Raie-papillon épineuse

Gymnura altavela | (Linnaeus, 1758)

N° 1513

Méditerranée, mer Noire et Atlantique

Clé d'identification

Petit museau saillant
Disque plus large que long, de forme sublosangique, élargi vers la queue
Queue courte armée d’un à deux aiguillons venimeux
Couleur du dos formant une mosaïque d'ocelles clairs sur fond brun à gris-vert
Parfaitement camouflée sur fond sableux
Face ventrale claire, rosée à rouille

Noms

Autres noms communs français

Mourine bâtarde, pastenague ailée, choucka bastarda

Noms communs internationaux

Spiny butterfly ray, stingrays (GB), Bugghiu, gavila (I), Raya mariposa, raya de papel, mantelina (E), Farfett (Malte), Leptirica (Croate), Avejao (P), Egasser (Diola), Khop (Wolof), Kunka sori yékhé (Guinée)

Synonymes du nom scientifique actuel

Dasyastis altavela (Linnaeus, 1758)
Pteroplatea altavela (Linnaeus, 1758)
Raja maclura (Lesueur, 1817)
Pteroplatea canariensis (Valenciennes, 1843)

Distribution géographique

Méditerranée, mer Noire et Atlantique

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

Gymnura altavela apprécie les zones tropicales et les eaux chaudes tempérées.
L'espèce fréquente l’ensemble de la Méditerranée et la mer Noire.
Elle est plus rare en mer Tyrrhénienne qu'en mer Egée.
Quelques signalements récents sont avérés sur les côtes continentales françaises (îles de Lérins, août 2014 et Cap Bénat, septembre 2018) et la façade tyrrhénienne de la Corse (embouchure du Golo, 6 juillet 2014 ; embouchure étang de Diana, 29 octobre 2016 ; sud-est de Bastia, avril 2018, sur une communication de M. Marengo et 28 octobre 2019, selon une observation personnelle de J-J Riutort).

En Atlantique, on la trouve du Portugal à l’Angola, en passant par les Canaries et Madère.
L'espèce est toutefois absente au Cap Vert.
Sur les côtes américaines, l'aire de répartition de la raie-papillon épineuse court du littoral de l'Etat du Massachusetts à celui de l'Argentine ; elle peut être localement abondante, comme en zone côtière de Virginie ou rare, comme dans le golfe du Mexique.
Dans le détail, la distribution de cette raie apparaît inégale et discontinue ; elle semble avant tout tributaire de son habitat.

Biotope

Gymnura altavela est une espèce benthique* qui montre une préférence pour les fonds sablo-vaseux côtiers sur lesquels elle peut laisser l'empreinte caractéristique de son corps. Elle pénètre les estuaires, les lagunes et se rencontre entre 1 et 60 mètres avec des incursions possibles jusqu'à cent cinquante mètres de profondeur.

En Corse, il est fait état d'une observation atypique, en surface, au large du golfe de Sagone (Miniconi, 2006).

Description

Le profil antérieur du corps, aplati dorso-ventralement, est terminé par un petit museau saillant. La raie-papillon épineuse se distingue par le développement extrême de ses nageoires pectorales. Le disque sublosangique, environ deux fois plus large que long s'élargit vers la queue. L'envergure peut atteindre 1,50 m, voire exceptionnellement 3 à 4 mètres (Stehmann) pour une longueur totale de 1,40 m. Le poids maximum publié est de 290 kg. Le bord latéral interne du spiracle* est muni d'un petit tentacule. Les nageoires pelviennes* sont réduites et fines, de couleurs blanches ou brunâtres.

Un à deux petits aiguillons venimeux barbelés sont insérés à la base d'une courte queue (un tiers de la longueur du disque). Selon Schwartz (2005), le dard est court, plus grand chez les femelles (33 mm) que chez les mâles (23 mm) et dépourvu de dentelures à sa base. Le nombre moyen de ces dentelures est plus élevé chez les femelles (62) que chez les mâles (53). Une crête cutanée est présente sur les faces dorsale et ventrale de la queue. Les 3 à 5 bandes noires présentes sur la queue sont souvent peu différenciées.
La peau, lisse chez les jeunes devient rugueuse chez les adultes.

La coloration variable de la raie-papillon épineuse résulte de la juxtaposition de cercles et de points blanchâtres, formant une mosaïque d’ocelles* clairs, de taille variable, sur fond brun à gris-vert. Quelques petites taches noires et des macules sombres plus grandes sont aléatoirement réparties sur le dos. Le bord du disque est souvent ourlé d’un liseré où les motifs clairs et sombres sont disposés en alternance. L’ensemble confère à la raie-papillon épineuse un camouflage* parfait avec les fonds sablo-vaseux qu’elle fréquente. Le ventre est clair, blanc, légèrement rosé ou rouille.
Gymnura altavela adopte le plus souvent une nage caractéristique, au plus près du fond, où se succèdent de courtes phases durant lesquelles elle bat alternativement des ailerons et plane.

Espèces ressemblantes

Le genre comprend onze espèces (cf. I.T.I.S), parmi lesquelles il convient de distinguer les plus proches :

  • Gymnura micrura, qui ne semble pas dépasser l'envergure de 80 cm. La coloration de la face dorsale de cette espèce est gris beige, brune à verdâtre maculée de noir ; le bord du disque, concave, est nettement plus marqué que chez G. altavela ; le museau est plus pointu et l’arrière des spiracles* est dépourvu de tentacule*. La queue courte ne possède pas d'aiguillon. L'espèce est signalée en Atlantique, du Maryland au Brésil à l'ouest et de la Mauritanie à la République démocratique du Congo à l'est. Sa présence dans le sud de l'Asie demande à être vérifiée.
  • G. hirundo, observable notamment à Madère et au sud du Brésil, mais que les scientifiques ne s'accordent pas à valider. Selon certains auteurs, il pourrait s'agir de G. altavela.
  • G. natalensis, dont la couleur du dos est variable (vert, brun ou gris), adopte aisément la couleur du fond. La répartition est limitée au sud de l'Afrique. Sa présence est douteuse en Tanzanie et au Kenya.
  • G. marmorata, présente une queue très courte. La face ventrale des ailes est de couleur brune, seule la partie centrale demeure blanche. L'espèce est inféodée à la côte est du Pacifique, de la Californie au Pérou. L’aire de répartition de cette espèce ne chevauche pas celle de la raie-papillon épineuse.

Alimentation

Gymnura altavela se nourrit essentiellement de Téléostéens (Yemışken and al., 2018) mais également de mollusques, de crustacés et de plancton*.

Reproduction - Multiplication

Gymnura altavela atteint sa maturité alors qu'elle a une grande taille (Largeur Disque : LD), 78-130 cm pour les mâles et 102-108 cm pour les femelles. En Syrie, la taille de première maturité sexuelle est atteinte à 77,1 cm chez les mâles et à 96,1 cm chez les femelles (LD).

Son cycle de reproduction est annuel (faible résilience). La gestation dure environ six à neuf mois pour développer quatre à sept embryons (quatre en moyenne dans l'ouest Atlantique) qui se distribuent symétriquement dans les utérus. En Mauritanie, les eaux peu profondes du banc d'Arguin constituent une zone potentielle de mise bas.

En Méditerranée, trois embryons d’une largeur discale comprise entre 28.6 cm et 30.9 cm ont été observés en Turquie. La largeur du disque à la naissance est comprise entre 29,4 cm (Tunisie) et 28,7 à 31,9 cm (Syrie). Cependant, Last et al. (2016), mentionnent une taille à la naissance entre 38 et 44 cm (LD) sur l'ensemble de l'aire de répartition de l'espèce.

Vie associée

La raie-papillon épineuse est l’hôte de plusieurs parasites :

  • Le Monogène, Heteronchocotyle gymnurae, est un ectoparasite* des branchies* de la raie-papillon épineuse ;
  • Les Cestodes : Acanthobothrium paulum, Anthobothrium altavelae, Pterobothrioides petterae, Pterobothrium heteracanthum et Pterobothrium lintoni ;
  • Le Copépode : Eudactylina turgipes.

Divers biologie

L’analyse des vertèbres de raies-papillons épineuses du nord ouest Atlantique a permis à Parson et al. (2018) d’estimer l’âge des plus vieux mâle et femelle à 11 et 18 ans pour une largeur du disque respective de 135,5 cm et 215 cm.

La raie-papillon épineuse possède de petites dents pointues dont le nombre varie fortement suivant les études. La dentition de sa mâchoire comporte quatre-vingt-huit à cent trente-huit dents formées d'une robuste cuspide* conique. La mandibule* comprend soixante-seize à cent-douze dents. Toutes se répartissent en sept à douze rangées fonctionnelles et grandissent avec la croissance de l'animal.

La raie-papillon épineuse semble avoir peu de prédateurs potentiels : quelques mammifères marins et requins, comme Sphyrna mokarran, le grand requin marteau.

Informations complémentaires

Solitaire, la raie-papillon épineuse ne constitue pas un danger réel pour l'homme ; elle ne développe pas d'agressivité particulière. Toutefois, il est recommandé de ne pas blesser l'animal, ni de le stresser et enfin de prendre garde à ne pas placer accidentellement le pied dessus. Cependant, aussi douloureuse soit-elle, la blessure n'est pas mortelle.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Gymnura altavela est inscrite au registre de l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) comme étant en Danger Critique d'Extinction pour la Méditerranée, où la population semble avoir décliné de plus 80 % et en Danger d'Extinction pour les autres zones de répartition de l'espèce, pour lesquelles les experts redoutent une diminution constante des effectifs.
Bien que l'on manque sectoriellement d'éléments d'appréciation, la disparition de l'espèce semble effective, comme l'illustre la baisse d'abondance à 99 % au sud du Brésil !

Origine des noms

Origine du nom français

Raie-papillon épineuse : analogie avec les grandes ailes d’un papillon et épineuse pour son dard.

Origine du nom scientifique

Gymnura : du grec [gymnos] = nu
altavela se décompose du latin en [alta] = haute et [vela] = voile

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 105856

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Chondrichthyes Chondrichthyens Squelette cartilagineux, deux nageoires dorsales et une anale (primitivement), nageoire caudale hétérocerque*, deux paires de nageoires paires, bouche disposée sur la face ventrale.
Sous-classe Elasmobranchii Elasmobranches Squelette des nageoires pectorales tribasal. Deux nageoires dorsales. 5 ou 6 paires de fentes branchiales et des spiracles.
Super ordre Euselachii Sélaciens Raies et requins.
Ordre Myliobatiformes Myliobatiformes Raies dont la dentition évoque une meule.
Famille Gymnuridae Gymnuridés
Genre Gymnura
Espèce altavela

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