Amas de filaments très fins, étroitement imbriqués entre eux ayant un aspect de coton ou de feutre rouge
Couleur rouge foncé
Ramifications sans schéma particulier
Quatre files de cellules périaxiales non cortiquées et rhizoïdes à disque terminal multicellulaire (examen au microscope)
Sciaphile, forme un tapis sur tous substrats, entre 10 et 40 m de profondeur
Algue rouge gazonnante, mouffe rouge
Polysiphonia setacea Hollenberg 1968
Indo-Pacifique et Atlantique tropical et subtropical, introduite en Méditerranée
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Espèce originaire des régions tropicales, elle est native dans le Pacifique Ouest et central, de l'Indonésie jusqu'à Hawaï et la Polynésie française. Elle a été aussi signalée aux Maldives et dans l'Atlantique tropical et subtropical (Canaries, Bermudes, Salvador).
Cette algue est invasive en Méditerranée où elle a été observée pour la première fois en 1986 dans le bassin occidental (Livourne, Toscane).
Cette algue est rencontrée dans la zone intertidale* en eaux tropicales et subtidale* en Méditerranée.
En eaux tropicales, elle est épiphyte* sur d'autres macroalgues. En Méditerranée, elle est plutôt sciaphile*, présente à des profondeurs variables selon les lieux (de 7 à 72 m en Adriatique, de 25 à 40 m à Scandola (Corse)), avec souvent une biomasse maximale entre 20 et 30 m de profondeur.
Elle pousse sur tous substrats, sableux ou rocheux, ou en épiphyte sur les posidonies ou les macroalgues.
La souche méditerranéenne supporte bien les variations de température (résiste de 5 à 24 °C autant en laboratoire qu'en milieu naturel), ce qui explique sa persistance saisonnière en dehors de la couche d'eau superficielle.
Cette algue se présente comme un amas de filaments très fins (75 à 105 µm de diamètre), étroitement imbriqués entre eux, de couleur rouge foncé.
Elle forme un tapis de couleur rouge bordeaux pouvant atteindre 5 cm d'épaisseur, composé de filaments entrelacés et de sédiments piégés. Les thalles* sont polysiphonés* (filaments formés par une file de cellules axiales entourée par plusieurs files de cellules péri-axiales, quatre dans le cas présent ; les parois transversales des cellules axiales et péri-axiales étant alignées comme les barreaux d'une échelle), sans cortication* (pas de cellules recouvrant les filaments périaxiaux), avec des axes rampants irrégulièrement ramifiés et des axes érigés peu ramifiés.
Elle se fixe au substrat* par l'intermédiaire de petits rhizoïdes* unicellulaires terminés par un petit disque multicellulaire.
En Méditerranée, Halurus flosculosus (J. Ellis) Maggs & Hommersand, forme des touffes denses rose foncé à pourpres. Ses axes sont d'aspect filamenteux, cylindriques, articulés, avec des ramifications dichotomes*.
Polysiphonia scopulorum Harvey est une espèce native de Méditerranée et présente dans de nombreuses autres mers, qui peut être confondue avec W. setacea. Elle s'en distingue principalement par ses rhizoïdes sans disque multicellulaire terminal. Certains auteurs ont avancé l'hypothèse que cette algue a occulté une présence ancienne de W. setacea en Méditerranée pour expliquer l'adaptation de W. setacea aux températures hivernales. Elle se rencontre à faibles profondeurs, voire sur l'estran*.
D'autres espèces de Polysiphonia peuvent également être confondues avec W. setacea. Toutes se distinguent par l'absence de disques rhizoidaux multicellulaires.
Enfin des cyanobactéries de couleur rouge peuvent aussi être confondues pour un œil non averti.
Cette algue est autotrophe* photosynthétique : elle élabore ses composés organiques à partir de dioxyde de carbone, de sels minéraux et de lumière, grâce à des pigments qui lui permettent de faire la photosynthèse*.
En Méditerranée, tous les individus vus à ce jour sont stériles. Cette algue se reproduit donc par multiplication végétative.
Les souches tropicales ont un cycle trigénétique* isomorphe* (3 générations se succèdent : le sporophyte* et les gamétophytes* mâle et femelle, morphologiquement identiques, et le carposporophyte* qui se développe sur le gamétophyte femelle). Les structures reproductrices sont situées sur les branches.
En Méditerranée, W. setacea n'est pas consommée par les herbivores tels qu'oursins ou saupes.
En Méditerranée, W. setacea ne présente pas de variations saisonnières, seule une légère régression au printemps a été observée en Corse.
En Italie (Toscane), elle se développe de concert avec Caulerpa racemosa, autre espèce invasive qui partage le même biotope.
W. setacea est actuellement considérée comme une des algues envahissantes préoccupantes en termes d'impact sur les écosystèmes de Méditerranée. En effet, cette algue peut former des tapis denses et épais qui augmentent la sédimentation et limitent l'accès au substrat pour les espèces indigènes, d'autant plus qu'elle est peu influencée par les saisons et se développe en continu.
La résistance de la souche méditerranéenne en eaux tempérées est en contradiction avec l'origine tropicale de cette algue. Des études sont en cours pour comparer les individus de ces deux origines.
Cette algue est souvent appelée Polysiphonia, en référence à son premier nom de genre, lequel se réfère à la structure du thalle.
Algue rouge gazonnante se réfère à son aspect en milieu naturel.
Mouffe rouge est le nom utilisé par certains pêcheurs provençaux. Mouffe veut dire "mousse" en Provençal.
Womersleyella : en hommage au Pr. Dr. Hugh Bryan Spencer Womersley (1922-2011), éminent phycologue et taxonomiste australien.
setacea : du latin [saeta (seta)] = poil rude, soie. En botanique, l'adjectif sétacé = qui a la forme d'une soie de porc, c'est-à-dire d'un poil raide.
Numéro d'entrée WoRMS : 146371
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Rhodobionta / Rhodophyta | Rhodobiontes | Algues rouges, pour la plupart marines. |
Sous-embranchement | Eurhodophytina | Eurhodophytinés | |
Classe | Florideophyceae | Floridéophycées | Thalle élaboré formé de fins filaments branchés ou en lames. |
Sous-classe | Rhodymeniophycidae | Rhodyméniophycidées | |
Ordre | Ceramiales | Céramiales | Structure toujours uniaxiale. |
Famille | Rhodomelaceae | Rhodomelacées | |
Genre | Womersleyella | ||
Espèce | setacea |
Tapis dense
Cette algue pousse sur tous substrats, sableux ou rocheux, ou en épiphyte sur les posidonies ou les macroalgues.
Port Cros (83)
12/08/2013
Sur le coralligène
En Méditerranée, elle est plutôt sciaphile*, présente à des profondeurs variables selon les lieux, avec souvent une biomasse maximale entre 20 et 30 m de profondeur.
Port-Cros (83)
10/07/2011
Photo d'herbier
Cette algue forme un amas de filaments très fins (75 à 105 µm de diamètre).
Prélèvement effectué à Porquerolles (83), 35 m
03/10/2001
Photo d'herbier
Sur cette photo d'herbier, l'aspect de feutre rouge est très net.
Prélèvement effectué à Galeria (2B)
07/1993
Filaments rouges
Prélèvement effectué à Antibes (06), La Lauve, 20 m, Gx100
08/2006
Rédacteur principal : Véronique LAMARE
Correcteur : Marc VERLAQUE
Responsable régional : Véronique LAMARE
Cebrian E., Rodríguez-Prieto C., 2012, Marine Invasion in the Mediterranean Sea: The Role of Abiotic Factors When There Is No Biological Resistance. PLoS ONE 7(2): e31135. doi:10.1371/journal.pone.0031135.
Nikolić V., ŽuljeVić A., Antolić B., Despalatović M., Cvitković I., 2010, Distribution of invasive red alga Womersleyella setacea (Hollenberg) R.E. Norris (Rhodophyta, Ceramiales) in the Adriatic Sea, Acta Adriatica, 51(2), 195-202.
Rindi F., Guiry M.D., Cinelli F., 1999, Morphology and reproduction of the adventive Mediterranean rhodophyte Polysiphonia setacea, Hydrobiologia, 398/399, 91–100.
Verlaque M., 1989, Contribution à la flore des algues marines de Méditerranée : Espèces rares ou nouvelles pour les côtes Françaises, Botanica Marina, 32(2), 101.
La page sur Womersleyella setacea sur le site de référence de DORIS pour les algues : AlgaeBase
La page de Womersleyella setacea dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN