Ver annélide
Couleur rouge à brune avec irisation verdâtre
Très fin : 40 à 100 mm de long pour 1 à 1,5 mm de diamètre
Pas de clitellum
Se brise facilement
Ver noir
Blackworm, California blackworm (GB), Glanzwurm (D), Broze slibworm (NL)
Lumbricus variegatus Mueller, 1774
Lumbricus variegatus variegatus Mueller, 1774
Lumbriculus kareliensis Popcenko, 1976
Des recherches récentes sur son code génétique ont établi qu'en réalité Lumbriculus variegatus est un nom donné à trois espèces différentes. Comme à l'heure actuelle (2010), les noms scientifiques de ces trois espèces n'ont pas encore été attribués et qu'il est impossible de les distinguer autrement que par la génétique, nous faisons usage du nom ancien.
Europe, Asie et Amérique du Nord ; introduit en Afrique, Australie et Nouvelle-Zélande
Zones DORIS : ● Eau douce d'Europe, ● Atlantique Nord-OuestD'origine holarctique* (Amérique du Nord, Afrique au nord de l'Atlas et Eurasie au nord de l'Himalaya), il a été introduit dans les zones tempérées du monde entier.
On le trouve essentiellement en eau peu profonde dans les lacs, les étangs et les eaux stagnantes mais aussi dans les flaques en forêt et, le plus souvent, au milieu de la végétation aquatique et dans la vase ou le gravier. Il ne construit pas de tube mais vit planté dans la vase en ne laissant dépasser que l'extrémité arrière de son corps qui se dresse immobile à la verticale ou en oblique.
Il peut toutefois être visible dans les sédiments vaseux des eaux plus profondes.
Ver annélide de 40 à 100 mm de longueur pour un diamètre de 1 à 1,5 mm. De couleur rouge à brune avec une irisation verdâtre (plus accentuée sur la partie arrière). L'adulte possède de 150 à 250 segments. Il est assez aisé de distinguer la tête de la queue de ces vers : les segments de la tête sont plus sombres, plus larges, et plus mobiles que les segments de la queue. Les 8-10 premiers segments antérieurs comprennent un prostomium* conique, un pharynx musculaire, ainsi que le sexe masculin et les organes sexuels féminins (hermaphrodisme*). Il n'y a pas de clitellum* visible.
Les soies, peu nombreuses (huit par segment et sur deux rangées), ne sont guère visibles à l'œil nu.
Il n'a pas d'yeux mais des cellules photo-réceptrices sont présentes dans tous les segments du corps.
Il nage très facilement : on dirait un tire-bouchon en action.
Stylodrilus heringianus Claparede, 1862 : a le même aspect mais est plus petit (40 mm), il vit dans les ruisseaux à courant rapide et dans les lacs oligotrophes*.
Tubifex tubifex (Mueller, 1774) : de même taille, de couleur rouge à jaune-rougeâtre et vivant aussi la tête plantée dans la vase ; mais sa queue s'agite, il a des soies visibles et il vit en colonies.
Eiseniella tetraedra (Savigny, 1826) ver à queue carrée : de même taille mais plus épais (1,5 à 4 mm) et présentant un clitellum* en forme de selle derrière lequel le corps est de section carrée.
Il se nourrit de la matière organique de petite taille présente dans le fond : algues vivantes, matières végétales en décomposition, bactéries et champignons.
Son activité se ralentit en hiver qui est une période où il perd jusqu'à 80 % de son poids.
Dans la nature, on n'a pas trouvé d'individu ayant atteint la maturité sexuelle (ce qui se traduirait par l'apparition du clitellum*) et dans ce cas, la reproduction se fait uniquement par stolonisation* :
- une zone de séparation se forme entre deux segments du corps ;
- dans sa partie antérieure se forme une nouvelle partie arrière ;
- dans sa partie postérieure se forme une nouvelle partie avant ;
- ensuite les deux animaux se séparent.
Une reproduction sexuée a toutefois été décrite pour les individus d'élevage et d'étude scientifique. Hermaphrodites, ils produisent des cocons contenant entre 4 et 11 œufs fécondés. Le développement embryonnaire ne présente pas de stade larvaire. Les juvéniles, de 1 cm environ, sortent du cocon après 2 semaines.
Les lombrics sont les hôtes et les vecteurs d'un grand nombre d'espèces parasitaires et de bactéries.
Planté la tête dans la vase, L. variegatus laisse la partie arrière de son corps émerger pour améliorer ses échanges gazeux (sa respiration). Ce faisant, il l'expose à ses prédateurs. Heureusement, les cellules photo-réceptrices présentes sur tous ses segments lui permettent de détecter une ombre ou un mouvement et, par un réflexe rapide, de rentrer dans la galerie.
Ses comportements de fuite dépendent de la partie de son corps touchée :
- si c'est le premier tiers antérieur, l'animal se retourne ;
- si ce sont les trois-quarts postérieurs, L. variegatus tente de s'échapper en nageant ; cette nage est très caractéristique et permet de l'identifier : il s'agit d'un rapide mouvement hélicoïdal partant de la tête vers la queue avec une alternance en sens horaire et anti-horaire (on dirait un tire-bouchon en action).
Lorsqu'on le manipule, il se brise facilement en morceaux et quelques gouttes de sang rouge (présence d'un pigment proche de l'hémoglobine : l'érythrocruorine) peuvent alors perler par pulsation (présence d'un "cœur" constitué de sinus vasculaires contractiles).
Dans certains milieux, il peut atteindre une densité de 10 000 individus par mètre carré.
Des recherches ont établi que son activité réduit le volume des boues produites par une station de traitement des eaux usées.
L. variegatus est très utilisé :
- espèce standard pour les tests de bio-accumulation des polluants ;
- modèle d'étude de nombreux phénomènes biologiques : régénération de parties du corps perdues, pulsations des vaisseaux sanguins, réflexe de nage, comportement de rampe péristaltique*, potentiels d'action des fibres nerveuses géantes, sensibilité à des agents pharmacologiques ou toxiques pour l'environnement.
Ver fragile : dénomination proposée par DORIS car ce lombric se brise facilement s'il est manipulé.
Lumbriculus : diminutif du latin [lumbricus] = ver de terre
variegatus : du latin [variego] = varié, diversifié, nuancé ; peut-être en allusion au reflet verdâtre.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Annelida | Annélides | Vers segmentés (annelés) à section cylindrique, à symétrie bilatérale constitués de segments semblables. Le premier segment porte la bouche et le dernier l’anus. Nombreuses formes marines, dulcicoles ou terrestres, libres ou parasites. |
Classe | Clitellata | Clitellates | Annélides hermaphrodites, dont quelques segments sont enveloppés dans une enveloppe glandulaire. |
Sous-classe | Oligochaeta | Oligochètes | |
Ordre | Lumbriculida | Lumbriculides | |
Famille | Lumbriculidae | Lumbriculidés | |
Genre | Lumbriculus | ||
Espèce | variegatus |
Identification
C'est un ver annélide de 40 à 100 mm de long pour un diamètre de 1 à 1,5 mm. Il est de couleur rouge à brune avec une irisation verdâtre (plus accentuée sur la partie arrière). Il possède de 60 à 250 segments sans clitellum* visible.
Lac Léman
08/2010
Tête-queue
Il est assez aisé de distinguer la tête de la queue de ces vers : les segments de la tête sont plus sombres, plus larges et plus mobiles que les segments de la queue.
La Gombe (Liège – Belgique)
28/04/2013
Biotope
On le trouve en eau profonde dans les lacs, les étangs et les eaux stagnantes mais aussi dans les flaques en forêt. Souvent au milieu de la végétation aquatique et dans la vase ou le gravier.
Lac Léman
08/2010
Alimentation
Il se nourrit de la matière organique de petite taille présente dans le fond : algues vivantes, matières végétales en décomposition, bactéries et champignons.
Lac Léman
08/2010
Peuplements
Même si L. variegatus ne forme pas des colonies comme Tubifex tubifex, dans certains milieux, il peut atteindre une densité de 10 000 individus par mètre carré.
Lac Léman
08/2010
Planté dans le substrat
Il ne construit pas de tube mais vit planté dans la vase en ne laissant dépasser que l'extrémité arrière de son corps qui se dresse immobile à la verticale ou en oblique.
Lac Léman
08/2010
Ne pas toucher : fragile
Lorsqu'on le manipule, il se brise facilement en morceaux.
Lac Léman
N/A
Rédacteur principal : Jean-Pierre COROLLA
Vérificateur : Gaël ROCHEFORT
Responsable régional : Jean-Pierre COROLLA
Responsable régional : Michel KUPFER
Drewes Ch., Fourtner Ch., 1990, Morphallaxis in an Aquatic Oligochaete, Lumbriculus variegatus : Reorganization of Escape Reflexes in Regenerating Body Fragments, Developmental Biology, 138, 94-103.
Gustafsson D., Price D., Erséus Ch., 2009, Genetic variation in the popular lab worm Lumbriculus variegatus (Annelida: Clitellata: Lumbriculidae) reveals cryptic speciation, Molecular Phylogenetics and Evolution, 51(2), 182-189.
O’Gara B., Bohannon V., Teague M., Smeaton M., 2004, Copper-induced changes in locomotor behaviors and neuronal physiology of the freshwater oligochaete, Lumbriculus variegatus, Elsevier Aquatic Toxicology, 69, 51–66.
Williams P., 2005, Feeding behaviour of Lumbriculus variegatus as an ecological indicator of in situ sediment contamination, Thesis of the University of Stirling for the degree of Doctor of Philosophy
Xie L., Lambert D., Martin C., Cain D., Luoma S., Buchwalter D., 2008, Cadmium biodynamics in the oligochaete Lumbriculus variegatus and its implications for trophic transfer, Elsevier Aquatic Toxicology, 86, 265–271.
La page sur Lumbriculus variegatus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN