Corps allongé et élancé
Caudale concave chez les adultes, fourchue chez les jeunes
Dos de couleur bleu à bleu gris, flancs argentés
Gros points noirs sur fond pâle formant des X sur tête, dos et nageoire dorsale
Bouche fendue jusqu'au bord postérieur de l'œil
Taille jusqu'à 1,50 m
Saumon d'eau douce, saumon de l'Atlantique, tacon atlantique, ouananiche, saumon noir, bec croche, tacon
Atlantic salmon, parr, salmon (GB), Salmone, salmone atlantico (I), Salmón del Atlántico (E), Lachs, Salm (D), Zalm (NL)
Trutta salar Linnaeus, 1758
Salmo salmo Valenciennes, 1848
Salmo sebago Girard, 1853
Salmo salar sebago Girard, 1853
Salmo brevipes Smitt, 1882
Atlantique Nord, nord-est de l'Amérique, nord-ouest de l'Europe
Zones DORIS : ● Eau douce d'Europe, ● Atlantique Nord-Ouest, ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Le saumon atlantique est présent dans le bassin de l'Atlantique Nord depuis le cercle arctique (Islande, Norvège et sud du Groenland) jusqu'au Portugal à l'est, et de la baie d'Ungava au Nunavut jusqu'à la rivière Connecticut en Nouvelle Angleterre à l'ouest.
Au Canada, il est répandu à Terre Neuve, au Labrador, dans les provinces maritimes et dans l'est du Québec.
En Europe, on le rencontre dans tous les pays ayant une façade "Atlantique" (en considérant les mers du Nord et Baltique comme des sous-ensembles). En France il est principalement présent en Bretagne et en Basse Normandie.
Les jeunes saumons fréquentent les rivières au fond graveleux et au courant moyennement rapide. Par la suite ils se déplacent vers les grands lacs ou en eau salée (eaux côtières et haute mer). A l'âge adulte ils retournent en rivière pour frayer. Après la période de frai, les adultes hivernent dans les endroits les plus profonds de la rivière avant de retourner en mer au printemps suivant. C'est à cette période qu'ils sont surnommés "saumons noirs".
Le saumon atlantique possède un corps allongé et élancé.
La nageoire anale possède de huit à onze rayons. La caudale est grande, de forme concave chez les adultes et fourchue chez les jeunes.
La tête est petite et aplatie sur le dessus. La bouche est grande (fendue jusqu'au bord postérieur de l'œil) et munie de fortes dents sur les mâchoires, la langue et le palais.
Les écailles sont grosses et visibles. La ligne latérale est droite.
De gros points noirs sur fond pâle forment des X sur la tête, le dos et la nageoire dorsale. La coloration varie du bleu au bleu-gris sur le dos, elle est argentée sur les côtés. Elle varie en période de frai, les adultes prenant une teinte bronze à brun foncé. Ils perdent leur livrée argentée au moment de leur pénétration en eau douce. Les mâles sont marqués de points rouges sur les flancs. Les jeunes sont marqués de sept à onze marques verticales en forme de doigt qu'ils perdront à leur entrée en mer.
Le saumon atlantique peut mesurer jusqu'à 1,50 m et peser jusqu'à 36 kg. A l'approche du frai, la tête du mâle va se modifier : elle va s'allonger, la mâchoire inférieure va se développer et se recourber pour former un crochet (mâle "bécard").
Le saumon atlantique Salmo salar se distingue par ses taches noires et ses grandes écailles de l'omble chevalier Salvelinus alpinus et de l'omble de fontaine Salvelinus fontinalis qui eux possèdent des taches blanches.
Il se distingue de la truite arc en ciel Oncorhynchus mykiss par l'absence de taches noires regroupées sur la caudale. Et enfin de la truite brune Salmo trutta par une mâchoire plus courte, un pédoncule* caudal étroit, l'absence de rouge sur la nageoire adipeuse* et la présence d'écailles plus grandes.
En mer sa nourriture est principalement constituée de petits poissons tel le hareng atlantique (Clupera harengus harengus), l'éperlan arc-en-ciel (Osmerus mordax), le capelan boréal (Mallotus villosus) et le lançon d'Amérique (Ammodytes americanus) mais également de petits crustacés (amphipodes et décapodes).
Lorsqu'il retrouve sa rivière, il cesse de s'alimenter.
Les jeunes tacons se nourrissent principalement d'insectes terrestres et aquatiques tels les phryganes ou les éphémères. Les larves* de ces mêmes insectes font également partie de son alimentation.
Le saumon est avant tout anadrome* c'est à dire qu'il vit habituellement en mer mais remonte les fleuves, rivières et cours d'eau pour frayer. La période de frai a lieu en octobre-novembre.
La femelle creuse un nid à faible profondeur (0,5 m à 3 m) sur un fond graveleux dans le courant. Elle utilise sa caudale comme une pagaie pour creuser une dépression profonde de 10 à 30 cm pour une longueur allant jusqu'à 3 m. Elle y dépose en plusieurs fois, à cinq ou dix minutes d'intervalle, des œufs de grande taille (5 à 7 mm), un peu gluants et plus lourds que l'eau. Ils sont fécondés par les mâles au moment de leur expulsion. Ensuite, la femelle creuse un nouveau nid en amont et indirectement recouvre le premier nid de gravier. La ponte dure entre cinq et douze jours, la femelle déposant entre 1 500 et 1 800 œufs de forme sphérique par kilo de son poids (soit près de 25 % de son poids ! ).
Les œufs passent l'hiver entre les graviers et éclosent en avril-mai, la température de l'eau avoisinant les 4 °C.
Les alevins vont rester enfouis dans le sol graveleux se nourrissant de leur sac vitellin* jusqu'en juin où ils gagnent des eaux peu profondes à courant modéré. Ils mesurent alors 6 cm en moyenne et s'appellent des tacons. Ils demeurent entre deux et cinq ans en rivière avant d'entreprendre entre mai et juin leur première migration en eau salée. Ils mesurent alors entre 12 et 15 cm et portent le nom de saumoneaux ou smolts.
Si la croissance est lente en rivière, elle est très rapide en mer où, après un an, le saumon atlantique mesure de 50 à 65 cm. Certains mâles reviennent à leur rivière d'origine après un hiver passé en mer (grâce à leur faculté de mémoriser l'odeur de leur rivière natale), d'autres restent en mer encore deux ou trois ans avant de se reproduire. Les grands saumons se présentent à l'embouchure des rivières à la fin de l'hiver (saumons d'hiver) et les petits un peu plus tard (saumons d'été).
Ils déploient une grande énergie et une grande habileté à franchir les obstacles - certains sauts atteignent 3 m de hauteur. La graisse accumulée pendant le séjour dans l'océan est transformée en énergie et utilisée pour produire œufs et spermatozoïdes. Lors de la remontée des rivières et le frai, les saumons perdent de 30 à 40 % de leur poids. Épuisés, beaucoup meurent et les survivants hivernent dans la rivière ou retournent à la mer. Seuls 4 à 6 % d'entre-eux pourront se reproduire une seconde fois.
L'élevage du saumon produit des individus de moins en moins "intelligents". On a ainsi établi qu'à partir de la septième génération en captivité, le saumon devenait incapable de rechercher et capturer sa nourriture.
D'une population à l'autre, le nombre de ses chromosomes peut varier de 58 à 64.
Les nouveaux-nés réagissent de manière innée à l'odeur d'un brochet (Esox lucius) alors qu'ils restent indifférents à celle d'un gardon (Rutilus rutilus).
Les parasites du saumon atlantique sont nombreux. On identifie principalement des copépodes parasites dont certains sont appelés communément "asticots de branchies" ou "pou du poisson" mais également des vers blancs tel le nématode parasite (Anisakis simplex).
La longévité moyenne du saumon atlantique est estimée à 10 ans.
La scalimétrie* est une méthode qui permet de connaître avec une grande fiabilité l'âge et la vie d'un saumon. Basée sur les anneaux de croissance des écailles, elle indique les années passées en eau douce (années maigres) et celles passées en mer (croissance rapide).
Dans certains lacs n'ayant plus de communication avec la mer, on trouve des populations de saumons sous des formes naines. Ces populations sédentaires fraient généralement dans les affluents de ces lacs.
En mer les saumons atlantiques sont la proie des goberges, des thons, des morues, des espadons, des requins, des phoques gris (Halichoerus grypus), des phoques communs (Phoca vitulina), des fous de bassan (Morus bassanus) et des cormorans (Phalacrocorax sp.)
En rivière, les prédateurs des jeunes saumons sont les ombles, les anguilles (Anguilla anguilla), les brochets (Esox lucius), les grenouilles, et certains oiseaux aquatiques tels le harle huppé (Mergus serrator) et le héron (Ardea cinerea).
Le saumon atlantique est vénéré depuis l'Antiquité. L'énergie qu'il déploie pour remonter les cours d'eaux et franchir les chutes d'eaux est sans pareil. La pollution des eaux, les pluies acides, les barrages sont autant de facteurs qui nuisent considérablement au développement de l'espèce en Amérique du Nord et en Europe.
A la fin du 19e siècle et au début du 20e, le saumon était tellement commun que les domestiques faisaient indiquer dans leur contrat de travail qu'il n'en recevraient pas plus de trois fois par semaine.
Début octobre 2008 un spécimen de 97 cm de longueur et d'un poids de 7 kg a été pêché au barrage de Suresnes dans les Hauts-de-Seine en France. Cela n'était pas arrivé depuis 70 ans. Les efforts de préservation et de reconstitution des milieux naturels menés au cours des dernières années, les efforts d'aménagements (passes à poissons visant à faciliter les migrations), le maintien de zones potentielles de frayères ont facilité le retour de l'espèce dans les eaux dulcicoles françaises. Il s'agit là sans nul doute d'un signe mesurable de l'amélioration de la qualité de l'eau.
Le mystère des migrations de saumon est tout entier. Kenneth Lohmann et son équipe américaine (Department of Biology, University of North Carolina, Chapel Hill) ont travaillé à démontrer que les saumons possédaient une certaine sensibilité au champ magnétique et qu'ils pourraient s'en servir en haute mer pour nager dans la direction de leurs lieux de ponte. Les saumons enregistreraient plusieurs paramètres du champ magnétique terrestre et s'en souviendraient.
Communautaire :
- Directive Habitats-Faune-Flore : Annexe II
- Directive Habitats-Faune-Flore : Annexe V
International :
- Convention de Berne : Annexe III
- Convention OSPAR : Annexe V
De portée nationale :
- Poissons protégés : Article 1
Pêches et Océans Canada a rendu public un plan de gestion quinquennal (2007-2011) régissant la pêche du saumon atlantique à Terre-Neuve-et-Labrador. Ce plan vise à établir un équilibre entre, d'une part, la conservation et le rétablissement des stocks de saumon et, d'autre part, les possibilités de pêche récréative et la stabilité de cette pêche. Ce plan inclut également la poursuite d'une stratégie de gestion adaptative et d'une classification des rivières qui tient compte de l'état de santé des stocks de saumons. La période de pêche est habituellement comprise entre le début juin et le début septembre. Les pêcheurs ont le droit de garder six saumons atlantiques dans les trois rivières de l'île de Terre-Neuve, soit les rivières Gander, Exploits et Humber.
Saumon : du latin [salmo].
atlantique en raison de sa distribution en Atlantique.
Salmo du latin [salmo] = saumon.
salar du latin [salio] = sauter, bondir, rebondir.
Numéro d'entrée WoRMS : 127186
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopteri | ||
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Super ordre | Protacanthopterygii | Protacanthoptérygiens | |
Ordre | Salmoniformes | Salmoniformes | |
Famille | Salmonidae | Salmonidés | |
Genre | Salmo | ||
Espèce | salar |
Vue d'ensemble
Son corps est allongé et élancé. On notera la présence des nombreuses taches noires.
Les taches rouges sur les flancs caractérisent les mâles. Remarquez la présence de la petite nageoire adipeuse et la forme concave de la queue caractéristique d'un adulte.
Causapscal, site historique Matamajaw, Vallée de la Matapédia, Gaspésie, Québec, Canada
30/07/2003
Juvénile
Les jeunes sont marqués de sept à onze marques verticales en forme de doigt qu'ils perdront à leur entrée en mer. Ils portent le nom de tacon.
Aquarium de Brioude (Auvergne), 1 m
03/07/2007
Parc de la rivière aux rochers de Port Cartier (Québec, Canada)
Cette rivière à saumon est situé en plein cœur de la ville de Port Cartier (Québec, Canada). Dans ce parc, on trouve un centre d'interprétation du saumon.
Passe aux saumons, Port Cartier, Côte Nord, Québec, Canada
20/08/2007
En transit dans une passe
Les saumons transitent dans différents bassins lorsqu'ils pénètrent dans une passe.
Passe aux saumons, Port Cartier, Côte Nord, Québec, Canada
20/08/2007
Vue du dessus dans le bassin de transit
Ces spécimens de belle taille, mesurent en moyenne de 60 à 70 cm de long.
Passe aux saumons, Port Cartier, Côte Nord, Québec, Canada
20/08/2007
Capture dans une passe
Le spécimen a été anesthésié.
Bassin de l'Adour, Pyrénées Atlantiques
11/07/2002
La tête
Les points rouges caractéristiques d'un mâle sont très visibles.
Bassin de l'Adour, Pyrénées Atlantiques
11/07/2002
Juvénile de saumon atlantique dans la Dordogne
Tacon mêlé à un banc de goujons
Rivière Dordogne à Cénac-&-Saint-Julien (46), sur un radier à -0,80 m dans un fort courant
07/08/2018
Juvénile de saumon atlantique dans la Dordogne
Les marques sombres verticales et la bouche plus petite que celle de la truite fario sont visibles
Rivière Dordogne à Cénac-&-Saint-Julien (46), sur un radier à -0,80 m dans un fort courant
07/08/2018
Juvénile de saumon atlantique dans la Dordogne
vue de trois-quart arrière montrant bien la queue fourchue caractéristique
Rivière Dordogne à Cénac-&-Saint-Julien (46), sur un radier à -0,80 m dans un fort courant
07/08/2018
Rédacteur principal : Laurent FEY
Vérificateur : Jean-Pierre COROLLA
Vérificateur : Vincent MALIET
Responsable régional : Laurent FEY
Gueguen J.-C., Prouzet P. (sous la dir. de), 1994, LE SAUMON ATLANTIQUE. Biologie et gestion de la ressource, ed. Institut Français de la Recherche pour l'Exploitation de la MER, 330p.
Lohmann K. J., Lohmann C.M.F., & Putman N. F., 2007, Magnetic maps in animals : nature's GPS, Journal of Experimental Biologie, 210, 3697-3705.
La page sur Salmo salar sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
La page de Salmo salar dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN