Des "vers" sous la pince d'une écrevisse

Des "vers" sous la pince d'une écrevisse
Des "vers" sous la pince d'une écrevisse
  • Lieu de prise de vue : La Tour sur Orb, Hérault (34), -0,5m
  • Date de prise de vue : 18/08/2012
  • Nom du photographe : Françoise Serre-Collet
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Comment citer cette question :
https://doris.ffessm.fr/Forum/Des-vers-sous-la-pince-d-une-ecrevisse4

Réf : 9380

Pierre NOEL le 06/09/12

Sous la pince d'une écrevisse signal, Pacifastacus leniusculus, auriez-vous une idée de l'identité possible de ces petits "vers" blanchâtres ? Taille = quelques mm.
Pierre NOËL
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Pierre NOËL le 07/08/21

Bonsoir,

rassurez-vous, aucun danger. Ce n'est pas plus dangereux que de manger du saumon qui aurait des poux (Lepeophtheirus salmonis) ou des crevettes qui seraient parasitées par des bopyres (isopodes parasites).

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Olivier Clavard le 07/08/21

bonjour moi aussi , en pêchant des écrevisses signal dans un étang du cantal je me suis rendu compte qu elles étaient toutes infectées par ces minuscules vers parasites que je ne connaissais pas et ce juste avant de les cuirent, aussi je ne les pas consommé mais détruites. Ma questions: sont t elles dangereuses pour l homme ou pouvons nous consommer les écrevisses infectées. Merci.

Jean-François PARPET
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Jean-François PARPET le 19/11/16

Bonjour,

Quelques précisions et/ou corrections.

Ces vers sont bien des "Branchiobdelles" (et non "sangsues"), nom vernaculaire très peu utilisé car organismes méconnus et donné à la toute première espèce décrite du genre Branchiobdella en 1823 par Alphonse Odier, un naturaliste Français qui découvrit Branchiobdella astaci Odier, 1823 dans la chambre branchiale d'une écrevisse à pattes rouges Astacus astacus (Linnaeus, 1758). Il avait en fait été précédé par un Allemand, Braun (dont le prénom m'échappe) qui avait décrit quelques années plus tôt sous le nom d'Hirudo parasita Braun, 1805 qui deviendra Branchiobdella parasita (Braun, 1805), ce qu'il pensait alors être une sangsue du genre Hirudo sp. et qu'il considéra alors à tort comme parasite externe de cette même écrevisse. Odier déjà à l'époque notera de son coté qu'il ne s'agissait pas d'une sangsue.

Ces deux espèces endémiques en France, B. astaci et B. parasita appartiennent à la famille des Branchiobdellidae (branchiobdellides ou branchiobdelles en français), seule représentante des Branchiobdellida, l'un des Ordres Clitellates d'Annélides, comme les sangsues, Hirudinea, les vers de terre, Oligochaeta, etc. La classification étant assez controversée (ordre ou sous-classe ?...), je ne m'étendrai pas sur le sujet si ce n'est sur le fait, que ces vers sont à part des autres vers cités. Ils n'ont pas de soies capillaires, comme les sangsues contrairement aux oligochètes, pas de prostomium (ou "nez") contrairement aux oligochètes et aux sangsues et possèdent certes comme les sangsues une ventouse adhésive anale mais surtout une caractéristique unique interne de la bouche, une paire de "machoires" (voir Gelder et al., 2012, http://www.limnology-journal.org/articles/limn/pdf/2012/03/limn120016.pdf dont parle Pierre Noël).

Ces vers sont représentés à l'heure actuelle par environ 150 espèces uniquement en eau douce, et uniquement réparties sur l'hémisphère nord, avec une grande majorité d'espèces sur le continent Nord Américain, un grand nombre d'autres espèces en Asie de l'Est et enfin quelques espèces seulement en Europe représentée par le genre Branchiobdella sp.. Ils sont toujours ou presque associés à une écrevisse, d'où leur surnom de "vers des écrevisses" (crayfish worms). Quelques espèces sont toutefois compagnons de quelques rares espèces d'autres crustacés des eaux courantes (un crabe, un isopode et une crevette). Ce ne sont pas des parasites mais des ectosymbiotes ou peut-être dit plus précisément, la relation entre écrevisses et vers est beaucoup plus complexe que la simple relation de symbiose et/ou de parasitisme au sens stricte. De nature symbiotique, ils peuvent dans certains cas devenir parasites en passant par un grand nombre de stades de relation interspécifiques intermédiaires, mutualisme, commensalisme. Je conseille pour s'en convaincre la lecture de Skelton et al. 2013, "Servants, scoundrels, and hitchhikers: current understanding of the complex interactions between crayfish and their ectosymbiotic worms (Branchiobdellida)" facilement accessible sur le site des auteurs, http://www.faculty.biol.vt.edu/brown/research.html.

L'espèce représentée sur cette pince de Pacifastacus leniusculus (Dana, 1852) est effectivement Xironogiton victoriensisGelder and Hall, 1990, espèce introduite en même temps que l'écrevisse au milieu des années 70 et originaire comme elle des états de la côte Pacifique des États-Unis. Cette espèce, en forme caractéristique de raquette ou de bouteille aplatie n'est présente que sur la partie externe de l'écrevisse, la plupart du temps les pièces buccales pour les juvéniles et les organes locomoteurs et pinces pour les adultes qui s'y reproduisent, affectionnant tout particulièrement la commissure des pinces où l'on trouve très fréquemment les cocons qui renferment les œufs. Très peu d'espèces sont connues pour "habiter" les branchies de l'écrevisse. A ma connaissance, seulement 3 espèces, dont une, pour le moment signalée uniquement aux États-Unis justement sur l'écrevisse Signal, est réellement parasite stricte de ses branchies sur lesquelles, fixée, elle suce l'hémolymphe pour se nourrir. B. astaci qui vit elle aussi dans les branchies n'a pas cette caractéristique.

X. victoriensis a été signalée pour la première fois en France en 2007 et a été découverte depuis en Grande-Bretagne, Allemagne et en Espagne et auparavant en Suède et en Italie. Cette espèce est non seulement très commune en France mais aussi dans pratiquement toute l'Europe de l'Ouest, et il semble qu'avec l'expansion de l'écrevisse vers l'est, les vers suivent le même chemin, elle a par exemple été découverte récemment en Croatie.

Petite précision, en France en plus des 4 espèces endémiques du genre Branchiobdella sp. (https://inpn.mnhn.fr/docs/inventaires/LECAPLAIN,NOEL-manuel_hirudin%C3%A9s_NOFrance_V2_Juillet2015.pdf et Subchev 2014, http://www.acta-zoologica-bulgarica.eu/downloads/acta-zoologica-bulgarica/2014/66-1-5-20.pdf), seules les espèces exotiques X. victoriensis, Cambarincola gracilis Robinson, 1954 et C. okadai Yamaguchi, 1933 ont été découvertes. Cambarincola mesochoreus Hoffman, 1963 n'est pour le moment connue qu'en Italie sur un autre hôte, malheureusement aussi célèbre que l'écrevisse Signal, l'écrevisse rouge des marais de Louisiane Procambarus clarkii (Girard, 1952). Mais rien ne dit que d'autres espèces, dont C. mesochoreus, n'existent pas sur notre territoire avec la présence aujourd'hui avérées de 5 espèces Nord Américaines d'écrevisses différentes...

On ne sait pas à l'heure actuelle quel est l'impact que peuvent avoir ces vers sur la faune locale, notamment sur les espèces endémiques, mais on suppose qu'il est négatif.

Travaillant activement sur ces organismes, je serai très intéressé, Erwan, d'en savoir un peu plus sur vos investigations portant sur l'écrevisse "américaine", je suppose que vous parlez d'Orconectes limosus ?

JF

Edit VL : édition demandée par auteur du post.

Bruno CHANET
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Bruno CHANET le 14/10/16

j'ignorais que les arthropodes pouvaient avoir des sangsues ...

DORIS est une vraie mine d'or !!!

Pierre NOËL
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Pierre NOËL le 14/10/16

Bonjour,

il s'agit certainement de petites "sangsues-des-écrevisses" de la famille des Branchiobdellidae et sans doute de la branchiobdelle Xironogiton victoriensis. Toutefois, une espèce du genre Cambarincola comme Cambarincola mesochoreus ou Cambarincola okadai reste possible car ces dernières ont déjà été signalées en France chez Pacifastacus.

Pour davantage d'information, voir : Lecaplain B., Noël F., 2015. Branchiobdellidées et Hirudinées du Nord-Ouest de la France. Recherche, récolte et identification. Document de travail. Juillet 2015 - V2: 24 pp. PDF consultable @ https://inpn.mnhn.fr/docs/inventaires/LECAPLAIN,NOEL-manuel_hirudin%C3%A9s_NOFrance_V2_Juillet2015.pdf

et

Gelder, S. R., Parpet, J. F., & Quaglio, F. (2012, January). First report of two North American branchiobdellidans (Annelida: Clitellata) or crayfish worms on signal crayfish in Europe with a discussion of similar introductions into Japan. In Annales de Limnologie-International Journal of Limnology (Vol. 48, No. 03, pp. 315-322).

Bruno CHANET
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Bruno CHANET le 14/10/16

Branchiobdella astaci, Annelides ?

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Erwan De Grave le 14/10/16

Dés que j'aurais récupérer les photos de l'autopsie sur mon appareil photo et les avoir transférer sur mon pc, je les publierai.

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Erwan De Grave le 14/10/16

Bonjour,

Je suis bruxellois et je m'occupe d'écrevisses américaines et européennes.

Malheureusement non mais j'ai trouver des informations pouvant permettre de les éliminer sans causer de dégâts à la faune et la flore de l'environnement de l'écrevisse.(bibliographie utile avec les informations" http://www.aquario31.fr/index.php?topic=15955.msg2... ";" https://www.shrimpcorner.co.uk/blog/post/18-common... ") Les vermifuges naturelles sont une bonne solution. J'ai aussi trouver que les piques d'ammoniaque favorisent le développement de ces ectoparasites.

J'ai pratiquer une autopsie d'une écrevisses américaine et j'ai trouver un drôle de parasite semblable à ceux que tu nous montres sur la photo et c'est exactement aux mêmes endroits que je les ai trouver. j'en ai trouver aussi au niveau de l'articulation semblable à celle du coude humain (Voir cercle bleu sur photo). Malheureusement je n'y ai pas trouver que cet ectoparasite, j'y ai aussi trouver mais cette fois, à l’intérieur, une sorte de nid à œufs de ces parasites dans les branchies de l’écrevisse et il n'y en avait pas qu'un seul de ces nids. Le plus grave avec ces vers c'est qu'ils se nourrissent du plasma de l'écrevisse et risque de lui transmettre des maladies.

J'ai aussi trouver des vers d’intestin blancs semblable à des vers solitaires à la taille variant de 1cm à 3cm de long (au moins une quinzaine dans les intestins.) Ce n'est pas la même espèce de ver mais ils peuvent causer la mort de l’animal

J'espère que cela pourra t'aider. Bon courage avec ces vers parasites.

E. De Grave

<p>Bonjour,</p><p>Je suis bruxellois et je m'occupe d'écrevisses américaines et européennes.<br></p><p>Malheureusement non mais j'ai trouver des in...
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Patrick DANIEL le 06/09/12

Aucune idée, mais cela vaudrait vraiment le coup d'observer ces bestioles au stéréomicroscope (loupe binoculaire)!

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