Sylvain LE BRIS le 13/06/16
Bonjour,
J'ai besoin d'aide pour identifier ce doris (enfin y en a 2 !) qui a des stries sur le pourtour du manteau. Ils faisait env 4 cm. Est-ce tout simplement Dendrodoris limbata (nombreux à Thau) avec une couleur un peu particulière ?
David RENOULT le 31/08/20
Bonjour.
J'ai observé ces individus cet été à Thau. J'ai rentré sur inat fumata https://www.inaturalist.org/observations/58016043 mais, comme vous pouvez le lire, il semblerait que grandiflora puisse aussi avoir une livrée quasi noire (voir lien donné par Joao Pedro Silva. Des analyses ont elles été faites depuis pour infirmer ou confirmer la présence de fumata sur les côtes françaises ? Merci !
Marina PODDUBETSKAIA OSSOKINE le 15/06/16
Le principe de reproduction de beaucoup d'espèces d'opistho fait que les larves voyagent avec le courant. Elles peuvent survivre jusqu'à 3 ans en attendant de trouver la bonne nourriture. Quand une larve détecte LA bonne éponge (ou hydraire, etc), elle amorce une descente, se fixe à proximité et se transforme en limace rampante. Sans quoi, la limace à locomotion lente ne trouverait pas de quoi se nourrir.
Si on trouve une espèce à Thau et pas aux environs, c'est peut-être que LA bonne éponge (ou hydraire, etc) n'est présente que dans Thau et pas sur les côtes proches. Et sans nourriture adéquate, pas de bébête.
C'est juste une piste de réflexion, je n'ai pas vérifié le régime alimentaire de D. fumata...
Alain-Pierre SITTLER le 14/06/16
Je l'ai même trouvée signalée en Israël sous son "bon" nom de D. fumata (plus l'article sous la main) mais je n'ai pas accès à [Cevika &al. 2012] et ne sais ce que ça dit. Que l'espèce se trouve sur la Méditerranée orientale n'est guère surprenant mais qu'elle soit arrivée dans la lagune de Thau, sans jamais être clairement signalée sur les côtes italiennes (Trainito renvoie-t-il juste à la littérature ?) ou méridionales françaises ne laisse de m'étonner (ceci dit, j'en serais ravi ! ) alors que les espèces lesseptiennes sont relativement surveillées... Ou encore qu'elle n'ai pas poussé jusqu'à l'Espagne où OPK l'aurait sans doute pointée.
Bref, ça n'est pas qu'elle traverse la Méditerranée d'est en ouest, qui me surprend mais qu'on ne l'ai repérée nulle part sur la route de Thau... :-)
Marina PODDUBETSKAIA OSSOKINE le 14/06/16
Une présence en Méditerranée, ce n'est déjà pas si mal
Les spécialistes ne se bousculent pas de nos jours pour signaler l'exceptionnelle biodiversité de l'étang de Thau
Ainsi, la publication "A second observation of Dendrodoris fumata (Rüppell & Leuckart, 1830) from the Mediterranean Sea" se passe de commentaires.
D'après Egidio Trainito, cette espèce a été signalée en Méditerranée en 1855 par Stimpson (mais sous le nom erroné de D. nigra).
Selon Barash and Danin, 1986, elle a été vue en Israël (côté Med) en 1980 (toujours sous le nom erroné de D. nigra).
En 2005 : http://www.marinespecies.org/aphia.php?p=distribution&id=566703
Et ainsi de suite. Quelle barrière biologique empêcherait cette espèce de traverser la Méditerranée, surtout avec le réchauffement qu'on connaît ?
Alain-Pierre SITTLER le 14/06/16
Connait-t-on une publi sérieuse qui atteste de la présence de Dendrodoris fumata sur Thau, ou même sur la côte méditerranéenne française ?
Ca m'épate beaucoup de la retrouver là ! :-o
Marina PODDUBETSKAIA OSSOKINE le 13/06/16
Oui Sylvain, tous les 4 correspondent assez bien à D. fumata
Sylvain LE BRIS le 13/06/16
Merci Mariana pour ces explications. Du coup, voici 2 autres photos que j'avais d'abord pris pour D. limbata mais qui pourrait donc être D. fumata. Ils étaient à seulement quelques mètre des autres.
Marina PODDUBETSKAIA OSSOKINE le 13/06/16
Bonjour Sylvain,
ces animaux sont troublants et donc d'autant plus intéressants à analyser (merci ). Ce sont des adultes, on élimine donc l'affirmation "la plupart des Dendrodoris juvéniles sont rouges".
Je propose de raisonner par élimination. Ce sont bien des Dendrodoris et 4 espèces sont connues en Méditerranée :
- Dendrodoris limbata a un liséré jaune au bord du manteau, ce qui ne correspond pas à l'animal rouge. L'animal noir a un bord plus clair, mais sans aucune ligne plus ou moins jaune. Donc, ça ne colle pas.
- Dendrodoris grandiflora a un bord de manteau très large, comparé à la taille du dos, ce qui ne correspond pas ici. De plus, les couleurs de ces 2 animaux ne font pas partie des variantes connues chez cette espèce. Je l'éliminerais donc aussi.
- Dendrodoris herytra est une espèce principalement atlantique. En Méditerranée on ne la croise pas plus haut que l'Andalousie. Elle est rouge ou orange mais à priori sans taches. J'en ai vu 5-6 spécimens au Bassin d'Arcachon, tous d'un orange vif uniforme. Donc, on élimine également.
- Il nous reste Dendrodoris fumata, une espèce lessepsienne, souvent difficile à identifier. Mais là, les 2 animaux correspondent. F. fumata peut être aussi bien noire que rouge, avec des taches. Le bord du manteau et les branchies collent bien. Par le passé, en Méditerranée, D. fumata avait été confondue avec D. nigra, et pour les différentier il faut regarder les branchies. Celles de nigra sont tournées vers le centre et forment une sorte de boule. Celles de fumata s'étalent dans tous les sens, comme ici.
Donc, pour moi, the winner is.... Dendrodoris fumata ! Aussi bien pour le rouge que pour le noir, mais pour autant sans une certitude à 100%.