Corps svelte jusqu'à 10 cm sans le rostre
Rostre garni de petites dents et 1,5 à 2,7 fois plus long que le corps
Corps rose orangé avec 2 lignes blanches longitudinales
Antennes blanches très longues
Antennules blanches
Pattes fines et rouges
Grégaire
Crevette cavernicole rayée
Narwal shrimp, unicorn shrimp, striped cave prown (GB), Gambero sego, parapandolo (I), Camarón narval, camarón cavernicola rayado, gambeta narval (E), Gestreifte Höhlengarnele, Einhorngarnele, Einhorn Garnele (D), Camarão-marreco-do-alto, camarão comestível (P), Narvalgarnaal, gestreeptegrottengarnaal (NL)
Astacus narual Fabricius, 1787
Parapandalus narval (Fabricius, 1787)
Palemon pristis Risso, 1816
Nisea formosa Risso, 1844
Palaemon tarentinum O.G. Costa, 1844
Pandalus escatilis Stimpson, 1860
Pandalus stylopus A. Milne-Edwards, 1883
Cosmopolite (Méditerranée, Indo-Pacifique, Atlantique Est)
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]La crevette narval est une espèce tropicale et sub-tropicale cosmopolite. Elle est présente en Atlantique Est depuis l'Espagne à l'Angola, y compris en Macaronésie (Madère, Canaries, Açores et Cap Vert), en Méditerranée, en mer Rouge et dans l'Indo-Pacifique de Madagascar et La Réunion à la Polynésie française et de Taïwan à la Nouvelle-Calédonie.
Les signalements dans l'Atlantique américain tropical correspondent sans doute à une autre espèce très proche (Plesionika longicauda).
Cette espèce grégaire se rencontre généralement entre 100 et 400 m de profondeur sur les fonds vaseux, sableux ou sablo-vaseux mais elle a été observée jusqu'à 910 m. Elle fréquente aussi des grottes sombres peu profondes dès une dizaine de mètres sous la surface. La nuit elle peut quitter les grottes et s'aventurer à l'extérieur, en restant en banc compact.
Plesionika narval est une crevette au corps svelte atteignant exceptionnellement 10 cm de longueur sans le rostre*, mais en moyenne elle ne dépasse pas les 7 à 8 cm. Les mâles sont légèrement plus petits que les femelles.
Le corps est de couleur rose orangé plus ou moins translucide avec une ligne rouge longitudinale bordée de blanc partant de la queue longeant les flancs et se terminant au niveau des yeux. Une autre ligne, elle aussi encadrée de blanc, part du dessus de la queue, se partage en deux en longeant le dos de chaque côté et se réunit sur le tête pour se prolonger jusqu'au bout du rostre. Le rostre fait 1,5 à 2,7 fois la longueur de la carapace. Il porte de très nombreuses petites dents sur sa face supérieure (40 à 73) et sur sa face inférieure (26 à 60). Les yeux sont gris bleu, gros, pédonculés* et portés perpendiculairement à la tête. Les antennes, souvent de couleur blanche, mesurent jusqu'à 3 fois la longueur du corps et sont généralement recourbées comme un fouet et dirigées vers l'arrière. Les antennules, bifides*, sont plus courtes et de couleur blanche.
Les pattes sont de la même couleur que le corps. Elles sont fines, de plus en plus longues, les premières étant les plus courtes.
Le genre Plesionika comporte de nombreuses espèces vivant également à grande profondeur mais la livrée de P. narval est unique.
Sur les côtes métropolitaines, Lysmata seticaudata est une crevette rouge avec, de jour, quelques lignes blanches et rouges longitudinales et la nuit 6 bandes transversales rouges et possède des antennes également rouges. Le rostre est très court et elle est de forme beaucoup plus massive.
La crevette narval est un prédateur actif de petits crustacés planctoniques* mais il lui arrive également de jouer le rôle de charognard.
La biologie de Plesionika narval est mal connue mais il est probable que les sexes soient séparés dès la naissance. Pour certains ce serait une espèce hermaphrodite* protandre*. Des études complémentaires seraient nécessaires pour trancher. Les femelles sont ovigères* toute l'année mais la majorité de la reproduction a lieu entre août et novembre. Elles sont adultes vers 1 an et demi quand elles atteignent environ 7 cm de longueur de carapace. Les œufs (0,4 x 0,5 mm) sont de couleur bleue et portés sous l'abdomen. Une femelle de 6,5 cm peut porter jusqu'à un millier d'œufs. Les larves* et les jeunes ont une vie pélagique*. Il y a 5 stades larvaires et un stade post-larvaire (décapodite).
Cette espèce vit généralement en bancs importants de plusieurs centaines ou milliers d'individus composés d'environ 70 % de femelles et 30 % de mâles. Dans les grottes, le banc ne reste pas en essaim en pleine eau, au contraire, les crevettes narvals s'étalent et tapissent les parois donnant l'étrange impression au plongeur que les murs bougent !
L'espérance de vie de la crevette narval est d'environ 7 ans mais la plupart des bancs sont constitués d'individus de moins de 3 ans.
Cette espèce a une importance commerciale notamment à Madère, aux Canaries et en Méditerranée où elle est pêchée. Les juvéniles sont pêchés en pleine eau avec des filets pélagiques alors que les adultes sont récoltés sur le fond par chalutage ou avec des nasses.
Crevette narval est la transcription du nom scientifique.
Plesionika : du grec [plesios] = proche de, voisin de, et Nika qui était dans l'Antiquité la déesse de la victoire. Ce nom était donné autrefois aux crevettes-autruches (famille des Processidés, genre Processa). Donc Plesionika = crevettes dont la forme rappelle celle des crevettes-autruches.
narval : fait référence à son très long rostre par analogie avec le narval, mammifère marin portant une très longue corne (en fait une dent).
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Eucarida | Eucarides | Présence d'un rostre. |
Ordre | Decapoda | Décapodes | La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces. Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises). |
Sous-ordre | Pleocyemata | Pléocyémates | Incubation des œufs sous l'abdomen. |
Famille | Pandalidae | Pandalidés | Pattes 1 et 2 terminées par une minuscule pince ; rostre avec dents et dépassant les yeux ; ces derniers non recouverts par la carapace. |
Genre | Plesionika | ||
Espèce | narval |
De profil à la queue leu-leu
Le corps est rose orangé avec 2 lignes blanches longitudinales.
Faial, Açores, 30 m
05/07/2016
Antennes
Les antennes, de couleur blanche, sont très longues. L'organe orangé visible par transparence dans le céphalothorax est sans doute la glande digestive (hépatopancréas).
Cagnes sur mer (06), 45 m de nuit
05/02/2016
De face
Remarquer les yeux pédonculés détachés du corps qui permettent à la crevette de voir partout sur les côtés !
Antibes (06)
13/11/2008
Vue de dessus
Une ligne blanche part des yeux, de chaque côté, et se réunit juste avant la queue. Le petit spécimen est peut-être un mâle et le gros est sans doute une femelle ovigère. Les yeux blancs correspondent à la ré-émission de la lumière d'éclairage reflétée par les pigments réfléchissants de l'œil.
Faial, Açores, 30 m
05/07/2016
Femelle ovigère
Les œufs sont de couleur bleu ciel caractéristique. Noter la présence de nombreuses petites dents sur le bord dorsal du rostre.
Açores
12/08/2016
Grégaire
Cette espèce vit en banc important pouvant compter plusieurs milliers d'individus. Noter qu'ils sont tous dirigés dans le même sens.
Faial, Açores, 30 m
05/07/2016
A Nice
Petit groupe au pied d'un tombant vaseux profond. En arrière des yeux de la femelle en avant-plan on discerne une zone bleue qui est sans doute l'ovaire en début de vitellogenèse ; cet organe est au-dessus de l'organe orangé qui est sans doute la glande digestive (hépatopancréas).
Nice (06), 35 m de nuit
22/06/2014
Espèce des profondeurs
C'est une espèce qui vit normalement à plusieurs centaines de mètres de profondeur mais qui fréquente parfois de petites grottes plus superficielles.
Ténérife, Canaries, 47 m
02/08/2012
Dans une grotte
Dans les grottes, le banc ne reste pas en boule en pleine eau, au contraire, les crevettes narvals s'étalent et tapissent les parois donnant l'étrange impression au plongeur que les murs bougent !
Santa Maria, Açores, 12 m de nuit
21/06/2016
De nuit
Sur nos côtes, c'est la nuit que la probabilité de rencontrer cette espèce est la plus importante. Les antennes blanches et les pattes très fines sont caractéristiques. Noter également la partie postérieure de l'abdomen extrêmement effilée.
Vallée des gorgones, cap de Nice (06), 30 m de nuit
27/07/2006
Dessin ancien d'après un manuscrit de Risso
Une des premières représentations connues de l'espèce.
Région de Nice.
Reproduction de documents anciens
1844
Rédacteur principal : Sylvain LE BRIS
Vérificateur : Pierre NOËL
Responsable régional : Sylvain LE BRIS
Arculeo M., Brutto S.L., 2011, Growth and Reproduction Data of Plesionika Narval (Decapoda, Caridea, Pandalidae) Off the Island of Ustica (Southern Tyrrhenian Sea), Crustaceana, 84(11),1367-1375.
Chan T.Y., Crosnier A., 1991. Crustacea Decapoda: Studies of the Plesionika narval (Fabricius, 1787) group (Pandalidae) with descriptions of six new species. In: Résultats des campagnes MUSORSTOM, 9 (Ed., Crosnier A), Memoires du Museum National d'Histoire Naturelle, Paris, 152, 413-461.
Gonzales J.A., Tuset V.M., Lozano I.J., Santana J.I., 1997, Biology of Plesionika narval (Crustacea, Decapoda, Pandalidae) Around the Canary Islands (Eastern Central Atlantic), Estuarine, Coastal and Shelf Science, 44, 339–350.
King M.G., Moffitt R.B., 1984, The sexuality of tropical deepwater shrimps (Decapoda: Pandalidae). Journal of Crustacean Biology, 4, 567–571.
Kitsos M.S., Tzomos T., Anagnostopoulou L., Koukouras A., 2008, Diet composition of the pandalid shrimp, Plesionika narval (Fabricius, 1787) (Decapoda, Pandalidae) in the Aegean Sea, Crustaceana, 81(1), 23-33.
Paulmier G., 1993, Crustacés profonds capturés aux casiers au Antilles françaises, Catalogue de l'Institut français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer (IFREMER), février 1993, 11-34.
Risso A., 1844, Nouveau guide du voyageur dans Nice et notices sur l'histoire civile et naturelle de cette ville, ed. 2, 93-99.
Sousa R., Henriques P., Biscoito M., Pinto A. R, Delgado J., Dellinges T., Gouveia L., Pinho M. R., 2014., Considerations on the biology of Plesionika narval (Fabricius, 1787) in the Northeastern Atlantic, Turkish Journal of Fisheries and Aquatic Sciences 14(3), 727 - 737.
La page de Plesionika narval dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN