Petit éolidien de 5 mm maximum, au corps blanc opaque
Lignes longitudinales rouge orangé à brunes sur la face postérieure des rhinophores et des palpes labiaux
Les lignes forment un large anneau rougeâtre sur la moitié supérieure des rhinophores
Cérates blancs, courts et arrondis, montrant parfois une zone colorée à leur base
Cérates répartis de chaque côté du corps en 5 à 6 groupes séparés et composés de 2 à 4 cirres chacun
Cutona strie rosse (I)
Cuthona miniostriata (Schmekel, 1968)
Tenellia miniostriata (Schmekel, 1968)
Quelques rares auteurs (Ortea et al. 2001) considèrent, à cause d'une forte analogie dans les morphologies, les colorations et les structures radulaires* respectives, que Trinchesia miniostriata pourrait être un synonyme de Cuthona pallida (Eliot, 1906), récoltée au Cap-Vert et dans l'archipel des Canaries. Mais ça n'est pas pour l'heure un avis partagé par la communauté spécialisée et T. miniostriata a un statut d'espèce valide à part entière.
Méditerranée occidentale
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Décrite initialement dans le golfe de Naples, puis à Banyuls, l'espèce a ensuite été observée sur les côtes méditerranéennes d'Espagne et plus récemment, en 2020, sur la Côte d'Azur (cap d'Antibes -06).
Il est vraisemblable que cette espèce, de par sa petite taille, soit difficile à observer et que sa distribution réelle soit sous-évaluée.
On trouve généralement cette espèce à faible profondeur sur des algues porteuses d'hydrozoaires dont elle se nourrit. Mais la rareté des observations fait que son écologie reste largement méconnue.
C'est un éolidien* de petite taille, atteignant au maximum 5 mm de longueur.
De couleur blanchâtre, son critère d'identification caractéristique est la présence de 2 lignes rouge orangé à brunes qui courent sur la face postérieure des rhinophores* et des tentacules* buccaux, en formant un large anneau rougeâtre à mi-hauteur environ des rhinophores*. Ces lignes peuvent se prolonger vers l'arrière, depuis la base des rhinophores jusqu'aux premiers cérates*.
Les pointes des rhinophores et des tentacules buccaux sont blanches et semi-transparentes. Les taches oculaires sont nettement visibles derrière les rhinophores, sous forme d'un point noir.
Les cérates sont courts et globuleux, de couleur blanche, mais la glande digestive brune ou rougeâtre transparaît parfois à leur base, montrant alors une zone colorée. Ils forment 5 à 6 groupes bien séparés de chaque côté du corps, chacun des groupes ne comportant que 2 à 4 cérates.
Le pied est étroit et semi-transparent, un peu élargi dans sa partie antérieure sans former toutefois de palpes propodiaux*.
Dans la zone de distribution méditerranéenne, cette espèce peut éventuellement être confondue avec
Schmekel et Portmann (1982) rapportent que cette espèce se nourrit d'hydrozoaires du genre Bougainvillia.
Les nudibranches sont des animaux hermaphrodites* synchrones. Les deux orifices de l'appareil génital s'ouvrent à droite sur le pied, sous la première rangée de cérates. Il est donc nécessaire, aux fins de reproduction, que deux individus s'apparient tête-bêche de façon à ce que les organes copulatoires s'interconnectent. Les partenaires vont ainsi échanger leurs gamètes* mâles.
Chacun pourra ensuite féconder ses propres œufs et aller pondre de son côté.
Schmekel et Portmann (1982) décrivent une ponte ellipsoïdale ou réniforme, contenant des œufs blancs à rosés de 80 microns de diamètre.
Pour se nourrir, les nudibranches possèdent en général une radula*, sorte de langue râpeuse constituée de denticules* agencés selon une formule propre à l'espèce, et située dans la cavité buccale.
Selon la description initiale de 1968, la formule radulaire* de Trinchesia miniostriata est 36 x (0-1-0) (soit 36 rangées de dents, avec 1 médiane et pas de dents costales). Les dents médianes sont partiellement proéminentes et partiellement en retrait, avec 3 à 5 petites pointes latérales de longueur irrégulièrement décroissante de chaque côté de la dent.
L'anus est dorsal, localisé derrière la deuxième rangée de cérates, à droite.
D'un point de vue taxonomique*, la position de cette espèce et des familles qui sont concernées par sa classification est encore assez trouble et fait depuis 2016 l'objet de dissensions parmi les chercheurs.
DORIS s'aligne sur la position de son site de référence taxonomique, WoRMS.
Eolidien antirouille : met en avant la couleur minium des 2 raies colorées, couleur de la peinture antirouille utilisée sur le fer. On retrouve cette couleur sur les rhinophores de cet éolidien comme dans son nom scientifique (proposition de l'équipe DORIS).
Trinchesia : genre dédié à Salvatore Trinchese (1836-1897), zoologiste italien qui étudia les mollusques gastéropodes.
Le genre a été décrit par Hermann von Ihering en 1879.
miniostriata : du latin [minium], poussière rouge entrant dans la composition, entre autres, du minium, peinture antirouille de couleur orange utilisée pour les pièces métalliques ; et [striata], rayée, striée. Donc, avec des stries de couleur minium, rouge-orange.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Cladobranchia | Cladobranches | |
Famille | Trinchesiidae | Trinchésiidés | |
Genre | Trinchesia | ||
Espèce | miniostriata |
Signes distinctifs
L'espèce a un corps généralement entièrement blanc opaque même si la glande digestive peut parfois être visible, rougeâtre, au travers de certains cérates, formant une zone colorée et diffuse à la base de ceux-ci.
Mais le signe distinctif de cette espèce est la ligne rouge orangé (comme la couleur du minium) courant sur la face postérieure des rhinophores. Elle peut se poursuivre un peu en arrière encore, sans atteindre les premiers cérates.
Notons également sur le dos l'espacement des groupes composés de 2 à 4 cérates.
Cap d'Antibes (06), 8 m
18/06/2020
Tête
Les lignes distinctives rouge orangé qui courent sur les tentacules labiaux et sur les rhinophores forment sur ces organes un anneau plus ou moins large qui débute à mi-hauteur environ.
Le point noir sous le rhinophore droit est la tache oculaire droite de l'animal, sorte d’œil lui apportant des informations simples sur la luminosité proche.
Et pour témoigner de la petite taille de Trinchesia miniostriata, le copépode posé sur son rhinophore gauche nous paraît bien gros !
Cap d'Antibes (06), 8 m
25/06/2020
Echelle
Encore un témoignage sur la petite taille (max. 5mm) de notre espèce : la voici en compagnie d'une thuridille de Hope (Thuridilla hopei). Même si cette dernière peut atteindre 25 mm, la confrontation est étonnante et le rapport de taille très parlant !
Cap d'Antibes (06), 8 m
25/06/2020
Sur la Côte d'Azur
La distribution de cette espèce semble assez restreinte : la partie nord-occidentale de la Méditerranée. Elle a été rencontrée dans le golfe de Naples (Italie), à Banyuls (Pyrénées-Orientales) puis sur les côtes levantines et catalanes ibériques... La rencontre française du cap d'Antibes (Alpes-Maritimes) est l'une des dernières en date. Mais on peut sans doute imaginer que la petite taille de l'animal (< 5 mm) rend son observation difficile et que conséquemment, sa distribution soit sous-estimée.
Cap d'Antibes (06), 8 m
25/06/2020
Rédacteur principal : Zeineb ALHAIDARI
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Korshunova T., Martynov A., Bakken T., Evertsen J., Fletcher K., Mudianta I.W., Saito H., Lundin K., Schrödl M., Picton B., 2017, Polyphyly of the traditional family Flabellinidae affects a major group of Nudibranchia: aeolidacean taxonomic reassessment with descriptions of several new families, genera, and species (Mollusca, Gastropoda), ZooKeys, 717, 1-139.
Ortea J., Moro J., Caballer M., 2001, Redescripción de Cuthona pallida (Eliot, 1906) (Mollusca: Nudibranchia)
un pequeño Aeolidáceo de las islas de Cabo Verde y Canarias, Rev. Acad. Canar. Cienc., XIII(4), 123-132.
Schmekel L., 1968, Vier neue Cuthonidae aus dem Mittelmeer (Gastr. Nudibr.): Trinchesia albopunctata n. sp., Trinchesia miniostriata n. sp., Trinchesia ilonae n. sp. und Catriona maua Marcus & Marcus, 1960. Pubblicazioni della Stazione Zoologica di Napoli, 36, 437-457.
Ballesteros M., Madrenas E., Pontes M., 2012-2020, "Trinchesia miniostriata" in OPK- Opistobranquis. Published: 11/09/2014. Accessed: 18/09/2020 : OPK- Opistobranquis.