Manta géante

Mobula birostris | (Walbaum, 1792)

N° 786

Cosmopolite des mers tropicales et subtropicales

Clé d'identification

Deux nageoires céphaliques de grande taille en avant de la tête
Bouche terminale de couleur noire ou gris foncé
5 fentes branchiales face ventrale
Corps aplati, 2,2 fois plus large que long
Envergure maximale de 8 m
Masse calcifiée en arrière de la dorsale portant une épine caudale courte
Caudale courte
Face ventrale généralement blanche, tachée de noir dans la moitié postérieure, dos noir taché de blanc

Face dorsale :
  • Taches d'épaule parallèles à la bouche ne se rejoignant pas au milieu du dos
  • Taches d'épaule en forme de crochet vers l'extérieur au niveau des spiracles
Face ventrale :
  • Pas de taches sur la partie antérieure au niveau des branchies
  • Grosse tache semi-circulaire juste en arrière de la 5e fente branchiale
  • Marge postérieure des pectorales de couleur grise forme un V caractéristique

Noms

Autres noms communs français

Raie manta, diable de mer

Noms communs internationaux

Giant manta, giant devil ray, manta ray, devilfish, atlantic manta (GB), Diavolo di mare (I), Manta gigante (E), Riesenmanta, Riesen-Teufelsrochen (D), Manta, duivelsrog (NL), Jamanta, diabo-do-mar (P), Fafa piti (Tahitien)
Pour Mobula sp. cf. birostris (GB) : Atlantic manta ray, Carribean manta ray

Synonymes du nom scientifique actuel

Raja birostris Walbaum, 1792
Manta birostris (Walbaum, 1792)
Raja manatia Bloch & Schneider, 1801
Cephalopterus vampyrus Mitchill, 1824
Cephalopterus manta Bancroft, 1829
Manta americana Bancroft, 1829
Ceratoptera ehrenbergii Müller and Henle, 1841
Ceratoptera johnii Müller and Henle, 1841
Manta ehrenbergi Müller and Henle, 1841
Brachioptilon hamiltoni Newman, 1849
Manta hamiltoni (Hamilton & Newman, 1849)

Distribution géographique

Cosmopolite des mers tropicales et subtropicales

Zones DORIS : ● Atlantique Nord-Ouest, ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge], ● Caraïbes

On rencontre les raies manta dans la plupart des mers tropicales du globe (circumtropicales), mais aussi dans certaines eaux tempérées (Canaries, Madère). En Atlantique Ouest, on les trouve des Bermudes à la Caroline du Sud (parfois plus au nord puisqu'elle a été observée exceptionnellement au Canada), et du Brésil à l'Uruguay.

Mobula birostris a l'aire de répartition la plus étendue, bien qu'elle soit moins souvent rencontrée que M. alfredi. C'est une espèce migratrice qui rejoint des lieux de vie prédéfinis, les populations ne se mélangent pas. En eaux françaises, elle ne serait présente que dans l'est de l'océan Indien.
Un spécimen de Mobula birostris a été pêché en Méditerranée à Rosas (Espagne). Cela ne suffit pas pour attester la présence pérenne de cette raie en Méditerranée.

Biotope

Les raies manta sont des espèces pélagiques*, habituellement observées près de la surface, rarement à plus de 40 m de profondeur, mais présentes beaucoup plus profond (la raie manta géante a été enregistrée jusqu'à 1 000 m de profondeur). Elles sont souvent observées dans les passes récifales. Elles fréquentent les eaux côtières, près des récifs coralliens.

Description

Les raies manta possèdent un corps aplati. Les yeux et les spiracles* sont latéraux alors que les 5 fentes branchiales sont sur la face ventrale.
La tête est très large, et porte deux nageoires céphaliques deux fois plus longues que larges qui sont des extensions de ses nageoires pectorales. Lorsque la raie se déplace, ces deux lobes sont enroulés en spirale et pointés vers l'avant pour favoriser la pénétration dans l'eau. Pour se nourrir, elle les déroule afin de s'en servir pour canaliser l'eau vers sa bouche. La bouche, de forme rectangulaire, est en position terminale.
La face ventrale de l'animal est généralement blanche, tachée de noir. Le dos est noir, voire bleu nuit, et porte parfois de larges taches blanches. Plus rarement, on rencontre des individus dont la face dorsale est totalement noire, et la face ventrale est noire avec une tache blanche en son milieu. Chaque individu possède une coloration unique qui peut servir à l'identifier.
Les raies manta se déplacent en faisant mouvoir leurs nageoires simultanément de haut en bas, donnant cette fantastique impression qu'elles volent sous l'eau.

Mobula birostris est la plus grande des raies. Elle peut atteindre une envergure de 7 m (maximum connu 9 m) et un poids de 1 400 kg, (maximum connu 3 tonnes !).
L'envergure est d'environ 2,2 à 2,3 fois la longueur du corps (queue exclue).
Le dos est noir avec sur chaque épaule une tache blanche de forme triangulaire. Les 2 taches ne se rejoignent pas. Elles ont une extension latérale en forme de crochet qui se rabat vers l'arrière. La partie avant de ces taches débute au niveau du spiracle et forme une ligne droite parallèle à la mâchoire supérieure.
Une tache blanche ou jaune pâle en forme de chevron est visible au point d'insertion antérieur de la nageoire dorsale. De petites flammes blanches peuvent aussi être présentes aux extrémités des pectorales sur la face dorsale.
La face ventrale est blanche et ne présente pas de points noirs dans la partie centrale entre les branchies. Une grosse tache semi-circulaire est présente des 2 côtés juste sous la 5e fente branchiale. Le bord postérieur des pectorales présente une marge gris foncé qui peut recouvrir la surface, formant un V sur la partie postérieure de la face ventrale.
La bouche est noire ou gris foncé, cette couleur pouvant continuer sur la face ventrale jusqu'à la bordure de la première fente branchiale.
La raie manta géante possède une épine caudale réduite encastrée dans une masse calcifiée sise juste après la partie postérieure de la dorsale. La caudale est en forme de fouet.

Espèces ressemblantes

Le genre Manta a été récemment invalidé au profit du genre Mobula suite à des analyses ADN poussées. Les différences notoires qui justifiaient le genre Manta (position terminale de la bouche, l'absence de dent sur la mâchoire supérieure, une queue beaucoup plus courte et dépourvue d'aiguillon (celui de M. birostris est très court et à la base de la caudale) apparaissent comme des caractères dérivés secondaires du genre Mobula.

Mobula alfredi a des taches d'épaule qui s'incurvent vers le milieu du dos et peuvent se rejoindre. Elles forment au niveau des spiracles un dessin en forme de crochet qui s'enroule vers le milieu du dos. La face ventrale peut porter des taches noires dans la zone médiane entre les fentes branchiales. Elle n'a pas d'épine caudale, ni de masse calcifiée dans la partie postérieure de son dos. La bouche est de couleur blanche ou gris clair. On la rencontre surtout dans les zones tropicales et sub-tropicales, en mer Rouge et dans l'Indo-Pacifique tropical et subtropical Ouest et central.

Alimentation

La raie manta se nourrit de plancton*, de crustacés et occasionnellement de petits poissons qu'elle dirige vers sa très grande bouche à l'aide de ses nageoires céphaliques. La mâchoire inférieure est pourvue de centaines de très petites dents dont on ignore la fonction, mais dont la forme et la disposition constituent un critère de distinction des espèces.

Reproduction - Multiplication

Les raies manta sont des espèces ovovivipares* : les œufs éclosent à l'intérieur du corps de la femelle, les jeunes se nourrissant initialement de leurs réserves vitellines puis absorbant un fluide composé de mucus, graisses et protéines fourni par la mère grâce à des structures spécialisées.
Les ptérygopodes* (organes copulateurs du mâle) sont situés à la base de la queue. Ce sont des structures molles et cartilagineuses très semblables à celles que l'on rencontre chez les requins.
L'accouplement dure environ deux minutes, il est précédé par une poursuite de la femelle par le mâle durant laquelle le couple effectue des vrilles et des loopings spectaculaires.
L'âge de la maturité sexuelle des femelles est supposé vers 8-10 ans, la durée de la gestation et la périodicité de reproduction sont inconnues. La femelle est mature quand elle atteint une taille comprise entre 4,1 et 4,3 m de largeur (mâle entre 3,75 et 4 m) et ne met bas en général que d'un petit à la fois.

Vie associée

La raie manta est souvent accompagnée par le rémora (Remorina albescens, Echeneis naucrates).
On rencontre également la raie manta aux « stations de nettoyage » où elle laisse aux labres nettoyeurs (Labroides dimidiatus) le soin de nettoyer ses fentes branchiales.

Divers biologie

La structure de la peau, les denticules dermiques et les dents sont aussi des critères d'identification, non accessibles sur une photo. On se contentera donc de l'analyse des taches sur les 2 faces de l'animal et de la présence ou non de la masse à la base de la caudale pour identifier une raie manta.
La raie manta vit en petits groupes, il est rare de la rencontrer seule. Elle a une longévité estimée à 20 ans.
Elle est d'un naturel placide et curieux et s'approche volontiers des plongeurs. Elle ne connaît guère de prédateurs, seuls des individus blessés peuvent faire partie du menu des requins. Elle fait parfois des bonds de plusieurs mètres au dessus de la surface, retombant dans une gerbe d'eau spectaculaire (dommage pour l'embarcation qui se trouverait là).

Informations complémentaires

Comme pour beaucoup d'élasmobranches, les traits de vie de ces espèces (longévité importante, faible fécondité) les rendent très sensibles à l'exploitation par l'homme. Quelques pêcheries de raies manta existent pourtant aux Philippines, Mexique, Mozambique, Madagascar, Inde, Sri Lanka, Brésil, Tanzanie et Indonésie. Les nageoires, la peau, le foie, la chair et les filaments branchiaux sont utilisés pour le marché local ou exportés. La demande récente pour les filaments branchiaux, qui sont séchés et exportés sur les marchés asiatiques, a fait augmenter de manière très importante la pression de pêche sur les Manta et Mobula. Les raies manta font aussi partie des captures accessoires des thoniers senneurs ainsi que des systèmes de protection contre les requins.

Des déclins de populations ont été notés aux Philippines, Mexique, Inde, Sri Lanka, et Indonésie. Bien que des données de pêches soient rarement disponibles, la faible taille des populations ainsi que les migrations peu importantes font que le risque d'extinction local est important avec peu de possibilité que les populations disparues soient remplacées naturellement.

Les diverses pressions anthropiques (pêche directe ou indirecte, pollution, exploitation des milieux côtiers) dans les zones importantes pour l'espèce (reproduction, mise bas, nourriceries pour les jeunes), où les individus se concentrent, sont aussi un danger pour ces espèces.

Il a été démontré que certaines populations de raies manta (Hawaï, Yap) n'ont quasiment pas d'échanges avec d'autres populations et présentent une grande fidélité envers certains sites avec peu ou pas de déplacements en dehors des groupes d'îles. Ailleurs, d'autres études ont montré que certains individus sont résidents alors que d'autres se déplacent. Dans beaucoup d'endroits, en Nouvelle-Calédonie par exemple, il est connu que l'observation des raies manta est liée aux saisons.

Du fait de ces différences de comportements suivant les sites et suivant les individus, les mesures de gestion ne peuvent être que locales.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Mobula birostris est classée depuis 2019 comme En danger (EN) dans la liste rouge de l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Elle était auparavant au statut VU (vulnérable).

Depuis le 12 Juin 2013, toutes les espèces de l'ex-genre Manta sont inscrites à l'Annexe II (espèces qui, bien que n'étant pas nécessairement menacées actuellement d'extinction, pourraient le devenir si le commerce de leurs spécimens n'était pas étroitement contrôlé) de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction).

Cette espèce est réglementée en Nouvelle-Calédonie, par parution de l'Arrêté n° 2013-1007/GNC du 23 avril 2013 relatif à l'exploitation des requins dans l'espace maritime de la Nouvelle-Calédonie : Article 3 : « Sont interdits en tout temps la pêche, la capture, la détention de requins ou de tout ou partie de l'animal. La découpe, le transport, la commercialisation, l'exposition à la vente, la vente, l'achat et l'exportation de requin ou tout ou partie de l'animal, y compris les articles de bijouterie, sont interdits. La mutilation par l'enlèvement des nageoires ou parties des nageoires (« shark-finning ») est interdite. »

Mobula birostris est depuis 2011 dans les Annexes I (espèces en danger) et II (espèces nécessitant des accords internationaux pour leur conservation et leur gestion) de la convention de Bonn (CMS) sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage.

Origine des noms

Origine du nom français

Diable de mer : nom donné par les pêcheurs du monde entier. Des légendes rapportent que la raie manta pouvait entraîner par le fond les bateaux de pêche. En Polynésie, on raconte qu'elle venait recouvrir, de son large « manteau », les pêcheurs de perles, apnéistes, pour les noyer…
Les faits démontrent qu'elle est totalement inoffensive pour l'homme…

Origine du nom scientifique

Manta : de l'espagnol [manta] = manteau.
Mobula : probablement diminutif du mot mobular, nom d'une raie aux Caraïbes.

birostris : littéralement « à deux rostres », en référence aux deux cornes à l'avant de la tête.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 1026118

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Chondrichthyes Chondrichthyens Squelette cartilagineux, deux nageoires dorsales et une anale (primitivement), nageoire caudale hétérocerque*, deux paires de nageoires paires, bouche disposée sur la face ventrale.
Sous-classe Elasmobranchii Elasmobranches Squelette des nageoires pectorales tribasal. Deux nageoires dorsales. 5 ou 6 paires de fentes branchiales et des spiracles.
Ordre Myliobatiformes Myliobatiformes Raies dont la dentition évoque une meule.
Famille Myliobatidae Myliobatidés
Genre Mobula
Espèce birostris

Nos partenaires