Vorticellidés

Vorticellidae (eau douce) | Ehrenberg, 1838 (Famille)

N° 2856

Cosmopolite des eaux douces

Clé d'identification

En plongée
Fine couche généralement grisâtre
Souvent sur les tiges des végétaux
Disparaît instantanément à l'effleurement
Parfois buisson de 2 ou 3 cm
Au microscope
Clochette au bout d'un pédoncule
Contraction en "ressort"

Noms

Autres noms communs français

Vorticelles

Noms communs internationaux

Bell-animals (GB), Glockentierchen (D), Klokdiertjes (NL)

Distribution géographique

Cosmopolite des eaux douces

Zones DORIS : ● Eau douce d'Europe

Cosmopolite

Biotope

Les Vorticellidés pullulent dans les mares, les étangs et les cours d'eau tranquilles.
Ils sont présents sur presque tous les substrats immergés, mais de préférence sur les feuilles et les racines des plantes aquatiques, sur les algues filamenteuses, sur les crustacés (sur les parties de la carapace qui ne peuvent pas être nettoyées par les pattes ou les pinces) et sur les gastéropodes.

Description

En plongée
La famille des Vorticellidés regroupe un ensemble d'espèces de petite taille : de 0,1 mm à quelques mm. Les plongeurs ne peuvent apercevoir que celles formant de grandes colonies recouvrant plantes et animaux d'un fin tapis (plus épais qu'un film ou un voile) généralement blanc grisâtre. Exceptionnellement, il arrive que les colonies prennent une forme plus buissonnante pour une épaisseur de 10 à 20 mm.
Les espèces non coloniales sont pratiquement invisibles à l'œil nu.

Au microscope
Ce qui suit est valable uniquement pour les espèces fixées au substrat.
Le corps est une clochette au bout d'un pédoncule*. Celui-ci, qui peut être plus long que la clochette (ou zoïde*), est soit fixé au substrat (genres Vorticella, Planeticovorticella et Pseudovorticella), soit relié à une grande colonie très ramifiée (genres Carchesium, Epicarchesium et Pseudocarchesium) elle-même fixée au substrat.
Sur le pourtour de l'ouverture de la clochette (le péristome*), on distingue des cils. Le reste du corps est lisse, dépourvu de cils.
La contraction en "ressort" du pédoncule est la caractéristique qui permet de distinguer la famille des Vorticellidés des autres Ciliés. Elle résulte de l'action du spasmonème qui est le filament ondulé que l'on voit dans le pédoncule. Il est bien visible comme une colonne torsadée plus foncée.

Espèces ressemblantes

Stentor sp. Oken, 1815 : les colonies forment une couche bleu-noir, verte, jaune ou brune sur les végétaux ; les Stentoridés sont plus grands que les Vorticellidés et peuvent atteindre 4 mm ; leur corps est en forme de corne d'abondance fixée au substrat par son extrémité inférieure ; si leur corne peut se recroqueviller sur elle-même, il n'y a pas de contraction comme chez les Vorticellidés.

Alimentation

Les cils vibratiles battent l'eau et créent un tourbillon qui entraîne des bactéries et de très petits flagellés vers l'orifice buccal où d'autres cils les attendent pour les transporter dans le système digestif.

Reproduction - Multiplication

Comme toutes les espèces de Ciliés (animaux unicellulaires), les Vorticellidés possèdent deux noyaux :
- le macronoyau ou noyau somatique, sans chromosome mais avec de la chromatine dispersée, intervient dans la vie végétative de la cellule ;
- le micronoyau ou noyau germinal, avec des chromosomes, intervient dans la reproduction.

Reproduction par mitose
C'est le principal mode de reproduction. Chez les espèces fixées, l'individu se sépare en deux dans le sens de la longueur (division longitudinale).
Le micronoyau se divise, suivi de l'étirement en deux du macronoyau. Une des deux cellules filles se transforme en une forme libre non fixée au substrat. Avant d'être séparée du pédoncule, près de la base de la clochette (zoïde*) se forme un cercle de cils appelé la « télotroche », qui va l'aider dans sa nage. Ce processus prend une vingtaine de minutes. Libérée, elle nage en ligne droite à la recherche d'un lieu bien oxygéné. La télotroche continue de se développer et améliore l'efficacité de sa nage. Une fois l'endroit adéquat trouvé, elle se colle au support et en quelques minutes la télotroche se résorbe et une ébauche de pédoncule se forme. Au bout d'une demi-heure, le pédoncule a grandi jusqu'à une longueur équivalente au zoïde*. Sa croissance continue jusqu'à ce qu'il soit de 3 à 5 fois (selon l'espèce) plus long que le zoïde*. Ce processus reproductif peut avoir lieu jusqu'à six fois par jour.
NB : le nom de télotroche est fréquemment utilisé par extension au zoïde* qui la possède et non seulement à l'anneau de cils.

Reproduction par conjugaison
La conjugaison est un phénomène différent de la fécondation. Elle intervient en général lors de conditions environnementales défavorables.
Ce qui suit est une explication très simplifiée. Deux individus s'accolent l'un à l'autre. Il n'y a pas de fusion de noyaux, mais échange réciproque de matériel génétique des micronoyaux. Le résultat, le syncaryon (ou noyau de conjugaison) reforme ensuite un nouveau macronoyau. Le bilan démographique est nul (deux cellules donnent deux cellules) mais le patrimoine génétique est réorganisé.

L'espérance de vie va de quelques heures à plusieurs semaines.

Vie associée

Les hydres d'eau douce qui s'en nourrissent sont leurs principaux ennemis.

Divers biologie

Bien que les Vorticellidés soient des unicellulaires, leur biologie permettrait de les considérer comme des animaux dont le corps n'a pas été divisé en cellules.
Certaines espèces sont coloniales.

Informations complémentaires

Les Vorticellidés sont bien connus des étudiants en biologie, car il est très facile de les cultiver en laboratoire. Il suffit d'introduire dans le récipient dans lequel ils ont été détectés de très petites quantités de matière organique (morceaux de grains de céréales cuites, céréales pour enfants) pour obtenir le développement de la population bactérienne dont ils se nourriront.
Même si elles sont bactériophages, peu d'espèces vivent dans des milieux réellement putréfiés.

L'espèce Vorticella campanula est utilisée pour l'analyse biologique de l'eau. Elle fait partie des mésosaprobies Béta que l'on trouve dans des plans d'eau assez sales, ayant de bonnes conditions d'oxygénation et un nombre de bactéries inférieur à cent mille par cm3 (par comparaison : on trouve moins de 10 bactéries par cm3 dans l'eau potable).
NB : le système des saprobies est basé sur des organismes vivant dans des eaux contenant des matières organiques en décomposition et qui sont classés d'après leur capacité de résistance aux polluants et d'après la quantité d'éléments nutritifs qui doit être présente dans l'eau.

Origine des noms

Origine du nom français

Francisation du nom de famille.

Origine du nom scientifique

Vorticellidae : du latin [Vorticella] diminutif de [vortex] ou [vertex] = tête, sommet/tête mais surtout tourbillon ; donc petit tourbillon en allusion à la couronne de cils au sommet qui provoque un mini-vortex permettant d'engloutir les particules dans l'orifice buccal.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Ciliophora Ciliés

Organismes unicellulaires eucaryotes (possédant un ou plusieurs noyaux) munis de flagelles, cils ou organes ciliés. Ils vivent en eau douce, saumâtre ou salée, modes de vie très variés. Certains sont photosynthétiques.

Sous-embranchement Ciliata Ciliés Eucaryotes unicellulaires couverts de cils vibratiles au moins à un moment de leur cycle. Formes libres nageuses, fixées avec pédoncule, coloniales ou parasitaires. Non photosynthétiques mais parfois des endosymbiontes pourvus de chloroplastes.
Sous-classe Peritrichia Péritriches Un anneau de cils sur le bord oral, souvent une tige (pédoncule) contractile, pour la plupart sessiles et fixés, mais certaines espèces peuvent se détacher et nager.
Ordre Peritrichida Péritrichides
Sous-ordre Sessilina Sessiles Organismes sessiles.
Famille Vorticellidae Vorticellidés

 Zoïdes à pédoncule contractile, formes solitaires ou coloniales.

Genre Vorticellidae
Espèce (eau douce)

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