Pierre NOËL
le 29/10/08
Effectivement, cette photo risque d’en laisser plus d’un dans un abîme de perplexité. Où chercher ? Faune ? Flore ? Fonge ? et en plus, çà ne semble pas traîner dans nos bouquins de vulgarisation habituels. Il me semble raisonable de considérer les éléments objectifs suivants. C’est bien vivant (pas minéral). C’est pas pigmenté, au moins de la pigmentation colorée que l’on retrouve habituellement chez les animaux et plantes subaquatiques que nous fréquentons chaque jour. C’est pas transparent mais blanc, d’un blanc presque pur, assez inhabituel en milieu marin, supposant la présence (synthèse ?) d’un pigment blanc et/ou réfléchissant (style guanine, ptérine ou autre). C’est assez petit (2 mm), et çà semble mou (?) et agité ou agitable par les mouvements de l’eau ( ???). L’ensemble de ces caractéristiques pourraient faire penser soit à des bactéries coloniales soit à des champignons. La morphologie très structurée en plumettes blanches ne plaide pas en faveur des bactéries ; en tout cas ce ne sont pas des cyanobactéries (plus connues sous le nom d’ « algues bleues »). Reste donc l’hypothèse « champignon » (alias « fonge »), mais ce n’est sans doute pas la seule piste restante. A titre d’info, si l’on interroge ERMS (espèces marines européennes) sur ‘’Fungi’’ on obtient 799 réponses ! Pour ma part, j’avoue être incappable d’identifier une seule espèce marine de champignon (mais pour les bolets et les girolles, çà va très bien, merci).
L’ensemble des plumettes blanches semble s’être développé de façon cohérente dans le temps et dans l’espace, autrement dit au même endroit et en même temps. Il peut s’agir d’individus isolés avec développement (presque) synchrone, ou alors d’une colonie. Dans ce dernier cas, il serait logique de penser que les bases des plumettes soient en relation par des filaments, stolons, mycélium ou autre structure d’appellation ± contrôlée du même style. J’aurais tendance à privilégier cette dernière hypothèse, donc une sorte de clone blanc.
Revenons sur les sortes d’épingles à tête blanche que j’évoquais il y a quelques jours. Là me semble une possible clé de l’énigme. S’il s’agit, comme je le pense, d’une forme « jeune » des plumettes, on pourrait envisager une croissance similaire au déroulement d’une feuille de fougère, ou à l’apparition d’un sporogone sur une mousse, ou un «bourgeon« permettant l’ « éclosion» de la plumette à partir de la tête d’épingle. Par ailleurs, question annexe, sur les plumettes, les pinnules sont-elles alternes ou opposées ?
Si c’est bien un champignon, il faudra répondre à d’autres questions : Saprophyte ou parasite ? De quoi ? &
Ma
conclusion (mais on n’est pas obligé de me croire) il s’agit certainement d’un
Leucochosus plumosus albissimus. Anne se fera sans doute un plaisir de vous éclairer sur l’étymologie de ce néologisme.
Il y a la mer, et qui l’épuisera ? [Eschyle Agamemnon : scène 8, v. 958].