Deux nageoires céphaliques de grande taille en avant de la tête
Bouche terminale de couleur noire ou gris foncé
5 fentes branchiales face ventrale
Corps aplati, 2,2 fois plus large que long
Envergure maximale de 8 m
Masse calcifiée en arrière de la dorsale portant une épine caudale courte
Caudale courte
Face ventrale généralement blanche, tachée de noir dans la moitié postérieure, dos noir taché de blanc
Raie manta, diable de mer
Giant manta, giant devil ray, manta ray, devilfish, atlantic manta (GB), Diavolo di mare (I), Manta gigante (E), Riesenmanta, Riesen-Teufelsrochen (D), Manta, duivelsrog (NL), Jamanta, diabo-do-mar (P), Fafa piti (Tahitien)
Pour Mobula sp. cf. birostris (GB) : Atlantic manta ray, Carribean manta ray
Raja birostris Walbaum, 1792
Manta birostris (Walbaum, 1792)
Raja manatia Bloch & Schneider, 1801
Cephalopterus vampyrus Mitchill, 1824
Cephalopterus manta Bancroft, 1829
Manta americana Bancroft, 1829
Ceratoptera ehrenbergii Müller and Henle, 1841
Ceratoptera johnii Müller and Henle, 1841
Manta ehrenbergi Müller and Henle, 1841
Brachioptilon hamiltoni Newman, 1849
Manta hamiltoni (Hamilton & Newman, 1849)
Cosmopolite des mers tropicales et subtropicales
Zones DORIS : ● Atlantique Nord-Ouest, ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge], ● CaraïbesOn rencontre les raies manta dans la plupart des mers tropicales du globe (circumtropicales), mais aussi dans certaines eaux tempérées (Canaries, Madère). En Atlantique Ouest, on les trouve des Bermudes à la Caroline du Sud (parfois plus au nord puisqu'elle a été observée exceptionnellement au Canada), et du Brésil à l'Uruguay.
Mobula birostris a l'aire de répartition la plus étendue, bien qu'elle soit moins souvent rencontrée que M. alfredi. C'est une espèce migratrice qui rejoint des lieux de vie prédéfinis, les populations ne se mélangent pas. En eaux françaises, elle ne serait présente que dans l'est de l'océan Indien.
Un spécimen de Mobula birostris a été pêché en Méditerranée à Rosas (Espagne). Cela ne suffit pas pour attester la présence pérenne de cette raie en Méditerranée.
Les raies manta sont des espèces pélagiques*, habituellement observées près de la surface, rarement à plus de 40 m de profondeur, mais présentes beaucoup plus profond (la raie manta géante a été enregistrée jusqu'à 1 000 m de profondeur). Elles sont souvent observées dans les passes récifales. Elles fréquentent les eaux côtières, près des récifs coralliens.
Les raies manta possèdent un corps aplati. Les yeux et les spiracles* sont latéraux alors que les 5 fentes branchiales sont sur la face ventrale.La tête est très large, et porte deux nageoires céphaliques deux fois plus longues que larges qui sont des extensions de ses nageoires pectorales. Lorsque la raie se déplace, ces deux lobes sont enroulés en spirale et pointés vers l'avant pour favoriser la pénétration dans l'eau. Pour se nourrir, elle les déroule afin de s'en servir pour canaliser l'eau vers sa bouche. La bouche, de forme rectangulaire, est en position terminale.
La face ventrale de l'animal est généralement blanche, tachée de noir. Le dos est noir, voire bleu nuit, et porte parfois de larges taches blanches. Plus rarement, on rencontre des individus dont la face dorsale est totalement noire, et la face ventrale est noire avec une tache blanche en son milieu. Chaque individu possède une coloration unique qui peut servir à l'identifier.
Les raies manta se déplacent en faisant mouvoir leurs nageoires simultanément de haut en bas, donnant cette fantastique impression qu'elles volent sous l'eau.
Mobula birostris est la plus grande des raies. Elle peut atteindre une envergure de 7 m (maximum connu 9 m) et un poids de 1 400 kg, (maximum connu 3 tonnes !).
L'envergure est d'environ 2,2 à 2,3 fois la longueur du corps (queue exclue).
Le dos est noir avec sur chaque épaule une tache blanche de forme triangulaire. Les 2 taches ne se rejoignent pas. Elles ont une extension latérale en forme de crochet qui se rabat vers l'arrière. La partie avant de ces taches débute au niveau du spiracle et forme une ligne droite parallèle à la mâchoire supérieure.
Une tache blanche ou jaune pâle en forme de chevron est visible au point d'insertion antérieur de la nageoire dorsale. De petites flammes blanches peuvent aussi être présentes aux extrémités des pectorales sur la face dorsale.
La face ventrale est blanche et ne présente pas de points noirs dans la partie centrale entre les branchies. Une grosse tache semi-circulaire est présente des 2 côtés juste sous la 5e fente branchiale. Le bord postérieur des pectorales présente une marge gris foncé qui peut recouvrir la surface, formant un V sur la partie postérieure de la face ventrale.
La bouche est noire ou gris foncé, cette couleur pouvant continuer sur la face ventrale jusqu'à la bordure de la première fente branchiale.
La raie manta géante possède une épine caudale réduite encastrée dans une masse calcifiée sise juste après la partie postérieure de la dorsale. La caudale est en forme de fouet.
Le genre Manta a été récemment invalidé au profit du genre Mobula suite à des analyses ADN poussées. Les différences notoires qui justifiaient le genre Manta (position terminale de la bouche, l'absence de dent sur la mâchoire supérieure, une queue beaucoup plus courte et dépourvue d'aiguillon (celui de M. birostris est très court et à la base de la caudale) apparaissent comme des caractères dérivés secondaires du genre Mobula.
Mobula alfredi a des taches d'épaule qui s'incurvent vers le milieu du dos et peuvent se rejoindre. Elles forment au niveau des spiracles un dessin en forme de crochet qui s'enroule vers le milieu du dos. La face ventrale peut porter des taches noires dans la zone médiane entre les fentes branchiales. Elle n'a pas d'épine caudale, ni de masse calcifiée dans la partie postérieure de son dos. La bouche est de couleur blanche ou gris clair. On la rencontre surtout dans les zones tropicales et sub-tropicales, en mer Rouge et dans l'Indo-Pacifique tropical et subtropical Ouest et central.
La raie manta se nourrit de plancton*, de crustacés et occasionnellement de petits poissons qu'elle dirige vers sa très grande bouche à l'aide de ses nageoires céphaliques. La mâchoire inférieure est pourvue de centaines de très petites dents dont on ignore la fonction, mais dont la forme et la disposition constituent un critère de distinction des espèces.
Les raies manta sont des espèces ovovivipares* : les œufs éclosent à l'intérieur du corps de la femelle, les jeunes se nourrissant initialement de leurs réserves vitellines puis absorbant un fluide composé de mucus, graisses et protéines fourni par la mère grâce à des structures spécialisées.
Les ptérygopodes* (organes copulateurs du mâle) sont situés à la base de la queue. Ce sont des structures molles et cartilagineuses très semblables à celles que l'on rencontre chez les requins.
L'accouplement dure environ deux minutes, il est précédé par une poursuite de la femelle par le mâle durant laquelle le couple effectue des vrilles et des loopings spectaculaires.
L'âge de la maturité sexuelle des femelles est supposé vers 8-10 ans, la durée de la gestation et la périodicité de reproduction sont inconnues. La femelle est mature quand elle atteint une taille comprise entre 4,1 et 4,3 m de largeur (mâle entre 3,75 et 4 m) et ne met bas en général que d'un petit à la fois.
La raie manta est souvent accompagnée par le rémora (Remorina albescens, Echeneis naucrates).
On rencontre également la raie manta aux « stations de nettoyage » où elle laisse aux labres nettoyeurs (Labroides dimidiatus) le soin de nettoyer ses fentes branchiales.
La structure de la peau, les denticules dermiques et les dents sont aussi des critères d'identification, non accessibles sur une photo. On se contentera donc de l'analyse des taches sur les 2 faces de l'animal et de la présence ou non de la masse à la base de la caudale pour identifier une raie manta.
La raie manta vit en petits groupes, il est rare de la rencontrer seule. Elle a une longévité estimée à 20 ans.
Elle est d'un naturel placide et curieux et s'approche volontiers des plongeurs. Elle ne connaît guère de prédateurs, seuls des individus blessés peuvent faire partie du menu des requins. Elle fait parfois des bonds de plusieurs mètres au dessus de la surface, retombant dans une gerbe d'eau spectaculaire (dommage pour l'embarcation qui se trouverait là).
Comme pour beaucoup d'élasmobranches, les traits de vie de ces espèces (longévité importante, faible fécondité) les rendent très sensibles à l'exploitation par l'homme. Quelques pêcheries de raies manta existent pourtant aux Philippines, Mexique, Mozambique, Madagascar, Inde, Sri Lanka, Brésil, Tanzanie et Indonésie. Les nageoires, la peau, le foie, la chair et les filaments branchiaux sont utilisés pour le marché local ou exportés. La demande récente pour les filaments branchiaux, qui sont séchés et exportés sur les marchés asiatiques, a fait augmenter de manière très importante la pression de pêche sur les Manta et Mobula. Les raies manta font aussi partie des captures accessoires des thoniers senneurs ainsi que des systèmes de protection contre les requins.
Des déclins de populations ont été notés aux Philippines, Mexique, Inde, Sri Lanka, et Indonésie. Bien que des données de pêches soient rarement disponibles, la faible taille des populations ainsi que les migrations peu importantes font que le risque d'extinction local est important avec peu de possibilité que les populations disparues soient remplacées naturellement.
Les diverses pressions anthropiques (pêche directe ou indirecte, pollution, exploitation des milieux côtiers) dans les zones importantes pour l'espèce (reproduction, mise bas, nourriceries pour les jeunes), où les individus se concentrent, sont aussi un danger pour ces espèces.
Il a été démontré que certaines populations de raies manta (Hawaï, Yap) n'ont quasiment pas d'échanges avec d'autres populations et présentent une grande fidélité envers certains sites avec peu ou pas de déplacements en dehors des groupes d'îles. Ailleurs, d'autres études ont montré que certains individus sont résidents alors que d'autres se déplacent. Dans beaucoup d'endroits, en Nouvelle-Calédonie par exemple, il est connu que l'observation des raies manta est liée aux saisons.
Du fait de ces différences de comportements suivant les sites et suivant les individus, les mesures de gestion ne peuvent être que locales.
Mobula birostris est classée depuis 2019 comme En danger (EN) dans la liste rouge de l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Elle était auparavant au statut VU (vulnérable).
Depuis le 12 Juin 2013, toutes les espèces de l'ex-genre Manta sont inscrites à l'Annexe II (espèces qui, bien que n'étant pas nécessairement menacées actuellement d'extinction, pourraient le devenir si le commerce de leurs spécimens n'était pas étroitement contrôlé) de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction).
Cette espèce est réglementée en Nouvelle-Calédonie, par parution de l'Arrêté n° 2013-1007/GNC du 23 avril 2013 relatif à l'exploitation des requins dans l'espace maritime de la Nouvelle-Calédonie : Article 3 : « Sont interdits en tout temps la pêche, la capture, la détention de requins ou de tout ou partie de l'animal. La découpe, le transport, la commercialisation, l'exposition à la vente, la vente, l'achat et l'exportation de requin ou tout ou partie de l'animal, y compris les articles de bijouterie, sont interdits. La mutilation par l'enlèvement des nageoires ou parties des nageoires (« shark-finning ») est interdite. »
Mobula birostris est depuis 2011 dans les Annexes I (espèces en danger) et II (espèces nécessitant des accords internationaux pour leur conservation et leur gestion) de la convention de Bonn (CMS) sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage.
Diable de mer : nom donné par les pêcheurs du monde entier. Des légendes rapportent que la raie manta pouvait entraîner par le fond les bateaux de pêche. En Polynésie, on raconte qu'elle venait recouvrir, de son large « manteau », les pêcheurs de perles, apnéistes, pour les noyer…
Les faits démontrent qu'elle est totalement inoffensive pour l'homme…
Manta : de l'espagnol [manta] = manteau.
Mobula : probablement diminutif du mot mobular, nom d'une raie aux Caraïbes.
birostris : littéralement « à deux rostres », en référence aux deux cornes à l'avant de la tête.
Numéro d'entrée WoRMS : 1026118
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Chondrichthyes | Chondrichthyens | Squelette cartilagineux, deux nageoires dorsales et une anale (primitivement), nageoire caudale hétérocerque*, deux paires de nageoires paires, bouche disposée sur la face ventrale. |
Sous-classe | Elasmobranchii | Elasmobranches | Squelette des nageoires pectorales tribasal. Deux nageoires dorsales. 5 ou 6 paires de fentes branchiales et des spiracles. |
Ordre | Myliobatiformes | Myliobatiformes | Raies dont la dentition évoque une meule. |
Famille | Myliobatidae | Myliobatidés | |
Genre | Mobula | ||
Espèce | birostris |
Face dorsale
Mobula birostris a des taches d'épaule de forme rectangulaire, dont la partie antérieure est parallèle à la bouche et qui ne se rejoignent pas au milieu du dos. Elles dessinent un crochet vers l'extérieur au niveau des spiracles.
Une tache claire en forme de chevron est visible avant la dorsale.
La bouche est noire ou comme ici, de couleur gris foncé.
Maldives, Dunikolu, 5 m
2010
Face ventrale
La partie antérieure ne porte pas de taches noires au niveau des branchies. Une grosse tache semi-circulaire est présente des 2 côtés juste sous la 5e fente branchiale. Le bord postérieur des pectorales présente une marge gris foncé qui peut recouvrir la surface, formant un V sur la partie postérieure de la face ventrale.
Sur cet individu, la bordure noire de la bouche déborde sur la face ventrale jusqu’à la bordure de la première fente branchiale.
Maldives, Croisière Nord, 5 m
2001
Face ventrale
Pour comparaison avec la photo précédente : persistance de la tache semi-circulaire sous la 5e fente branchiale, voile gris foncé sur la partie postérieure des nageoires pectorales.
Deux rémoras complètent le tableau.
Thaïlande, Hin Daeng (sud de Phuket), entre surface et 15 m
22/04/2014
Bouche noire
Un groupe de 4 mantas évoluait entre la surface et 15 m de profondeur. Certaines présentaient les taches caractéristiques de M. birostris, d'autres ne portaient pas la tache sous la 5e fente branchiale. Sur cet individu, la bouche est de couleur sombre. Notez la présence de cobias accompagnateurs.
Thaïlande, Hin Daeng (sud de Phuket), entre surface et 15 m
22/04/2014
Vue de face en déplacement
Les rostres enroulés favorisent le déplacement.
Mer Rouge, Elphinstone reef (Egypte), 17 m
31/05/2007
Face ventrale: marge grise en V
Le bord postérieur des pectorales présente une marge gris foncé qui peut recouvrir la surface, formant un V sur la partie postérieure de la face ventrale.
Mer Rouge, Safaga (Egypte), Île de Tobia, 22 m
20/04/2009
Mobula birostris noire
Ce spécimen est presque entièrement noir (rarement observé).
Indonésie, Bali, 6 m
17/04/2006
Phase de nutrition
La raie manta se nourrit de plancton, de crustacés et occasionnellement de petits poissons qu’elle dirige vers sa très grande bouche à l’aide de ses nageoires céphaliques.
NB: cet individu est probablement Mobula alfredi.
Mayotte, Passe Longoni, 1 m
08/04/2012
Parade nuptiale
Lors de la parade nuptiale, les individus font des vrilles et des loopings !!!
Maldives, Lankan Corner
19/01/2006
Avec ses rémoras
Deux rémoras sont accrochés sur le ventre.
NB: cet individu est probablement Mobula alfredi.
Mer Rouge, Qoseir (Egypte), 17 m
11/1987
Accompagné de cobias
Cet individu est accompagné d'un banc de cobias, Rachycentron canadum.
Koh Phi Phi (Thaïlande), 10 m
22/04/2014
Avec un fragment de filet
Cette raie traînait un morceau de filet, accroché à l'une de ses cornes céphaliques.
Plaisir de voir une raie...
Tristesse de voir ce filet...
Thaïlande, Rocky Point, 7 m
24/04/2010
Rédacteur principal : Jean-Pierre BEDEL
Rédacteur : Véronique LAMARE
Correcteur : Pierre NOËL
Responsable régional : Véronique LAMARE
Marshall A.D., Compagno L.J.V., Bennett M.B., 2009, Redescription of the genus Manta with resurrection of Manta alfredi (Krefft, 1868) (Chondrichthyes; Myliobatoidei; Mobulidae), Zootaxa, 2301, 1-28.
White W.T., Corrigan S., Yang L., Henderson A.C., Bazinet A.L., Swofford D.L., Naylor G.J.P., 2017, Phylogeny of the manta and devilrays (Chondrichthyes: mobulidae), with an updated taxonomic arrangement for the family, Zool. J. Linn. Soc., https://doi.org/10.1093/zoolinnean/zlx018
La page sur Mobula birostris sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
La page de Mobula birostris dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN