Algue rouge filamenteuse formant des touffes denses pouvant atteindre 15 cm de hauteur
Axes cylindriques et droits segmentés avec des articles aussi longs que larges
Trichoblaste (poil) subdichotome, coloré et persistant sur chaque segment d’axe
Sur individu fertile, stichidies sinueuses insérées sur la cellule basale d'un trichoblaste et avec un tétrasporocyste par segment
Algue fixée au substrat par un disque basal et des rhizoïdes provenant de rameaux tombés
En coupe, la cellule axiale est petite et entourée par 4 grandes cellules périaxiales
Dasya lallemandii Montagne 1849
Baillouviana lallemandii (Montagne) Kuntze 1891
Mer Rouge, océan Indien, introduite en Méditerranée et en Atlantique
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Mer Rouge]L'espèce a été décrite de mer Rouge et est distribuée dans l'océan Indien et le Pacifique Nord-Est ; les signalisations du sud-ouest Pacifique pourraient être des confusions avec l’espèce Lophocladia kuetzingii. Espèce lessepsienne*, elle a été introduite en Méditerranée via le canal de Suez. Elle est considérée comme envahissante. En France, sa présence est avérée en Corse et dans le Var. Elle a aussi été signalée dans l’Atlantique proche.
Cette algue se rencontre sur les fonds rocheux et autres substrats* durs à faible profondeur où elle forme des touffes monospécifiques* denses. Elle se développe aussi en épiphyte* sur les algues et la posidonie. Elle peut aussi se développer sur des fonds de coralligène* vers 30 m de profondeur.
Le lophoclade de Lallemand est une algue rouge filamenteuse de 15 cm de hauteur maximale. Elle forme des touffes denses pouvant atteindre plusieurs dizaines de cm de diamètre. Sa couleur varie entre le rouge et le rose, elle est parfois décolorée.
Les axes sont cylindriques et droits. Les axes principaux mesurent 0,5 mm de diamètre à leur base et sont ramifiés de manière subdichotome*. Ils sont formés à partir d'une cellule apicale* (croissance monopodiale). Axes et rameaux sont segmentés, les articles sont aussi longs que larges. Chaque segment d’axe porte un trichoblaste* (poil) subdichotome, coloré et persistant.
L'algue observée jusqu'à présent (décembre 2022) en Méditerranée est le tétrasporophyte*. Quand ils sont fertiles, les tétrasporophytes portent des stichidies (organes produisant les tétrasporocystes*) sinueuses insérées sur la cellule basale d'un trichoblaste et produisant un tétrasporocyste* par segment.
Les gamétophytes* femelles fertiles produisent des cystocarpes* courtement pédicellés et en forme d'"urne à col court". Les organes reproducteurs des gamétophytes mâles (spermatanges*) sont allongés et occupent la même place que les stichidies sur la cellule basale des trichoblastes.
L’algue est fixée au substrat* par un disque basal et des rhizoïdes*.
En coupe, la cellule axiale est petite et entourée par 4 grandes cellules périaxiales.
En plongée ou sur une photo d'ensemble, il sera possible de confondre cette algue avec d'autres algues rouges filamenteuses, érigées et souples, comme des Bonnemaisoniales ou certains Dasya spp. ou Polysiphonia sensu lato. Un examen plus attentif des axes et des rameaux permettra de lever le doute.
Bonnemaisonia asparagoides (Woodward) C. Agardh ne se rencontre que sur substrat* dur. Son axe principal, de forme cylindrique légèrement comprimée, a une largeur qui excède rarement 1-2 mm.
La ramification de l'axe est irrégulière distique*. Les rameaux, de longueur inégale, ont une ramification pennée* régulière formée par des ramules courts*, en forme d'épines fines, distiques et alternes*, de 2 mm de longueur. L'algue s'étale facilement dans un plan.
Asparagopsis taxiformis (Delile) Trevisan de Saint-Léon et Asparagopsis armata Harvey ont un contour pyramidal.
Les algues fabriquent les sucres de leur biomasse par photosynthèse*. Ce processus de transformation de l'énergie lumineuse en énergie chimique grâce à des pigments de type chlorophylle, n'est possible que dans une situation d'éclairement. Cependant la quantité de lumière nécessaire est très variable selon l'espèce.
Le cycle de vie est trigénétique* isomorphe*, les gamétophytes* mâles ou femelles (espèce dioïque*) et les tétrasporophytes* sont semblables. L’espèce est annuelle et abondante au printemps et à l’automne.
Elle peut aussi se multiplier par bouturage.
Cette algue produit des lophocladines. Ces composés toxiques la protègent des herbivores et renforcent son caractère envahissant.
Cette algue est entrée en Méditerranée depuis une centaine d’années. Elle est restée longtemps confinée aux eaux chaudes des zones est et sud de la Méditerranée. Sa découverte en Corse et à Port-Cros en 2021 est interprétée comme un signe du réchauffement de la Méditerranée nord-occidentale.
Son impact sur les écosystèmes locaux est inquiétant. Elle s’installe d’abord sur les rochers et les zones clairsemées des herbiers, puis recouvre l’herbier d’un tapis très dense qui gêne la croissance de la posidonie en étouffant les jeunes rhizomes* et les faisceaux de feuilles. Elle peut ainsi avoir un impact important sur le développement de la posidonie ainsi que sur l’accès à la nourriture des habitants de l’herbier. Son caractère envahissant à fort impact est confirmé en France. Seules des interventions très rapides sur les lieux récemment colonisés pourraient peut-être limiter sa propagation et son impact négatif.
Le signalement des observations est donc important pour connaître la dynamique d’extension de cette espèce. Si vous la croisez, n’hésitez pas à la signaler dans le forum de DORIS ou dans l’outil CROMIS de la FFESSM.
Lophoclade de Lallemand est la francisation du nom scientifique de cette algue. Ce nom est proposé par le site DORIS.
Lophocladia : du grec [lophos] = long poil, crinière, aigrette, panache et [clados] = rameau.
lallemandii : l'identité de la personne honorée n'est pas certaine, mais il pourrait s'agir de François Antoine "Charles" Lallemand, général de l'Empire et géographe, exilé aux Etats-Unis pendant la Restauration (1774-1839).
Numéro d'entrée WoRMS : 144835
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Rhodobionta / Rhodophyta | Rhodobiontes | Algues rouges, pour la plupart marines. |
Classe | Florideophyceae | Floridéophycées | Thalle élaboré formé de fins filaments branchés ou en lames. |
Ordre | Ceramiales | Céramiales | Structure toujours uniaxiale. |
Famille | Rhodomelaceae | Rhodomelacées | |
Genre | Lophocladia | ||
Espèce | lallemandii |
Algue rouge envahissante
Longtemps cantonnée dans les parties est et sud de la Méditerranée, cette algue de mer Rouge tend maintenant à coloniser la partie nord-ouest. Elle a été aussi observée pour la première fois en 2021 à Port-Cros.
Golfe d'Ajaccio (2A), 10 m
13/11/2021
Algue rouge érigée et souple
Cette algue rouge filamenteuse peut atteindre 15 cm de hauteur. Sa couleur varie entre le rouge et le rose, elle est parfois décolorée.
Port-Cros (83), 18 m
27/08/2022
Touffe compacte
Cette algue forme des touffes compactes sur les rochers. Ici, la touffe mesure environ 70 cm de diamètre pour 10 cm de hauteur. Des touffes d’un mètre de diamètre ont aussi été observées.
La Gabinière, Port-Cros (83), 6 m
15/12/2021
Vue de plus près
Les rameaux sont ramifiés de manière subdichotome.
La Gabinière, Port-Cros (83), 6 m
15/12/2021
Vue au microscope de l'axe et des trichoblastes
Axes et rameaux sont segmentés, les articles de l'axe sont aussi longs que larges. On aperçoit sur chaque segment d’axe un trichoblaste* (poil) coloré. Sur le trichoblaste du bas on observe une stichidie sinueuse.
Barre d'échelle : 200 μm
La Gabinière, Port-Cros (83), 6 m. Echantillon analysé au microscope.
2022
Stichidie
La stichidie est l'organe produisant les tétrasporocystes*. Elle est attachée à la cellule basale du trichoblaste.
Barre d'échelle : 200 μm
La Gabinière, Port-Cros (83), 6 m. Echantillon analysé au microscope
2022
Aux Canaries
Cette algue de mer Rouge a aussi traversé le détroit de Gibraltar. Il est délicat de se prononcer de loin, mais cet individu pourrait bien être du lophoclade de Lallemand.
El Hierro, Canaries, 10 m
14/11/2022
Rédacteur principal : Véronique LAMARE
Rédacteur : Marc VERLAQUE
Correcteur : Marc VERLAQUE
Responsable régional : Véronique LAMARE
Boudouresque C.F., Perret-Boudouresque M., Ruitton S., Thibault D., 2022, The invasive thermophilic red alga Lophocladia lallemandii reaches the Port-Cros National Park (France, northwestern Mediterranean), Sci. Rep. Port-Cros Natl. Park, 36, 59-66.
Cebrian E., Ballesteros E., 2010, Invasion of Mediterranean benthic assemblages by red alga Lophocladia lallemandii (Montagne) F. Schmitz: Depth-related temporal variability in biomass and phenology, Aquatic botany, 92, 81-85.
Deudero S., Blanco A., Box A., Mateu-Vicens G., Cabanellas-Reboredo M., Sureda A., 2010, Interaction between the invasive macroalga Lophocladia lallemandii and the bryozoan Reteporella grimaldii at seagrass meadows: density and physiological responses, Biol. Invasions, 12, 41–52.
La page sur Lophocladia lallemandii sur le site de référence de DORIS pour les algues : AlgaeBase
La page de Lophocladia lallemandii dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel: INPN