti | Canu & Bassler, 1930

N° 14

Méditerranée

Clé d'identification

Méditerranée
Colonies rigides et branchues de 10 à 20 cm
Rameaux bien aplatis et fourchus ; largeur 1 cm maximum
Fragiles, couleur beige à jaune clair
Divisions dichotomes des rameaux dès la base

Noms

Noms communs internationaux

Adeonella (GB, I, E, D, ND)

Distribution géographique

Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

Espèce endémique de Méditerranée, où elle est partout présente, avec un petit débordement dans l'Atlantique au delà du détroit de Gibraltar.

Biotope

Sur des substrats* durs, cette espèce vit à partir de 5 m, dans les endroits ombragés et protégés d'un trop fort courant. Ce grand bryozoaire arbustif se rencontre particulièrement dans les cavités à demi éclairées (espèce sciaphile*) et le plus souvent sur des zones verticales et sous les surplombs. Il fait partie de la biocénose* du coralligène* (dans des cavités qui sont des enclaves de grottes semi-obscures) et des grottes semi-obscures qui sont son vrai habitat.

Description

Colonie rigide en forme d'arbustes de 5 à 20 cm. Les rameaux fragiles sont aplatis et fourchus, leurs divisions dichotomes* (par deux) depuis la base, se terminent par des extrémités arrondies. L'organisation générale des branches est plutôt ordonnée sur plusieurs plans successifs (semblable à un mille-feuille), les rameaux étant perpendiculaires à l'orientation du courant marin principal de la zone (notons néanmoins qu'il n'y a pas beaucoup de courant dans les grottes et les cavités où vit l'adéonelle). La largeur des rameaux ne dépasse pas 1 cm, l'épaisseur 2 mm. De couleur jaune clair à beige clair, les parties les plus anciennes, à la base de la colonie, sont souvent verdies parce que colonisées par d'autres organismes microscopiques [peut-être des algues mais peu probable, vu l'habitat sombre. Cela peut être des folliculinides (Ciliés* hétérotriches*)]. La colonie est constituée d'un grand nombre de modules, en particulier des petites logettes contenant chacune le polypide* d'un autozoïde*. Chaque autozoïde* possède un lophophore* (petit panache cilié de l'ordre de 2 mm), bien visible de près et qui constitue ce duvet blanchâtre tout autour des ramifications. Les zoïdes* et donc les lophophores* se trouvent sur les deux faces des ramifications.

Espèces ressemblantes

Smittina (Porella) cervicornis (Pallas, 1766). Le bryozoaire "corne de cerf" peut très facilement être confondu avec l'adéonelle, mais ses colonies arbustives sont plus petites, ses branches fines moins ordonnées et à la section ronde ou ovale (moins plate). De plus il est souvent associé à une éponge translucide revêtante Halisarca sp. qui gaine d'un voile flou tout ou partie des rameaux et rend les lophophores invisibles. La base des branches est moins souvent que chez l'adéonelle, verdie. Il sera rencontré sur des zones verticales mais aussi horizontales plus éclairées que celles fréquentées par Adeonella calveti.
La rose de mer Pentapora fascialis (foliacea) peut, pour certaines colonies, présenter le même aspect général, mais ses branches aplaties sont plus larges, irrégulièrement lobées et plus ou moins fusionnées en une structure lamineuse plutôt compacte.

Zones proches :
Adeonella pallasii (Heller, 1867), aux grandes colonies superbes très semblables à Adeonella calveti abonde dans le même habitat et est également endémique de la Méditerranée orientale (Croatie, Grèce...).

Adeonella polystomella (Reuss, 1847), très semblable à Adeonella calveti est distinguable par un spécialiste uniquement. Cette espèce est plutôt africaine, de présence incertaine en Méditerranée.

Alimentation

Comme tous les bryozoaires, c'est un filtreur* suspensivore* microphage*. Les diatomées (algues unicellulaires) sont la base de l'alimentation des bryozoaires. Les cils des tentacules sont capables de créer des microcourants permettant l'acheminement des particules alimentaires vers la bouche au centre du lophophore* (dont les fonctions sont aussi celles de respiration et nettoyage de la colonie).

Reproduction - Multiplication

Comme tous les bryozoaires, cette espèce est capable de se reproduire de manière sexuée. Les oeufs fécondés vont incuber dans une chambre (ovicelle*) avant d'être libérés, la larve* nageuse va ensuite se fixer pour démarrer une nouvelle colonie par multiplication asexuée. Cette multiplication asexuée peut aussi se faire à partir d'un fragment cassé ou d'un clivage des rameaux de la colonie en plusieurs colonies filles, qui vont pousser dans des directions différentes.

Vie associée

La surface de la colonie en bonne santé ne laisse pas d'autres espèces (visibles à l'œil nu) l'envahir grâce, entre autres, à des zoïdes spécialisés : les aviculaires* dont la fonction réelle reste bien énigmatique. Il y a toujours sur les parties les plus anciennes de la colonie (zones verdâtres au centre et à la base), qui ne sont pas mortes même s'il y a moins d'autozoïdes fonctionnels, épibiose* de serpulidés, folliculinidés, foraminifères, etc.

Divers biologie

Variations saisonnières : présente toute l'année en bonne santé.
De petits arthropodes (les pycnogonides) et des nudibranches sont prédateurs des bryozoaires.

Informations complémentaires

Il faut noter que Adeonella calveti fait partie des 6 grands bryozoaires arbustifs (Myriapora truncata, Pentapora fascialis, Smittina cervicornis, Reteporella spp. et Turbicellepora avicularis présents sur les côtes méditerranéennes françaises, qui ont été touchés par l'élévation de la température de l'eau de la fin de l'été 1999 (mortalité plus ou moins partielle de nombreuses colonies).

Origine des noms

Origine du nom français

Voir au dessous pour Adéonelle.

Origine du nom scientifique

Adeonella: vient de [Adeona] déesse grecque qui présidait à l'arrivée.

calveti : Le Professeur universitaire de zoologie générale et appliquée, "bryozoologiste" Français Louis [Calvet], 1868-1930, est né à Rodome, décédé à Perpignan [Terminoflustra calvi (Guérin-Ganivet, 1911), Calvetia Borg, 1944, Triticella calveti (d'Hondt & Hayward, 1981)].

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 111055

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Bryozoa / Ectoprocta Bryozoaires / Ectoproctes Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette.
Classe Gymnolaemata Gymnolèmes Colonies polymorphes. Les zoïdes sont cylindriques ou aplatis, les lophophores circulaires. Les parois peuvent être calcifiées ou non. Presque tous marins.
Ordre Cheilostomatida Cheilostomes Bryozoaires calcifiés, zoïdes* en forme de boîte obturée par un opercule à charnière. Gymnolèmes les plus nombreux et les plus diversifiés des régions littorales, souples à rigides. Groupe au polymorphisme marqué où l’on trouve des individus différenciés (aviculaires, vibraculaires, ovicelles globuleux…).
Sous-ordre Neocheilostomatina/Ascophora Ascophores Paroi frontale calcifiée sous laquelle un sac flexible invaginé s'ouvre sur l’extérieur par un pore médian situé derrière le péristome et nommé ascopore.
Famille Adeonellidae Adeonellidés Calcifiés, arbustifs, rameaux aplatis.
Genre Adeonella
Espèce calveti

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