Deux nageoires dorsales
Tête massive bordée d'épines
Une épine au préopercule dépassant le bord de l'opercule
Un barbillon charnu à la commissure des lèvres
Couleurs extrêmement variables
Chabot buffle, chabot, chabot de mer, scorpion de mer, chabot-taureau
Sea scorpion, longspinned bullhead (GB), Cabrachito (E), Seebull (D), Groene zeedonderpad (NL), Dvaergulk (N)
Cottus bubalis Euphrasen, 1786
Enophrys bubalis (Euphrasen, 1786)
Myoxocephalus bubalis (Euphrasen, 1786)
Cottus maculatus Fischer, 1885
Atlantique Nord-Est et côtes nord-ouest de Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Le chabot-buffle est un poisson qui vit en Atlantique Est, on l'y rencontre depuis le sud de l'Islande et de la Baltique jusqu'au Portugal, et en Méditerranée, où il est rare, sur les côtes nord, à l'ouest du golfe de Gênes.
Le chabot-buffle est une espèce territoriale de la zone intertidale, mais il peut être présent jusqu'à la profondeur de 200 m. Il affectionne tous les milieux rocheux mais il se plaît aussi parmi les algues et dans les herbiers. Il peut être observé dans les flaques à marée basse mais pourra les quitter si les conditions qui y règnent se dégradent. Il peut également être rencontré dans des eaux saumâtres.
Les chabots-buffles mâles et femelles atteignent des tailles maximales bien différentes : 17,5 cm pour les mâles, 25 cm pour les femelles. Ils ont une allure qui évoque celle des rascasses, mais ils possèdent deux nageoires dorsales (qui sont épineuses), avec une tête massive bordée d'épines et munies de crêtes osseuses, surtout au niveau de la nuque. Une épine, au préopercule*, dépasse le bord de l'opercule. A la commissure des lèvres de sa grande bouche, Taurulus bubalis possède un barbillon charnu (qui pourrait éventuellement être pris de loin pour une épine). Les dents sont petites. Les nageoires pectorales sont plutôt larges, robustes et arrondies. Les nageoires pelviennes sont plus longues chez le mâle que chez la femelle (chez celui-ci, elles atteignent la papille ano-génito-urinaire).
Ces poissons peuvent arborer des couleurs extrêmement variables, ternes parfois : gris, beiges ou bruns, ou vives : mauves, roses, rouges, dorées... Ces couleurs peuvent changer avec celles du fond où ils évoluent, leur conférant une certaine capacité de camouflage. Par ailleurs, leur robe peut présenter des motifs avec des bandes verticales sombres, des marbrures ou des mouchetures...
En période de reproduction la couleur du ventre se modifie : jaune-orange tacheté de blanc pour le mâle, bleuâtre pour la femelle.
Myoxocephalus scorpius est une espèce qui ressemble énormément à Taurulus bubalis, et elle peut fréquenter en Europe les mêmes habitats. Les risques de confusion sont importants !
Quelques critères permettent néanmoins de distinguer ces deux espèces très proches.
Myoxocephalus scorpius atteint tout d'abord une plus grande taille (jusqu'à 60 cm).
D'autre part, Taurulus bubalis possède :
- une tête plus massive, moins aplatie, avec un "front" au niveau des yeux,
- un barbillon charnu à la commissure des lèvres,
- une épine, au préopercule*, dépassant le bord de l'opercule,
- des membranes qui prolongent l'opercule sous la gorge ne se rejoignant pas en face ventrale (elles se rejoignent chez Myoxocephalus scorpius).
Micrenophrys lilljeborgi (Collet, 1875), le chabot nain, ne dépasse pas 8 cm et est souvent plus rouge. Sa plus grande épine préoperculaire n'atteint pas le bord de l'opercule, et il possède une ligne latérale bien marquée de protubérances rugueuses.
Il ne se rencontre que dans le nord-est de l'Atlantique, moins en surface que Taurulus bubalis.
Certaines rascasses ont une allure proche, mais elles possèdent une dorsale continue et n'ont pas de crêtes osseuses sur la tête.
Le chabot-buffle se nourrit d'invertébrés qu'il avale entiers : crustacés (mysidacés, amphipodes, décapodes), polychètes, ophiures, mollusques, ainsi que de petits poissons : gobies, blennies, petits labres. Capable de cannibalisme à l'occasion, sa bouche largement extensible lui permet d'avaler des poissons de sa taille !
La reproduction se déroule au printemps, les adultes arborent alors au niveau du ventre des couleurs plus vives.
La ponte est démersale* (déposée sur le fond) et les œufs, d'un diamètre voisin de 2 mm, sont de couleur jaune à orange. Elle est gardée par le mâle. Les larves et les jeunes ont une vie pélagique durant une certaine période, puis se rapprochent des côtes (des individus de 10 mm ont été observés dans des flaques à marée basse).
Des parasites Isopodes ont été observés sur le chabot-buffle, notamment Anilocra frontalis (Cymothoidé), et des larves pranizes* de Gnathia sp. (Gnathidé). Différentes espèces de sangsues (vers Annélides Achètes) peuvent également le parasiter : Calliobdella punctata, Janusion bubali (Srivastava, 1966), Oceanobdella microstoma et Platybdella pinnara (de Silva & Burdon-Jones, 1961).
Le chabot-buffle est un poisson qui ne possède ni écailles ni vessie natatoire. Il est territorial et il est capable de respirer hors de l'eau, ce qui lui permet de quitter les flaques à marée basse si les conditions de vie s'y détériorent.
Les jeunes peuvent supporter une température de 26°C pendant une courte durée, les adultes ne tolèrent pas plus de 22°C.
Il fait partie du régime alimentaire du grand dauphin (Tursiops truncatus), de la loutre (Lutra lutra), d'oiseaux marins et de poissons de plus grande taille.
Il se laisse facilement approcher par le plongeur, confiant dans son camouflage.
Malgré ses épines il n'est pas considéré comme très dangereux (un venin pourrait n'être présent que durant la période reproductrice).
Il n'a pas d'intérêt pour la pêche, mais il peut être capturé pour devenir l'hôte d'aquariums publics.
Le nom du chabot dérive du latin populaire [capoceus] qui désignait un poisson à grosse tête. Ce terme lui-même dérive du latin [caput] qui signifie tête.
Le terme buffle reprend le nom d'espèce.
Taurulus reprend le mot latin [taurus] = taureau, auquel s'ajoute le suffixe [-ulus] qui est un diminutif, ce qui doit être en rapport avec l'allure massive de la tête de ce poisson qui peut évoquer celle d'un petit taureau (ou taurillon).
bubalis vient directement du latin (et doit dériver du grec) et signifie "buffle", ce qui est une reprise de l'idée évoquée dans le nom de genre.
Il y a donc doublement l'évocation de l'aspect massif de la tête de ce poisson rappelant celle d'un bovidé.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Super ordre | Acanthopterygii | Acanthoptérygiens | Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens. |
Ordre | Scorpaeniformes | Scorpéniformes | Poissons scorpions. |
Sous-ordre | Cottoidei | Cottoïdes | Joues cuirassées. |
Famille | Cottidae | Cottidés | Tête large et souvent aplatie, avec des épines et des crêtes plus ou moins développées. Grande bouche avec de petites dents. Pectorales bien développées et pelviennes au niveau du thorax. |
Genre | Taurulus | ||
Espèce | bubalis |
Sur une épave en mer du Nord
Vue de côté d'un bel individu qui nous montre les principales caractéristiques de sa physionomie.
Nous ne disposons d'aucune photo de chabot-buffle en Méditerranée, toute proposition serait bienvenue !
Dunkerque (59), 20 m
20/06/1997
Couleurs chamarrées
Un individu avec des couleurs particulièrement chamarrées.
A la commissure des lèvres de sa grande bouche, Taurulus bubalis possède un barbillon charnu.
On remarque également bien l'épine du préopercule qui dépasse le bord de l'opercule.
Perros-Guirec (22), 15 m
08/07/1998
Jaune
Un bel individu à l'originale couleur jaune.
Le Squewell, Ploumanach (22), 7 m
19/10/2008
Mauve et blanc
Ces poissons peuvent arborer des couleurs extrêmement variables, ici : un patchwork de mauve et de blanc.
Aber-Benoît (29), 10 m
17/08/2007
Rouge
Ces poissons peuvent arborer des couleurs extrêmement variables, ici un camaïeu de rouges.
Perros-Guirec (22), 15 m
08/07/1998
Orange et vert
Ces poissons peuvent arborer des couleurs extrêmement variables, ici : un patchwork d'orange et de vert.
Aber-Benoît (29), 14 m
12/08/2007
Gris
Ces poissons peuvent arborer des couleurs extrêmement variables, ici : un patchwork de gris clair et de gris foncé.
Rivière d'Etel (56), 14 m
09/11/2006
Bandes transversales
Cet individu nous montre particulièrement bien ses bandes transversales.
Chez Hortense, Cap Ferret (33), 8 m, de nuit
26/08/2000
Œil rouge
Le chabot-buffle possède des yeux qui apparaissent rouges, particulièrement chez cet individu.
Ile d'Oléron (17), 6 m
08/2006
Camouflage
La robe marbrée du chabot-buffle peut lui permettre un camouflage efficace.
Oosterschelde, Zélande (Pays-Bas), 10 m
07/04/2007
En milieu portuaire
Le chabot-buffle supporte les eaux saumâtres et les milieux portuaires.
Boulogne-sur-Mer (62), zone portuaire, 6 m
06/2001
Ventre de mâle
Ce ventre orangé est celui d'un mâle. Cette teinte est plus marquée en période de reproduction.
Grevelingenmeer, Zélande (Pays-Bas), 10 m
24/05/2006
Ponte
Ces œufs ont dû être déposés il y a peu. On ne distingue rien d'autre que des petites sphères jaunâtres.
Zélande (Pays-Bas), 8 m
24/03/2006
Yeux dans les œufs
Dans ces œufs, qui ont déjà suivi une certaine évolution, on peut distinguer les yeux des embryons.
Zélande (Pays-Bas), 8 m
24/03/2006
Ponte gardée
La ponte est démersale* (déposée sur le fond) et les œufs, d'un diamètre voisin de 2 mm, sont de couleur jaune à orange. Elle est gardée par le mâle.
Zélande (Pays-Bas), 8 m
24/03/2006
Oeufs à marée basse
Cette ponte a été observée sur un rocher à environ 1m50 de haut non recouvert d'algues.
Son aspect granuleux est caractéristique du chabot-buffle
Plougastel-Daoulas (29), Estran
13/01/2021
Juvénile sur une étoile
Un juvénile de chabot-buffle (détermination grâce à l'aide précieuse de Patrick LOUISY) est juché sur un promontoire original : une étoile de mer glaciaire (Marthasterias glacialis).
Camaret (29), 10 m
2007
Combat de mâles
Scène de combat entre mâles observée durant dans le cadre d'une plongée avec Port Vivant.
Bassin du commerce, Port du Havre (76)
10/12/2017
Combat de mâles
Scène de combat entre mâles observée durant dans le cadre d'une plongée avec Port Vivant.
Bassin du commerce, Port du Havre (76)
10/12/2017
Espèce proche : le chabot nain
Le chabot nain se repère souvent par ses couleurs vives du
corps.
La tête, souvent colorée en beige, est moins facile à repérer.
Aber-Benoît (29), 16 m
13/08/2007
Espèces ressemblantes
Des membranes qui prolongent l'opercule sous la gorge ne se rejoignent pas en face ventrale chez Taurulus bubalis. Elles se rejoignent chez Myoxocephalus scorpius.
Ces individus ont été collectés lors d'opérations scientifiques (en dehors d'un contexte de plongée de loisirs).
Zélande
2005
Document ancien
Sur cette planche les deux dorsales et les barbillons sont particulièrement bien représentés.
Petit atlas des poissons de Léon Bertin, Fascicule 2 : Poissons marins, éditions N. Boubée & Cie, Paris, 1942
Reproduction de documents anciens
N/A
En gravure
Origine : Biodiversity Heritage Library
Merci à Benjamin GUICHARD pour la transmission du document.
N/A
Reproduction de documents anciens
N/A
Rédacteur principal : Vincent MARAN
Correcteur : Benjamin GUICHARD
Responsable régional : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Vincent MARAN
La page sur Taurulus bubalis sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase