Francis POLLAK le 03/07/16
Les parasites, en grand nombre sur le front des Mérous bruns rencontrés sur le site de Garajau (Madère) sont-ils identifiables? Ces Mérous m'ont semblé avoir un comportement assez différent de ceux rencontrés ailleurs, cherchant la proximité des plongeurs et se laissant caresser sans la moindre crainte. Questionnés, les locaux m'ont certifié que les mérous n'étaient pas nourris... Ce comportement pourrait-il être dû au bien être que procurent ces caresses aux mérous par rapport au grand nombre de petits parasites qu'ils ont sur le front? Auriez-vous une autre explication?Francis POLLAK le 18/07/16
Jolie photo Yves ! L'explication de ce comportement vis à vis du plongeur se trouve peut être dans un doux mélange entre l'absence de crainte, la mémoire d'un nourrissage ancien, et un certain bien être sous la caresse...
Yves BENISTY le 17/07/16
Bonjour,
Je reviens de Madère et j’ai plongé sur Garajau. C’est effectivement curieux, les mérous se laissent caresser sur ce site mais pas sur l’épave du Pronto, qui n'est pas bien loin. Là-bas, on m'a donné comme explication « l’effet réserve », sachant qu’ils ne sont pas chassés, les mérous se laissent approcher (le mérou n’est pas protégé sur l'ensemble de l’île, on en trouve dans les restaurants).
Je n’ai vu personne nourrir les mérous, mais je ne sais pas s’ils l’ont été.
Il y a des crevettes nettoyeuses sur ces sites, voici une photo. Ça ressemble fort à Lysmata grabhami.
P.S. : belle photo, et la vidéo est sympa aussi. J’ai aussi une vidéo où le guide fait un bisou à bulles sur le « museau » du mérou.
Francis POLLAK le 07/07/16
On vient de me confirmer que le nourrissage n'avait plus lieux sur ce site depuis plus de 15 ans. Mais qu'il était effectivement pratiqué auparavant. Les mérous auraient-ils une si bonne mémoire?Francis POLLAK le 06/07/16
J'ai tout de suite pensé qu'ils avaient été nourris précédemment mais le guide m'a dit le contraire, d'où la question... J'ai gardé des contacts sur place et vais essayer de me le faire confirmer plus "officiellement"...
Alain-Pierre SITTLER le 06/07/16
Par rapport à ce que dit Patrice des comportements un peu méfiants sur Scandola, je me souviens sans problème de celui des mérous sur le sec du Pellu, dans les Lavezzi en Corse du Sud (une réserve également mais plongée). Sur ce spot autrement appelé "mérouville" par tout le monde, où les animaux ne sont probablement plus nourri aujourd'hui mais où ils l'ont été pendant des années et des années, les animaux les plus vieux n'avaient aucun problème à approcher très sciemment les plongeurs, voire se laisser tripoter, en attendant visiblement leur obole. Parfois même à devenant un peu agressifs quand rien ne venait. J'ai le souvenir d'un bon gros mâle de près de 50 kg, arrachant le gant d'une plongeuse pour se barrer avec ! Ou encore, le patron du club faisant son show avec une murène "domestique" et devant repousser les mérous assez violemment (:-/!!) pour pouvoir continuer. Bon, il lui manque plein de doigts à force de jouer, les vieux plongeurs le reconnaîtront :-)
Je ne connais pas Garajau, Madère. Mais si les bêtes sont habituées (ont-elles été aussi nourries par le passé ?) à approcher et à se laisser caresser par les plongeurs (avec un cérémonial d'enlevage de gants, conseillé par le club, comme des préliminaires à une offrande, une routine), ceci n'a peut-être pas de rapport immédiat avec les parasites sur le front mais avec une attente autre ?
N'y avait-il pas dans le centre de plongée un local un peu versé dans l'observation et qui aurait un avis sur la question ?
Francis POLLAK le 05/07/16
Merci à tous pour vos réponses. Afin d'illustrer le comportement dont il est fait mention, vous pouvez visionner un court extrait vidéo à cette adresse: https://www.sfrcloud.sfr.fr/web/app/share/invite/BR7u1zC09lAlain-Pierre SITTLER le 05/07/16
"Par contre, aller plus loin signifie que l'on autorise le retour du requin ... et je ne pense pas que socialement nous soyons prêts."
Socialement pas prêts (ça se constate sur le terrain réunionnais depuis plusieurs années maintenant, avec autorisation même de l'État à pêcher du squale au cœur même de la réserve marine protégée), c'est certain mais je suis sûr, Patrice, qu'à titre personnel, ça ne te déplairait pas de croiser du requin dans la rade de Villefranche ! ;-)
Pierre NOËL le 05/07/16
Bonjour,
entièrement d'accord avec Patrice. Les parasites (et les hyperparasites) sont de bons indicateurs en ce qui concerne la biodiversité spécifique et le bon état écologique des habitats. Leurs cycles biologiques sont souvent compliqués avec un ou deux hôtes intermédiaires avant l'hôte définitif des adultes reproducteurs ; çà ne marche bien que si tout le monde est là en qualité et quantité suffisante. Mentionnons toutefois qu'il peut y avoir des conditions locales très favorables à certains parasites : baies abritées, ports etc. Je me souviens avoir lu des publications faisant état d'un taux d'infestation très élevé dans certains étangs côtiers du Languedoc, avec une prévalence atteignant ou dépassant 70% (la sacculine Sacculina carcini sur le crabe vert de Méditerranée Carcinus aestuari). Ce taux d'infestation varie aussi en fonction de l'époque de l'année.
Oserai-je mentionner ici in fine la fameuse citation : <<un seul être vous manque et tout est dépeuplé>> ?
Patrice Francour le 04/07/16
Ce type de comportement est assez inhabituel. Les parasites sur la partie avant du corps des mérous est assez fréquente. Par exemple, dans la réserve de Scandola, en Corse, cela est fréquemment observé. Pour autant, les mérous ne recherchent pas spécialement le contact avec les plongeurs qui fréquentent la zone. Il est vrai que la plongée est interdite dans la réserve intégrale. A part les gestionnaires et les scientifiques autorisés (ce n'est pas systématique), il n'y a pas beaucoup de plongeurs. Je dois me rendre dans le Sud de l'Espagne la semaine prochaine dans une réserve très fréquentée par les plongeurs et où les mérous sont très abondants. Je poserai la question.
Je profite de ce forum pour faire un commentaire sur les parasites (même si cela n'est pas ma spécialité). Pierre Noël pourra compléter ma réponse si nécessaire. Il a été démontré dans les aires marines protégées, en Méditerranée et ailleurs, qu'il y avait une relation entre le degré de protection, la richesse en poissons et la richesse en parasites. Pour faire plus simple, la biodiversité en parasites est un très bon indicateur de la biodiversité en général. Il ne faut donc pas voir les parasites comme des espèces impactant négativement la faune (voire la flore) en place. Leur présence témoigne d'un équilibre retrouvé ... celui qui n'est quasiment plus observé de nos jours à part dans quelques zones du Pacifique jamais fréquentées par l'homme (cela existe encore, mais pas pour longtemps) et mises en réserve Dans ces zones, la biomasse de prédateurs de haut niveau trophique atteint près de 60 à 70% de la biomasse totale et la diversité en parasites doit être fabuleuse !! En Méditerranée, le maximum est atteint dans des zones comme Scandola avec .. 40% seulement (mais une diversité record en parasites). Ce n'est déjà pas si mal, mais certainement très loin du compte .. où de ce qu'il y avait au Néolithique. Par contre, aller plus loin signifie que l'on autorise le retour du requin ... et je ne pense pas que socialement nous soyons prêts.
Bruno CHANET le 04/07/16
c'est drôle, cela m'évoque les modifications comportementales de l’hôte par le parasite de sorte que les oeufs de ce dernier soient mieux disséminés... possible ? réaliste ?
Pierre NOËL le 04/07/16
Bonjour,
peut-être qu'un membre du GEM pourrait nous en dire davantage sur ce sujet et sur le comportement des mérous par rapport à un nettoyage "extérieur" ?
Francis POLLAK le 04/07/16
Merci pour votre réponse Pierre.
Selon WoRMS, Hatschekia epinepheli est effectivement invalide au profit de Hatschekia cernae: http://www.marinespecies.org/aphia.php?p=taxdetail...
Quant à votre dernière question, je me la pose également bien que cette éventualité me paraisse étonnante... J'ai toutefois pu observer que les copépodes étaient essentiellement regroupés sur le front des mérous, un endroit qu'il leur est plus difficile de "gratter" contre le sable ou les rochers, au risque de se blesser les yeux. Il y a certainement des espèces nettoyeuses sur le site mais les mérous pourraient-ils également trouver un certain plaisir à se faire gratouiller le front par les plongeurs? Je tiens à signaler que les instructeurs du centre de plongée nous ont bien précisé de retirer nos gants et de procéder avec délicatesse pour ne pas abîmer la peau des mérous...
Pierre NOËL le 04/07/16
Bonjour,
il y a au-moins deux espèces de copépodes connues comme ectoparasites de marginatus : Hatschekia epinepheli = (?) Hatschekia cernae et Pseudorhabdosynochus riouxi. Je n'ai jamais entendu dire que des petits copépodes glissant sur la peau des poissons pouvaient modifier le comportement de ces derniers. Tout est possible cependant en biologie.
Y avait-il des poissons nettoyeurs sur le site de plongée ? Crevettes nettoyeuses ? Les mérous peuvent-ils considérer les plongeurs comme une espèce nettoyeuse ?