Blennie côtière d'Anjouan

Alticus anjouanae | (Fourmanoir, 1955)

N° 4186

Océan Indien Ouest

Clé d'identification

Petit poisson longiligne atteignant une dizaine de centimètres
Corps à dominante brun foncé strié de bandes jaunâtres et blanchâtres verticales
Tête massive, yeux proéminents, bouche large
Nageoires pectorales amples
Excroissance charnue au-dessus de la tête et nageoire dorsale très développée chez le mâle
Vit sur les rochers hors de l'eau

Noms

Autres noms communs français

Blennie sauteuse, blennie à rides, blennie à dents de peigne, cabot sauteur, cabo sauteur, ti cabo

Noms communs internationaux

Leaping blenny, leaping rockskipper, jumping blenny, combtooth blenny (GB), Kammzahnschleimfisch, felsenhüpfer (D), Gonkomouegne (Comores)

Synonymes du nom scientifique actuel

Andamia anjouanae Fourmanoir, 1955
Damania anjouanae (Fourmanoir, 1955)
Alticus monochrus anjouanae (Fourmanoir, 1955)

Alticus monochrus (Bleeker, 1869) est très certainement la même espèce bien que les deux noms soient considérés comme valides à l'heure actuelle, c'est donc ce dernier qui devrait être retenu par antériorité

Distribution géographique

Océan Indien Ouest

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique

L'aire de distribution de la blennie côtière d'Anjouan se limite à Madagascar, aux Comores, à Mayotte, aux Seychelles et aux Mascareignes (La Réunion, Maurice, Rodrigues).

Biotope

La blennie côtière d'Anjouan se rencontre dans la zone intertidale*, le long de certains rivages rocheux propices à son implantation. Elle présente la particularité d'avoir adopté un mode de vie purement terrestre, et de ne gagner l'eau qu'à de rares occasions et pour des durées très courtes, pour fuir un danger notamment. Il n'est donc pas rare de pouvoir l'observer de jour sur les roches bordant le littoral, dans la zone battue par les vagues. La nuit, elle se réfugie dans des anfractuosités rocheuses, tout en évitant de se retrouver immergée.

Description

La blennie côtière d'Anjouan est un petit poisson longiligne amphibie, dont la longueur maximale mentionnée est d'une dizaine de centimètres environ (98 mm pour les femelles et 116 mm pour les mâles). L'ensemble du corps, à dominante brun foncé, est strié de bandes jaunâtres et blanchâtres verticales plus ou moins prononcées.

La tête massive laisse apparaître des yeux proéminents, semblables à ceux des grenouilles, dont la disposition paraît bien adaptée à l'observation du milieu aérien environnant. Vue de face, la bouche large, située au-dessous de la tête et munie d'une denture* en forme de racloir, confère une bonne aptitude à brouter les algues couvrant les roches émergées.

Les nageoires pectorales amples permettent au poisson de se stabiliser latéralement lors de ses déplacements sur les surfaces rocheuses, tandis que de puissants et brefs mouvements latéraux de la queue propulsent l'animal.

Les mâles disposent d'une excroissance charnue bien visible au-dessus de la tête, et d'une nageoire dorsale très développée capable de se redresser, attributs utilisés dans le contexte relationnel de l'animal avec ses congénères, en particulier au moment de la reproduction. De petits points de couleur brune ponctuent les parties claires de la tête du poisson, couvrant l'opercule et formant des motifs géométriques en se rejoignant sur la crête des mâles.

Espèces ressemblantes

Les documents accessibles comportent un certain nombre d'approximations concernant l'identification de la blennie côtière d'Anjouan.

On peut ainsi mentionner des confusions avec des représentants du genre Istiblennius, notamment l'espèce I. edentulus présente dans la même zone géographique. Celle-ci ressemble à Alticus anjouanae et serait également capable de s'aventurer hors de l'eau selon certaines sources, tandis que d'autres considèrent cette espèce comme purement aquatique. I. edentulus présente des robes plus colorées pouvant comporter des teintes légèrement bleutées, en particulier au niveau de la nageoire anale et de la tête, ainsi que des bandes verticales verdâtres. Les yeux sont moins proéminents au sein du genre Istiblennius, et la tête plus étroite comparativement au reste du corps.

Au sein du genre Alticus, certains auteurs mentionnent la présence de la blennie sauteuse de Kirk (A. kirki) dans la zone géographique où est présente A. anjouanae, tandis que d'autres la cantonnent à la mer Rouge et au golfe Persique. Cette seconde hypothèse semble devoir être privilégiée. Bien que très similaire en termes de morphologie et de comportement décrits, la blennie sauteuse de Kirk présente des teintes gris-beige, plus claires que celles observées chez A. anjouanae. On retrouve également des représentants du genre Alticus dans le Pacifique (A. arnoldorum et A. saliens par exemple, dont la présence serait également mentionnée dans l'océan Indien).

Pour ajouter à ces difficultés, il est fort probable que plusieurs dénominations d'espèces valides n'en désignent en réalité qu'une seule. En effet, Alticus monochrus (Bleeker, 1869) et A. anjouanae (Fourmanoir, 1955) sont mentionnées alternativement sur la zone géographique d'intérêt, sans qu'il soit possible d'établir une réelle séparation entre les deux espèces. Le critère différentiel était la présence ou non de canines, mais il a été démontré depuis que les mâles en possèdent systématiquement et les femelles jamais, au sein d'une autre espèce du genre Alticus dans le Pacifique.

Il est enfin remarquable que certains gobies aient également évolué vers une forme amphibie. Ceux-ci présentent des caractéristiques communes avec les blennies du genre Alticus, comme la position des yeux sur le dessus de la tête par exemple, ou bien l'adaptation des nageoires pectorales à la locomotion terrestre. Ils s'en distinguent toutefois par la présence de 2 nageoires dorsales. Ces poissons sont appelés périophthalmes et appartiennent à la famille des Gobiidés. Parmi ces derniers, on peut notamment citer le périophthalme rayé d'argent Periophthalmus argentilineatus ou le périophthalme à joue noire Periophthalmus kalolo dont la présence est attestée à Mayotte.

Alimentation

La blennie côtière d'Anjouan se nourrit principalement d'algues et de diatomées, en broutant le biofilm* couvrant les roches exposées aux vagues et à la lumière du soleil.

Reproduction - Multiplication

La reproduction débute au mois d'août et dure jusqu'au mois de mai de l'année suivante. Les pontes se produisent principalement durant les phases de pleine lune, avec une intensité significativement plus élevée en octobre et novembre sur l'île Maurice (marées d'équinoxes de printemps dans l'hémisphère sud). Sur l'île de La Réunion, ces pics d'activité ont été observés un mois plus tôt, sans que l'on puisse affirmer que cette observation se répète chaque année.

Durant cette période, certains mâles occupent des cavités rocheuses émergées faisant office de nid. Lorsqu'une femelle passe à proximité, le mâle effectue une série de mouvements caractéristiques indiquant la disponibilité du nid à la femelle. Si celle-ci décide d'y déposer ses ovules*, le mâle les féconde avant de surveiller les œufs jusqu'à l'éclosion. L'espèce n'est pas monogame, une femelle pouvant visiter plusieurs nids et un mâle pouvant à l'inverse accueillir successivement plusieurs femelles dans son nid. Des comportements agressifs peuvent être observés, notamment lorsque des mâles, s'étant octroyé un nid, le défendent contre d’autres mâles intrus.

La fécondité des femelles, observée au cours d'une étude conduite à Maurice, variait entre 55 et 135 ovules. Le diamètre moyen des œufs est d'environ 1 mm. Ceux-ci possèdent un disque adhésif les maintenant à la paroi du nid. La période d'incubation avoisine 4 jours, ce qui est court comparativement aux autres espèces de blennies. Après l'éclosion, les larves* sont entraînées par les vagues submergeant le nid à marée haute. Celles-ci demeurent pélagiques* durant 28 jours, avant de se fixer dans une zone rocheuse propice. A ce stade, les juvéniles mesurent environ 2 cm.

Vie associée

La blennie côtière d'Anjouan partage son biotope* avec d'autres animaux brouteurs, tels que patelles ou oursins, et notamment avec le remarquable oursin-tortue (Colobocentrotus (Podophora) atratus), sans qu'aucune association particulière ne semble s'établir entre eux. Elle croise également certaines espèces de crabes du genre Grapsus, qui constituent des prédateurs potentiels pour les œufs déposés dans les anfractuosités rocheuses, pouvant justifier la brièveté de la période d'incubation.

Divers biologie

La longévité moyenne de la blennie côtière d'Anjouan est d'environ un an et n'excède pas 15 mois dans tous les cas.

Informations complémentaires

Les adaptations morphologiques de la blennie côtière d'Anjouan sont le fruit d'une spécialisation remarquable de certaines blennies à la vie terrestre. Certains individus précurseurs ont vraisemblablement trouvé là le moyen d'échapper à leurs prédateurs, puis se sont progressivement adaptés à un mode de vie quasi exclusivement aérien. Leurs descendants ont ainsi radicalement spécialisé leur denture* (en forme de grattoirs permettant de brouter efficacement les algues et les détritus) ainsi que leur manière de respirer (respiration non seulement au travers des branchies, mais également par la peau nécessitant de stationner dans des zones humides malgré tout).

Si une extrême adaptation a permis à ces poissons d'occuper une niche écologique très spécifique, elle constitue désormais une menace réelle en réduisant drastiquement leur faculté à s'adapter à des changements brutaux qui pourraient survenir dans leur environnement, et notamment du fait des changements climatiques en cours.

Origine des noms

Origine du nom français

Blennie vient du grec [blennos] = morveux, relatif au mucus qui recouvre l’animal.

côtière : lié au fait que l'animal vit exclusivement sur les côtes.

d'Anjouan : en référence à une île de l'archipel des Comores.

Origine du nom scientifique

Alticus : du latin [altus] = élevé ; lié à la capacité de cette blennie à s'élever au-dessus des eaux.

anjouanae : en référence à l'île d'Anjouan située dans l'archipel des Comores.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 219232

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Actinopterygii Actinoptérygiens Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées.
Ordre Perciformes Perciformes Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales.
Sous-ordre Blennioidei Blennioïdes
Famille Blenniidae Blenniidés Nageoire dorsale unique.
Genre Alticus
Espèce anjouanae

Nos partenaires