Pierre NOËL
le 30/10/12
Bonjour,
Si vous me permettez, plusieurs remarques.
- L'identification des coquilles patelliformes est quelque peu cauchemardesque, surtout si l'on ne dispose pas de documents présentant les critères adéquats. Pour un bon aperçu des patelles bretonnes, suivre par exemple ce
lien1. En conséquence, pour l'identification des coquilles vides, lorsque c'est possible, ne pas hésiter à faire 3 vues (
pas en biais) : latérale, dessus de la coquille, intérieur de la coquille.
- Pour semer le doute dans vos esprits, et me faire l'avocat du diable (= c'est un peu une provocation!), est-ce que cette photo mystère ne pourrait pas être une coquille usée de
Tectura virginea ? Quels seraient les arguments "à charge" et "à décharge"? [NB. Pour lever toute ambiguité, je tiens à préciser que Michel a une grande habitude des coquillages, en particulier ceux de Bretagne, et que ses avis sont toujours très pertinents].
- Plusieurs publications scientifiques récentes sur la "généalogie" (= phylogénie) des espèces de patelles montrent assez clairement que l'ancienne
Patina pellucida est très voisine de toutes les patelles européennes. Le changement de nom de
Ansates pellucida en
Patella pellucida effectué dans
WoRMS,
DORIS et
Nature 22 est donc pleinement justifié ; le nom n'est pas encore modifié dans
CLEMAM,
INPN,
OBIS et autres.
- Selon Barrett et Yonge (
lien2), les helcions sur la partie haute des laminaires seraient des jeunes à coquille fine et lignes bleues ; en grandissant, la coquille deviendrait plus épaisse et terne, et les adultes se regrouperaient alors dans le bas de l'algue hôte, au niveau des crampons. Y a-t-il des observations en plongée qui confirmeraient ou infirmerait ceci, je ne l'ai trouvé nulle part ailleurs ? Il n'y aurait alors pas lieu de distinguer une forme typique
pellucida d'une forme
laevis qui ne seraient donc que deux stades successifs de développement. Une idée perso : au niveau fonctionnel, il serait logique de considérer que les individus à coquille fragile chercheraient à éviter la prédation des crabes en se localisant dans un secteur peu accessible ; les individus à coquille solide craindraient moins les pinces des
pilumnes hirsutes habitués des
haptères des grandes laminariales. Par ailleurs, au niveau évolutif, le morphotype très minéralisé des adultes (?) correspond bien au morphotype classique des autres espèces de patelles "de rocher" de la zone intertidale.
- La fiche DORIS de
Patella pellucida pourrait être enrichie par des photos de cette forme épaisse et calcifiée, photos
ex situ, et aussi si possible
in situ (photographies à faire...). Les deux autres espèces classiques de patelles de Manche & Atlantique (
Patella depressa et
Patella ulyssiponensis) auront sans doute un jour l'honneur et le privilège d'avoir une fiche DORIS [les mettre en "proposé?] ; ce sera l'occasion de revoir plus précisément les fiches des autres patelles, en particulier les critères distinctifs des espèces.