Vivaneau à bandes noires

Clé d'identification

Noms

Distribution géographique

Pacifique

L'aire de répartition de cette espèce est assez restreinte. Elle s'étend, principalement, de la Nouvelle-Guinée à la Polynésie française, et, vers le Nord, jusqu’aux Philippines.

Dans les eaux françaises, ce poisson peut se rencontrer en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française et à Wallis-et-Futuna, mais, cependant, de façon assez confidentielle.

Biotope

Le vivaneau à bandes noires fréquente les zones coralliennes abritées, entre 10 à 30 m, dans les lagons de faible profondeur et le long des pentes externes. Occasionnellement, il peut évoluer à des profondeurs supérieures à 40 m.

Description

Lutjanus semicinctus est un poisson de forme élancée qui, à l'âge adulte, atteint une taille d'environ 20 cm (maximum 35 cm). Son profil dorsal est plus effilé que la plupart des espèces de sa famille.

La couleur du dos varie du jaunâtre au brunâtre, celle du ventre du rose au blanc. Le museau et le front sont gris. Les nageoires dorsale, caudale et anale sont principalement brunâtres avec parfois une teinte rougeâtre. Les nageoires pectorales et pelviennes* sont blanchâtres à translucides.

Son corps est parcouru d'une série de 7 barres verticales (parfois 6), de couleur noire à marron, s’étendant du haut du dos jusqu'au milieu des flancs. Une grande tache noire couvre la partie arrière du pédoncule* caudal.

Sur la partie arrière du dos, les écailles sont rangées de façon oblique au-dessus de la ligne latérale* alors qu'elles le sont de façon horizontale sur le reste du corps.

La nageoire dorsale est continue. Elle est constituée d’une première moitié épineuse (10 épines) et d'une seconde partie molle (13 rayons). Les nageoires pectorales comportent 16 rayons mous et la nageoire anale 3 épines et 8 ou 9 rayons mous. L'arrière des nageoires dorsale et anale est plutôt anguleux. La nageoire caudale est tronquée ou légèrement échancrée.

Espèces ressemblantes

Avec ses bandes noires sur le corps et sa tache sur le pédoncule caudal, Lutjanus semicinctus ne peut être confondu avec aucun autre lutjan de l'Indo-Pacifique.

Un poisson de la zone peut lui ressembler éventuellement, le mérou sellé Plectropomus laevis dans sa livrée montrant 4 à 5 selles noires sur fond blanchâtre, un pédoncule caudal et des nageoires jaunes. Toutefois, les quatre selles sur le dos de ce dernier sont nettement plus larges que les bandes de Lutjanus semicinctus. Sa taille (50 cm à 1,10 m) dépasse de loin celle de notre lutjan. Enfin, sa tête est aussi nettement plus massive et comporte une large bouche à la lèvre inférieure épaisse et proéminente.

Alimentation

Le vivaneau à bandes noires est un carnivore qui se nourrit de petits poissons, crevettes, crabes, et divers crustacés benthiques*. Les juvéniles se nourrissent de plancton*. La chasse a lieu, principalement, la nuit venue.

En tant que prédateur, Lutjanus semicinctus joue un rôle régulateur sur les populations de petits poissons et crustacés. Il participe également à la chaîne trophique* en servant de proie à de plus gros carnivores.

Reproduction - Multiplication

Lutjanus semicinctus est une espèce gonochorique* (sexes séparés) ovipare*. Elle forme des agrégations pour frayer. Pour le reste, on peut penser que sa reproduction s'apparente à celle des autres Lutjanidés.

En période de marées de bonne intensité propices à la diffusion des larves*, les mâles et les femelles, arrivés à maturité sexuelle, se regroupent pour former un large banc. Le frai* commence le plus souvent à la tombée de la nuit. La fécondation est externe. Pour cela, mâles et femelles entament une parade nuptiale et finissent par nager en spirale vers la surface pour relâcher leurs gamètes* en pleine eau, juste en dessous de la surface. Les femelles fraient habituellement plusieurs fois au cours d’une saison de reproduction.

Les œufs de Lutjanidés sont des œufs pélagiques*, de forme sphérique, d’un diamètre compris entre 0,65 et 1,02 mm, qui contiennent, à quelques exceptions d'espèces près, une goutte lipidique qui assure leur flottabilité. Les œufs éclosent au bout de 17 à 36 heures, selon l’espèce et la température d’incubation, pour donner des larves. La température moyenne propice à l'incubation varie entre 26 et 29°C.

Les larves* nouvellement écloses mesurent moins de 2 mm. Elles n'ont pas encore de bouche, ni d'yeux complétement formés. Leurs capacités de natation étant limitées, elles utilisent les courants océaniques pour se disperser. Les premiers jours, elles subsistent en puisant les réserves dont elles ont besoin dans le sac vitellin*, une excroissance de l'intestin sous la forme d'une poche ventrale. Le sac vitellin se conserve pendant 3 à 4 jours le temps aux yeux et à la bouche de devenir fonctionnels. Après quelques jours, les larves de vivaneaux développent des épines sur la tête et certaines ont des nageoires dorsales et pelviennes particulièrement longues ce qui les rend relativement faciles à identifier à ce stade parmi le zooplancton*. Ces épines permettent une meilleure flottabilité à la larve et assurent une protection contre les prédateurs. Pendant leur vie pélagique (environ 3 semaines), les larves évitent les eaux de surface en journée, ne remontant que la nuit pour se nourrir. Elles finissent par s'établir dans des eaux peu profondes, le long des côtes ainsi que dans les estuaires et les mangroves*, pour continuer leur croissance.

Les juvéniles restent généralement dans cette "pouponnière" pendant une période de 2 à 4 ans, selon l'espèce, puis se déplacent vers d’autres zones pour rejoindre enfin la population adulte.

A partir de la quantité de larves contenues dans le zooplancton*, deux types de modèles de reproduction saisonniers ont été constatés pour la famille des Lutjanidés. Les populations continentales ont une saison de frai restreinte à la période estivale tandis que les populations insulaires se reproduisent tout au long de l'année avec des pics d’activité au printemps et à l’automne.

Divers biologie

Le nom anglais de "snappers", qui signifie "happeurs" et donné aux lutjans, vient du fait que ceux-ci ont l'habitude de claquer des mâchoires lorsqu'ils sont capturés.

Le vivaneau à bandes noires est un poisson craintif et généralement solitaire. Il évolue parfois en petit groupe. Toujours actif, il consacre la majorité de son temps à la recherche de nourriture, principalement des petits poissons qu'il débusque dans les récifs coralliens. Sa nage est efficace.

Informations complémentaires

Lutjanus semicinctus est un poisson timide et à la répartition restreinte. Du coup, les photos sont rares sur DORIS. N'hésitez donc pas à en proposer.

Origine des noms

Origine du nom français

Vivaneau : dénomination générique utilisée pour désigner un ensemble d'espèces appartenant à la famille des Lutjanidés. Elle vient du nom de l'espèce Lutjanus vivanus et signifie "vivant, vivace", probablement en rapport avec son activité débordante dans le récif ;

à bandes noires : en raison des six ou sept bandes noires verticales, visibles le long du corps.

Le premier nom français donné à ce poisson était lutjan demi-cercle. Il a été choisi par Jean René Constant Quoy (1790-1869) et Joseph Paul Gaimard (1793-1858) qui ont servi comme médecins à bord de L’Uranie et La Physicienne. Ces corvettes, commandées par le capitaine Louis Claude des Saulses de Freycinet (1779-1842), ont servi à une exploration autour du monde qui a duré 3 ans. Quoy et Gaimard, et le pharmacien Charles Gaudichaud (1789-1854) faisaient office de naturalistes, collectant des spécimens et signant les volumes de zoologie et de botanique d'un ouvrage plus général intitulé "Voyage autour du monde, entrepris par ordre du roi exécuté sur les corvettes de S. M. l'Uranie et la Physicienne pendant les années 1817, 1818, 1819 et 1820" (4 volumes, 1825-1844).

Origine du nom scientifique

Lutjanus : du malais "ikan lutjang" : nom d'un poisson, latinisé par Marcus E. Bloch, ichtyologue allemand (1723-1799) pour la première espèce de ce genre. Bloch croyait à tort que ce nom venait du Japon. Dans la description qu'il fait de ce poisson, il écrit : " Le Japon produit ce poisson où il porte le nom de Ikan Lutjang ; nom qui m'a servi pour la dénomination du genre de ces poissons. Le poisson présent s'appelle comme nous venons de le dire Ikan Lutjang, au Japon, Lutian chez les François, les Allemands et les Anglois". (Histoire naturelle générale et particulière des poissons, 7ème partie, p. 85) ;

semicinctus : du latin [semi] = moitié et [cinctus] = action ou manière de ceindre, ceinture, sangle. Le verbe latin [semicingere] signifie "entourer à demi". En référence aux six ou sept barres brunes étroites de part et d'autre du haut du dos et s'arrêtant juste au-dessus du ventre, formant ainsi des demi-cercles.

Le spécimen-type* a été prélevé en Indonésie (île de Waigiu).

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 276549