Dent de cochon en huit

Heteropsammia cochlea | (Spengler, 1781)

N° 958

Indo-Pacifique tropical

Clé d'identification

Petit corail solitaire
Fonds sablo-vaseux
Corallite en huit
Orifice sur la face basale

Noms

Autres noms communs français

Molaire en huit

Noms communs internationaux

Button coral, smooth bum coral, shoe coral (GB)

Distribution géographique

Indo-Pacifique tropical

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique

Cette espèce se rencontre dans l'océan Indo-Pacifique tropical, essentiellement dans la zone ouest. Elle est présente en Nouvelle-Calédonie.

Biotope

Cette espèce colonise les fonds meubles à partir de 1 m de profondeur jusqu'à 40 m, et peut devenir abondante à partir de la zone des 10 m.

Description

Heteropsammia cochleata est classiquement solitaire et libre, qui n'est généralement fait que d'un seul polype. Néanmoins, cette espèce peut présenter plusieurs polypes dans certaines conditions environnementales.
La forme globale est ronde avec un petit diamètre atteignant plus de 2,5 cm.
Vu de dessus, on peut voir un ou deux corallites*, le tout ayant la forme d'un 8.
La face basale est aplatie ou en forme de quille selon la nature du substrat. Elle est percée d'un petit trou, d'où peut émerger un ver commensal.
La couleur globale est pâle, avec des teintes orangées, marronâtres, verdâtres ou bleuâtres.
Les septes* latéraux sont bien développés. La columelle* est profondément ancrée et compacte et les cloisons portent des pores.
Les tentacules sont charnus et relativement bien développés, surtout de nuit.

Espèces ressemblantes

Ce corail occupe le même milieu qu'un autre corail solitaire : Heterocyathus aequicostatus. Cependant, même s'ils ont sensiblement la même taille, H. aequicostatus est de forme circulaire, tandis que Heteropsammia cochleata a une forme en huit.

Il est aussi confondu avec le Fungiidé Cycloseris cyclolites, qui est également associé à ce milieu sablo-vaseux.

Alimentation

Ce corail se nourrit préférentiellement de nuit à l'aide de ses tentacules équipés de cnidocytes* qui dévaginent leur harpon venimeux lorsque de petites proies passent à proximité.
Le polype peut parfois comporter, dans ses tissus, des petites algues unicellulaires capables de réaliser la photosynthèse*. Dans ce cas, l'alimentation du corail est agrémentée des substances carbonées que produisent ces algues unicellulaires.
Ces dernières sont souvent absentes des individus des zones profondes où le peu de lumière empêche la réalisation de la photosynthèse.

Reproduction - Multiplication

Les sexes sont séparés, mais il n'y a pas de dimorphisme sexuel apparent.
Mâles et femelles émettent leurs gamètes* dans la colonne d'eau, où ils se rencontrent pour former les œufs. Ces derniers se développent en larves planctoniques*.
Cette espèce se reproduit aussi par voie asexuée, ce qui est commun chez les espèces de petits coraux libres. Le squelette subit dans ce cas une fragmentation qui fait émerger un bourgeon. Ce bourgeon se détache naturellement du corail parent et devient un nouvel individu.

Vie associée

La larve d'Heteropsammia se développe sur un support dur, et notamment sur la coquille d’un microgastéropode.

Il existe une relation commensale* avec un siponcle, ou ver tubulaire, de la famille des Sipunculidés (Aspidosiphon jukesi). Ce dernier perfore le squelette sur la face basale et crée un trou par lequel il sort une partie de son corps. Ainsi, le ver permet au corail des déplacements sur les fonds meubles, ce qui leur évite l’envasement. Le déplacement du corail est donc passif.

H. cochleata peut aussi abriter un bivalve parasite, Lithophaga lessepsiana.

Divers biologie

Cette espèce est commune et peut former des populations importantes. Certains écologistes parlent même de « fonds à Heteropsammia », tellement la densité de certaines populations peut être importante et sur de grandes surfaces. L'ensemble permet une vision féérique, comme si un grand nombre de pierres précieuses multicolores (roses, bleues, jaunes) avaient été éparpillées sur le sable.

Il est possible de voir ces coraux se déplacer lentement, par à-coups. A ce moment-là, si on retourne le corail très rapidement, le ver commensal apparaît, partiellement sorti de son trou.

Malgré le caractère solitaire de cette espèce, certains corallites peuvent se souder et former ainsi de petites colonies coralliennes.

Informations complémentaires

Il existe deux espèces méditerranéennes de coraux solitaires (Balanophyllia europaea et Balanophyllia regia), également surnommées dents de cochon.

Statuts de conservation et réglementations diverses

L'espèce est classée CITES par l'UNEP World Conservation Monitoring Centre, appendice international II depuis le 18/01/1990.

Cette espèce est inscrite dans l'annexe II de la convention CITES (appliquée par certains pays). Son commerce est donc soumis à réglementation.

Comme tous les coraux Scléractinaires, cette espèce est soumise à un arrêté préfectoral interdisant sa récolte à Mayotte.

Comme tous les autres scléractiniaires, elle est aussi soumise à réglementation par son inscription à l'Annexe 3 du Protocole relatif aux zones et à la vie sauvage spécialement protégées à la Convention pour la protection et la mise en valeur du milieu marin de la région des Caraïbes (dit Protocole SPAW ou de Kingston).

L'espèce est inscrite depuis 2008 dans la liste rouge de l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) sous le statut LC (soit Least Concern, peu préoccupante).

Origine des noms

Origine du nom français

Ce terme est un rappel de la forme générale du squelette tout à fait analogue à celle d'une molaire de cochon, avec la particularité de présenter un huit vu de dessus.

Origine du nom scientifique

Heteropsammia : du grec [psammos] = sable et du latin [hetero] = différent. Ce corail vit typiquement sur les fonds sableux.

cochleata : du latin [cochlea] = coquille d'escargot. Ceci pourrait être une allusion à l'unité générale qui rappelle celle d'un mollusque. De plus, la présence du siponcle commensal* provoque le lent déplacement du corail, tel un escargot.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 207501

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Cnidaria Cnidaires

Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula.

Classe Anthozoa Anthozoaires Cnidaires exclusivement marins, solitaires ou coloniaux, uniquement sous la forme polype (jamais de phase méduse dans le cycle de vie).
Sous-classe Hexacorallia / Zoantharia Hexacoralliaires / Zoanthaires Anthozoaires coloniaux ou solitaires, tentacules lisses, polypes à symétrie d’ordre 6.
Ordre Scleractinia Scléractiniaires / Madréporaires Hexacoralliaires coloniaux (quelques espèces solitaires) produisant un exosquelette calcaire abritant de petits polypes.
Famille Dendrophylliidae Dendrophylliidés Solitaires ou coloniaux. Les septes en lamelles sont nombreuses et ont des angles arrondis. Chez de nombreux genres, les septes ont une disposition particulière (plan de Pourtalès). La plupart des genres n’ont pas de zooxanthelles dans leurs tissus.
Genre Heteropsammia
Espèce cochlea

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