Ovule de gorgone
Compact et allongé
Une extrémité amincie
"Poignée" arrondie
Manteau rose clair à papilles pourpres
Pirie's egg cowry (GB)
Prosimnia piriei (Petuch, 1973)
Océan Pacifique Ouest, tropical et équatorial
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueL'aire de répartition de Amonovula piriei est réduite aux eaux intertropicales de l'océan Pacifique Ouest, et notamment à celles des îles Salomon, de Papouasie Nouvelle-Guinée, de la Nouvelle-Calédonie, de Malaisie, des Philippines et d'Indonésie.
Cet ovule est inféodé aux gorgones des eaux chaudes appartenant aux genres Euplexaura et Echinogorgia, dont il arbore les mêmes teintes. Il se rencontre dès la zone des 5 m, et ce jusqu'à 50 m de profondeur.
Amonovula piriei est un ovule de gorgone dont la longueur maximale est de 22 mm. C'est un coquillage allongé, cylindrique et compact.
Le manteau* est généralement le premier élément visible de cet animal car il recouvre la coquille. Il se rétracte dans l'animal au niveau d'une longue ouverture sur la face inférieure. Ce manteau est un peu transparent, de couleur rose pâle, ponctué de papilles violet-rouge.
Le reste des chairs de l'ovule est rarement visible, excepté le pied, avec lequel l'animal se déplace en rampant. Il dépasse un peu à l'arrière de la coquille et est uniformément rose pâle. Deux tentacules céphaliques et deux yeux minuscules peuvent être parfois perçus lorsque l'animal est actif.
La coquille est de couleur homogène sur la face dorsale, mais les teintes sont variables d'un individu à l'autre : elles oscillent entre le jaune-beige, le rose et le violet pourpre. La face inférieure est ponctuée de petites et pâles taches marron ou jaunes.
Le dessus de la coquille est irrégulier et marqué de nombreuses fines stries transversales et parallèles. Le dessous de la coquille est également irrégulier : les marges de l'ouverture sont asymétriques et nettement crénelées tout le long de l'ouverture.
A l'extrémité postérieure de l'animal (à l'opposé des tentacules céphaliques et des yeux), la coquille est brutalement et fortement aplatie et amincie, ce qui crée comme une boule de poignée de porte arrondie. La transition entre la zone cylindrique et la zone en boule est marquée par une frange transversale fortement crénelée.
Les espèces les plus ressemblantes à Amonovula piriei sont Prosimnia semperi, P. boshuensis, P. draconis et P. korkosi. Cependant, la coquille de A piriei est celle dont les bords crénelés sont les plus épais.
Amonovula piriei se nourrit du tissu mou de revêtement de sa gorgone hôte : il s'agit donc d'un ectoparasite*. A l'aide de sa radula* finement crénelée, l'ovule râpe la surface sur laquelle il se déplace lentement, ce qui laisse derrière lui une traînée clairsemée sur la gorgone. Il est possible qu'il se nourrisse également des minuscules invertébrés qui se trouveraient malencontreusement sur son passage.
Les sexes sont séparés chez les Ovulidés. La fécondation des ovules de la femelle se fait par accouplement.
La femelle pond un amas d'œufs à même la surface de la gorgone hôte. Un amas contient des douzaines de capsules d'œufs, et dans chacune d'elle se développent des centaines d'embryons. Puis les capsules éclosent et les larves planctoniques* s'en échappent. Chacune d'elles, si elle n'est pas l'objet du repas d'un des très nombreux planctonophages*, doit se fixer, au hasard des courants marins, sur un nouvel hôte pour y finir son développement en juvénile, et commencer alors sa vie d'ectoparasite.
Amonovula piriei vit de manière permanente sur les gorgones des genres Euplexaura et Echinogorgia.
Tout comme la plupart des ovules de gorgones, A. piriei est passé maître dans l'art du camouflage. Les variations importantes de coloris d'un individu à l'autre sont probablement liées à la couleur de l'hôte. En effet, on remarque que la couleur de la coquille est généralement la même que celle du tissu revêtant la gorgone, tandis que celle des papilles de l'ovule est la même que celle des polypes de la gorgone (toujours plus foncés que le tissu). Ainsi la coquille de A piriei est comme un prolongement du squelette de la gorgone et ces papilles sont telles des polypes.
Pour remarquer sa présence, le plongeur doit être capable de distinguer l'irrégularité du relief que crée sa présence sur une branche de gorgone !
Amonovula piriei est un ovule rarement observé en plongée. Cependant, elle est parfois localement commune dans son aire de répartition habituelle, comme c'est le cas sur les récifs de Poindimié en Nouvelle-Calédonie : une douzaine d'individus peuvent habiter la même gorgone.
L'oxygénation de l'animal se fait grâce à un siphon situé en région antérieure qui inhale l'eau de mer (où se trouve le dioxygène) et la dirige vers les branchies situées plus à l'intérieur de la coquille.
Ce nom commun est une proposition de DORIS et est une allusion à la forme d'une des extrémités de la coquille : une poignée de porte en boule.
Amonovula : nom de genre donné par D. Fehse.
Prosimnia : du grec [pro-] = en avant, préalable, et du genre Simnia. Ce qui signifierait " presque simnie ". Simnie est un synonyme d'ovule.
piriei : origine non déterminée ; peut-être d’après le nom du port australien Port Pirie.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
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Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
Ordre | Littorinimorpha | Littorinimorphes | |
Famille | Ovulidae | Ovulidés | Coquille piriforme à fusiforme, étirée aux extrémités, souvent rostrée. Tours recouvrant entièrement la spire. Dents aperturales faibles. Lèvre interne lisse sans dent LDA. |
Sous-famille | Eocypraeinae | Eocypraeinés | |
Genre | Amonovula | ||
Espèce | piriei |
L'ovule poignée de porte
La coquille est de forme caractéristique : un cylindre compact et une extrémité brusquement amincie, en forme de boule de poignée de porte.
Nouvelle-Calédonie, Poindimié, 15 m
14/07/2007
Le pied uniforme
Le manteau de l'animal se prolonge à l'arrière par un pied uniformément rose pâle et transparent.
Nouvelle-Calédonie, Poindimié, 15 m
14/07/2007
Papilles et polypes assortis
Les papilles du manteau sont de même couleur rougeâtre que les polypes de l'hôte, tandis que le manteau est parfaitement confondu avec le tissu revêtant le squelette du cnidaire.
Nouvelle-Calédonie, Poindimié, 15 m
14/07/2007
Camouflage
Difficile de découvrir ce joyau des mers dans un tel environnement !
Nouvelle-Calédonie, Poindimié, 15 m
06/06/2008
Rédacteur principal : Virginie LEON
Vérificateur : Cédric MITEL
Responsable régional : Cédric MITEL
Fehse D., 2005, Contributions to the knowledge of the Ovulidae. XIV. A new species in the genus Prosimnia Schilder, 1925, Spixiana, 28(1), 13-16.