Brendan Alligand le 05/12/15
Bonjour,
j'hésite quant à l'identification de cette crevette Hippolytidae trouvée parmi les algues rouges à Groix. Je la positionnerais bien dans le genre Eualus et dans l'espèce E.cranchi. Mais sa voisine E.occultus me fait douter...
Ce sujet s'établit en parallèle d'un sujet sur insecte.org.
Merci d'avance pour les éléments que vous pourriez apporter.
Brendan
Brendan ALLIGAND le 11/12/15
Bonjour,
Merci à nouveau pour cette réponse très claire et ces compléments déterminants sur la répartition!
Je m'étais demandé s'il n'y avais pas eu un faible échantillonnage qui aurait pu expliquer le petit nombre de relevés,mais ce n'est donc pas le cas.
C'est vrai que ces petites Hippolytidae donnent du fil à retordre pour les détails mais je vais tâcher d'améliorer ma technique de prise de vue pour pouvoir les capter. En dépit de leurs variations elles restent magnifiques!
Pierre NOËL le 09/12/15
Bonsoir,
oui, vous avez tout à fait raison. Si on ne savait pas où la photo a été prise, l'hypothèse Eualus pusiolus est recevable. La coloration générale et le peu que l'on devine de la forme du rostre sont également compatibles avec cette espèce. Le "hic" est que chez ces petites Hippolytidae comme chez nombre d'autres espèces, on a souvent une variabilité intraspécifique non négligeable des critères utiles à l'identification :
- le nombre d'articles sur certaines pattes (ici le carpe de P2) peut être différent entre la patte gauche et la patte droite ;
- le nombre de dents du rostre (dessus et dessous) est variable et varie en fonction de l'âge et du sexe ;
- la coloration est changeante d'où le nom donné à ces espèces de "caméléon de mer".
Si on ne dispose pas de spécimens pour examiner à la loupe de tous petits détails, on est obligé de faire des suppositions :
En ce qui concerne l'écologie fine, E. pusiolus est certes trouvée en zone intertidale dans le nord de l'Europe mais sur les côtes de la Manche, elle est plus profonde.
En ce qui concerne la distribution géographique, c'est une espèce circum-arctique dont la limite sud de distribution en Europe est en Manche et les signalements plus au sud sont considérés comme douteux (d'Udekem d'Acoz 1999 : 112). En Bretagne-nord, Bourdon (1965 : 7) n'en a trouvé qu'un seul spécimen à -75m alors que ce spécialiste de crustacés parasites (épicarides) a examiné au labo des centaines de milliers d'individus de décapodes récoltés dans les environs de Roscoff.
Pour ces raisons, j'estime bien peu probable que la crevette photographiée soit E. pusiolus et mon meilleur choix reste Eualus cranchii.
Brendan ALLIGAND le 08/12/15
Bonjour,
merci de la réponse! Oui le 0m correspond à l'estran au niveau des très basses mers.
Je peux ajouter comme élément ce détails du rostre qui est visible même s'il reste difficile à distinguer. Malheureusement, les segments des pattes ne sont pas assez visibles pour les compter.
Ces deux dents dorsales du rostre serait plutôt en faveur de E.cranchii par rapport à E.occulus si j'en crois mon Handbook. Mais je m'interroge sur la possibilité que cela puisse être E.pusiolus même si elle serait en limite d'aire de répartition.
Qu'en pensez-vous?
Pierre NOËL le 08/12/15
Bonsoir,
Je suppose que 0 mètre correspond à l'estran ; à marée basse c'est presque toujours Eualus cranchii (anciennement Thoralus cranchi) que l'on observe car l'espèce est photophile (ou photo-tolérante) alors que sa consœur Eualus occultus est plutôt sciaphile (= elle préfère l'obscurité). Sinon, les critères morphologiques qui permettent de différencier les 2 espèces à 100% ne sont malheureusement pas visibles sur ce genre de photo ; la couleur de ce spécimen est absolument compatible avec E. cranchii...