Corps fuselé et cylindrique pouvant atteindre 6 mètres pour les mâles
Ensemble du corps noir, tache grise sur la face ventrale
Mâchoire supérieure dépassant la mâchoire inférieure
Absence de bec sur la mâchoire supérieure
Nageoires pectorales en S en avant du corps
Fausse orque, faux orque, faux épaulard
False killer whale, thick-toothed grampus (GB), Falsa orca (I), Orca falsa (E), Falsher Killerwal, Kleiner Schwertwal, Falscher Schwertwal, Unechter Schwertwal, Schwartzer Schwertwal, Kleiner Mörder (D), Valse orka (NL)
Phocaena crassidens Owen, 1846
Orca crassidens Gray, 1846
Orca meridionalis Flower, 1865
Orca destructor Cope, 1866
Pseudorca meridionalis Gray, 1866
Pseudorca grayi Burmeister, 1872
Pseudorca mediterranea Giglioli, 1882
Pseudorca crassidens meridionalis Deraniyagala, 1945
Cosmopolite
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ● Caraïbes, ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]La pseudorque est commune dans les eaux tropicales et tempérées chaudes de tous les océans, dans une zone comprise entre 30° Nord et 30° Sud.
En Atlantique, on la trouve à l’ouest depuis l'État du Maryland aux Etats-Unis jusqu’au sud de l’Argentine. A l’est, du sud de la Norvège jusqu’à l’Afrique du Sud. Elle semble plus rare sur la façade atlantique des côtes européennes.
Dans l’océan Pacifique, elle est présente à l’est de l’Alaska jusqu’au cap Horn. Et à l’ouest du nord, du japon jusqu'à la Tasmanie.
On peut également la rencontrer dans tout l’océan Indien.
Cette espèce océanique peut pénétrer occasionnellement en Méditerranée occidentale. Des échouages ont été recensés en Espagne, en France et en Italie.
On trouve principalement cette espèce pélagique* en haute mer dans des eaux profondes (200 à 2 000 mètres), mais il peut arriver de la rencontrer, plus rarement, dans des eaux côtières moins profondes.
La pseudorque a un corps allongé, fuselé, élancé et cylindrique à l’image d’une torpille. La taille des mâles peut atteindre 6 mètres pour un poids de 2 200 kg environ alors que les femelles, plus petites, mesurent entre 4,6 m et 5,40 m pour un poids légèrement supérieur à 1 100 kg.
L’ensemble de son corps est noir à l’exception, chez certains individus, de la face ventrale. En effet une tache grise, de forme variable, se trouve parfois entre les nageoires pectorales.
La tête est dépourvue de bec et on observe une asymétrie de la mâchoire ; l’inférieure est légèrement en retrait par rapport à la supérieure (rétrognathie mandibulaire). Le museau est arrondi et étroit, le melon* est bien développé, l’ensemble donnant un profil convexe très allongé. Un pli borde la partie inférieure de l’œil. L’évent*, simple, se situe dans une légère dépression en arrière du melon.
Les nageoires pectorales sont situées très en avant. Elles sont courtes et l’on note la présence d’une bosse sur la marge antérieure du bord d’attaque, ce qui leur confère une forme de S caractéristique. Leur extrémité est pointue. L’aileron dorsal se trouve légèrement en arrière de la moitié du corps de l’animal. Il est falciforme* (en forme de croissant) et arrondi à son extrémité. La nageoire caudale est large, en forme de V avec une encoche médiane distincte. Elle possède deux lobes falciformes, pointus à leur extrémité. Son envergure représente environ ⅕ de la longueur de l’animal.
Comme tous les cétacés odontocètes, la pseudorque possède une mâchoire munie de dents. Chaque mâchoire est munie de 7 à 11 dents. Ces dernières, de forme conique, mesurent en moyenne 8 cm de haut et 1,5 à 2,5 cm de diamètre.
La pseudorque peut être confondue avec d’autres delphinidés :
Globicephala melas : le globicéphale noir a une tête plus globuleuse. Il diffère également par son aileron dorsal plus antérieur, large, arrondi et moins long.
Peponocephala electra : le péponocéphale ou dauphin d’Électre est inférieur en taille à la pseudorque puisqu’il ne dépasse pas 3 m de longueur. Sa tête est plus ronde et il présente des lèvres blanches caractéristiques. De plus, son aileron dorsal est plus grand et ses nageoires pectorales ne présentent pas la courbure caractéristique de la pseudorque.
Feresa attenuata : l’orque pygmée est nettement moins long (environ 2 fois moins). Sa tête est plus arrondie et ses lèvres sont blanches. Son souffle est également nettement plus court.
Grampus griseus : le dauphin de Risso possède un aileron dorsal nettement plus haut. Sa tête est plus carrée.
Orcinus orca : seules les femelles immatures peuvent être confondues avec la pseudorque quand la tache blanche ventrale de cette dernière n’est pas visible. Leur couleur est également moins sombre.
Le régime alimentaire carnivore de Pseudorca crassidens varie au gré des saisons. Essentiellement teuthophage*, elle s’attaque à plusieurs espèces de céphalopodes dont notamment des calmars. Elle consomme également des poissons de moyenne voire grande taille, tels des coryphénidés, des scombridés, des salmonidés ou des gadidés. Ses proies sont situées dans les 100 premiers mètres de la colonne d’eau. Il arrive aussi de la voir s’attaquer à d’autres espèces de cétacés, notamment à des juvéniles.
Bien que bonne nageuse, la fausse orque ne semble pas migrer en dehors de ses déplacements quand elle suit la migration de ses proies.
La pseudorque ne possède pas de prédateurs connus, se trouvant au sommet de la chaîne alimentaire de son milieu.
Les pseudorques sont des animaux sociaux formant des groupes familiaux. Le cycle de reproduction est encore mal connu mais cette espèce semble se reproduire toute l’année. L’âge de la majorité sexuelle est estimé entre 10 et 18 ans dès que les mâles atteignent 4 à 4,5 m de longueur et les femelles 3,6 à 4,3 m.
La gestation dure de 14 à 16 mois. Après la naissance, l’unique petit qui mesure entre 1,6 et 2,1 mètres et pèse 80 kg environ, est pris en charge par sa mère et par le groupe durant 2 ans. La croissance du juvénile demande un investissement important à la mère. La période inter-gestation est potentiellement longue, elle serait de 3 ans, mais cela reste à vérifier.
Même après avoir cessé de se reproduire, les femelles continuent à participer à la vie sociale du groupe notamment en s’occupant des jeunes.
Bien que la pseudorque soit située en haut de la chaîne alimentaire, il a été observé des attaques d'orques en Nouvelle-Zélande. De plus, des traces de morsures de requins ont été retrouvées sur des individus à Hawaï. Ce qui suggère que des grands requins les prennent occasionnellement pour cible.
La pseudorque se déplace en groupes de quelques dizaines d’individus, parfois quelques centaines. Elle est souvent associée avec d’autres cétacés, notamment le grand dauphin (Tursiops truncatus).
De rares cas d’hybridation ont été observés en captivité. Le « whalphin » est le petit issu de ce croisement entre un mâle fausse orque et une femelle grand dauphin (Tursiops truncatus). Il en existe actuellement un spécimen en vie, né en captivité, au Sea Life Park de Hawaï. Celui-ci est capable de produire une descendance en s’accouplant avec un grand dauphin. Cette descendance sera cependant stérile.
La vie en société de Pseudorca crassidens est fortement hiérarchisée en fonction de l’âge, du sexe ou de la taille des individus. Les mâles les plus grands et les plus âgés semblent dominer la plupart des interactions sociales et coordonner la chasse en groupe.
Ses mœurs grégaires et sa forte cohésion sociale font que l’on assiste parfois à des échouages massifs. Cette espèce détient le record de l'échouage massif ayant entraîné la mort du plus grand nombre d'individus. Ce record a été enregistré en 1946 en Argentine, où 835 pseudorques ont été retrouvées près de Mar del Plata.
Les adultes respirent en moyenne toutes les 12 à 20 secondes, les jeunes toutes les 8 secondes. Leur souffle, en forme de buisson, est facilement observable.
Les sons qu’elle émet sont très diversifiés (cohésion sociale, écholocation*…).
L’âge maximum des mâles est estimé à 57 ans, celui des femelles à 62 ans.
La pseudorque est la 3e plus grande espèce de la famille des delphinidés.
Elle possède une nage rapide et saute parfois hors de l’eau. De nature curieuse et peu timide, elle joue volontiers dans l’étrave des navires. Sa vitesse de croisière est estimée entre 2 et 3 nœuds (3,7 à 5,5 km/h) avec des vitesses de pointe avoisinant les 15 nœuds (27,8 km/h).
La pseudorque ne s’attaque pas à l’homme et montre généralement un comportement plutôt calme.
Elle est souvent considérée comme une espèce nuisible par les pêcheurs, se coinçant dans les filets ou leur faisant concurrence par sa consommation de poissons. Des "chasses" sont organisées pour la tuer, en Asie notamment, afin de réduire son impact sur la pêche.
L’espèce, qui jusque vers le milieu du 19e siècle était considérée comme éteinte, a été identifiée à partir d’un squelette subfossile découvert dans le comté du Lincolnshire sur la côte est de l’Angleterre. Vers 1860, un groupe de cétacés s’échoue sur la côte nord de l’Allemagne et c’est le zoologiste danois, Johannes Reinhardt, qui fait la relation avec le squelette décrit par Richard Owen en 1846. C’est à la suite de cette étude que le nom de genre initial Phocaena changea pour Pseudorca.
L'espèce n’est pas considérée comme mise en péril à cause de sa répartition en haute mer qui rend son étude difficile, mais l'appauvrissement des stocks des poissons dont elle se nourrit pourrait grandement menacer sa survie à l’avenir. Elle est cependant proche du seuil des espèces menacées ou qui pourraient être menacées si des mesures de conservation spécifiques n'étaient pas prises.
Elle figure dans la catégorie NT de la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN*).
Dans la Caraïbe, elle est inscrite à l’annexe 2, article 11 de SPAW (Specially Protected Areas and Wildlife) depuis 1991. C’est un des trois protocoles de la Convention de Carthagène relatif aux aires spécialement protégées et à la faune et la flore.
Au niveau international, l’espèce est inscrite en annexe 2 de la convention de Washington.
Sa capture intentionnelle est interdite sur l’ensemble du territoire français par arrêté ministériel du 27/07/1995.
Cependant, elle est toujours capturée au Japon soit pour sa viande, soit pour subvenir aux besoins des marinariums ou des delphinariums car elle s’acclimate assez bien à la captivité.
Des prises occasionnelles ont été relevées dans le Pacifique Central (Japon, Philippines, Hawaï) et aux Caraïbes (île Saint-Vincent) pour sa concurrence avec les pêcheurs car la pseudorque mange volontiers les thons directement sur leurs palangres.
Pseudorque est l’adaptation du nom de genre Pseudorca en français.
Pseudorca : du grec ancien |pseudês] = faux, et du latin [orca] = mammifère marin.
crassidens : du latin [crassus] = dense ou épais, et [dens] = dent.
On l’a nommée ainsi à cause de la ressemblance de son crâne avec celui de l’orque Orcinus orca et de ses dents de grande taille.
Numéro d'entrée WoRMS : 137104
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Mammalia | Mammifères | Vertébrés possédant des poils et des glandes mammaires produisant du lait. |
Sous-classe | Theria | Thériens | La paroi latérale du crâne est constituée de deux os particuliers: l'alisphénoïde et le squamosal. |
Super ordre | Eutheria | Euthériens | Présence d'une dentition lactéale et d’un développement embryonnaire effectué entièrement dans l'utérus (mammifères placentaires). |
Ordre | Cetacea | Cétacés | Mammifères aquatiques possédant des nageoires à la place des pattes. Narines situées au sommet du crâne. |
Sous-ordre | Odontoceti | Odontocètes | Cétacés munis de dents fixées au rostre et à la mandibule, et d’un melon prononcé en avant du crâne. Un orifice unique, l’évent, au sommet du crâne. |
Famille | Delphinidae | Delphinidés | Deux premières vertèbres cervicales soudées. |
Genre | Pseudorca | ||
Espèce | crassidens |
Vue latérale
On remarque son corps cylindrique, fuselé et de couleur noire.
Ile de Faial, archipel des Açores, archipels de Macaronésie, Atlantique Est tropical, en surface.
Vers 2010
Tête
Le museau est arrondi et étroit et le melon bien développé, l’ensemble donnant un profil convexe très allongé.
Passe de Tiputa, Rangiroa, archipel des Tuamotu, Polynésie française.
02/11/2016
Nageoire dorsale
L’aileron dorsal, falciforme, se trouve légèrement en arrière de la moitié du corps de l’animal.
Ile de Faial, archipel des Açores, archipels de Macaronésie, Atlantique Est tropical, en surface
Vers 2010
En groupe
La pseudorque se déplace en groupes de quelques dizaines d’individus, parfois quelques centaines.
Ile de Faial, archipel des Açores, archipels de Macaronésie, Atlantique Est tropical, en surface.
Vers 2010
Un thon jaune comme repas !
Cette photo exceptionnelle montre une pseudorque en surface avec, en travers de la gueule, un beau thon albacore (Thunnus albacares).
Ile de Faial, archipel des Açores, archipels de Macaronésie, Atlantique Est tropical, en surface.
Vers 2010
Rencontre fortuite
Une rencontre magique à quelques mètres de profondeur. Il montre généralement un comportement plutôt calme.
Passe de Tiputa, Rangiroa, archipel des Tuamotu, Polynésie française.
02/11/2016
Crâne et vertèbres
Ce dessin montre la forme du crâne et des vertèbres de ce cétacé.
Fig. 1 & 2 de la planche L de l'ouvrage de P.-J. Van Beneden et P. Gervais "Ostéographie des cétacés vivants et fossiles, comprenant la description et l'iconographie du squelette et du système dentaire de ces animaux ainsi que des documents relatifs à leur histoire naturelle".
Reproduction de documents anciens
1880
Nageoire pectorale
Dessin mettant en évidence la morphologie du membre thoracique droit de la pseudorque.
Fig. 6 de la planche L de l'ouvrage de P.-J. Van Beneden et P. Gervais P. "Ostéographie des cétacés vivants et fossiles, comprenant la description et l'iconographie du squelette et du système dentaire de ces animaux ainsi que des documents relatifs à leur histoire naturelle".
Reproduction de documents anciens
1880
Dessin ancien du crâne
Dessin du crâne de la fausse orque, vu de profil, d’après le squelette subfossile découvert vers le milieu du 19è siècle en Angleterre.
A history of British fossil mammals and birds de R. Owen
Reproduction de documents anciens
1846
Rédacteur principal : Gustave JOUIS
Rédacteur : Philippe LE GRANCHÉ
Vérificateur : Philippe LE GRANCHÉ
Responsable régional : Philippe LE GRANCHÉ
Dougles A.B., Alpizar F.G., Acevedo-Gutierrez A., Mahaffy S., 2023, False killer whales (Pseudorca crassidens Cetacea: Delphinidae) along the Pacific coast of Central America and Mexico: Long-term movements, association patterns and assessment of fishery interactions, Revista de Biologia Tropical, 71, S4, 1-20.
Owen R., 1846, A history of British fossil mammals and birds, John van Voorst, Paternoster Row, London, 560p.
Stacey P.J., Leatherwood S., Baird R.W., 1994, Pseudorca crassidens, Mammalian Species, The American Society of Mammologists, 456, 1-6.
Van Beneden P.J., 1889, Histoire naturelle des Delphinides des mers d’Europe, Mémoires de l'Académie royale de Belgique, 43, 1-253.
Van Beneden P.J., Gervais P., 1880, Ostéographie des cétacés vivants et fossiles, comprenant la description et l'iconographie du squelette et du système dentaire de ces animaux ainsi que des documents relatifs à leur histoire naturelle, Arthus Bertrand, Paris, 634p.
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La page de Pseudorca crassidens dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
La page de Pseudorca crassidens sur le site de référence taxonomique de DORIS : WoRMS