Séquence expulsion

Cap d'Antibes Côte d'Azur, 8m

21/08/2008

Yves LOUIS

Lieu de prise de vue : Cap d'Antibes Côte d'Azur, 8m
Date de prise de vue : 21/08/2008
Nom du photographe : Yves LOUIS
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Comment citer cette question :
https://doris.ffessm.fr/Forum/Sequence-expulsion-1767

Réf : 1767

Dominique HORST le 23/08/08

Voici un épisode qui m'a étonné. Une séquence d'un Bernard L'hermitte semblant déménager le mollusque de sa coquille. La séquence photo a été prise par mon ami Yves.

Si c'est vraiment le crustacé qui expulse l'habitant de sa coquille, cela change complètement mon idée sur comme les Bernard trouvent une coquille. Jusqu'ici je pensais qu'il prenait place dans des coquilles vides. Apparemment, ils pratiquent aussi l'expulsion…. Est-ce une pratique courante ?

Ci-après les commentaires du photographe :

« Pour la petite histoire de Bernard, ce que j'ai vu...

La coquille et le mollusque étaient comme en suspension dans l'eau. J'ai essaye de voir ce qui les maintenait dans cette position mais sans voir de filament ou autre bave collante.

La 1ere photo donne l'impression qu'ils sont maintenus par la queue du mollusque, mais que nenni.

Au début je pensais voir un escargot tout simple, puis le fait d'être en équilibre parfait je m'y suis intéressé de plus près, quand j'ai remarque que qu'un certain Bernard semblait repousser le limace, c'est a ce moment que j'ai déclenché. La séquence totale se passe en maximum 2mn - jusqu'à la dernière photo ou le mollusque finalement "décroche" et tombe au fond. »

Il y a 5 photos pour couvrir la séquence donc les autres sont à venir...

/Dominique

= donnée saisie sous CardObs le 22/08/2012 pour intégration à l'INPN (Inventaire National du Patrimoine Naturel) dans le cadre du programme DORIS-MNHN.

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Pierre NOËL le 24/08/08

Donc finalement, le Bernard ne prend pour habitation que des coquilles vides alors ?

Oui, c'est bien çà. Les pagures sont plutôt des charognards et des grignoteurs de petits organismes pas ou peu mobiles. Ils ne sont outillés ni pour courir (ils marchent à 4 pattes et ont du mal à trimballer leur maison), ni pour tailler en pièces une proie. Pour se faire pincer par un pagure, il faut réellement le chercher. Les pagures sont des poltrons qui se cachent à la moindre alerte ± profondément dans leur coquille, ce qui leur évite de se faire manger par la plupart des prédateurs (sauf le calappe, mais çà, c'est une autre histoire... [Rudyard Kipling]).

Les coquilles vides de gastéropodes sont d'ailleurs le principal facteur limitant et existentiel pour les pagures. En beaucoup d'endroits, il n'y a pas de coquilles vides. De ce fait, les coquilles sont utilisées pendant très longtemps, et je crois même que de mémoire de pagure on ne sait plus si on a hérité sa coquille de son arrière-arrière grand père ou bien avant. A ma connaissance, il n'y a pas de travaux de datation des coquilles occupées par des pagures. Je ne serais pas surpris si on trouvait des âges canoniques, c'est à dire de nombreux lustres (1 lustre = env. 5 ans dans le calendrier gaulois).

Sylvain LE BRIS le 24/08/08

J'avais effectivement pensé à Nipponnemertes pulcher, mais sur le Mediterranean and antlantic invertebrate guide (Wirtz & Debelius, p 88) il est marqué qu'on ne le trouve que de la Norvège au nord de la France ... sur la même page il y a Drepanophorus spectabilis qui lui se trouve en Méditerranée

Frédéric ZIEMSKI le 24/08/08

Bonjour,

Le Bernard n'a expulsé personne, sauf peut-être un autre squatter : le némerte Nipponnemertes pulcher, ou ver rubanné flamboyant. (La fiche est en cours) Voir posts 1607 et 653...

FZ

Dominique HORST le 24/08/08

L'interprétation de la scène était certes hâtive.
Effectivement, le tortillon beige n'a rien d'un mollusque et si les viscères ne sont pas visibles, il n'a pas non plus d'yeux... Un ver, oui pourquoi pas, mais pour trouver un cliché de Drepanophorus spectabilis c'est pas simple...
Merci à Pierre pour les identifications du Bernard et du coquillage.
Donc finalement, le Bernard ne prend pour habitation que des coquilles vides alors ?

Merci de toutes vos remarques et merci à Yves Louis pour cette séquence.
/Dominique

Pierre NOËL le 23/08/08

Voici quelques réflexions suite à ces images.

De la même façon qu'une tortue ne peut entrer et sortir de sa carapace, un gastéropode est "collé" à sa coquille et ne peut en déménager (sauf mort et encore !). Pour vous en convaincre, avez-vous déjà essayé de décoller un ormeau ou une patelle de sa coquille ?

Le pagure et l' "animal" changent de positions respectives sur les photos mais on ne peut en déduire plus d'après la séquence.

L'interprétation que propose pour cette scène : un prédateur s'approche et bave sur le pagure ; ce dernier à moitié collé essaie de se dégager et finit par pendouiller dans la bave du prédateur qui essaie à son tour de suivre plus ou moins bien sa proie espérée. Le photographe arrive et photographie les contorsions de l' "animal" qui essaie de rejoindre dans le vide le pagure.

Je n'ai aucune idée de l'identité de l' "animal" ; par contre, il semblerait que Monsieur Bernard soit un Pagurus chevreuxi (Bouvier, 1896) logé dans une coquille de Clanculus cruciatus (Linnaeus, 1758), hôtes habituels des fonds coralligènes méditerranéens, mais là n'était pas la question, je présume...

Vous avez dit bizarre ? Comme c'est bizarre !

Sylvain LE BRIS le 23/08/08

Le ver serait peut être un nemerte Drepanophorus spectabilis ?

Sylvain LE BRIS le 23/08/08

Très belle séquence, mais à mon avis ce n'est pas un mollusque mais un ver ! qui peut être se faisait attaquer par le bernard l'hermite .. ou l'inverse !

En tout cas, le corps de ce type de coquillage ne serait pas du tout comme ça ! Il devrait avoir un corps enroulé avec les vicères et pas aussi long.