Caudale asymétrique presque aussi longue que le reste du corps
Petite tête au museau court et yeux ronds
Robe sombre avec démarcation blanche prenant naissance au dessus des pectorales
Cinq fentes branchiales chevauchant partiellement les pectorales
Première nageoire dorsale haute et plus près des pectorales que des pelviennes
Renard de mer, loup de mer, requin batteur, batteur, poisson-épée, faucheur, faux, singe de mer
Péis rato (Provence), renard marin (Québec)
Thresher shark, fox shark, thintail thresher (GB), Zorro, tiburon zorro blanco, rabosa, chichi espada, peje zorra (E), Volpe di mare, pei ratu, pesce volpe (I), Drescher, Drescherhai, Fuchshai (D), Lisica, pas macun (Croatie), Kalb (Maroc), Pating (Philippines), Nigudigumiyaru (Inde), Mao-naga (Japon), Mango-ripi (Nouvelle-Zélande), Ma'o aero (Tahiti), Fynstert-sambokhaai (Afrique du Sud), Common thresher (USA)
Squalus vulpinus Bonnaterre, 1788
Squalus vulpes (Gmelin, 1789)
Alopias vulpes (Gmelin, 1789)
Alopias macrourus (Rafinesque, 1810)
Squalus alopecias Gronow, 1854
Alopecias longimana Philippi, 1902
Vulpecula marina Garman, 1913
Cosmopolite sauf zones polaires
Zones DORIS : ● Caraïbes, ● Atlantique Nord-Ouest, ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]Alopias vulpinus a réputation d'être un requin de toutes les mers. Aperçu un peu partout mais de façon irrégulière, les principales zones d'observations restent cependant les mers tempérées et chaudes. Son extrême dispersion fait qu'il se rencontre des deux côtés de l'Atlantique tropical, dans la mer Rouge, l'Indo-Pacifique, le Pacifique mais aussi en Méditerranée ainsi que dans la Manche. Il a également été saisonnièrement signalé en Atlantique Nord.
Espèce généralement pélagique, ses incursions près des côtes sont réputées fréquentes mais semblent principalement réservées à une population essentiellement jeune.
Adulte, il s'aventure jusqu'à des profondeurs plus importantes avoisinant les 400 mètres !
S'il est facilement reconnaissable entre tous, c'est parce que notre renard de mer se caractérise par une nageoire caudale de taille pratiquement égale à son corps fusiforme. L'animal peut atteindre 6 mètres et plus pour un poids de 500 kg !
Sa robe à couleur dominante sombre varie du bleu argenté au noir en passant par un gris brun sur le dos. Une démarcation blanche prend naissance au dessus de la base des pectorales pour recouvrir toute la face ventrale.
Avec son petit museau court, cylindrique, le renard de mer commun affiche une tête de petite taille avec des yeux ronds dépourvus de membrane nictitante*. Ces yeux ainsi que la bouche ventrale et arquée ont une taille proportionnée à la petite tête. Les commissures de la bouche s'étendent jusqu'à dépasser l'arrière des yeux laissant apparaître une dentition de forme triangulaire, plus grande sur la mâchoire supérieure et légèrement inclinée.
Dans le prolongement de la tête, cinq fentes branchiales débordent légèrement sur les nageoires pectorales falciformes particulièrement longues et étroites.
La première nageoire dorsale, haute, est plus proche des pectorales que des pelviennes. La seconde dorsale, minuscule, se trouve à l'opposé de la nageoire anale qui est tout aussi discrète.
Face ventrale, au début du pédoncule caudal, les pelviennes sont triangulaires.
Sa spectaculaire queue est asymétrique (hétérocerque*) : le lobe inférieur est court mais puissant alors que le lobe supérieur est très très allongé. Il représente souvent la moitié de la longueur totale du corps de l'animal et se conclut par un petit lobe terminal très discret.
Le genre Alopias comporte deux autres espèces à ne pas confondre :
Le requin-renard commun fait preuve d'un régime alimentaire éclectique. Exclusivement carnivore, c'est un actif chasseur de calmars, de poissons et même, d'oiseaux de mer. La longueur de sa nageoire caudale semble accroître son efficacité à traquer les poissons grégaires tels que harengs, bonites, maquereaux ou sardines, cette caudale l'aidant à rassembler, puis assommer ses proies.
Il est difficile de détailler l'accouplement du requin-renard car il n'a, pour l'heure, jamais été observé de visu.
Si la maturité sexuelle du mâle a été déterminée entre 7 et 13 ans (soit une taille d'environ 3 m) et entre 8 et 14 ans chez la femelle (pour une taille d'approximativement 3,50 m), les connaissances sont encore fragmentaires quant aux préliminaires de l'acte. Le mâle entamerait une nage synchronisée et infligerait des mordillements à sa belle avant de la saisir avec sa mâchoire. S'accoupler est une affaire délicate, le mâle devant se positionner correctement pour introduire l'un de ses deux organes copulateurs (ptérygopodes*) dans l'appareil reproducteur de la femelle (cloaque*) et y déverser sa semence.
A l'instar d'autres espèces de requins, la femelle du requin-renard commun est capable de conserver en réserve très longtemps, pour s'en servir ultérieurement, le sperme récolté lors d'un accouplement.
Chez les ovovivipares comme notre renard de mer, la gestation prendra plusieurs mois (neuf à douze) durant lesquels les œufs vont se développer dans des chambres de gestation à l'intérieur même de la mère, indépendamment les uns des autres, avec pour unique nourriture leur propre sac vitellin auquel ils sont reliés.
Les premiers-nés vont continuer de se développer en dévorant les œufs restant à éclore (oophagie*). Cette espèce produit de nombreux œufs mais l'oophagie contribue à maintenir très bas le taux de natalité.
A la naissance, au printemps, seuls deux à quatre petits seront libérés, mesurant tout de même environ 1,20 m à 1,50 m, et prêts à affronter le monde marin et ses dangers...
Parasitisme :
Notre requin semble parasité par neuf espèces de copépodes, du genre Nemesis, qui se fixent aux lamelles branchiales et causent des dommages tissulaires engendrant des problèmes respiratoires.
Dentition :
Très petites dents à couronnes trapues et triangulaires, aplaties à bords lisses. Chaque demi-mâchoire comporte au moins une vingtaine de dents, les latérales étant inclinées vers les commissures. Plusieurs rangées de dents précèdent les dents fonctionnelles (29 ?), assurant entre autres le renouvellement en cas de chute spontanée ou accidentelle.
Bien qu'il possède des spiracles à l'arrière des yeux, ceux-ci sont virtuellement invisibles.
La température corporelle du requin-renard dépend à la fois de celle de son environnement et d'une production interne de chaleur puisqu'il a la capacité d'élever sa température jusqu'à 10° au dessus de celle de son milieu ambiant.
Ceci est possible grâce à une vascularisation dense, favorisant les organes tels que les yeux, le cerveau, mais aussi la musculature corporelle l'autorisant à de fortes accélérations, lui permettant même de bondir hors de l'eau.
La peau des requins est rugueuse, recouverte d'écailles dites placoïdes*. Chez la femelle, la peau est plus épaisse pour se protéger des agressions des mâles lors de la période de reproduction.
Sa durée de vie est estimée entre 19 et 50 ans en fonction du lieu, des conditions et du sexe.
C'est une espèce timide et active, qui nage rapidement. Elle est assez rarement observée par les plongeurs sous-marins, plus encore rarement photographiée correctement dans son milieu naturel.
Alopias vulpinus est par contre pêché et, à la capture, sa queue puissante continue d'être dangereuse pour l'homme.
Si l'espèce est considérée principalement comme une espèce des mers tempérées à chaudes, il est également présent, principalement en été, sur les côtes et au large de la Nouvelle-Écosse. Il serait abondant dans le bassin des Mines (bassin Minas, près de la baie de Fundy, sur les côtes atlantiques du Canada). Sa présence a également était signalée dans la Baie des Chaleurs, en Gaspésie.
Menaces pour l'espèce :
Comme de nombreux autres requins, il est victime de nombreuses pêches sportives ou professionnelles ainsi que des filets dérivants. Bien que de nombreux organismes, gouvernementaux ou non, tentent de déterminer le statut de conservation de l'espèce, ils se heurtent à un manque d'informations lié à la confusion entre trois espèces de requins-renards, ainsi qu'à la non réglementation de la pêche.
Cependant, étant donné le déclin évident du requin-renard commun, d'un cycle particulièrement long de reproduction avec un faible taux de natalité, l'inscription d'Alopias vulpinus sur la liste des espèces vulnérables en Méditerranée est en cours et il est considéré comme une espèce menacée. De nombreuses réunions se succèdent afin d'adopter une proposition visant à en interdire la pêche, ce qui reviendrait en quelque sorte à une première étape en matière de protection de l'espèce.
Début mars 2015, un individu de 3,80 m et près de 250 kg a été ramené dans les filets d'un pêcheur de Villefranche-sur-mer (06). Le 30 juillet 2018, un requin-renard, d'environ 6 m de long (selon la presse) et dont l'espèce exacte n'a pas été précisée a été péché puis relâché dans l'archipel du Frioul, Marseille (13).
Alopias vulpinus est considéré comme "vulnérable" (VU) dans la Liste Rouge de l'UICN* (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) depuis 2007.
En septembre 2017, les trois espèces de requins-renards, dont A. vulpinus, se sont vues inscrites à l’annexe II de la CITES, qui réglemente le commerce international des espèces y figurant.
Requin-renard : Originellement appelé alopex par les grecs et vulpes par les romains, ce requin puise donc historiquement son nom vernaculaire dans l'antiquité, ces deux mots, grec et latin, signifiant "renard". Il doit cette dénomination de renard à son extraordinaire queue ainsi probablement qu'à la malice, la ruse, qu'on lui prête quant à ses techniques de chasse.
Alopias : du grec [alopex] = renard.
vulpinus : provient du latin [vulpes] = renard.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Chondrichthyes | Chondrichthyens | Squelette cartilagineux, deux nageoires dorsales et une anale (primitivement), nageoire caudale hétérocerque*, deux paires de nageoires paires, bouche disposée sur la face ventrale. |
Sous-classe | Elasmobranchii | Elasmobranches | Squelette des nageoires pectorales tribasal. Deux nageoires dorsales. 5 ou 6 paires de fentes branchiales et des spiracles. |
Super ordre | Euselachii | Sélaciens | Raies et requins. |
Ordre | Lamniformes | Lamniformes | Requins maquereau : 2 nageoires dorsales, une nageoire "anale", 5 branchies, des yeux sans membrane protectrice, bouche étendue derrière les yeux. |
Famille | Alopiidae | Alopiidés | Famille des requins-renards. |
Genre | Alopias | ||
Espèce | vulpinus |
Quelle espèce de renard ?
La très grande queue de l'animal est une particularité qui fait de notre squale, un sujet facilement identifiable en tant que requin-renard. Reste cependant la difficulté à déterminer son espèce exacte, il y en a trois, ce qui nécessite quelques connaissances précises et bien souvent seuls des spécialistes sont à même de confirmer ce point.
Philippines, 20 m
09-03-2007
Rencontre rare mais impressionnante
Requin de réputation non agressive, il n’en reste pas moins impressionnant avec sa taille pouvant atteindre les 6 mètres ainsi que sa bouche, garnie de dents triangulaires. Sa queue, dont il se sert pour assommer ses proies, est bien plus dangereuse et malgré ses petits yeux, mieux vaut ne pas être dans sa ligne de mire.
Fosse de Cassidaigne, au large de Marseille, Provence
02/02/2009
Museau
En contre-plongée, grâce à sa démarcation blanche, il est ici possible de bien observer le museau court et arrondi d’Alopias vulpinus ainsi que son œil rond et dépourvu de membrane nictitante.
Fosse de Cassidaigne, au large de Marseille, Provence
02/02/2009
Silhouette élancée de prédateur rusé
Capable d’évoluer tantôt en grande profondeur, tantôt près de la surface, le requin-renard rassemble ses proies à l’aide de sa queue.
Phillipines, 20 m
09-03-2007
Tristes circonstances...
Selon la photographe : "Ce requin a été trouvé par des plongeurs, flottant en surface ou entre deux eaux, au pied du Penon de Ifach, à Calpe (province d'Alicante). Les plongeurs ont ramené le squale avec le zodiac au port des Bassetes (Benissa) qui se trouve près du Penon. Ils ne savent pas ce qui est arrivé à l'animal. Il devait être mort depuis peu, les yeux étaient encore bien noirs, il n'avait pas d'odeur du tout et, hormis un peu de sang en dessous, il était intact. Au toucher, on aurait dit du caoutchouc !"
Pêche au gros ? Prise dans des filets (il semble y avoir quand meme des marques visibles sur le dos de l'animal) et abandon par les pêcheurs ? Maladie ?
Port de Benissa, Calpe, Espagne
08/04/2009
Une des clefs d'indentification
La robe du requin-renard commun, à couleur dominante sombre, varie du bleu argenté au noir en passant par un gris brun sur le dos. Une démarcation blanche prend naissance au dessus de la base des pectorales pour recouvrir toute la face ventrale et ce point est spécifique à Alopias vulpinus. Sur les autres espèces d'Alopias, la partie blanche ne déborde pas au dessus des pectorales.
Port de Benissa, Calpe, Espagne
08/04/2009
Déjà impressionant et pourtant...
Au coté d'un homme, il est assez aisé de se rendre compte de la taille de l'animal. Celui-ci fait environ 2 m, 2,20 m. Cependant ce spécimen, comme tant d'autres, n'aura pas eu le temps d'atteindre sa taille maximum qui peut atteindre... les 6 mètres !
Port de Benissa, Calpe, Espagne
08/04/2009
Tout un symbole….
Espèce timide, rarement observée en plongée, le requin renard reste cependant très populaire, un peu mythique auprès des gens de mer. Est-ce en hommage à sa beauté, ou bien l’utilisation de sa symbolique (terreur, puissance, sagesse, incarnation de l’âme), que ce tatouage fut réalisé sur la cheville de cette plongeuse niçoise ?
Villefranche-sur-mer (06), cheville
08/2003
Rédacteur principal : Annie JABOULAY
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Vérificateur : Vincent MALIET
Correcteur : Bruno CHANET
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Mojetta A., 1997, SQUALI, STORIA E BIOLOGICA DEI SIGNORI DEL MARE, ed. White Star, Italia, 168p.
La page sur Alopias vulpinus sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
La page d'Alopias vulpinus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN