Grosses masses gélatineuses, souvent brunâtres, présentes entre deux eaux ou grandes colonies fixées sur des branches immergées et d'autres substrats
Pigmentation rouge autour de la bouche
Taches blanches sur les bras du lophophore
Statoblastes avec une seule rangée d'épines périphériques en forme d'ancre
Pectinatelle
Magnificent bryozoan, jelly-ball (Amérique du Nord), Schwammartiges Moostierchen (D)
Pectinella magnifica
Eaux douces des régions de l’Hémisphère Nord
Zones DORIS : ● Eau douce d'EuropeEspèce d'eau douce nord-américaine, introduite en Europe au XIXe siècle, probablement dans l'eau de ballast d'un navire, et découverte en 1883 en Allemagne dans la région de Hambourg. Elle s'est ensuite étendue vers l'est de l'Europe (Pologne, Tchécoslovaquie, Roumanie).
En France, elle a été trouvée en 1995 dans l'étang de la Héronnière près de Nomexy (département des Vosges), découverte publiée en 1996. Une observation antérieure (P. magnifica recueillie en 1994 sur le canal de la Haute-Saône, à la hauteur de Bermont, Territoire de Belfort) n'a été publiée qu'en 2002. Depuis sa découverte, elle a été observée dans de nombreuses régions de France, dont la Bretagne (2007) et la Corse (2006). Plus récemment, elle a été observée dans l'Allier dans l'étang de Saint Bonnet, en Forêt de Tronçais, fin août début septembre 2011, et dans la région Midi-Pyrénées en 2012. Elle a été signalée (2017) à Dax, dans les Landes.
P. magnifica est désormais également présente en Autriche, en Suisse, aux Pays-Bas, au Luxembourg, en Slovaquie, Hongrie et Ukraine.
Au Japon, P. magnifica a été découverte en 1972, en Corée en 1996 et en Chine en 2015. Elle a été signalée en 1957 en un endroit unique en Turquie.
Les oiseaux migrateurs et les péniches, bateaux et navires contribueraient à sa diffusion.
Pectinatella magnifica fréquente les étangs, les pièces d'eau et les cours d'eau à faible courant. Elle apprécie les eaux non polluées et chaudes (température supérieure à 20 °C). Une sédimentation importante serait une cause d'absence de cette espèce.
Pectinatella magnifica se présente sous forme de colonies massives, gélatineuses, visqueuses au toucher, mais de consistance ferme. Elles sont fixées sur des substrats* variés, des pierres, des branches mortes ou des racines partiellement ou entièrement immergées dans l'eau. Elles peuvent être fusiformes, en forme de massue, de boule ou de boudin. Sur un substrat plat, elles forment des coussinets. En vieillissant elles peuvent se détacher du substrat et flotter à la surface de l'eau. Leur masse principale est formée par une gelée commune, autour de laquelle se distribuent les individus de la colonie appelés zoïdes* comprenant chacun une partie antérieure, le polypide*, caractérisé par une couronne en U de 40-80 tentacules (lophophore*) et une partie postérieure, le cystide*, correspondant à la paroi du corps. Les zoïdes sont regroupés en des sortes de rosettes de 12 à 18 individus. La région entourant la bouche du polypide contient des pigments rouges bien visibles. À l'extrémité de chaque bras du lophophore et du côté anal du col du cystide, se trouvent des taches blanches (« white spots ») caractéristiques. Immergés et en l'absence de perturbation, les zoïdes sortent leur lophophore grâce auquel ils filtrent l'eau pour y trouver leur nourriture (microorganismes, particules organiques) et absorber de l'oxygène.
Les colonies peuvent atteindre des volumes considérables, atteignant facilement la taille d'une balle de tennis ou d'un ballon de football. Des colonies géantes ont été décrites dans la littérature : des cordons dépassant un mètre de longueur pour un diamètre de plus de 10 cm ; des masses flottantes de 2,5 m de longueur et 50 cm de largeur, des disques d'un mètre de diamètre, etc.
P. magnifica produit des statoblastes* de grande taille, de l'ordre d'un millimètre, légèrement incurvés, au contour plutôt circulaire, avec quelque 11-22 épines périphériques en forme d'ancre, avec une hampe aplatie se terminant par 2 crochets.
En automne, les colonies meurent et se désagrègent ; les statoblastes sont libérés et passent l'hiver en état de dormance.
Ces animaux se nourrissent de particules en suspension, filtrées grâce à leur lophophore.
Les individus de cette espèce sont hermaphrodites*. La fécondation est interne ; elle aboutit à des larves qui, une fois libérées, se fixent et fournissent une nouvelle colonie par bourgeonnements successifs.
À côté de cette reproduction sexuée, il existe une reproduction asexuée par l'intermédiaire des statoblastes contenant du matériel germinatif. En conditions favorables, ils germent pour donner un nouvel individu (ancestrule*) qui se développe en une colonie par bourgeonnements successifs.
Les jeunes colonies sont capables de se déplacer très lentement. Lors de ces mouvements, elles peuvent se diviser en colonies-filles. C'est un moyen supplémentaire de multiplication asexuée. Des colonies qui viennent en contact lors de ces déplacements fusionnent.
Les statoblastes sont capables de résister à de sévères changements du milieu (température, dessèchement...) et expliquent la diffusion et la persistance de cette espèce d'année en année. Certains statoblastes de bryozoaires sont connus pour s'être à nouveau développés après un séjour de 50 mois au sec.
P. magnifica est souvent trouvée en compagnie du bryozoaire Cristatella mucedo.
Pectinatella magnifica ne fréquente pas les eaux polluées et, au contraire, signale une bonne qualité des eaux, mêmes stagnantes. La prolifération de cette espèce serait favorisée par des étés chauds.
De grandes capacités d'épuration des eaux leur sont attribuées.
Pectinatelle : francisation du nom scientifique du genre.
Pectinatella : du latin [pecten] = peigne, sans doute en référence à l'aspect du lophophore avec ses tentacules,
magnifica : signifie magnifique, somptueux.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Bryozoa / Ectoprocta | Bryozoaires / Ectoproctes | Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette. |
Classe | Phylactolaemata | Phylactolèmes | Exclusivement en eau douce (sans vase excessive). Les zoïdes sont cylindriques et le lophophore est en forme de fer à cheval (sauf chez Fredericella). Les zoécies ne sont pas calcifiées et les zoïdes sont tous identiques. |
Ordre | Plumatellida | Plumatellides | |
Famille | Pectinatellidae | Pectinatellidés | |
Genre | Pectinatella | ||
Espèce | magnifica |
Vue générale
Un demi anneau d’environ 20 cm et de consistance gélatineuse.
Lac du Bourdon, Yonne (89), 20 cm
20/07/2006
Petite masse
Les colonies de cette espèce forment souvent des masses arrondies ou en boudins flottant entre deux eaux. Ici, une « petite » colonie.
Lachapelle-sous-Chaux, Territoire de Belfort (90), proche surface
09/2003
Grosse colonie
Les colonies de Pectinatella peuvent atteindre des volumes considérables, former des ensembles spectaculaires longs de plusieurs mètres. Ici, la colonie mesurait environ 1 m. Le photographe Daniel Nardin a noté l'implantation d'algues sur le haut de la masse affleurant l'eau et a constaté que la colonie immergée était intacte.
Etang d'Ecromagny (70), proche surface
21/09/2003
Individus visibles
Une masse ovoïde sortie de l’eau et aux individus visibles à la surface.
Lac du Bourdon, Yonne (89)
20/07/2006
Colonies envahissantes
Photo prise hors de l'eau d'une des colonies trouvée sous une barque et en très grande quantité dans le port d'Aiguebelette en Savoie.
Lac d'Aiguebelette en Savoie (73)
08/09/2009
Lophophores
Le photographe a pu observer à la loupe les lophophores* de ces animaux coloniaux. Ce lophophore permet au bryozoaire de filtrer les particules en suspension.
Lac d'Ecromagny (70)
21/09/2003
Grossissement du lophophore
Un grossissement du lophophore permet de reconnaître la forme en U.
Lac d'Ecromagny (70)
21/09/2003
Détails des lophophores
Ici rétractés, les panaches de tentacules des lophophores sont visibles au centre de l'image.
Lac d'Aiguebelette en Savoie (73)
08/09/2009
Statoblastes
Le statoblaste* est une capsule biconvexe produite asexuellement par la plupart des bryozoaires dulcicoles et contenant du matériel germinatif. En conditions favorables, il germe pour donner un nouvel individu.
Les statoblastes sont capables de résister à de sévères changements du milieu (température, dessèchement...) et expliquent la diffusion et la persistance de cette espèce d’année en année. Certains statoblastes de bryozoaires sont connus pour s’être à nouveau développés après un séjour de 50 mois au sec.
Chaque statoblaste évoluera en une ancestrule*, un jeune zoïde* qui se fixera et donnera une colonie par bourgeonnements successifs.
Lac d'Ecromagny (70)
21/09/2003
Statoblastes
Autre vue des détails d'un statoblaste avec ses épines à deux crochets à leur extrémité.
Lac d'Aiguebelette en Savoie (73)
08/09/2009
Planche d'anatomie
Pectinatella magnifica dans un ouvrage scientifique (Prenant et Bobin, 1956)
N/A
Reproduction de documents anciens
N/A
Rédacteur principal : Bruno CHANET
Vérificateur : Vincent MALIET
Correcteur : Jos MASSARD
Correcteur : Gaby GEIMER
Responsable historique : Sandra SOHIER
Responsable régional : Jean-Pierre COROLLA
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La page sur Pectinatella magnifica sur le site Nederlandse zoetwater bryozoën (mosdieren) - Dutch freshwater bryozoans (moss animals) ; bryozoans.nl