Forme de tonneau, dure, brun-rouge
Jusqu' à 2 m de haut et 1 à 2 m de diamètre
Extérieur plissé, intérieur lisse
Eponge-barrique, éponge-tonneau
Barrel-sponge, basket sponge, tub sponge (GB), Esponja barril gigante (E), Großer Vasenschwamm (D)
Schmidtia muta Schmidt, 1870
Xestospongia rampa (de Laubenfels, 1934)
Atlantique tropical ouest
Zones DORIS : ● CaraïbesBahamas, Caraïbes, Floride, Bermudes, Brésil.
On la trouve de 10 à 120 m de profondeur, sur tout type de substrat dur, mais elle n'atteint des proportions géantes qu'en zone relativement calme.
C'est la plus grande éponge des Caraïbes.
Très grosse et spectaculaire éponge en forme de tonneau, jusqu' à 2 m de haut et 1 à 2 m de diamètre.
Consistance dure, ne s'enfonce pas à la pression, mais cependant assez fragile (ne pas rentrer à l'intérieur !). Couleur brun, brun-rouge, plus claire à l'intérieur, plus claire aussi pour les individus poussant en profondeur. Extérieur des parois fortement plissé et crevassé, avec des expansions latérales aplaties qui augmentent la surface de filtration. La marge de l'ouverture peut être lisse ou crénelée.
L'intérieur est au contraire d'aspect lisse, avec parfois des traces de morsures par poissons ou tortues.
Dans les zones à fort courant, l'éponge peut être allongée dans le sens du courant, avec des pincements de l'ouverture principale ou des ouvertures multiples. Dans les petits fonds et zones battues, elle reste en forme de pâté massif avec une petite dépression centrale.
Xestospongia testudinaria, (mer Rouge, océan Indien, Pacifique), assez ressemblante, présente une surface relativement lisse, sillonnée.
En mer des Caraïbes : ressemblance superficielle avec Verongula gigantea, également en forme de tonneau plus ou moins évasé mais jaunâtre, de consistance caoutchouteuse et qui n'atteint jamais de telles proportions.
Comme (presque) toutes les éponges, se nourrit en filtrant les particules microscopiques contenues dans l'eau. Elle tire aussi une partie de sa subsistance des microorganismes présents en grand nombre dans ses tissus périphériques, et qui lui donnent sa couleur.
Eponge « fumante » en avril, cette émission de fumée correspond à l'émission des spermatozoïdes par les individus mâles.
L'émission des gamètes par les femelles est plus discrète et rarement observée.
C'est une espèce ovipare*.
La couleur lie-de-vin est due aux cyanobactéries* associées (Synechococcus) qui vivent dans les tissus superficiels de l'éponge. La perte de ces symbiontes et de la coloration rouge-brun est liée à un état de stress ou de maladie et peut être suivie de la mort de l'éponge.
Gobies, ophiures, crevettes nettoyeuses, autres opportunistes se cachent entre les plis et excroissances extérieures.
Plus rarement, des épibiontes* peuvent s'installer à l'intérieur du tonneau (spirographes par exemple) ou sur toute la surface interne et externe (Bergia catenularis, Bergia puertoricense).
Squelette : peu de fibres de spongine (elle reste concentrée à la périphérie), les spicules sont des macrosclères* de type strongyles, oxes* fusiformes, strongyloxes groupés en paquets denses (voir photo).
La faible densité en spongine rend la texture dure, mais fragile : attention à ne pas casser les bords en essayant par exemple de s'asseoir à l'intérieur de l'éponge.
Il est très difficile de savoir l'âge d'une éponge donnée, car la croissance à l'intérieur d'une même espèce est extrêmement variable selon les conditions du milieu. D'après une étude réalisée en Floride, sur une trentaine de spécimens à différentes profondeurs, le taux de croissance variait de 2 % à 400 % par an ! Il est donc très hasardeux de donner une indication de l'âge en fonction du volume, d'autant plus qu'on constate aussi des phases de décroissance. Malgré ces incertitudes, les auteurs ont estimé à 127 ans l'âge d'une éponge de 1,23 X 0,98 m. Par extrapolation, un énorme spécimen photographié à Curaçao serait âgé de 2 300 ans, et serait donc le plus vieil être vivant connu !
Le « brouillard » des Xestospongia (émission des gamètes) a parfois été signalé comme irritant.
On a noté des mortalités importantes de cette espèce, en particulier en Floride, ces dernières années.
« Baril, barrique… » : nom inspiré par la ressemblance de forme, de taille et de couleur avec un tonnneau.
« de rhum… » : l'éponge ne contient aucun liquide de ce genre, mais la proximité de rivages propices à la culture de la canne y est sûrement pour quelque chose !
Xestospongia : du grec [xesto-] = lisse, poli, et [spoggos] = éponge.
muta signifie en latin : muette, ignorée, ce qui ne peut être qu'une plaisanterie au second degré pour une éponge aussi peu discrète.
Numéro d'entrée WoRMS : 166894
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
Classe | Demospongiae | Démosponges | Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella. |
Ordre | Haplosclerida | Haplosclérides | « Eponges à spicules simples ». Squelette formé de spicules* qui s’arrangent en formant un réseau de mailles polygonales, parfois renforcé par de la spongine. Mégasclères* de type oxes*, parfois des microsclères* (sigmas*, toxes*). |
Famille | Petrosiidae | Pétrosiidés | |
Genre | Xestospongia | ||
Espèce | muta |
Eponge géante
Les éponges-barriques apprécient particulièrement les rebords d'un tombant comme ici. Elles y prennent une grand développement avec des larges "ailes" latérales.
Saint-Pierre (Martinique), 15 m
11/2014
Eponge-barrique
Cette éponge monumentale a les proportions et la forme d'un tonneau un peu raboteux.
Port-Louis, Guadeloupe, 13 m
21/07/2006
Edifice multicolore
Xestopongia muta peut prendre des proportions gigantesques. Celle-ci, à faible profondeur sur un rocher exposé aux courants violents, a été cassée plusieurs fois et a fini par reconstituer un socle énorme surmonté d'une bordure dentelée en clochetons.
La Perle, Martinique (972), 10 m
15/05/2008
Eponge géante
Les plus vieux individus peuvent atteindre jusqu'à 2 m de haut en zone calme.
Port-Louis, Guadeloupe, 25m
18/06/2007
Surface interne
A l'intérieur de la cheminée, la surface est tantôt lisse tantôt plissée et piquetée par l'arrivée des orifices exhalants.
Port-Louis, Guadeloupe, 17 m
21/07/2006
Expansions latérales
La face externe est épaisse, irrégulière et crevassée, parfois jusqu’à former des crêtes et des saillies.
Le Diamant, Martinique, 15 m
29/12/2005
Cheminée secondaire
Dans les zones soumises aux courants, l'éponge peut prendre une forme étirée dans le sens du courant, ou comme ici développer des cheminées secondaires.
Le Diamant, Martinique, 15 m
12/03/2005
Emotion (1)
Voici l'aspect caractéristique en "brouillard" d'une émission de spermatozoïdes.
Corona, Cayo Largo (Cuba), 35 m
25/04/2009
Emotion (2)
Et voici l'expulsion de paquets d'ovocytes enveloppés de mucus par une autre éponge. Le courant de filtration généré par les choanocytes est assez fort pour soulever et disperser de gros flocons dans la colonne d'eau. Ceux qui ne sont pas évacués s'accumulent dans la cheminée centrale, les autres vont se répandre comme de la neige tout autour de l'éponge.
Corona, Cayo Largo (Cuba), 35 m
25/04/2009
Locataires
Un couple de crevettes Stenopus hispidus utilise cette éponge remarquable comme station de nettoyage.
Grande Anse d'Arlet, Martinique, 15 m
20/06/2013
Epibiontes
Il arrive que des zoanthaires colonisent toute la surface interne et externe de l'éponge-barrique. Cela ne semble pas la gêner.
Les Saintes, Guadeloupe, 15 m
26/07/2006
Traces de morsures
Les poissons-perroquets se nourrissent des algues hébergées dans les tissus de l’éponge, et laissent des traces de morsures.
Sainte-Anne, Martinique, 12 m
31/10/2005
Pigmentation de la couche externe
Sur cette éponge cassée en cours de cicatrisation, on voit bien la différence de coloration entre la "chair" interne, blanche, et la partie la plus externe pigmentée par la présence de cyanobactéries symbiotiques.
Port-Louis, Guadeloupe, 17 m
21/07/2006
Variantes de pigmentation
Voici côte à côte deux variantes de l'habituelle couleur brun-rouge : une jaune soufre et une beige grisâtre.
Fond Boucher, Martinique (972), vers 15 m
Romain (OCEANvironnement) FERRY
25/05/2013
Blanchissement partiel
Les cyanobactéries commensales qui vivent dans l'éponge, en lui donnant sa couleur foncée, peuvent disparaître partiellement ou totalement, de façon cyclique ou définitive. S'il n'y a pas récupération, ce blanchissement peut se terminer par la mort de l'éponge.
Plana Cay, Bahamas, environ 20 m
23/06/2008
Blanchissement total
Un blanchissement complet, comme ici, s'avère fatal à l'éponge dans un délai de 2 mois.
Plana Cay, Bahamas, environ 20 m
25/06/2008
Casse
Une illustration de la faculté de réorganisation des Spongiaires : ce bouquet d'éponges-barriques résulte peut-être de la cicatrisation d'une unique "barrique" cassée, dont les bordures ont reconstitué plusieurs cheminées. La partie située à l'intérieur du bouquet a conservé la forme incurvée de l'ancienne cheminée.
Guadeloupe, les Saintes, 15 m
27/07/2006
Spicules
Les spicules sont des oxes* fusiformes, plus ou moins courbés, groupés en paquets denses.
Spécimen récolté à la Martinique
Avril 2007
Rédacteur principal : Anne PROUZET
Correcteur : Jean VACELET
Responsable régional : Anne PROUZET
López-Legentil S., Song B., McMurray S.E., Pawlik J.R., 2008, Bleaching and stress in coral reef ecosystems: hsp70 expression by the giant barrel sponge Xestospongia muta, Molecular Ecology, 17, 1840–1849.
McMurray E., Blum J.E., Pawlik J.R., 2008, Redwood of the reef : growth and age of the giant barrel sponge Xestospongia muta in the Florida Keys, Marine Biology, 155, 159-171.
Ritson-Williams R., Becerro M.A., Paul V., 2005, Spawning of the giant barrel sponge Xestospongia muta in Belize, Coral Reefs, 24 (1), 160.
Vacelet J., 1990, Les Spongiaires, In : Bouchon C., LE MONDE MARIN. LA GRANDE ENCYCLOPEDIE DE LA CARAÏBE, Sanoli, Pointe-à-Pitre, Vol. V, 16-33.
Vacelet J., 2000, Les Spongiaires dans les départements français d'outre-mer, In : L'INVENTAIRE ZNIEFF-MER DANS LES DOM : BILAN METHODOLOGIQUE ET MISE EN PLACE, Coll. Patrimoines naturels, Publications scientifiques du M.N.H.N., Paris, Vol. 42, 129-137.
La page de Xestospongia muta sur le site de référence de DORIS pour les spongiaires est ici : World Porifera Database
La page de Xestospongia muta dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN