Taille de 7,5 cm à 15 cm pouvant parfois aller jusqu'à 30 / 40 cm
Couleur variable du gris pâle au vert en passant par le brun et le jaune
Des anneaux noirs ou verts irréguliers sur le manteau
Lièvre de mer tacheté
Spotted seahare, ringed seahare (GB), Aplisia dagli anelli (I), Braunring-Seehase (D), Conejito dè mar (E), Ringvlek-zeehaas (NE)
Caraïbes, Atlantique proche et Mediterranée
Zones DORIS : ● Caraïbes, ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Le lièvre de mer ocellé a longtemps eu une distribution circumtropicale et subtropicale. Mais cela a changé avec les études moléculaires : il s'est avéré que les individus de l'Indo-Pacifique était différents de ceux des Caraïbes et de Méditerranée et constituait une espèce différente.
On trouve Aplysia dactylomela en mer des Caraïbes et dans l'océan Atlantique (Canaries, Madère, Cap Vert). Des sites le signalent dans l'océan Indien (mer Rouge Afrique du Sud, Mayotte, La Réunion) mais cela est à rejeter eut égard à ce qui précède pour cette distribution.
Il a été signalé en Méditerranée orientale depuis les années 2000, et des individus isolés (introduction récente ?) ont été trouvés en Méditerranée occidentale. En juin 2020, elle a été signalée en Corse et cela s'est reproduit depuis. Tout signalement sur nos côtes françaises est le bienvenu auprès de l'INPN.
Les signalements dans le Pacifique (Australie, Nouvelle-Calédonie) font référence à une espèce jumelle : Aplysia argus Rüppell & Leuckart, 183, difficile à distinguer sans tests ADN.
Cette espèce préfère les fonds sableux abritant des herbiers ou des algues, mais on peut également la rencontrer sur des fonds rocheux ou graveleux recouverts d'algues. Bien qu'on puisse la trouver jusqu'à 40 m, sa profondeur de prédilection se situe plutôt entre 0 et 15 m.
Ce grand lièvre de mer mesure de 7 cm à 15 cm à l'âge adulte mais il peut parfois atteindre 40 cm de longueur.
Son corps ovale est fortement bombé au milieu et effilé aux extrémités avant et arrière. Il possède une coquille réduite qui est peu visible, recouverte par les lobes allongés du manteau : les parapodes*. Il est d'aspect lisse : seul le pied, très développé, est rugueux.
La tête porte deux rhinophores* en "oreilles de lièvre" et deux courts tentacules buccaux. Les yeux, très petits, sont à la base des rhinophores.
La branchie est située à droite du corps, entre la coquille mince et le parapode droit.
La couleur du corps varie, selon la nourriture absorbée, du vert au gris pâle en passant par le jaune d'or et le brun foncé.
Aplysia dactylomela se différencie des autres lièvres de mer par les anneaux foncés irréguliers qui ornent son manteau. Elle porte d'autres dessins plus discrets : marbrures noires et points blancs.
Aplysia oculifera (Adams & Reeve, 1850) a un aspect très voisin, en moins effilé, mais des marques irrégulières à la place des anneaux. Il s'agit d'une espèce de l'océan Indien et du Pacifique Ouest.
Aplysia argus Rüppel & Leuckart, 1830 est une espèce très proche, présente dans l'Indo-Pacifique. Anciennement connue comme A. dactylomela, elle a été identifiée comme espèce indépendante en 2013.
Aplysia dactylomela se nourrit d'algues rouges ou d'algues vertes.
MacFarland en 1909 et Wilbur et Yonge en 1966 ont pu observer ses préférences pour les espèces Chondrococcus hornemanni, Ulva reticulata, Laurencia spp., Martensia fragilis et Spyridia filamentosa.
Grâce à ses mâchoires, le lièvre de mer tacheté saisit les algues puis, à l'aide de sa radula*, les emmène dans sa cavité buccale. En fonction de son alimentation, la couleur d'A. dactylomela peut varier. Il peut être plus orangé par exemple s'il broute essentiellement des algues rouges.
Comme toutes les espèces d'aplysies, le lièvre de mer tacheté est hermaphrodite*.
Pendant la période de reproduction, le « mâle » recouvre partiellement la « femelle » et dépose son sperme dans l'orifice génital situé sur le côté droit, entre le parapode et l'ouverture de la cavité palléale*. On peut alors rencontrer des chaînes d'individus superposés, chacun étant en même temps mâle et femelle, à l'exception du premier (femelle uniquement) et du dernier (mâle uniquement).
Ces aplysies sont sexuellement matures dès 2 mois. La période de reproduction dure environ 7 mois, avec des pontes tous les 2 à 4 jours. Chaque adulte peut alors produire 100 millions d'œufs.
La ponte ressemble à un long cordon emmêlé blanc, vert ou violet selon la maturation des œufs.
Après la ponte, les animaux cessent de s'alimenter et meurent. Cela explique certains échouages massifs que l'on peut rencontrer sur les plages.
La période larvaire survient rapidement. Elle dure un mois et les larves sont planctoniques*. A la suite, elles se posent sur une algue et se métamorphosent*.
La peau du lièvre de mer contient des toxines qui le rendent non comestible. De ce fait, A. dactylomela a peu de prédateurs, dont l'étoile de mer géante Coscinasterias calamaria et l'anémone Anthopleura xanthogrammica. Pour se défendre, le lièvre de mer ocellé crache un puissant jet d'encre violette, fabriquée au cours de la digestion des algues vertes.
Il peut être l'hôte d'ectoparasites comme le copépode Anthessius varidens (dans la branchie).
L'espèce est cosmopolite et assez commune. Sédentaire, le lièvre de mer ocellé reste caché sous les rochers ou dans les herbiers dans la journée et sort dès la tombée du jour pour s'alimenter et se reproduire. Son mode principal de déplacement est la reptation. Toutefois, le lièvre de mer peut également nager brièvement en pleine eau, à l'aide de ses parapodes hauts, minces et ondulés.
On a pu observer qu'après s'être mis à l'abri, A. dactylomela se met immédiatement en position de repos.
Cette aplysie fait l'objet de recherches neurologiques car ses neurones ressemblent beaucoup à ceux des vertébrés.
Lièvre de mer : ce nom vient de la forme de ses rhinophores qui évoquent les oreilles d'un lièvre.
ocellé : à cause des anneaux caractéristiques qui décorent son manteau.
Aplysia : du grec [aplusias] = saleté.
dactylomela : du grec [daktulon] = doigt ; et [melos] = chant. La signification de ce nom d'espèce est obscure.
Numéro d'entrée WoRMS : 138753
| Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
|---|---|---|---|
| Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
| Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
| Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
| Ordre | Aplysiida | Aplysides | Coquille petite (ou absente) généralement recouverte par le manteau (parapodes). Présence ou non d’une branchie plissée, tête portant des tentacules et des rhinophores. Cavité palléale située à droite. Mangeurs de végétaux. Tous marins, zones côtières. |
| Famille | Aplysiidae | Aplysiidés | |
| Genre | Aplysia | ||
| Espèce | dactylomela |
Gastéropodes Opisthobranches
Autres Opisthobranches
Gracieux mouvement d'encolure
C'est encore un "petit" levraut de mer : comparer à la taille des Halodule.
Grande Anse d'Arlet, Martinique, 10 m
14/11/2010
Gastéropodes Opisthobranches
Autres Opisthobranches
Jeune lièvre en balade
Perché sur un corail étoilé (Porites astreoides), ce jeune lièvre semble avoir du mal à trouver son équilibre.
Petit-Canal, Guadeloupe, 12 m, de nuit
19/09/2011
Un œil petit, mais vif !
Les algues vertes figurent parmi les repas préférés des lièvres de mer.
Grande Anse d'Arlet, Martinique, 10 m
14/11/2010
Robe ocellée
En ballade sur les enrochements du port.
Port-Louis (Guadeloupe), en surface, de nuit
29/11/2009
Noir et blanc
La livrée est ici noire et blanche, avec un mufle légèrement rosé.
Puerto del Carmen, Lanzarote, Canaries, 25 m
11/08/2004
Entre vert et rose nacré
Le mimétisme avec l'environnement produit parfois des couleurs étonnantes.
Koufonissi, Grèce, 1 m
12/09/2008
Menu d'algues rouges
Les algues rouges font partie des repas préférés des lièvres de mer, et leur donnent une belle couleur jaune ocre.
Crète, (Grèce), vers 1 m
30/09/2011
Sortie de bain
Ce joli lièvre de mer à dominante gris-vert n'hésite pas à sortir la tête du bain pour brouter les algues tapissantes de l'estran.
Vieux Fort, Guadeloupe, 2 m
22/01/2012
Accouplement
Scène torride - un des participants est tellement excité qu'il a l'air d'avoir trois oreilles !
Crète, (Grèce), vers 1 m
30/09/2011
Encre violette
Se sentant menacé, le lièvre de mer lâche un jet d'encre qui lui permet de s'enfuir. Aussitôt après, il se mettra en position de repos.
Vieux Fort, Guadeloupe, 2 m
22/01/2012
Escalade
Sédentaire, ce lièvre de mer s'accroche à son rocher. On peut le retrouver au même endroit d'une semaine à l'autre.
Vieux Fort, Guadeloupe, 2 m
15/01/2012
Repos
Ces deux lièvres de mer se sont à moitié enfouis dans le sable pour la journée.
Port-Louis, Guadeloupe, 2 m
10/10/2009
Rencontre de nuit
La rencontre avec une holothurie-serpent collante, Euapta lappa, ne peut être que fortuite !
Pointe d'Antigues, Guadeloupe, 8m, de nuit
04/12/2009
Individu de Guadeloupe
L'espèce est bien présente dans les Caraïbes et notamment les Antilles françaises.
Anse Rifflet, Deshaies, Guadeloupe, 0 m
19/03/2017
Individu monégasque
Cet individu solitaire de quelques 20 cm a été découvert, tout à fait à son aise, sur les brise-lames du port de Monaco. A-t-il des congénères en état de convoler, restera-t-il célibataire, aura-t-il une descendance... nous le saurons dans quelques années !
Monaco, 3 m
19/10/2015
Individu varois
Il existe, à l’heure actuelle (08/2021) très peu de signalements (2 ou 3 ?) de cette espèce sur les côtes méditerranéennes françaises...
Voici donc un individu surpris de nuit, dans peu d'eau (80 cm) et en milieu rocheux, dans le département du Var.
Saint Mandrier, Var (83), 0,80 m, de nuit
19/08/2021
L'espèce cousine de l'Indo-Pacifique : Aplysia argus
Très ressemblante à Aplysia dactylomela, voici l'espèce qui a été séparée de cette dernière en 2013, excluant A. dactylomela de l'Indo-Pacifique : A. argus.
Dans l'océan Indien et pour les eaux françaises, on rencontre cette espèce à Mayotte et à La Réunion.
Lagon de St-Leu, La Réunion (974), océan Indien, 2 m, en PMT
Frédérique & Sébastien VASQUEZ
13/14/2014
Rédacteur principal : Pascale PÊPE
Vérificateur : Sylvie DIDIERLAURENT
Responsable régional : Anne PROUZET
Harmelin J.G, Cottalorda J.M., Occurrence of the tropical Atlantic sea hare Aplysia dactylomela (Mollusca: Opisthobranchia) in the Ligurian Sea (Monaco, NW Mediterranean), in : New Mediterranena Biodiversity Records (March 2016), Mediterranean Marine Science, 17 (1), 230-252.
Jennifer A., Valdés A., 2013, The Ring Doesn't Mean a Thing: Molecular Data Suggest a New Taxonomy for Two Pacific Species of Sea Hares (Mollusca: Opisthobranchia, Aplysiidae), Pacific Science, 67(2), 283-294.
Karachle P., Angelidis A., Apostolopoulos G., Ayas D., Ballesteros M., Bonnici C., Brodersen M., Castriota L., Chalari N., Cottalorda J., Crocetta F., Deidun A., Đođo Ž., Dogrammatzi A., Dulčić J., Fiorentino F., Gönülal O., Harmelin J., Insacco G., Izquierdogómez D., Izquierdo-Muñoz A., Joksimović A., Kavadas S., Malaquias M.A., Madrenas E., Massi D., Micarelli P., Minchin D., Önal U., Ovalis P., Poursanidis D., Siapatis A., Sperone E., Spinelli A., Stamouli C., Tiralongo F., Tunçer S., Yaglioglu D., Zava B. & Zenetos A., 2016, New Mediterranean Biodiversity Records (March 2016), Mediterranean Marine Science, 17(1), 230-252.
Valdés A., Alexander J., Crocetta F., Yokes M.B., Giacobbe S., Poursanidis D., Zenetos A., Cerera J.L., Caballer M., Galil B.S., Schembri P. J., 2013, The origin and dispersal pathway of the spotted sea hare Aplysia dactylomela (molluska: opisthobranchia) in the Mediterranean Sea, Aquatic Invasions, 8, 427-436.
Rudman, W.B., 1999 (April 19) Aplysia dactylomela Rang, 1828. [In] Sea Slug Forum. Australian Museum, Sydney.
La page d'Aplysia dactylomela sur Animal Diversity Web, University of Michigan :
Emore, M. 2002. "Aplysia dactylomela" (On-line), Animal Diversity Web. Accessed June 02, 2012 at
http://animaldiversity.ummz.umich.edu/site/accounts/information/Aplysia_dactylomela.html
La page d'Aplysia dactylomela dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
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