Siphonophore de 3 à 7 cm de long
Quatre à seize nectophores creux et aplatis en forme de fer à cheval
Nectophores alternés sur deux rangées contigües
Quatre protubérances arrondies sur chaque nectophore
Un stolon porteur de cormidies dans le sillage de la colonie
Colonie transparente et souvent bleutée
Siphonophore pied de cheval
Gleba hippopus Forskål, 1775
Hippopopus neapolitanus Kölliker, 1853
Polyphyes ungulata Haeckel, 1888
Hippopodius luteus Leloup, 1933
Cosmopolite
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge], ● CaraïbesLa distribution de cette espèce est mondiale. Elle s'étend aux océans Atlantique, Pacifique et Indien, ainsi qu'à la Méditerranée. Elle est absente des hautes latitudes.
Ce siphonophore est pélagique et affectionne en général les faibles profondeurs. On pourra en principe l'observer toute l'année, dans les eaux chaudes et tempérées.
Hippopodius hippopus est un étrange siphonophore, dont la taille est comprise entre trois et sept centimètres. Il se présente sous la forme de flotteurs, les nectophores*, réunis entre eux en deux rangées contigües. Ces nectophores sont en fait des méduses modifiées qui ont la forme d'un fer à cheval et dont la taille oscille entre un et deux centimètres. Chaque nectophore est creux, aplati, est parcouru par deux canaux radiaires et porte dorsalement quatre protubérances arrondies. Chacune des deux rangées comporte de quatre à seize nectophores, disposés de manière alternée, avec un décalage entre les deux rangées.
Le nectosome (ensemble des nectophores) permet, grâce aux contractions de ces méduses modifiées, le déplacement de la colonie. Comme chez la plupart des siphonophores, il est transparent, souvent teinté de bleu.
Tous les nectophores ne sont pas au même stade de développement : le nectophore apical* est le plus jeune. Ce dernier porte un stolon qui s'insinue entre les flotteurs et sur lequel s'enracinent de nombreuses cormidies* que la colonie traîne dans son sillage. Ce stolon est extensible et rétractable. Les cormidies possèdent, entre autres, des polypes nourriciers (les gastrozoïdes*) équipés de filaments pêcheurs garnis de cnidocytes*, filaments dont la longueur est bien plus importante que celle du nectosome.
Cette espèce présente des nectophores en forme de fer à cheval caractéristiques et ne peut pas, en principe, être confondue avec une autre !
Cette espèce est carnivore. Elle capture le zooplancton grâce aux nombreux cnidocytes urticants qui garnissent les tentacules des gastrozoïdes*, les polypes nourriciers de la colonie.
Le cycle de vie des siphonophores recèle des zones d'ombre et demeure encore mal connu.
Il existe au sein des cormidies* des polypes spécialisés pour la reproduction, les gonozoïdes*, qui fabriquent des gamètes mâles et femelles. Seuls les spermatozoïdes sont libérés en pleine eau. De la fécondation, croisée et interne, résulte le développement d'une larve dite protozooïde, à partir de laquelle se développe une nouvelle colonie. Cette larve n'est pas libre mais reste fixée à la colonie mère.
Cet organisme peut également se reproduire de manière asexuée. Des cormidies entières peuvent se détacher de la colonie mère et se spécialiser dans la reproduction, sans pour autant régénérer un nectosome. Ces cormidies particulières sont appelées eudoxides.
La colonie est souvent parasitée par des vers plats (Trématodes).
Chez les Hippopodiidae, les nectophores* de la colonie sont soumis à un renouvellement continuel, les nouvelles cloches se formant par bourgeonnement sur un petit nectophore accessoire, simple diverticule du stolon. Les cloches les plus anciennement formées sont dans le même temps refoulées vers le bas de la colonie. Elles y perdront leur activité et deviendront caduques au fur et à mesure de leur vieillissement.
Comme beaucoup d'organismes du plancton, Hippopodius hippopus accomplit des migrations verticales journalières (jusqu'à 300 mètres de profondeur) et saisonnières. Comme les autres espèces de sa famille, sa "nage" est qualifiée de lente, s'effectuant par "petits bonds".
Lorsque la colonie est manipulée, les nectophores émettent, à titre de stratégie défensive, une forte bioluminescence.
De manière générale, il est plus prudent de se maintenir à bonne distance des siphonophores. Ce groupe de Cnidaires est réputé très urticant !
Il s'agit d'une espèce fort méconnue, dont l'observation en plongée reste exceptionnelle, et il existe très peu d'informations à son sujet.
Siphonophore fer à cheval : il n'existe pas de nom vernaculaire pour cet organisme dans la littérature naturaliste. Par commodité, nous avons choisi de reprendre la traduction du nom scientifique. Ce nom est donc une proposition du site DORIS.
Hippopodius : du grec [hippo] = cheval et du grec [pod] = pied.
hippopus : du grec [hippo] = cheval et du grec [pus] = pied.
Les noms de genre et d'espèce signifient exactement la même chose et mettent l'accent sur la forme en fer à cheval (mot-à-mot en pied de cheval) des nectophores.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Hydrozoa | Hydrozoaires | Cnidaires dont le cycle de vie est alterné, mais de façon inconstante, par deux phases différentes : le polype et la méduse. Présence d’un velum dans la méduse (dite craspédote), gonades ectodermiques, perte des septes, perte des cnidocytes endodermiques. Coloniaux ou solitaires. Quelques espèces d’eau douce. |
Sous-classe | Hydroidolina | Hydroïdes | Hydrozoaires dont le cycle de vie présente toujours une phase polype. |
Ordre | Siphonophorae | Siphonophores | Hydroïdes coloniaux exclusivement pélagiques. Les colonies présentent des méduses et des polypes associés et fortement différenciés, disposés le long d'un stolon long parfois de plusieurs dizaines de mètres. |
Sous-ordre | Calycophorae | Calycophores | Siphonophores dépourvus de pneumatophore et dont le nectosome est réduit. |
Famille | Hippopodiidae | Hippopodiidés | |
Genre | Hippopodius | ||
Espèce | hippopus |
Une étrange créature
Voici Hippopodius hippopus, une étrange colonie caractérisée par deux rangées contigües et décalées de méduses modifiées appelées nectophores.
Grande Baie, Rade de Villefranche-sur-rmer (06), 4 m env.
29/11/2015
Elements
Chaque nectophore porte 4 protubérances arrondies, bien visibles ici sous forme de pointes blanches. La colonie traîne dans son sillage un faisceau de cormidies enracinées sur un stolon porté par le nectophore apical.
Le Graillon, Antibes (06), 3 m, de nuit
19/12/2007
De nuit
La forme en fer à cheval des nectophores est ici bien visible. Ce sont en fait des méduses modifiées, dont la contraction assure le déplacement de la colonie. La "touffe" jaune qu'elle traîne derrière elle est un ensemble de polypes particuliers, équipés pour la plupart de longs tentacules urticants.
Le Graillon, Antibes (06), 3 m, de nuit
19/12/2007
De jour
Cette colonie ne laisse entrevoir que le nectosome transparent et bleuté. Le stolon porteur de cormidies, non visible ici, est vraisemblablement rétracté.
Cagnes sur mer (06), 5 m
21/01/2007
Tentacules
Une observation intrigante : cette colonie semble égrener derrière elle ses longs tentacules urticants...
Le Graillon, Antibes (06), 3 m
19/12/2007
Méditerranée : Villefranche-sur-mer (06)
Grande Baie, Rade de Villefranche-sir-mer (06), 4 m
29/11/2015
En Corse
Juste à côté d'une salpe géante cet animal flottait entre deux eaux.
Golfe d'Ajaccio, Corse (2A), 3 m
13/04/2019
Rédacteur principal : Frédéric ZIEMSKI
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable historique : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Bassot J.M. & all, 1978, Bioluminescence and other reponses spread by epithelial conduction in the siphonophore Hippopodius, The Biological Bulletin, 155, 473-498.
Carré D., 1968, Sur le développement post-larvaire d'Hippopodius hippopus (Forskal), Cah. Biol. Mar., 9, 417-420.