Gnathie-fourmi

Paragnathia formica | (Hesse, 1864)

N° 4452

Atlantique européen et Méditerranée

Clé d'identification

Isopode minuscule incolore, adulte d'environ 4 mm
Adultes avec 5 paires de pattes, un gros corps et un abdomen court et étroit
Mâles avec une gosse tête carrée, femelles plus rondes et plus volumineuses
Larves parasites sur des poissons, en forme de tonnelet quand elles sont repues
Adultes dans des terriers creusés dans la vase à la limite des hautes mers

Noms

Autres noms communs français

L'ancée-fourmi

Noms communs internationaux

Zeebrems (NL)

Synonymes du nom scientifique actuel

Anceus formica Hesse, 1864
Gnathia formica
Hesse
Anceus halidaii Bate & Westwood, 1866
Paragnathia halidaii
(Bate & Westwood, 1866)


Distribution géographique

Atlantique européen et Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]

Ce petit Isopode se rencontre en Atlantique Nord-Est et en Méditerranée.

Biotope

Les larves* peuvent se rencontrer en pleine eau mais elles nagent le plus souvent près du fond à la recherche de poissons benthiques* dont elles sucent le sang. La gnathie-fourmi adulte vit dans des petits terriers de 2 à 3 cm de longueur et de 2 à 5 mm de diamètre, creusés à l’accore* des prés-salés dans la vase compacte du haut d'estran des estuaires et lagunes, entre schorre* et slikke* à la limite des hautes mers au niveau des obiones (Halimione portulacoides).

Description

La première larve* de ces petits crustacés est normalement segmentée et ressemble à un Isopode classique (corps avec segmentation régulière bien visible et aplatissement dorso-ventral ; yeux relativement grands). Dès son éclosion, elle nage à la recherche d'un poisson à parasiter. Elle prend un repas sanguin pantagruélique qui distend sa région thoracique postérieure. Cette larve a la forme d'un tonnelet. Après la digestion, elle redevient plus svelte. Sa croissance qui se réalise sans réelle mue se poursuit et après un 2e puis un 3e repas sanguin, elle devient alors adulte, avec 5 paires de pattes ambulatoires*, un gros corps incolore et un abdomen court et étroit. La femelle est gironde, ses formes sont assez rondes, et peu différente morphologiquement des larves gavées ; le mâle possède une grosse tête carrée et de très fortes mandibules* faisant ressembler l'animal à un soldat-termite. Les pièces buccales des larves sont transformées en stylet piqueur et suceur. Les femelles ont de petits yeux et un fouet antennaire à 8 articles ; la tête du mâle est plus large que longue. Les pièces buccales des femelles sont atrophiées ; les mandibules du mâle sont fortement proéminentes et lui servent à creuser les galeries dans la vase. Le dimorphisme* sexuel est très accentué mais la taille est minuscule, environ 4 mm.

Espèces ressemblantes

Quelques éléments de vocabulaire... Dans les travaux anciens, différentes espèces ou genres ont été décrits avant que l'on sache qu'il s'agissait de différents stades de développement ou de réplétion des crustacés de la famille des Gnathidés. Ainsi, le stade Pullus correspond à la première larve nageuse à l'éclosion ; Anceus désigne les mâles avec de grosses mandibules en avant d'une grosse tête ; Praniza désigne les larves ou les femelles avec un corps gonflé ; Zuphaea désigne les larves ou des jeunes avec un corps mince.

Une quinzaine d'espèces de Gnathidés se rencontrent en Europe. Certaines comme la gnathie de Monod (Bathygnathia monodi), la gnathie blanchissante (Gnathia albescens), la gnathie feinte (G. fallax), la gnathie rustre (G. illepidus), la gnathie inopinée (G. inopinata), la gnathie phallonajopsis (G. phallonajopsis), la gnathie à front denté (G. serrulatifrons), la gnathie de Teissier (G. teissieri) et la gnathie élégante (G. venusta) vivent en profondeur ou sont très rares et ne sont en principe pas visibles par les plongeurs.

Les espèces côtières suivantes peuvent être vues en plongée en France métropolitaine mais sont délicates à identifier in situ ou sur photo ... et même au laboratoire !

Une fiche DORIS a été consacrée aux Gnathidés avec un certain nombre de photos prises en plongée : Gnathia spp.

L'ancée maxillaire (Gnathia maxillaris) est sans doute l'espèce la plus commune. Le mâle a une "tête" plus large que longue et le front présente un léger arrondi médian. Elle se rencontre en bas d'estran sur les côtes de l'Atlantique de l'Islande au Maroc ; elle serait très rare en Méditerranée. Des larves ont été vues à faible profondeur sur des poissons comme le mordocet (Lipophrys pholis), la motelle à 5 barbillons (Ciliata mustela), le chabot-buffle (Taurulus bubalis) ou le crénilabre commun (Symphodus melops). Des adultes ont été trouvés dans des éponges, des balanes vides, des anfractuosités, des crampons de laminaires, sur des bois immergés et un peu plus profondément sur le maërl, sur des sédiments grossiers à amphioxus (Branchiostoma lanceolatum) et sur des fonds à crépidules (Crepidula fornicata).

Chez la gnathie vorace (Gnathia vorax) le mâle a le front avec une nette concavité médiane et avec une toute petite pointe centrale. L'adulte est relativement grand : il mesure 5 à 7 mm de long. L'espèce a été observée sur toutes les côtes européennes et dans toute la Méditerranée. Des spécimens de cette espèce ont été observés dans des trous du bois flotté ou coulé, près des côtes ou un peu plus au large.

Chez le mâle de la gnathie à queue pointue (G. oxyuraea), la "tête" est plus large que longue et une crête est présente au-dessus de chaque œil. L'espèce vit un tout petit peu plus profond que les espèces précédentes (on ne la trouve pas en bas d'estran). Elle a été signalée en mer près de l'estuaire de la Rance sur divers types de sédiment. Elle se rencontre dans toute l'Europe, Méditerranée comprise.

Le mâle de la gnathie dentée (G. dentata) possède une dent latérale sur chaque mandibule. C'est une espèce européenne plutôt d'eaux froides qui a été signalée du cercle polaire à la Manche (et plus rarement en Espagne) ; sa présence en Méditerranée est douteuse.

D'autres espèces sont présentes en outre-mer mais sont très mal connues.

Alimentation

Les espèces de la famille des Gnathidés présentent un parasitisme protélien*, c'est-à-dire que seuls les stades larvaires sont parasites. Ces larves se nourrissent de façon intermittente du sang de poissons côtiers benthiques* comme la plie (Pleuronectes platessa), les mulets (Mugil spp.), le flet (Platichthys flesus), divers gobies, l’anguille (Anguilla anguilla), le dragonnet (Callionymus lyra) etc. Si elles sont en grand nombre, les larves provoquent chez les poissons infectés une réaction inflammatoire sur le site d’implantation des pièces buccales ; il s’ensuit une anémie, un amaigrissement et une diminution du taux de croissance du poisson hôte.

Reproduction - Multiplication

Les femelles vivent en groupe et forment de véritables harems ; elles sont cachées dans des élargissements de galeries ou dans des interstices à proximité d'un mâle. Peu à peu pendant la saison de reproduction en été, le thorax de la femelle se déforme en tonneau. C'est dans les ovaires fonctionnant en poches utérines qu'incubent de nombreux embryons jusqu'à l'éclosion des larves. L'éclosion a lieu de juin à septembre. Les larves peuvent se fixer sur divers poissons côtiers. La fin de vie des femelles est en octobre. La longévité n'est pas connue avec précision mais pourrait être d'environ 1 an.

Vie associée

Il n'y a pas de spécificité parasitaire chez les Gnathidés. Les larves se fixent généralement sur le premier poisson de passage.

Divers biologie

En principe, il n’y a qu'un mâle près de l’entrée du terrier et une vingtaine de femelles qui vivent plus profondément ; ainsi le mâle est une sorte de ‘’pacha’’ accompagné de son harem !

Informations complémentaires

De nombreux poissons sont connus comme prédateurs de la gnathie-fourmi. Citons en particulier la plie (Pleuronectes platessa), le bar (Dicentrarchus labrax), le gobie tacheté ( Pomatoschistus microps), le gobie de sable (Potamoschistus minutus), le merlan (Merlangius merlangus), les sars (Diplodus spp.) etc.

Origine des noms

Origine du nom français

Francisation du nom latin.

Origine du nom scientifique

Paragnathia du grec [para-] = à côté de, car espèce proche du genre Gnathia ; et gnathos qui signifie mâchoire, probablement en rapport avec l'importance de la mâchoire du mâle.

formica du latin fourmi, en raison de la ressemblance de l'adulte avec l'insecte du même nom.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Arthropoda Arthropodes Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette.
Sous-embranchement Crustacea Crustacés Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes.
Classe Malacostraca Malacostracés 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen.
Sous-classe Eumalacostraca Eumalacostracés Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax.
Super ordre Peracarida Péracarides Les femelles sont dotées d'une cavité d'incubation formée par des expansions lamelleuses des péréiopodes.
Ordre Isopoda Isopodes Corps comprimé dorso-ventralement, première paire d’antennes beaucoup plus petite que la seconde, yeux non pédonculés. 7 paires de pattes de même apparence.
Sous-ordre Cymothoida Cymothoides

ils portent des appendices buccaux comprenant une mandibule et un processus permettant de couper.

Famille Gnathiidae Gnathiidés

5 paires de pattes visibles de dos ; abdomen minuscule ; mâle à grosse tête et à mandibules énormes, femelle à petite tête et mandibules peu visibles ; les larves sucent le sang des poissons.

Genre Paragnathia
Espèce formica

Nos partenaires