Anne PROUZET le 22/09/13
Nous vous avions déjà parlé sur ce Forum des travaux réalisés en 2008 et en 2010 par le Dr Horia Galea sur les Hydraires des Antilles.
Jamais 2 sans 3 ! Notre spécialiste des Hydraires vient de publier une nouvelle étude :
Galea, H.R. (2013), New additions to the shallow-water hydroids (Cnidaria: Hydrozoa) of the French Lesser Antilles: Martinique, Zootaxa, 3686(1), 1–50.
En cumulé, le nombre d'espèces connues pour la Martinique est passé de 10 (mentionnées sporadiquement dans la littérature spécialisée entre 1881 et 1968) à plus de 100. Parmi celles-ci, 8 sont nouvelles pour la Science:
Nemalecium gracile,
Halecium discoidum,
H. xanthellatum,
Sertularella calderi,
Antennella peculiaris,
A. similis,
A. tubitheca,
Podocoryna martinicana.
Cette dernière, d'une extraordinaire beauté comme vous pouvez en juger sur les photos ci-contre, a fait l'objet d'une 2ème publication cosignée par Horia Galea et... Romain Ferry que les habitués de ce Forum connaissent bien ! En voici la référence :
Galea, H.R. & Ferry, R. (2013), Podocoryna martinicana, a new species of athecate hydroid (Cnidaria: Hydrozoa: Hydractiniidae) from the Caribbean, Zootaxa, 3710(6), 578–590.
L'étude des mœurs de cet hydraire et de son hôte, le bernard-l'hermite, a mis en lumière un niveau de spécialisation et d'organisation tout à fait inattendu chez des organismes réputés aussi "simples".
Podocoryna martinicana, contrairement à tous les autres membres de la famille qui vivent en association avec des bernard-l’hermite et dont les colonies recouvrent la quasi-totalité de la surface de la coquille-hôte, vit en colonies dont l’organisation est unique. Ainsi, quelques gros polypes nourriciers, pourvus d'un nombre considérable de tentacules, se développent exclusivement sur le bord columellaire de la coquille, alors que de nombreux polypes reproducteurs, plus petits que les premiers et dépourvus de bouche, s'alignent le long du bord externe du péristome (labre). Un troisième type de polypes, d'apparence filiforme et disséminés irrégulièrement au sein de la colonie, assure la protection de celle-ci grâce aux nombreuses cellules urticantes dont il est pourvu. Cet hydraire entretient avec le pagure une relation symbiotique étroite et complexe. Ainsi, les observations préliminaires ont montré que le pagure semble « offrir » de la nourriture aux polypes nourriciers de l'hydraire et que ces derniers servent, de cette façon, de garde-manger. En effet, le pagure exerce des pressions au niveau de la colonne gastrique des polypes, les faisant régurgiter le bol alimentaire dont il se nourrit par la suite !
Précisons que cette étude, comme la précédente (et même les précédentes) n'est supportée par aucun laboratoire ou organisme privé ou public. Tous les frais de la mission d'étude, des produits de laboratoire aux plongées et au transport des échantillons, ont été financés grâce aux efforts des bénévoles, au premier rang desquels nos amis Romain Ferry et Jean-Marie BERTOT, une subvention de la DEAL Martinique, et une participation de la fondation PADI.
Jean-Michel SUTOUR le 25/09/13
Chapeau à Horia et Romain qui jouent vraiment dans la cour des grands.
Et un petit bonjour à Jean Marie qui n'est jamais très loin.
JMS
Vincent MARAN le 24/09/13
BonsoirHoria GALEA le 24/09/13
Merci pour tous ces mots gentils qui nous font chaud au coeur! Effectivement, comme Romain l'a si bien dit, les hydraires sont des êtres vivants exceptionnels qui ne demandent qu'à être découverts à leur échelle microscopique ;-)Romain (OCEANvironnement) FERRY le 24/09/13
Merci pour vos commentaires c'est important pour nous. Le monde des hydraires est un monde merveilleux malheureusement trop laissé de côté. Beaucoup d'hydraires sont le support d'une architecture incroyable. P. martinicana et son pagure forment une association merveilleuse ! L'association est encore à explorer. La nécessité de changer de coquille si précieuses est peut être à la base de la vie en groupe de ces pagures (c’est mon hypothèse). La séparation des polypes reproducteurs et nourriciers permettra d'identifier plus facilement le facteur moléculaire à la base de ce dimorphisme. Puis ... plein d'autres questions comme :
-Quel est l'impact de l'association dans la limitation de la taille de ces pagures en terme d'évolution (co-évolution) ?
-Quel est l'impact de l'association dans l'efficacité de la reproduction de l'hydraire,
-La couleur rouge du pied des polypes et blanche de tentacules est-elle seulement à destination des yeux du pagure...
Beaucoup de manips et d'observations passionnantes, et surtout la chance de travailler avec Horia qui est un chercheur exceptionnel.
Alain-Pierre SITTLER le 22/09/13
Et les photos (toutes de Romain ?) sont... ouf !! :-oFrédéric ZIEMSKI le 22/09/13
Horia m'avait parlé de cette découverte à La Ciotat en mai dernier, et je découvre aujourd'hui ces magnifiques photographies !Frédéric ZIEMSKI le 22/09/13
Et voici 2 planches disponibles depuis 4 jours sur WoRMSAlain-Pierre SITTLER le 22/09/13
Houlala ! Ca va t'en faire des nouvelles fiches "Antilles" à diriger (digérer), ça, Anne ! :-P :-)