Masse aplatie recouvrant le substrat ou forme ramifiée
Couleur va du blanc cassé au rouge-brun
L'hiver sous forme de gemmules
Toujours en eau
Eponge lacustre
Freshwater sponge (GB), Süßwasserschwamm (D), Zoetwaterspons (NL)
Presque cosmopolite
Zones DORIS : ● Eau douce d'Europe, ● Atlantique Nord-OuestEurope, Asie, Amérique du Nord, Afrique
C'est une espèce eurybionte c'est-à-dire qu'on la rencontre dans presque tous les types d'eau douce. Elle est indépendante du courant et de la température. Il suffit que l'eau contienne suffisamment de particules nutritives. On la retrouve plus fréquemment dans les eaux profondes car elle ne supporte pas la dessiccation.
C'est la plus fréquente des éponges d'eau douce de nos régions. Elle se présente sous une forme encroûtante irrégulière, et présente rarement des formes arborescentes de croissance. Au microscope, le squelette est composé de 3 à 5 sclères parallèles. Avant l'hiver, elle produit des gemmules qui sont globulaires, parfaitement rondes, habituellement orangées et entourées de spicules (diamètre d'environ 500-700 µm). Durant la période hivernale l'éponge dégénère.
Ephydatia fluvialis : elle est moins fréquente que Spongilla. Contrairement à S. lacustris, elle préfère les eaux eutrophes* ayant un taux de calcium élevé. On trouve rarement les deux espèces dans le même plan d'eau. La distinction ne peut se faire que par l'observation au microscope des gemmules et des spicules : les gemmules de E. fluviatilis sont entourées d'une gaine de sclérites spéciaux constitués de deux disques réunis par une tige courte et épaisse. Elle est capable de se déplacer (jusqu'à 4 mm par jour).
Merci à Serge DUMONT pour ces précisions sur les espèces d'éponges rencontrées en eaux douces :
On ne peut pas identifier les espèces d'éponge à l'aide de photos, il faut les identifier au microscope grâce à leurs gemmules (formes de résistance).
Particules nutritives en suspension dans l'eau ainsi que des éléments dissous.
Spongilla (comme Ephydatia) est une espèce hermaphrodite. Il y a alternance : une année l'animal est femelle et l'année suivante il est mâle, et ainsi de suite.
Reproduction sexuée
Les spermatozoïdes se forment surtout au début de l'été et sont entraînés par l'eau. Ils parviennent jusqu'aux ovocytes et les œufs fécondés donnent par la suite naissance à des larves rondes et couvertes de cils, qui nagent librement pendant douze heures avant de se fixer. Sensibles à la lumière, elles se dirigent d'abord vers la surface (photophiles*) et ensuite vers l'ombre (photophobes*) pour se fixer. Ce comportement facilite leur dissémination. La croissance dure jusqu'à l'automne où l'éponge atteint une taille de 3 à 20 mm.
Reproduction asexuée
- par fragmentation : une éponge broyée et passée au tamis, est quand même capable de se reconstituer ;
- en automne, elle forme des gemmules (structures sphériques) qui, au printemps suivant, pourront produire une nouvelle éponge, clone de la "mère".
Spongilla (comme Ephydatia) peut contenir des algues unicellulaires (Pleurococcus). Elles lui sont utiles car elles lui fournissent de l'oxygène par photosynthèse.
Les éponges peuvent être transpercées par des larves de phryganes. Mais peu d'espèces sont des parasites obligatoires ou des prédateurs obligatoires des éponges. Sisyra spp. est le parasite (sous forme larvaire) le mieux connu. Mais de manière générale, ces éponges sont peu parasitées.
En Pologne, des associations commensales entre S. lacustris et l'oligochète Stylaria lacustris (Linnaeus, 1767) ont été mentionnées.
Spongilla comme la plupart des éponges d'eau douce possède des compétiteurs spatiaux sessiles (Bryozaire, Hydriozoaire, Kamptozoaire) ou semi sessiles (Insectes ou crustacés filteurs).
Spongilla (comme Ephydatia) a une odeur iodée typique, assez désagréable.
En plongée, évitez de toucher Spongilla lacustris. Cette éponge a la consistance du yaourt et s'effrite au simple contact de vos doigts. Attention également à vos bulles d'air.
lacustris : du latin [lacŭs] = eau dormante, lac, étang.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
Classe | Demospongiae | Démosponges | Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella. |
Ordre | Haplosclerida | Haplosclérides | « Eponges à spicules simples ». Squelette formé de spicules* qui s’arrangent en formant un réseau de mailles polygonales, parfois renforcé par de la spongine. Mégasclères* de type oxes*, parfois des microsclères* (sigmas*, toxes*). |
Sous-ordre | Spongillina | Spongillines | |
Famille | Spongillidae | Spongillidés | |
Genre | Spongilla | ||
Espèce | lacustris |
Identification
Généralement, Spongilla lacustris à l'aspect d'une masse aplatie recouvrant le substrat.
Plobsheim (Alsace), 5 m
11/1996
Forme ramifiée
Elle présente rarement des formes arborescentes de croissance.
Boschmolenplas (Pays-Bas), 8 m
02/07/2014
Gemmules
En période de reproduction (avant l’hiver), elle produit des gemmules qui sont globulaires, parfaitement rondes, habituellement orangées et entourées de spicules (diamètre d’environ 500-700 µm).
La Gombe (Liège – Belgique)
N/A
Substrat
Une colonie de Spongilla peut se fixer sur tout substrat dur.
Roeux (Arras), 6 m
06/1995
Grand recouvrement
Une colonie de Spongilla peut atteindre une taille importante.
La Gombe (Liège – Belgique)
N/A
Prédation
Notez la larve de phrygane en train de transpercer une Spongilla.
Cependant l'éponge a peu de parasites ou de prédateurs.
La Gombe (Liège – Belgique)
N/A
En été
Spongilla lacustris sous l’aspect amas (ici, on dirait une crêpe).
La Gombe (Liège – Belgique)
N/A
En automne
A l’approche de l’hiver, des cellules se regroupent en gemmules tandis que le reste du tissu dégénère.
La Gombe (Liège – Belgique)
N/A
En hiver
Au cœur de l'hiver, il ne reste de l'éponge que sa forme gemmules.
La Gombe (Liège – Belgique), 20 m
04/01/2007
Lumière
Contrairement à ce que pourrait faire croire cette photo, Spongilla lacustris n'a pas besoin de lumière.
Torcy
04/2001
Sur un tronc immergé
Cette éponge étalée sur un tronc immergé se prépare à passer l'hiver, broutée par une aselle.
Plage de Boudry, lac de Neuchâtel (Suisse), 15 m
15/11/2008
Gemmules encore
Les gemmules en formation sont ici bien visibles. En dessous, on remarque les moules zébrées qui partagent le même arbre.
Plage de Boudry, lac de Neuchâtel (Suisse), 15 m
15/11/2008
Les spicules au microscope
Grossissement optique 40*10
Base fédérale la Gravière du Fort
06/10/19
Rédacteur principal : Jean-Pierre COROLLA
Correcteur : Emmanuel PARLIER
Responsable régional : Jean-Pierre COROLLA
Responsable régional : Michel KUPFER
Barbedienne P., Labatut S., D'Hondt J.-L., 2017, Nouvelles récoltes de Spongiaires d’eau douce dans le département de la Gironde, Bull. Soc. Linn., Bordeaux, Tome 152, 45(3), 325-330.
Gugne J., 2001, Life cycles and ecological interactions of freshwater sponges (Porifera, Spongillidae) in the River Rhine in Germany, Limnologica, 31, 185-198.
Weissmair W., 1994, Zur Verbreitung der Schwammfliegen (Neuroptera. Sisyridae) in Österreich, Lauterbornia, 19, 71-77.
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La page sur Spongilla lacustris dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN