Zostère marine

Zostera marina | L.

N° 695

Cosmopolite

Clé d'identification

Feuilles vertes et rubanées, larges de 4 à 10 mm
Trois à cinq nervures parallèles et longitudinales
Rhizome enfoui dans le sédiment
Racines adventives partant des nœuds
Inflorescences en forme d'épis de la largeur des feuilles, de mai à août

Noms

Autres noms communs français

Grande zostère, chiendent marin, verdière ou verdrière, pailleule, foin de mer, herbe à outarde (Québec)

Noms communs internationaux

Common sea grass, wrack grass, sea eel grass (GB), Gemeines Seegras, Echtes Seegras (D), Gewoon zeegras (NL), Hierba de mar (E)

Distribution géographique

Cosmopolite

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Indo-Pacifique, ● Atlantique Nord-Ouest

Cette phanérogame se rencontre dans l'Atlantique, le long des côtes françaises aussi bien que du littoral belge, mauritanien ou canadien, en particulier dans la zone estuarienne du golfe du Saint-Laurent. On la trouve également dans quelques stations lagunaires de Méditerranée, étang de Thau par exemple, et dans le Pacifique Nord, mais aussi en Australie.

Biotope

Zostera marina vit dans les baies abritées en milieu sablo-vaseux, parfois sur des fonds de sable grossier ou même de graviers, entre le niveau des BMVE (Basses mer de vives eaux) qui découvre à marée basse lors des forts coefficients, et quelques mètres de profondeur, au maximum 11 m. Elle peut supporter l'exondation environ une heure pendant les marées basses de fort coefficient, ainsi que l'eau saumâtre.

Description

La grande zostère est une plante vivace à feuilles vertes souples, rubanées, alternes sur 2 rangs, arrondies au sommet, larges de 4 à 10 millimètres, avec 3 à 5 nervures longitudinales, pouvant atteindre 20 à 120 centimètres de longueur.
Ses feuilles sont portées par une tige souterraine, ou rhizome*, ancrée dans le sédiment sablo-vaseux grâce à des racines adventives*.
Le rhizome (cf. photo) qui s'accroît comme celui du chiendent ou du muguet, permet une multiplication végétative des pieds de zostères qui forment alors des peuplements denses et étendus, véritables prairies sous-marines, appelées « herbiers ».
Les fleurs, très discrètes, apparaissent de mai à juillet ou août. Elles sont regroupées en inflorescences* en forme d'épi jaunâtre enveloppé dans la gaine d'une feuille (cf. reproduction et photos).

Espèces ressemblantes

Zostera noltei (Hornem), anciennement Zostera nana (Roth.p.p.) ou zostère naine, est une espèce différente mais du même genre. Elle forme également des herbiers, ou « crassats ». Ses feuilles sont plus courtes et plus étroites (2 à 3 mm) et elle vit à un niveau supérieur, découvrant à chaque marée, également sur sédiment sablo-vaseux en milieu abrité.

Zostera angustifolia possède des feuilles de largeur intermédiaire.

En fait, il existerait douze espèces de zostères de par le monde, dont trois en Europe.
D'autre part, l'aspect des zostères marines est très voisin de celui des posidonies de Méditerranée, si on excepte la forme des inflorescences.

Alimentation

La zostère marine doit sa couleur verte à la chlorophylle*.
Comme les végétaux terrestres, elle fabrique sa propre matière organique, sa matière vivante, et donc s'accroît, par la photosynthèse*, grâce à l'énergie solaire, et aux substances minérales : eau, sels minéraux et dioxyde de carbone. Ce dernier, dissous dans l'eau, est capté et assimilé par les feuilles, qui absorbent aussi, comme les racines, l'eau et les sels minéraux ; d'où la nécessité d'eaux claires ou peu profondes.
De plus, les réactions chimiques qui permettent la croissance de la plante dégagent de l'oxygène, qui est utilisé pour la respiration de tous les êtres vivants aérobies*.

Reproduction - Multiplication

Multiplication sexuée
Bien que peu visibles, les épis de fleurs jaunâtres, pas plus larges que les feuilles, longs d'environ 4 à 5 cm, apparaissent dans notre région atlantique de mai à juillet. Elles donnent formation à des graines dont la dissémination par les courants est à l'origine de l'implantation de nouveaux pieds, dans un milieu favorable.
Ces épis de fleurs, bisexués*, sont enveloppés dans des feuilles portées par une tige dressée. Si on écarte les deux bords repliés de la feuille, on peut examiner la lame aplatie portant les fleurs disposées sur deux rangs (cf. photo).
Les fleurs mâles, représentées par une étamine à deux loges polliniques jaunes alternent régulièrement avec les fleurs femelles plus vertes formées d'un ovaire oblong et d'un style* court prolongé par deux stigmates* en fourche. Ces derniers peuvent ainsi arrêter les « grains » de pollen. Ils ont en réalité la forme de longs filaments, libérés en paquets dans l'eau par éclatement des loges polliniques (cf. photo). Cette forme filamenteuse tout à fait particulière favorise ainsi leur capture par les stigmates lors de leur libération.
Après fécondation, chaque ovule produit une graine. Le fruit (cf. photo) résultant de l'ovaire la libère par décomposition de sa paroi. Emportée par le courant, elle germera sur un substrat* favorable pour redonner un nouveau pied de zostère, un peu plus loin.

Multiplication végétative
Toutefois, l'extension des herbiers se fait surtout grâce à la multiplication végétative.….
Celle-ci s'opère très efficacement par le rhizome qui s'allonge, se ramifie et donne naissance à partir de ses bourgeons à d'autres pieds de zostère.
Tous ces individus, nés à partir d'un même pied, ont donc le même patrimoine génétique, et forment un « clone* ».

Vie associée

Ces véritables champs sous-marins sont un refuge pour quantité d'animaux adultes qui viennent y chercher un hâvre ou un lieu de reproduction : crénilabres cendrés, hippocampes, crustacés tels que Hyppolite inermis, Pisa sp., seiches qui accrochent leurs œufs autour des feuilles, nasses, bigorneaux Ocinebra sp., Spurilla neapolitana, et les lièvres de mer, Aplysia sp. dont la ponte ressemble à des spaghettis plus ou moins colorés (cf. photos).
Après les naissances, les jeunes se trouvent protégés dans cette « jungle » : pour eux, c'est une nurserie.
Les feuilles aux lanières assez larges, peuvent servir de support pour des anémones Anemonia viridis ou des étoiles de mer Asterina gibbosa (cf. photos). Leur base permet l'installation d'éponges, d'ascidies ou de jeunes moules, ainsi que d'algues rouges.
Les zostères enrichissent l'eau en oxygène grâce à leur fonction photosynthétique (cf. nutrition).
Il ne semble pas que Zostera marina ait de prédateur.

Divers biologie

Les ennemis des herbiers sont les ancres de mouillage des bateaux.
Les oies bernaches préfèrent pour leur menu les zostères naines, plus accessibles à marée basse.
La régression actuelle des zostères constatée par le rédacteur dans le Bassin d'Arcachon est inquiétante, et des études sont lancées pour essayer d'en déterminer les causes : maladie ? pollution ? envasement par dépôt des boues de dragage ? baisse de luminosité par la turbidité de l'eau ? ...

Un article scientifique dans la prestigieuse revue Nature est paru (février 2016) au sujet de cette plante et de ses relations phylogénétiques avec les plantes à fleur terrestres.

Informations complémentaires

Le port dressé des feuilles à marée haute ralentit le flot de particules amenées par les courants et favorise leur dépôt, d'où l'exhaussement des fonds qui accompagne la présence des herbiers à zostère marine et leur remplacement par ceux à zostère naine puis par la suite, …..le pré salé.

Les laisses de mer de la zostère marine et de la zostère naine, improprement appelées "varech", étaient autrefois employées dans la confection des matelas et fibres d'emballage, et servait également de très bon engrais !

Des recherches sont en cours pour intégrer les fibres de zostère marine dans des matériaux biocomposites pouvant servir à la construction de bateaux de plaisance. Ces fibres végétales présentent une rigidité relativement importante pour une densité bien moindre que celle du verre.

Statuts de conservation et réglementations diverses

La zostère marine est protégée en région Aquitaine par l'arrêté du 8 mars 2002, en son Article 1 :
"Afin de prévenir la disparition d'espèces végétales menacées et de permettre la conservation des biotopes correspondants, sont interdits, en tout temps, sur le territoire de la région Aquitaine, la destruction, la coupe, la mutilation, l'arrachage, la cueillette ou l'enlèvement, le colportage, l'utilisation, la mise en vente, la vente ou l'achat de tout ou partie des spécimens sauvages des espèces ci-après énumérées.
Toutefois, les interdictions de destruction, de coupe, de mutilation et d'arrachage ne sont pas applicables aux opérations d'exploitation courante des parcelles habituellement cultivées."

Origine des noms

Origine du nom français

Simple transcription du nom latin : Zostera, transformé en zostère.

Origine du nom scientifique

Son nom vient du grec [zôstêr] qui veut dire « ruban » ou « ceinture ».
marina : en latin = qui vient de la mer.
L. est l'abréviation codifiée de Linnaeus, qui l'a décrite en 1753.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 495077

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Magnoliophyta Angiospermes Plantes à fleurs dont les graines fécondées sont renfermées dans un fruit.
Classe Liliopsida Monocotylédones Un seul cotylédon* dans la graine. Les nervures des feuilles sont parallèles.
Ordre Alismatales Alismatales
Famille Zosteraceae Zostéracées
Genre Zostera
Espèce marina

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