Pierre NOËL
le 18/09/10
Petits nos homards ? Si l'on compare les plus gros spécimens connus de l'Atlantique-Nord-Est (
Homarus gammarus) avec ceux de l'Atlantique Nord-Ouest (
Homarus americanus) [voir
Wolff T. 1978. Maximum size of lobsters (Homarus
) (Decapoda, Nephropidae). Crustaceana, Leiden, 34 (1): 1-14.] c'est à peu près la même chose.
La première différence (celle indiquée sur les fiches Doris) est sans doute un artéfact : certaines personnes (dont les scientifiques) mesurent la longueur du homard de la pointe du rostre à l'extrémité de la queue (telson), tandis que d'autres (les amateurs de records et autres tricheurs) comptent aussi les pinces tendues en avant. Il faut donc comparer ce qui est comparable, et indiquer comment on mesure la longueur.
La seconde différence est réelle : elle réside dans le fait qu'en Europe, on pêche les homards depuis plusieurs siècles et de façon très soutenue, alors qu'au Canada la pression de pêche a longtemps été moindre, eu égard à la grande étendue de côte rocheuse par rapport au nombre de pêcheurs.
Sachant qu'un homard peut vivre plusieurs décennies [certains ont avancé un âge de 100 ans pour les plus gros spécimens mais ce n'est pas certain], il lui est difficile de résister aux appâts des casiers et il se fait prendre un jour ou l'autre, bien avant l'âge de la retraite.
Nous manquons en Europe de réserves marines intégrales ou de cantonnements de pêche où la pêche est totalement interdite. Même dans le Parc National de Port-Cros, la pêche est autorisée (bien que très réglementée). Dans ces conditions, il est bien difficile d'avoir des homards de 60 ans à se mettre sous l'objectif de son appareil photo. Le moratoire sur le mérou a montré en Méditerranée que la méthode était efficace pour le voir grandir ; à quand un moratoire sur le homard méditerranéen ? Il ne s'en pêche que très peu et il y devient de moins en moins commun au fil des années. Ce n'est pas un hasard si la plupart des photos illustrant la fiche Doris ont été faites hors Méditerranée...