Taille de 40 à 60 cm (maximum 1 m)
Vert foncé à grisâtre
Axe portant des verticilles de rameaux (similaire à une prêle)
Nombreux aiguillons de quelques millimètres, en faisceaux de 2 à 4
Fortement incrustée
Lustre d'eau
Stoneworts (GB), Stekelharig kransblad (NL)
Chara hispida var. major C.J.Hartman, 1820
Chara hispida var. gymnoteles A.Braun, 1835
Chara major Valliant ex Hy, 1913
Chara hispida f. breviradiata N.Filarszky, 1930
Chara hispida f. elongata N.Filarszky, 1930
Chara hispida f. heteroteles N.Filarszky, 1930
Chara hispida f. stricta N.Filarszky, 1930
Chara hispida var. maior f. maior (Hartman) R.D.Wood, 1962
Eurasie et nord de l'Afrique
Zones DORIS : ● Eau douce d'EuropeAlgue assez répandue dans les eaux continentales de l’hémisphère nord.
Espèce eurasiatique et nord-africaine (d’après Corillion, 1957)
Espèce se développant dans les eaux douces, très carbonatées, en eau moyennement profonde à profonde (1 à 6 mètres, voire plus selon la translucidité du milieu).
Assez commune dans les lacs des régions calcaires où elle peut former des herbiers benthiques permanents, souvent monospécifiques* (= une seule espèce) et denses, parfois très étendus ; algue pouvant également se rencontrer dans les dépendances phréatiques* de cours d’eau ou dans des gravières.
Espèce plutôt mésotrophe*, recherchant les eaux translucides, peu à modérément eutrophisées.
Les characées sont souvent les premières espèces à coloniser des milieux nouveaux où elles peuvent recouvrir d'importantes surfaces (espèces pionnières). A plus ou moins long terme, elles sont généralement supplantées par des plantes vasculaires plus compétitives comme les potamots et les élodées. Certaines espèces établissent néanmoins des ceintures pérennes dans les parties profondes des lacs, là où les macrophytes vasculaires* ne peuvent s'établir.
Algue formée, comme les autres espèces du groupe, d’un axe dressé portant des verticilles* de rameaux régulièrement espacés, l’ensemble évoquant un peu une prêle. Les entrenœuds, qui séparent chaque verticille sont formés d’une seule cellule géante.
Dans le genre Chara, la cellule des entrenœuds est revêtue d’un ensemble de filaments parallèles qui constituent la cortication* de l’axe. Les rameaux sont formés de segments pluri-cellulaires et portent, dans ce genre, des extensions mono-cellulaires appelées « cellules-bractées ».
Chara hispida, anciennement Chiara major et comme ce nom l’indique, est une grande algue robuste, d’un vert foncé à grisâtre, mesurant communément 40 à 60 cm de haut et pouvant atteindre jusqu’à 1 mètre ; espèce des eaux carbonatées, elle est habituellement fortement incrustée et les parties basales apparaissent souvent complètement calcifiées ; l’axe est assez rigide et épais de 1 à 4 mm de diamètre ; les verticilles comportent de 6 à 11 rameaux.
L’axe est hérissé de nombreux aiguillons (appelés acicules*), longs de quelques mm, généralement groupés par faisceaux de 2 à 4, étalés, caducs dans les parties anciennes.
La cortication* (étui formé de cellules allongées, enveloppant la cellule géante qui compose l'entrenœud) est dite diplostique, c’est à dire qu’elle est formée d’une double série de filaments (on compte, grosso modo, deux filaments par rameau, soit 12 filaments pour 6 rameaux…) ; les filaments corticants dits « primaires » sont mis en place par l’activité de cellules situées au niveau des verticilles ; les filaments « secondaires » sont formés par une extension des filaments primaires et sont placés entre les filaments primaires. Chez Chara hispida, les filaments secondaires sont plus larges et plus proéminents que les filaments primaires (cortication diplostique « aulacanthée »). Les acicules, qui sont développés uniquement sur les filaments primaires, apparaissent donc implantés au fond de sillons.
La famille des Characées compte de nombreuses autres espèces (de l’ordre de 90 taxons pour l’ensemble de l’Europe). Chara hispida est une grande espèce aisément reconnaissable, typique de la flore lacustre et assez répandue. Mais elle peut être accompagnée d’autres espèces, généralement plus fluettes. Parmi celles-ci, on peut citer, parmi les plus communes en milieu lacustre, Chara contraria, Chara globularis et Chara aspera.
Comme tous les végétaux, cette algue est autotrophe* grâce à la photosynthèse. Elle fabrique sa propre matière organique à partir de l'eau, du dioxyde de carbone et de l'énergie lumineuse.
Reproduction sexuée : Chara hispida est une espèce monoïque* dont on peut observer les organes sexués (les gamétanges*) durant l’été. Ceux-ci sont localisés sur les 4 à 5 premiers entrenœuds des rameaux, à l’aisselle des cellules-bractées. Chaque nœud porte une anthéridie* (gamétange mâle) surmontée d’une oogone* (gamétange femelle). Les anthéridies ont l’aspect de sphères orange vif d’à peu près 0,5 mm de diamètre et les oogones d’ovoïdes verdâtres, garnis d’une ornementation spiralée, longs d’à peu près 1 mm ; elles deviennent noirâtres à maturité et donnent des oospores* après fécondation ; les gamétanges sont repérables à l’œil nu.
Les oospores, qui résultent de la fécondation des oogones sont un moyen de dissémination efficace ; produites en grandes quantités et minuscules (moins d’un mm de longueur), elles peuvent être disséminées par les oiseaux d’eau par voie externe ou interne ; on a montré, chez certaines espèces, qu’une proportion importante des oospores pouvait survivre au passage dans le tractus digestif des oiseaux.
Reproduction asexuée possible par fragmentation et bouturage ; certaines Characées produisent des bulbilles* caractéristiques.
La nette rousse (Netta rufina), un canard plongeur, consomme préférentiellement les potamots et les characées et on a pu constater des synergies entre sa démographie et l’évolution des peuplements de Characées.
Le type de cortication ainsi que l'organisation des filaments corticants (diplostique ou triplostique) sont des éléments d'identification importants pour les différentes espèces du genre Chara.
Un dictionnaire de 1816 précise qu'une espèce de Chara, "la charagne fétide, appelée assez communément herbe à écurer, était employée dans quelques endroits pour nettoyer la vaisselle"
Charagne, nom vulgaire des charas.
Grande, par sa taille.
Chara : du latin [chara] = une racine appelée chara ? ou nom latin d'une plante mal déterminée.
hispida : féminin du latin [hispidus] = hirsute, hérissé.
Anciennement, C major : du latin [major] = plus grand, en allusion à sa grande taille parmi les espèces de son groupe.
Numéro d'entrée WoRMS : 585400
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chlorophyta | Chlorophytes | Embranchement très vaste et hétérogène de plus de 7000 espèces d'algues vertes. Unicellulaires (flagellées ou non), coloniales, filamenteuses, thalles* siphonés* ou non. Benthiques* et fixées ou planctoniques*. Subaériennes, eaux douces, saumâtres et marines. |
Classe | Charaphyceae | Charaphycées | Paroi cellulaire incrustée de calcaire |
Ordre | Charales | Charales | |
Famille | Characeae | Characées | |
Genre | Chara | ||
Espèce | hispida |
Chara hispida, ex-Chara major
Algue formée, comme les autres espèces du groupe, d’un axe dressé portant des verticilles de rameaux régulièrement espacés.
Les entrenœuds, qui séparent chaque verticille sont formés d’une seule cellule géante.
Etang de Labergement Sainte-Marie (25), 0,50 m
09/07/2010
Dans son milieu
Très présente dans ce lac il y a quelques années, cette espèce est devenue plus rare. Ce lac a la particularité de se vider de temps à autre et cela explique peut-être la disparition des stations qui avaient été signalées. Les Characées sont très sensibles à l'eutrophisation et supportent mal la concurrence des autres plantes (Les myriophylles sont très présentes actuellement).
Lac de l'Entonnoir, Bouverans (25), 1,5 m
09/07/2010
Chara major, Bouverans (25)
Cette algue est formée, comme les autres espèces du groupe, d’un axe dressé portant des verticilles de rameaux régulièrement espacés, l’ensemble évoquant un peu une prêle. Les entrenœuds, qui séparent chaque verticille sont formés d’une seule cellule géante.
Lac de l'Entonnoir, Bouverans (25)
08/2008
Détail de l'axe
Dans le genre Chara, la cellule des entrenœuds est revêtue d’un ensemble de filaments parallèles qui constituent la cortication* de l’axe.
Lac de l'Entonnoir, Bouverans (25)
08/2008
Oogones* matures
Les oogones*, matures, sont encadrées par leurs cellules-bractées (grossissement x 40) ; on distingue l’ornementation spiralée de la surface ; l’espèce est monoïque*, mais, à ce stade, les anthéridies*, habituellement situées sous les oogones, ont déjà disparu.
Lac de l'Entonnoir, Bouverans (25)
08/2008
Planche naturaliste
Cette image fait partie de Kurt Stübers Online Library
N/A
Reproduction de documents anciens
N/A
Herbier dense
Les characées sont souvent les premières espèces à coloniser des milieux nouveaux où elles peuvent alors recouvrir d'importantes surfaces (espèces pionnières).
Chara major (= hispida var. major) n'est plus signalée dans les cartographies récentes portant sur les macrophytes aquatiques du lac du Bourget (cf. Actes du Colloque "autour du lac du Bourget" qu'on trouve en téléchargement sur le Web) ; elle fait partie des espèces présentes à la fin du XIXe siècle mais réputée disparue suite aux aménagements du lac…
Vu la taille de l'herbier relativement au brochet, il pourrait bien s'agir de Nitellopsis obtusa (qui est bien une Characée mais pas une Chara) qui s'est prodigieusement étendu dans ce lac d'où il était inconnu au début du XXe siècle…
Lac du Bourget (73), plage de la Chalière, 7 m
12/07/2009
A l'affût
*Cette characée n'est pas l'espèce décrite (voir photo "herbier dense"), elle permet de montrer l'ambiance.
Les herbiers à Characées, denses, sont des lieux où les jeunes brochets aiment chasser à l'affût
Banc des Dames, lac du Bourget (73), 3 m
07/07/2009
Aire de repos
Un brochet se repose sur un lit de charas alors abondantes à cette période de l'année. Les petites taches blanches sur les charas sont de petits gastéropodes qui broutent les charas. On aperçoit sur la gauche une myriophylle.
Plage de Boudry, lac de Neuchâtel (Suisse), 5 m
25/09/2007
Support
Les charas peuvent servir de support à une multitude d'autres espèces. Ici des bryozoaires, très probablement Cristatella mucedo
Aix-les-Bains (73), 3 m
21/05/2009
Une bonne table
Les petits gastéropodes peuvent être très nombreux sur les charas à l'automne.
Plage de Boudry, lac de Neuchâtel (Suisse), 5 m
01/10/2007
Rédacteur principal : Gilles BAILLY
Vérificateur : Michel KUPFER
Vérificateur : Jean-Pierre COROLLA
Responsable régional : Michel KUPFER
Corillion R., 1957, Les Charophycées de France et d'Europe occidentale, Bulletin Société Scientifique de Bretagne, France, 32, 1-499.
Krause W., 1997, Charales (Charophyceae), In Ettl H. et al. (ed.), Süßwasserflora von Mitteleuropa, 18. Gustav Fischer, Allemagne, 202p.
Maumary L., Vallotton L. et Knaus P., 2007, Les oiseaux de Suisse, Station ornithologique suisse, Sempach, Nos Oiseaux, Montmollin, Suisse, 848p.
Moore J. A., 1986, Charophytes of Great Bretain and Irland, BSBI Handbook, Grande-Bretagne, (2005), 5, 142p.
Proctor V. W., 1962, Viability of Chara oospores taken from migratory water birds, Ecology, 43, 528-529.
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La page de Chara hispida dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN