Couleur jaune
Colonie rigide, arborescente, pourvue de ramifications orientées selon un seul plan, cylindriques et relativement longues et disposées de toute part sur les rameaux
Squelette axial corné sécrété ou colonisation d’un axe de gorgone morte
Polypes jaunes très protubérants et surmontés d’un disque buccal entouré d'une trentaine de tentacules non pennés et répartis en deux rangées
Faux corail noir, zoanthaire arborescent
Bushy anemone (GB), Anemonia arborescente, falso corallo nero (I), Actinia arbol (E), Strauchanemone (D), Struikanemoon (NL)
Gerardia savaglia (Bertoloni, 1819)
Gerardia savalia (Bertoloni, 1819)
Gorgonia savaglia Bertoloni, 1819
Gerardia lamarcki Lacaze-Duthiers, 1864
Méditerranée, Atlantique Est limitrophe
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Cette espèce est décrite sur tout le bassin méditerranéen occidental (Espagne, France, Italie) du détroit de Gibraltar à la Sardaigne (infos Natura 2000), et sur la côte atlantique.
Sur les côtes nord-africaines de Méditerranée elle a été observée en Tunisie.
Espèce caractéristique de Méditerranée, elle est naturellement rare, sauf dans certaines zones comme le golfe de Corinthe et la mer de Marmara.
On
la rencontre aussi en Atlantique, sur la côte espagnole (Cantabria)
et dans les secteurs isolés des Canaries et de Madère. Sa
localisation la plus septentrionale pour l’Atlantique Nord est
relevée sur la côte basque française, en baie de Biscaye.
Cette espèce, qui est sessile* et benthique*, vit fixée sur des substrats* durs, très souvent sur les mêmes lieux que Paramuricea clavata (gorgone pourpre), à partir de 10 m (à l'ombre) à 35 mètres et probablement au moins jusqu'à 120 m.
Elle a été décrite par Bertholoni (1819) de 30 à 120 m de profondeur aux îles Canaries.
C'est une espèce sciaphile* qui préfère les zones à variabilité hydrodynamique.
Les colonies trouvées à Marseille dans 10 m de profondeur sont issues d'expériences de bouturage par les scientifiques. A l'état naturel on trouve cette espèce plutôt au delà de 30 m (pourquoi ? C'est encore un mystère...).
On rencontre cette espèce d'un beau jaune sous forme de colonie rigide, arborescente parfois en grand éventail, sécrétant elle même son squelette corné (brun ou noirâtre), ou bien recouvrant les axes de gorgones mortes. Le point de départ est encore sujet à discussion : gorgone morte ou sécrétion ?
Les colonies peuvent atteindre 1 m. Les polypes* mesurent jusqu’à 3 cm et sont jaunes.
A la surface du squelette on observe des polypes jaunes très protubérants (30 mm) et surmontés d’un disque buccal entouré d'une trentaine de tentacules* jaunes non pennés.
Comme chez tous les zoanthaires, les tentacules sont répartis en deux rangées distinctes. Le nombre important de tentacules (et le fait qu'ils soient non pennés) permet au plongeur de facilement distinguer un Hexacoralliaire d'un Octocoralliaire et par ailleurs, les deux rangées de tentacules permettent de distinguer le zoanthaire d'un antipathaire, actiniaire ou autre.
Ne pas la confondre avec l'anémone encroûtante jaune Parazoanthus axinellae.
Les polypes des colonies capturent des proies planctoniques* par le biais de leur couronne de tentacules munis de cellules spécialisées : les cnidocytes*. Ils peuvent également se nourrir de substances dissoutes dans l’eau de mer.
La reproduction est à la fois sexuée et asexuée. La croissance est extrêmement rapide (8 cm par an). Des colonies de plus de 1 800 ans auraient été décrites.
Elle recouvre les axes cornés morts des gorgones Paramuricea clavata et finit souvent par tuer celles-ci par étouffement.
Cette espèce peut s’associer avec la crevette Balssia gasti (environ 2 cm) car elle-même souvent rencontrée sur Paramuricea clavata.
Ne supporterait pas des températures supérieures à 22 °C.
Finalement peu de choses connues sur cette espèce qui devient de plus en plus rare.
Elle
fait partie de la liste des espèces protégées en Méditerranée.
Elle fut longtemps remontée accidentellement dans les filets et utilisée à des fins décoratives.
On extrait différents composés intéressant la pharmacie, comme la 20-hydroxyectysone (Ecdysterone), qui jouerait un rôle de défense de leurs prédateurs les crustacés, peut-être comme chez les insectes en induisant leur mue.
Une lectine particulière a aussi été identifiée récemment.
L'espèce est référencée dans l'annexe II du protocole de Barcelone, et dans la convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe (Convention de Berne): Annexe II.
Les buissons qu'elle forme lui ont donné son nom vernaculaire*.
Gerardia a été décrit comme nom de genre par Lacaze-Duthiers en 1864, cependant Nardo en 1844 déjà décrivait ce zoanthaire comme Savalia. Certains auteurs persistent à utiliser Gerardia, cependant en se basant sur les règles de la nomenclature, la priorité va au premier nom : Savalia savaglia. Il est intéressant de noter qu'en 1599 Imperato Ferrante parle de Savaglia pour un organisme méditerranéen qui est très probablement notre zoanthaire. Nardo a repris ce nom, seul un "g" s'est perdu en route. Le nom d'espèce lui ne change pas. Rendons à César ce qui appartient à César (ou plutôt à Nardo)...
Gérard était le nom de la mère de Lacaze-Duthiers, grand zoologiste français du 19ème siècle, spécialisé en biologie marine.
Numéro d'entrée WoRMS : 383014
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Anthozoa | Anthozoaires | Cnidaires exclusivement marins, solitaires ou coloniaux, uniquement sous la forme polype (jamais de phase méduse dans le cycle de vie). |
Sous-classe | Hexacorallia / Zoantharia | Hexacoralliaires / Zoanthaires | Anthozoaires coloniaux ou solitaires, tentacules lisses, polypes à symétrie d’ordre 6. |
Ordre | Zoanthidea | Zoanthides | Hexacoralliaires coloniaux pour la plupart tropicaux. Polypes de 1 mm à 2 cm de diamètre, souvent reliés par des stolons. Ce sont les anémones encroûtantes, qui peuvent coloniser de grandes surfaces. |
Famille | Gerardiidae | Gérardiidés | |
Genre | Savalia | ||
Espèce | savaglia |
Savalia savaglia, une anémone... buissonnante !
Cette espèce d'un beau jaune se présente sous forme de colonie rigide, arborescente parfois en grand éventail. Bien qu'ayant l'aspect d'une gorgone, Savalia savaglia est une anémone encroûtante qui a le plus souvent colonisé l'axe d'une gorgone morte.
Cap Roux, Saint-Raphaël (83), 33 m
09/09/2018
Savalia savaglia vue générale
Arborescence.
Marseille (13), Grand Congloue, 15 m
12/09/2004
Supermacro de polypes
Normalement le nombre de polypes est un multiple de 6 puisqu'il s'agit d'un hexacoralliaire :
vérifiez !!
Marseille (13), L'impérial de terre, 20 m
18/07/2004
Colonisation P. clavata
Colonisation de Paramuricea clavata la gorgone pourpre par Savalia savaglia.
Marseille (13), L'impérial de terre, 20 m
18/07/2005
Colonisation E. singularis
Colonisation de Eunicella singularis par Savalia.
Marseille (13), L'impérial de terre, 20 m
11/08/2004
Biotope
Vue générale d'un biotope à anémones buissonnantes.
Marseille (13), Grand Congloue, 10 m
07/2004
Belle arborescence sur tombant
La gorgone à l'arrière-plan est une Paramuricea clavata parasitée à la base par Savalia.
Il ne reste plus que les polypes supérieurs non recouverts.
Marseille (13), L'impérial de terre
07/2004
Macro
Macro de Savalia savaglia.
Marseille (13), L'impérial de terre, 20 m
07/2004
Colonisation de Eunicella singularis
L'anémone buissonnante a complètement recouvert la gorgone blanche, une autre à côté est encore intacte
Marseille (13), L'impérial de terre, 20 m
07/2004
Arborescence sur P. clavata
Arborescence de Savalia savaglia sur tombant coralligène à Paramuricea clavata.
Seul specimen isolé dans une zone très riche en Paramuricea clavata.
Marseille (13), Impérial de terre, 20 m
2004
Base bien visible.
Sur ce cliché on remarque particulièrement bien la base appliquée contre le rocher de cette colonie.
Sud du golfe d'Ajaccio, Corse à proximité du capo di Muro, 45 m.
31/07/2006
Rédacteur principal : Samuel JEGLOT
Rédacteur : Jacques DUMAS
Rédacteur : Isabelle NEANT
Vérificateur : Philippe PERRIER
Vérificateur : Denis ADER
Correcteur : Frédéric SINNIGER
Responsable historique : Denis ADER
Responsable régional : Sylvie HUET
Hors série SUBAQUA n°1 (2003), A la découverte de la vie Sous-Marine, 144 pages, CNEBS, Edition Arc en Ciel.
Laubier L., Theodor J., 1967, Documents faunistiques écologiques et météorologiques sur la présence de Gerardia savaglia à Banyuls, Vie Milieu, 18(1-7), 223-225.
De
Casamajor MN., Sartoretto S., Altuna A., Gouillieux B., Ravel C.,
Bujan S., Devaux L., 2023, First record
of the zoanthid Savalia savaglia (Bertoloni,
1819) on the Atlantic French coast of the Bay of Biscay (north-east
Atlantic). Cah. Biol. Mar., 64, 343-348.
La page de Savalia savaglia dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN