Eponge encroûtante, charnue
Couleur brun-orangé
Surface recouverte de sillons sinueux
Convoluted orange sponge (GB)
Anacanthea rea de Laubenfels, 1934
Myrmekioderma styx de Laubenfels, 1953
Topsentia gyroderma Alcolado, 1984
Une certaine confusion règne dans l'identification de cette éponge :
- Selon Diaz et al, 1993, M. styx de Laubenfels, 1953 et M. rea (de Laubenfels, 1934) sont des espèces différentes, qui se distinguent par la variabilité de taille et de type des spicules. Topsentia gyroderma Alcolado, 1984 est considérée comme un synonyme junior de M. styx.
- Selon World Porifera Database, 2007, M. styx de Laubenfels, 1953 est un synonyme junior de M. rea = Anacanthea rea de Laubenfels, 1934. Alors que M. gyroderma (Alcolado, 1984 ) est une espèce distincte.
- Selon Zea et al. (The Sponge Guide, 2009) l'espèce figurée dans la plupart des ouvrages sur la faune des Caraïbes, (et sur cette fiche) devrait être nommée Myrmekioderma gyroderma (Alcolado, 1984). Alors que M. rea (de Laubenfels, 1934) et M. styx de Laubenfels, 1953 correspondraient à une deuxième espèce, beaucoup plus discrète et moins souvent observée par les plongeurs.
Myrmekioderma styx est le nom le plus couramment trouvé dans les ouvrages généralistes pour cette éponge assez commune et spectaculaire.
Cependant la description originale donnée par Alcolado est la seule qui corresponde, en particulier en ce qui concerne l'aspect de la surface (parcouru de circonvolutions et non de tubercules hexagonaux) : nous avons donc choisi de nommer cette fiche Myrmekioderma gyroderma.
Atlantique tropical Ouest
Zones DORIS : ● CaraïbesOn la trouve dans toute la zone Caraïbe, jusqu'aux Bahamas.
Cette éponge se plaît à l’ombre, dans les fissures de rochers, sous les surplombs, jusqu'à 40 m de profondeur.
C'est une éponge de forme irrégulière, encroûtante mais pas en plaque mince (plutôt massive et en relief). Les oscules* peu nombreux, de 10 à 20 mm de diamètre, s’ouvrent au sommet de protubérances surélevées. La consistance est ferme, charnue.
Couleur générale brun-rouge, brun-orangé, de couleur plus claire dans les sillons où sont cachés les pores minuscules.
La surface est entièrement décorée de circonvolutions sinueuses faites de sillons imbriqués et peu profonds. Elle est souvent masquée de salissures diverses, ce qui fait qu’on y touche sans précaution et qu’on ressent une irritation seulement après la plongée (ensuite, on fait attention !)
Confusion possible avec Didiscus oxeata Hechtel, 1983, une autre éponge encroûtante, brun orangé, avec une surface parcourue de sillons. Même couleur, même surface sillonnée, mêmes substances chimiques produites par les deux éponges : il est impossible de les distinguer sans examiner les spicules*. Didiscus serait plus rare aux faibles profondeurs, et a tendance à produire un mucus abondant au contact.
Comme (presque) toutes les éponges, elle se nourrit en filtrant les particules microscopiques contenues dans l’eau.
Si on la manipule, elle provoque des irritations et des démangeaisons sur les mains. Selon les réactions individuelles, cela peut aller jusqu'à une sensation de brûlure avec enflure de la partie atteinte.
Les spicules sont de 2 types :
Mégasclères* : de grands oxes* droits ou courbés, certains couverts de petites épines, entrecroisés et serrés sous la surface. La couche superficielle est constituée de ces oxes serrés en palissades, perpendiculairement à la surface : cette disposition pourrait expliquer les irritations ressenties quand on la manipule.
Microsclères* : des bouquets d'aiguilles fines (raphides) groupées en fagots (trichodragmata).
Reprise du nom d'espèce trouvé dans la plupart des guides.
Myrmekioderma : du grec [myrmex] = fourmi, et [derm-] = peau, peut-être "qui provoque des fourmillements dans la peau" ?
gyroderma : du grec [gyr-] = cercle, tourbillon, et [derm-] = peau. Ce nom fait allusion aux sillons de la surface, évoquant des empreintes digitales.
styx vient du nom du Styx, le fleuve des Enfers dans la mythologie gréco-latine ; ce nom sinistre semble bien exagéré au vu du léger engourdissement que peut provoquer le contact avec cette éponge.
rea : origine obscure.
Numéro d'entrée WoRMS : 166019
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
Classe | Demospongiae | Démosponges | Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella. |
Ordre | Halichondrida | Halichondrides | Squelette sans organisation visible. |
Famille | Heteroxyidae | Hétéroxyidés | (Anciennement Desmoxiidés) |
Genre | Myrmekioderma | ||
Espèce | gyroderma |
Sous un surplomb
Voici l'aspect habituel de l'éponge styx, encroûtante sous un surplomb ombragé.
Le Diamant, Martinique, 20 m
17/06/2007
Surface sillonnée
La couleur jaune orangée n'est visible que dans les sillons, le reste de la surface est couvert de sédiments.
Cap la Baleine, Martinique (972), 11 m
06/12/2007
Oscule
Détail en gros plan montrant l'ouverture cloisonnée de l'oscule.
Trou Rouge, Martinique (972), 10 m
10/12/2007
Sillons
Cette vue de près montre les minuscules orifices serrés au fond des sillons.
La Lézarde, Martinique (972), 11 m
17/10/2007
Spicules
De grands oxes courbés (bâtonnets avec deux extrémités pointues)
Guadeloupe
24/02/2008
Rédacteur principal : Anne PROUZET
Correcteur : Jean VACELET
Responsable régional : Anne PROUZET
Alcolado P.M., 1984, Nuevas especies de esponjas encontradas en Cuba, Poeyana, 271, 22p.
de Laubenfels M.W., 1934, New sponges from the Puerto Rican deep, Smithsonian Miscellaneaous Collections, 91(17), 28p.
de Laubenfels M.W., 1953, Sponges from the Gulf of Mexico, Bulletin of marine science of the Gulf and Caribbean, 2(3), 511-577.
Diaz M.C., Pomponi S.A., van Soest R.W., 1993, A systematic revision of the Central West Atlantic Halichondrida, III - description of valid species, In : Recent Advances in Ecology and Systematics of Sponges, Sci. Mar., 57(4), 272-432.
Vacelet J., 1990, Les Spongiaires, In : Bouchon C., LE MONDE MARIN. LA GRANDE ENCYCLOPEDIE DE LA CARAÏBE, Sanoli, Pointe-à-Pitre, Vol. V, 16-33.
La page de Myrmekioderma gyroderma sur le site de référence de DORIS pour les spongiaires est ici : World Porifera Database
La page de Myrmekioderma rea sur le site de référence de DORIS pour les spongiaires est ici : World Porifera Database
Voir la page de Myrmekioderma gyroderma sur le site The Sponge Guide :
Zea, S., Henkel, T.P., and Pawlik, J.R. 2009. The Sponge Guide: a picture guide to Caribbean sponges. Available online at http://www.spongeguide.org. Accessed on: 2009-12-30.
La page de Myrmekioderma gyroderma dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN