Robe argentée, petite tache noire sur le bord de l'opercule
Corps ovale très comprimé latéralement
Nageoires d'un jaune plus ou moins vif
Pectorales falciformes, caudale fourchue
Anale et dorsale de faible hauteur et symétriques
Museau bombé, lèvres charnues
Longueur commune 40 cm, maximum connu 122 cm
Carangue à grosses lèvres, carangue blanche, carangue rayée, matu (Polynésie française)
White trevally, blue trevally, silver trevally, bruised-faced trevally, longsnout trevally, toothed trevally, skipjack trevally, striped jack, blurter, cavalley, crevalley, skippy, guelly jack, thicklipped jack, white kingfish, silver bream, silver fish, ranger (GB), Carango dentice (I), Jurel, jurel dentón, jurel dorado (E), Zahn-Makrele (D), Charéu, encharéu, garapoá, xaréu, xareu-bicudo, xaréu-branco, falso-bonito (P)
Caranx adscensionis (Osbeck, 1771)
Scomber dentex Bloch & Schneider, 1801
Caranx dentex (Bloch & Schneider, 1801)
Trachurus imperialis Rafinesque, 1810
Caranx luna Geoffroy Saint-Hilaire, 1817
Citula banksii Risso, 1820
Caranx analis Cuvier, 1833
Caranx georgianus Cuvier in Cuvier & Valenciennes, 1833
Caranx platessa Cuvier in Cuvier & Valenciennes, 1833
Caranx solea Cuvier, 1833
Usacaranx georgianus (Cuvier, 1833)
Longirostrum platessa (Cuvier, 1833)
Scomber lutescens Solander, 1843
Scomber micans Solander, 1843
Scomber platinoides Solander, 1843
Caranx lutescens (Richardson & Solander, 1843)
Caranx cestus Richardson, 1846
Caranx nobilis MacLeay, 1881
Usacaranx nobilis (MacLeay, 1881)
Caranx delicatissimus Döderlein, 1884
Longirostrum delicatissimus (Döderlein, 1884)
Carangus cheilio Snyder, 1904
Caranx cheilio (Snyder, 1904)
Pseudocaranx cheilio (Snyder, 1904)
Caranx natalensis Gilchrist & Thompson, 1911
Cosmopolite des eaux chaudes et tempérées
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]La carangue dentue est un poisson cosmopolite, largement distribué le long des côtes tropicales et subtropicales de la planète. Sa distribution déborde sur la zone tempérée des deux hémisphères.
Pour les côtes françaises, sa présence est établie à La Réunion, en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie. Des populations établies près des côtes du sud de la Métropole restent à établir mais sont très incertaines.
En Méditerranée, on la retrouve dans toute la partie sud du bassin jusqu'en Egypte. Côté Atlantique proche, elle est bien représentée en Macaronésie* (Açores, Madère, Canaries, Cap-Vert).
Les juvéniles évoluent dans les eaux côtières peu profondes, les baies et les estuaires ; les adultes vivent généralement en bancs plus au large, près du fond sur le plateau continental ou à moindre profondeur au voisinage des secs. La profondeur d'évolution est comprise entre la surface et 238 m, valeur bien supérieure à la profondeur d'évolution couramment observée, entre 10 et 30 m.
La carangue dentue est un poisson à la robe argentée portant une petite tache noire sur le bord postérieur de l'opercule*. Le dos est grisâtre, voire légèrement doré. Le corps ovale est très comprimé latéralement. Une ligne jaune traverse le poisson depuis la queue jusqu'à l'opercule, plus marquée chez les jeunes. Les nageoires sont teintées d'un jaune plus ou moins vif. Les pectorales sont falciformes* ; la caudale est fourchue. L'anale et la dorsale, de faible hauteur, sont symétriques ; elles se prolongent jusqu'au pédoncule* caudal très fin et peuvent laisser entrevoir un fin liseré bleu sur leur bordure.
La tête possède un museau bombé et des lèvres très charnues, tout à fait caractéristiques de cette carangue. Ces traits s'amplifient chez les gros individus. La longueur commune avoisine 40 cm ; elle atteint jusqu'à 122 cm chez le plus gros spécimen pêché.
La carangue dentue peut être confondue avec d'autres Carangidés. On peut notamment citer les sérioles Seriola dumerili et Seriola rivoliana, ainsi que d'autres espèces de carangues telles que Carangoides bartholomaeai, Caranx ruber ou encore Caranx crysos. Dans tous les cas, la forme bombée du museau, les lèvres épaisses et le point noir à l'arrière de l'opercule sont des critères distinctifs permettant de reconnaître l'espèce assez facilement, surtout au stade adulte.
Une étude génétique a montré que rien qu'en Australie, ce que l'on identifie comme Pseudocaranx dentex formerait en réalité un complexe de trois espèces très difficiles à différencier par leur seule morphologie : Pseudocaranx sp. dentex serait la plus proche (voire la même) que celle rencontrée en Méditerranée et en Afrique du Sud, tandis que P. georgianus et P. dinjerra pourraient former deux autres espèces bien distinctes (Bearham 2019). En extrapolant ce résultat au niveau mondial, il y a fort à parier que la très large répartition de l'espèce soit en réalité liée à l'existence de ces trois espèces proches.
La carangue dentue se nourrit généralement sur ou près du fond de manière opportuniste, consommant des proies telles que poissons, vers, échinodermes, mollusques (bivalves et céphalopodes) et crustacés. Des observations ont également été faites de ces poissons se nourrissant en pleine eau en filtrant le zooplancton*, comme le font de petits poissons pélagiques* tels qu'anchois, sardines et autres maquereaux (Sazima 1998).
Même si les informations restent parcellaires, les observations faites dans l'Atlantique Nord suggèrent que les individus matures se regroupent autour des remontées situées au large durant la période estivale (de juin à septembre aux Açores) pour se reproduire. A l'inverse, dans le Pacifique, une étude japonaise a conclu à une période de reproduction débutant en novembre et se déroulant durant l'hiver (Afonso 2008 & Kanashiro 1993).
L'espèce est gonochorique* (les sexes sont séparés). Le sexe-ratio (nombre de mâles rapporté au nombre de femelles) semble équilibré ; la maturité se produit simultanément pour les deux genres et correspond à une taille moyenne proche de 30 cm. La reproduction a lieu en pleine eau, les œufs dérivent dans le courant et les larves* sont pélagiques*.
En termes d'associations, on retrouve de jeunes carangues opportunistes aux côtés d'espèces fouisseuses* comme les marbrés, les rougets, les rombous ou bien encore les vives : elles profitent des efforts de ces derniers pour se nourrir des proies ainsi dégagées. La nuit, des juvéniles de carangue dentue pourraient se protéger des prédateurs en se collant à des espèces "pacifiques" comme des marbrés adultes par exemple (observation de l'un des auteurs).
Les larves de la carangue dentue peuvent être infectées par un virus de nécrose nerveuse de la famille des Nodaviridés. Des mortalités importantes de juvéniles liées à un champignon, Ochroconis humicola, ont par ailleurs été reportées dans un élevage au Japon en 2004, faisant l'objet d'une publication scientifique (Munchan 2006).
Le développement des jeunes poissons se produit en deux phases distinctes : la première a lieu pour une longueur des larves comprise entre 9 et 12 mm et correspond à la formation des nageoires ; les poissons se regroupent alors en bancs et sont considérés comme des juvéniles adoptant un premier comportement de défense contre les prédateurs. La seconde phase, qui a lieu pour une taille de 20 à 30 mm, correspond à l'apparition des écailles et de la ligne latérale*. C'est à ce moment-là que se produit le recrutement* dans les eaux côtières (Masuda 1999).
Malgré la pêche intensive dont elle fait l'objet dans certaines régions, l'espèce est classée LC (Least Concern) selon l'évaluation mondiale réalisée par l'UICN* en 2013. Elle est donc actuellement considérée comme n'étant pas menacée à court terme.
La longévité peut dépasser 50 ans.
Pseudocaranx dentex ne fait actuellement l'objet d'aucune règlementation spécifique.
Carangue : dérivé de [caranga], mot emprunté à une langue
amérindienne, et qui désigne un poisson des Antilles. Ce nom indigène a
été recueilli par Plumier, et repris ensuite sous la forme "carangue"
par Thomas Corneille dans son "Dictionnaire des Arts et des Sciences",
avec une description assez fantaisiste. Le nom Caranx apparaît
dans l'Histoire Naturelle des Poissons (1802) de Lacepède et Buffon qui
ont repris les dessins et notes non publiés de Plumier.
dentue : traduction du nom de l'espèce, ce qui peut induire en erreur ; cette carangue est ainsi qualifiée de dentue en référence à sa ressemblance avec certains Sparidés et non en raison de sa denture.
Pseudocaranx : du grec [pseudes] = faux et [caranx] du mot français carangue explicité ci-dessus.
dentex : du latin [dentex] = avec des dents : il s'agit en réalité d'une évocation du genre Dentex, en référence au profil de la tête et aux grosses lèvres de cette espèce de carangue. Le genre Dentex n'en appartient pas moins à la famille des Sparidés.
Numéro d'entrée WoRMS : 126812
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Classe | Actinopteri | ||
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Ordre | Carangiformes | Carangiformes | |
Famille | Carangidae | Carangidés | |
Genre | Pseudocaranx | ||
Espèce | dentex |
Robe argentée et nageoires jaunes
Voici un banc de jeunes individus très caractéristiques, aux teintes jaunes particulièrement visibles au niveau des nageoires et de la ligne horizontale sur les flancs. Ceux-ci évoluent en pleine eau mais on les trouve également souvent près du fond.
Site "Wish You Were Here", île de Santo Antao, archipel du Cap-vert, 13 m
19/09/2017
Museau au profil caractéristique
Sur cet individu de taille moyenne, on visualise bien les nageoires jaunâtres, la petite tache noire bordant l'opercule et surtout le museau bombé et les lèvres charnues qui ont inspiré le nom de l'espèce.
Pedrinha, île de Santa Maria, archipel des Açores, 5 m
08/08/2016
De face
Même en regardant bien, vous ne verrez pas de dents pointues chez la carangue dentue. En effet, ce nom d'emprunt à un genre de Sparidés est uniquement lié à la forme de la tête et des lèvres.
Pedrinha, île de Santa-Maria, archipel des Açores, 15 m
10/08/2021
Juvénile de profil
Les jeunes individus sont surtout rencontrés dans les eaux littorales peu profondes, où ils se nourrissent près de fond.
Caniço, île de Madeire, 10 m
02/08/2014
Adultes en pleine eau
Ces carangues dentues adultes sont venues vers les plongeurs un bref instant pour repartir aussitôt dans le bleu. Ce positionnement plus profond et plus au large est caractéristique des individus les plus âgés.
Ile de Santa-Maria, archipel des Açores, 25 m
08/08/2016
Fouissant le sable
Ce poisson filtre le sable en quête de petites proies benthiques dont il se nourrit.
Ile de Gran Canaria, archipel des Canaries, 10 m
02/05/2011
Opportunistes
Ces jeunes individus profitent du fouissage opéré par un marbré pour s'offrir un repas à moindre dépense énergétique.
Puerto Del Carmen, île de Lanzarote, archipel des Canaries, 5 m
05/06/2022
Protection nocturne
Ce juvénile s'est réfugié contre un gros marbré durant la nuit, lui permettant sans doute de bénéficier d'une protection contre les prédateurs de taille modérée.
Playa Del Carmen, île de Lanzarote, archipel des Canaries, 5 m de nuit
09/05/2019
Rédacteur principal : Gaël MODRAK
Vérificateur : Valérie CARO
Correcteur : Thomas MENUT
Responsable régional : Gaël MODRAK
Afonso P., Fontes J., Morato T., Holland K.N., Santos R.S., 2008, Reproduction and spawning habitat of white trevally Pseudocaranx dentex, in the Azores, central north Atlantic, Scientia Marina, 72(2), 373-381.
Afonso P., Fontes J., Holland K.N., Santos R.S., 2009, Multi-scale patterns of habitat use in a highly mobile reef fish, the white trevally Pseudocaranx dentex, and their implications for marine reserve design, Marine Ecology Progress Series, 381, 273-286.
Arimoto M., Mori K., Nakai T., Muroga K., Furusawa I., 1993, Pathogenicity of the causative agent of viral nervous necrosis disease in striped jack, Pseudocaranx dentex, Journal of Fish Diseases, 16, 461-469.
Bearham D., Robert M., Chaplin J.A., Moore G.I., Fairclough D.V., Bertram A., 2019, Molecular evidence of three species in the Pseudocaranx dentex complex (Carangidae) in Australian waters, Marine and Freshwater Research, 71(4), 518-531.
Kanashiro K., Ebisawa A., 1993, Some Ecological Aspects of Striped Jack, Pseudocaranx dentex around the Okinawa Islands from the Viewpoint of Catching Data, Suisanzoshoku, 41(1), 105-112.
Kim M.J., Song C.B., 2014, New Record of the White Trevally, Pseudocaranx dentex (Carangidae, Perciformes) from Korea, Korean Journal of Ichthyology, 26(4), 340-344.
Masuda R., Tsukamoto K., 1999, School Formation and Concurrent Developmental Changes in Carangid Fish with Reference to Dietary Conditions, Environmental Biology of Fishes, 56, 243-252.
Miyazaki T., Shiozawa S., Kogane T., Masuda R., 2000, Developmental changes of light intensity threshold for school formation in the striped jack Pseudocaranx dentex, Marine Ecology Progress Series, 192, 267-275.
Mori K., Nakai T., Muroga K., Arimoto M., Mushiake K., Furusawa I., 1992, Properties of a new virus belonging to nodaviridae found in larval striped jack (Pseudocaranx dentex) with nervous necrosis, Virology, 187(1), 368-71.
Munchan C., Kurata O., Hatai K., Hashiba N., Nakaoka N., Kawakami H., 2006, Mass mortality of young striped jack Pseudocaranx dentex caused by a fungus Ochroconis humicola, Fish Pathology, 41(4), 179-182.
Sazima I., 1998, Field evidence for suspension feeding in Pseudocaranx dentex, with comments on ram filtering in other jacks (Carangidae), Environmental Biology of Fishes, 53, 225-229.
La page de Pseudocaranx dentex sur le site de référence de DORIS pour les poissons : Fishbase
La page de Pseudocaranx dentex dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN