Jean-Michel TISSOT le 11/02/16
Bonjour
En plongée en Martinique j'ai rencontré à chaque fois deux ou trois rascasses volantes; mais celle ci (50cm) sans antennes sur les yeux semble différente:s'agit il de P volitans ou miles ou??
Anne PROUZET le 19/02/16
Une précision utile : n'allez pas vous imaginez en lisant rapidement la réponse d'Adrien et la mienne, que n'importe quel plongeur est autorisé à faire de la chasse en bouteille avec le matériel fourni par la DEAL !
Nous parlons ici uniquement des professionnels répertoriés ayant suivi une formation pour les protéger à la fois des poissons et d'eux-mêmes (même ces petites foënes peuvent être très très dangereuses !)
D'autre part les animaux récoltés ne sont pas destinés à la vente, pour la simple raison que pour vendre du poisson, il faut être marin-pêcheur etc... avec tout un tas d'autorisation et de licences professionnelles qui ne concernent absolument pas les clubs de plongée.
Bref, vous ne pouvez goûter au poisson-lion que si vous êtes copain avec un patron de club qui vous cèdera gratuitement un poisson (il n'a, naturellement, pas le droit de les vendre !). Les autres finissent à la décharge.
Pour l'invasion, la phase ascendante est comme toujours très suivie (voyez la caulerpe en Méditerranée, le nombre de publis et même de thèses qui ont fleuri à l'époque). Espérons que la phase en plateau puis descendante, qui finiront bien par arriver, seront mieux documentées que pour la caulerpe qui a périclité dans l'indifférence générale.
Oui ce poisson est beau...isolé ou en petit nombre. C'est quand on le voit en troupe que c'est assez effrayant, d'autre part plus question d'aller explorer les cavités, fissures, entrés de grottes etc : elles sont tapissés de ces animaux venimeux et "moyennement amicaux".
Yves BENISTY le 18/02/16
Bonjour,
J'ai hésité avant de poser cette question : je suis sur un forum d'identification, est-ce le lieu ? Je ne regrette pas, parce que j'ai appris des choses.
Et juste pour préciser les choses, si j'ai posé la question, c'est que justement je n'avais pas la réponse. J'avais d'un côté cet avis d'un moniteur de plongée, plutôt rassurant (ni de la Martinique, ni de la Guadeloupe, mais entre les deux, la Dominique), avis qui remontait à quelques années, et à l'opposé des informations inquiétantes.
Après l'intervention d'Adrien et Anne, j'ai la réponse à ma question, et je vous en remercie : il s'agit bien d'une espèce envahissante, et la situation est préoccupante.
Dommage, c'est un très joli poisson...
Adrien WECKEL le 18/02/16
Bonjour Yves,
J'aimerais réagir sur ton commentaire.
"Des amis plongeurs me parlent d'une espèce qui a pris une place, mais pas de catastrophe écologique"
Quels plongeurs?? Des plongeurs professionnels aux Antilles ? des plongeurs loisir locaux ou des plongeurs loisir en vacances aux Antilles??
Quoi qu'il en soit les plongeurs ne sont certainement pas les mieux placés pour estimer l'impact du poisson lion. Par définition, les plongeurs plongent sur "les sites de plongée". Hors les sites de plongée sont "nettoyés" en permanence depuis 2013 par les plongeurs locaux et plus particulièrement les professionnels qui tentent de préserver la beauté et la richesse de leurs sites de plongée (et leur busines) en éliminant le poisson lion.
Quand on fait de la plongée bouteille, on le fait sur des sites de plongée répertoriés, connus et par conséquent nettoyés régulièrement.
Quand on fait du snorkeling ou de l'apnée, on le fait sur des spots qui sont facilement accessibles et donc accessibles aux chasseurs sous-marins qui eux aussi régulent activement la population du poisson lion (qui est par ailleurs très bon à manger).
Il faut se méfier des jugements hâtifs que l'on peut se faire quand on plonge en bouteille ou en apnée. Ce que l'on voit de nos propres yeux a toujours plus de valeur, mais en tant qu'usager de la mer (plongeurs ou apnéistes) nous ne voyons qu'une part infime des récifs coralliens et ceux que nous voyons ne sont pas représentatifs du reste des récifs pour les raisons évoquées précédemment.
Personnellement, j'ai plongé en Guadeloupe quelques mois avant l'autorisation de chasse en bouteille. On pouvait voir 15/20 poisson lions à chaque plongée. Je suis retourné plusieurs fois en Guadeloupe depuis 2013. On en voit beaucoup moins sur les sites de plongée (moins de 5 en général), même si sur une seule plongée à Port Louis l'année dernière j'en ai dénombré 21. Qu'en est-il en dehors des zones fréquentées par les plongeurs ou les chasseurs?
Pour ce qui est du "statut" de ce poisson. Le poisson lion est clairement clairement considéré comme une espèce invasive. L'état punit très sévèrement la chasse en bouteille. Pour que l'état autorise et même encourage la chasse du poisson lion (autorisations préfectorale + fourniture par la DEAL du matériel de chasse), c'est qu'il y a une raison. En Guadeloupe et en Martinique il y plusieurs centaines de plongeurs qui ont l'autorisation et qui sont équipés.
Pour ce qui est de la taille. Le record actuel (connu) en Guadeloupe est de 47,5cm. Chassé par 50m de fond par un plongeur pro en octobre dernier aux ilets Pigeons. Pour ceux qui connaissent, les ilets Pigeons, c'est le coeur de la réserve Cousteau. Lieu extrêmement plongé. Nettoyé régulièrement à la fois par les clubs locaux et par les gardes de la réserve….Mais au-delà de 40 m, ils sont peinards. Il n'y a pas grand monde pour aller les chercher à cette profondeur.
Pour plus d'informations sur le poisson lion et l'invasion aux Antilles, je vous encourage à lire ce petit livre très intéressant. Poisson lion
Adrien
Anne PROUZET le 16/02/16
J'ignore le statut "officiel" si ça a un sens, mais je peux témoigner qu'en Martinique on en est encore au stade explosif de l'infestation. Il y en a absolument partout, la baie de St Pierre en est littéralement pavée. Quand on les voit chasser en plein jour, à une dizaine de monstres toutes antennes dehors autour d'une patate de corail, aucune chance pour les habitants.
La DEAL distribue un matériel spécifique aux clubs de plongée qui acceptent de
s 'y coller (foëne et "zookeeper" à flottabilité nulle pour stocker les prises sans risquer l'envenimation). Ces tubes se remplissent de 10 kg de poisson en même pas 45 minutes de plongée ! Jean-Michel a parlé d'un spécimen de 50 cm. Le plus gros pris à ma connaissance faisait 42 cm du bout du museau à celui de la caudale, et à cette taille ils ne rentrent déjà plus dans le zookeeper !
Là où les clubs ratissent régulièrement, la population reste plus ou moins contenue mais en-dessous de 40 m et sur la côte au vent, n'en parlons pas.
Quant à l'impact sur l'écosystème local, impossible à quantifier, ou à distinguer des fluctuations normales de populations. J'ai l'impression (mais impression seulement en tant que touriste régulier) qu'on voit moins de rascasses de Plumier, mais on en voit toujours.
Et certaines murènes ont appris à les manger en attaquant par l'arrière.
Yves BENISTY le 16/02/16
Petite diversion, quel est le statut actuel de cette rascasse ? À une époque, on avait évoqué une espèce envahissante. Des amis plongeurs me parlent d’une espèce qui a pris une place, mais pas de catastrophe écologique...
Anne PROUZET le 11/02/16
Sur la remarque d'Adrien "ce doit être un très vieil individu", pas forcément !
Les premiers ont été signalés en Martinique en 2010 je crois, mais il devait y avoir des juvéniles bien planqués depuis 2-3 ans. Le poisson en question doit avoir donc dans les 10 ans. C'est surtout qu'ils se goinfrent d'une façon éhontée (les contenus stomacaux devraient faire l'objet d'une thèse...) et qu'ils grandissent à toute vitesse !
Anne PROUZET le 11/02/16
Hello,
selon Nicolas Bailly (FishBase) c'est bien les 2 espèces qui se sont dispersées en Atlantique :
Mais pour un individu donné, impossible en effet de savoir sans compter exactement le nombre de rayons des nageoires, et ce n'est pas recommandé, même hors de l'eau, de trop tripoter ces fameux rayons épineux !
50 cm, ça commence à être un beau bifteck...
Adrien WECKEL le 11/02/16
Bonjour,
P.volitans et P.miles sont quasiment impossibles à distinguer à l’œil nu.
A priori c'est P.volitans qui est présent en masse dans la zone Caraïbes (même si selon certaines sources P.miles aurait été également introduit).
L'absence d'appendice dressé au dessus de l’œil est du à l'age. L'appendice est très long chez les jeunes et par contre disparaît complètement chez les plus âgés. 50cm c'est la taille maximale qu'il peut atteindre en Caraïbes. C'est un très vieil individu.
Adrien