Petit corail solitaire
Fonds sablo-vaseux
Corallite en huit
Orifice sur la face basale
Molaire en huit
Button coral, smooth bum coral, shoe coral (GB)
Indo-Pacifique tropical
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueCette espèce se rencontre dans l'océan Indo-Pacifique tropical, essentiellement dans la zone ouest. Elle est présente en Nouvelle-Calédonie.
Cette espèce colonise les fonds meubles à partir de 1 m de profondeur jusqu'à 40 m, et peut devenir abondante à partir de la zone des 10 m.
Heteropsammia cochleata est classiquement solitaire et libre, qui n'est généralement fait que d'un seul polype. Néanmoins, cette espèce peut présenter plusieurs polypes dans certaines conditions environnementales.
La forme globale est ronde avec un petit diamètre atteignant plus de 2,5 cm.
Vu de dessus, on peut voir un ou deux corallites*, le tout ayant la forme d'un 8.
La face basale est aplatie ou en forme de quille selon la nature du substrat. Elle est percée d'un petit trou, d'où peut émerger un ver commensal.
La couleur globale est pâle, avec des teintes orangées, marronâtres, verdâtres ou bleuâtres.
Les septes* latéraux sont bien développés. La columelle* est profondément ancrée et compacte et les cloisons portent des pores.
Les tentacules sont charnus et relativement bien développés, surtout de nuit.
Ce corail occupe le même milieu qu'un autre corail solitaire : Heterocyathus aequicostatus. Cependant, même s'ils ont sensiblement la même taille, H. aequicostatus est de forme circulaire, tandis que Heteropsammia cochleata a une forme en huit.
Il est aussi confondu avec le Fungiidé Cycloseris cyclolites, qui est également associé à ce milieu sablo-vaseux.
Ce corail se nourrit préférentiellement de nuit à l'aide de ses tentacules équipés de cnidocytes* qui dévaginent leur harpon venimeux lorsque de petites proies passent à proximité.
Le polype peut parfois comporter, dans ses tissus, des petites algues unicellulaires capables de réaliser la photosynthèse*. Dans ce cas, l'alimentation du corail est agrémentée des substances carbonées que produisent ces algues unicellulaires.
Ces dernières sont souvent absentes des individus des zones profondes où le peu de lumière empêche la réalisation de la photosynthèse.
Les sexes sont séparés, mais il n'y a pas de dimorphisme sexuel apparent.
Mâles et femelles émettent leurs gamètes* dans la colonne d'eau, où ils se rencontrent pour former les œufs. Ces derniers se développent en larves planctoniques*.
Cette espèce se reproduit aussi par voie asexuée, ce qui est commun chez les espèces de petits coraux libres. Le squelette subit dans ce cas une fragmentation qui fait émerger un bourgeon. Ce bourgeon se détache naturellement du corail parent et devient un nouvel individu.
La larve d'Heteropsammia se développe sur un support dur, et notamment sur la coquille d’un microgastéropode.
Il existe une relation commensale* avec un siponcle, ou ver tubulaire, de la famille des Sipunculidés (Aspidosiphon jukesi). Ce dernier perfore le squelette sur la face basale et crée un trou par lequel il sort une partie de son corps. Ainsi, le ver permet au corail des déplacements sur les fonds meubles, ce qui leur évite l’envasement. Le déplacement du corail est donc passif.
H. cochleata peut aussi abriter un bivalve parasite, Lithophaga lessepsiana.
Cette espèce est commune et peut former des populations importantes. Certains écologistes parlent même de « fonds à Heteropsammia », tellement la densité de certaines populations peut être importante et sur de grandes surfaces. L'ensemble permet une vision féérique, comme si un grand nombre de pierres précieuses multicolores (roses, bleues, jaunes) avaient été éparpillées sur le sable.
Il est possible de voir ces coraux se déplacer lentement, par à-coups. A ce moment-là, si on retourne le corail très rapidement, le ver commensal apparaît, partiellement sorti de son trou.
Malgré le caractère solitaire de cette espèce, certains corallites peuvent se souder et former ainsi de petites colonies coralliennes.
Il existe deux espèces méditerranéennes de coraux solitaires (Balanophyllia europaea et Balanophyllia regia), également surnommées dents de cochon.
L'espèce est classée CITES par l'UNEP World Conservation Monitoring Centre, appendice international II depuis le 18/01/1990.
Cette espèce est inscrite dans l'annexe II de la convention CITES (appliquée par certains pays). Son commerce est donc soumis à réglementation.
Comme tous les coraux Scléractinaires, cette espèce est soumise à un arrêté préfectoral interdisant sa récolte à Mayotte.
Comme tous les autres scléractiniaires, elle est aussi soumise à réglementation par son inscription à l'Annexe 3 du Protocole relatif aux zones et à la vie sauvage spécialement protégées à la Convention pour la protection et la mise en valeur du milieu marin de la région des Caraïbes (dit Protocole SPAW ou de Kingston).
L'espèce est inscrite depuis 2008 dans la liste rouge de l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) sous le statut LC (soit Least Concern, peu préoccupante).
Ce terme est un rappel de la forme générale du squelette tout à fait analogue à celle d'une molaire de cochon, avec la particularité de présenter un huit vu de dessus.
Heteropsammia : du grec [psammos] = sable et du latin [hetero] = différent. Ce corail vit typiquement sur les fonds sableux.
cochleata : du latin [cochlea] = coquille d'escargot. Ceci pourrait être une allusion à l'unité générale qui rappelle celle d'un mollusque. De plus, la présence du siponcle commensal* provoque le lent déplacement du corail, tel un escargot.
Numéro d'entrée WoRMS : 207501
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Anthozoa | Anthozoaires | Cnidaires exclusivement marins, solitaires ou coloniaux, uniquement sous la forme polype (jamais de phase méduse dans le cycle de vie). |
Sous-classe | Hexacorallia / Zoantharia | Hexacoralliaires / Zoanthaires | Anthozoaires coloniaux ou solitaires, tentacules lisses, polypes à symétrie d’ordre 6. |
Ordre | Scleractinia | Scléractiniaires / Madréporaires | Hexacoralliaires coloniaux (quelques espèces solitaires) produisant un exosquelette calcaire abritant de petits polypes. |
Famille | Dendrophylliidae | Dendrophylliidés | Solitaires ou coloniaux. Les septes en lamelles sont nombreuses et ont des angles arrondis. Chez de nombreux genres, les septes ont une disposition particulière (plan de Pourtalès). La plupart des genres n’ont pas de zooxanthelles dans leurs tissus. |
Genre | Heteropsammia | ||
Espèce | cochlea |
Tentacules déployés
Les couleurs chatoyantes de ces petits coraux font des éclats colorés sur les fonds sableux souvent ternes.
Indonésie, Bali, Puri Jati, 10 m
11/04/2009
Corallite en huit
Le repliement central du corallite forme un huit 8 ici bien visible, surmontant une base aplatie plus large qui repose sur le fond.
Nouvelle-Calédonie, Nouméa, 10 m
20/01/2006
Fond à Heteropsammia
Dans 10 m de fond, les populations d'H. cochleata parsèment les fonds sablo-vaseux.
Nouvelle-Calédonie, Nouméa, 10 m
09/07/2005
Orifice de la face basale
La face supérieure en 8 et la face basale plate et trouée sont très distinctes. Le trou est du diamètre du siponcle qui l'a foré.
Nouvelle-Calédonie, Nouméa, 10 m
17/02/2006
Tentacules du polype
Les tentacules émergent autour du corallite. Comme pour la plupart des coraux, ces tentacules sortent cependant plus facilement de nuit.
Nouvelle-Calédonie, Nouméa, 10 m
19/03/2006
Traces du déplacement
Les dents de cochon se déplacent de manière passive : le siponcle commensal rampe au sol et emmène avec lui son hôte protecteur. Ce déplacement laisse sur le sable des traces sans équivoque.
Nouvelle-Calédonie, Nouméa, 10 m
19/03/2006
Rédacteur principal : Virginie LEON
Vérificateur : Cédric MITEL
Responsable historique : Cédric MITEL
Responsable régional : Véronique LAMARE
La page d'Heteropsammia cochleata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN