Pompon pourpre porté par une ascophylle
Branches du thalle allongées dichotomiques
Thalle cartilagineux
Many tubed gable weed (GB), Rond of Klein Buiswier, Klein Buiswier (D), Uldtottet ledtang (Dan)
Fucus lanosus Linnaeus, 1767
Conferva omissa Gunnerus, 1772
Ceramium fastigiatum Roth, 1800
Hutchinsia fastigiata (Roth) C.Agardh, 1817
Vertebrata fastigiata S.F. Gray, 1821
Polysiphonia fastigiata (Roth) Greville, 1824
Polysiphonia lanosa (Linnaeus) Tandy, 1931
Mer du Nord, Manche, Atlantique Nord
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-OuestEtant donné que Vertebrata lanosa se développe uniquement sur Ascophyllum nodosum, toutes deux possèdent la même aire de répartition. C'est-à-dire que l’on peut retrouver des pompons des ascophylles sur tous les littoraux de l’Atlantique Nord.
À l’est, Vertebrata lanosa se développe depuis la limite avec les eaux arctiques jusqu’aux côtes du Portugal en passant par la Manche et la mer du Nord. Pour la partie ouest, on la rencontre depuis le Canada jusqu’à l'océan glacial Arctique.
Comme Vertebrata lanosa se développe sur Ascophyllum nodosum, il faut impérativement que cette dernière soit présente dans le milieu pour que les petits pompons puissent croître. De ce fait, on rencontre Vertebrata lanosa principalement sur les littoraux de mode abrité, depuis l’étage médiolittoral* jusqu'à des profondeurs pouvant avoisiner les 15 mètres.
Vertebrata lanosa appartient au grand groupe des algues rouges (Rhodobiontes), d’où sa couleur pourpre qui peut d’ailleurs parfois tendre vers le brun au niveau des extrémités. Cette algue, qui se développe à la manière d’une épiphyte*, se rencontre, dans l’immense majorité des cas, portée par l’algue brune Ascophyllum nodosum. Comme son nom commun l’indique, Vertebrata lanosa possède des frondes* qui forment des petits pompons pourpres et qui sont visibles le long des frondes ocre des ascophylles. Parfois, lorsque des fucus se développent au milieu des ascophylles, on peut retrouver des pompons se développant sur le fucus mais cela reste assez exceptionnel. Ces pompons formés par les frondes de Vertebrata lanosa ont un diamètre variant généralement entre 3 et 6 cm. Cet aspect caractéristique est imposé par la forme dichotomique* des fins filaments cartilagineux composants le thalle* (moins de 0,5 mm de diamètre).
Cette algue est considérée par certains comme un parasite de l’ascophylle. En effet, elle développe des structures cellulaires (sortes de "suçoirs") qui pénètrent dans les tissus de son hôte et qui y puisent les réserves énergétiques. De ce fait, Vertebrata lanosa ne peut pas se développer à même la roche. Cependant, elle conserve des pigments photosynthétiques* (chlorophylles* et phycobilines*) qui la rendent capable de produire sa propre énergie grâce à la lumière. Pour cela les scientifiques considèrent Vertebrata lanosa comme étant un hémiparasite. En effet, la prolifération de cette dernière sur les ascophylles ne semble pas impacter le développement de son hôte.
Pour un œil non averti, il est aisé de confondre le pompon des ascophylles avec Caulacanthus ustulatus. Il s’agit d’une algue rouge invasive qui se développe actuellement sur nos côtes et qui possède le même aspect touffu que les pompons des ascophylles. Elle se différencie par son aspect plus rouge vif et sa forme de touffe plus petite et plus condensée que Vertebrata lanosa. Enfin et surtout, Caulacanthus ustulatus se développe d’abord sur les rochers puis grimpe parfois en épiphyte sur des stipes* mais ne forme jamais des pompons qui parsèment le stipe des ascophylles. Il faut néanmoins bien faire attention avec le Fucus vesiculosus car toutes deux peuvent se développer sur le stipe.
Comme toutes les algues, le pompon des ascophylles est une espèce autotrophe*. Cela signifie qu’elle est capable de synthétiser elle-même la matière organique qui la constitue et cela grâce à la photosynthèse* (utilisation de l’énergie lumineuse captée grâce aux chlorophylles*). Elle trouve les éléments essentiels à la synthèse de sa matière organique directement dissous dans l’eau de mer qui l’entoure (dioxyde de carbone, nitrates, minéraux…).
De plus, Vertebrata lanosa possède des pseudoracines suçoirs (structures cellulaires décrites dans le § description) capables de puiser directement dans les réserves énergétiques de l’ascophylle, son hôte.
Comme toutes les algues rouges, Vertebrata lanosa possède un cycle trigénétique*. Ici, le cycle est isomorphe*, cela veut dire que gamétophytes* et tétrasporophytes* sont semblables.
La structure interne de l’algue est de type polysiphonée*, d’où l’ancien nom de genre Polysiphonia. En effet, sur une coupe transversale on remarque aisément que l’algue se compose d’un axe central qui est entouré d’une vingtaine de cellules dites péricentrales. Les segments déterminés par ces cellules péricentrales sont toujours plus larges que hauts à la manière des vertèbres d’une colonne vertébrale, d’où l’origine probable du nom de genre actuel Vertebrosa.
Dès la première rencontre avec cette algue, on comprend l’origine de son nom français. En effet, elle forme de jolis petits pompons pourpres le long des frondes de l’ascophylle.
Vertebrata : deux explications sont envisageables pour justifier l’adjectif vertébré. Soit cela viendrait de la consistance cartilagineuse de l’algue (le thalle fait un craquement lorsqu’on le coupe pour une observation au microscope). Soit cela vient de son organisation cellulaire. En effet le thalle se présente sous la forme d’une succession de cercles de cellules mis bout à bout ce qui n’est pas sans rappeler l’agencement d’une colonne vertébrale. (Voir "informations complémentaires")
lanosa : du latin [lanosa] = "laineux", en référence à l’aspect touffu de l’algue.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Rhodobionta / Rhodophyta | Rhodobiontes | Algues rouges, pour la plupart marines. |
Sous-embranchement | Eurhodophytina | Eurhodophytinés | |
Classe | Florideophyceae | Floridéophycées | Thalle élaboré formé de fins filaments branchés ou en lames. |
Sous-classe | Rhodymeniophycidae | Rhodyméniophycidées | |
Ordre | Ceramiales | Céramiales | Structure toujours uniaxiale. |
Famille | Rhodomelaceae | Rhodomelacées | |
Genre | Vertebrata | ||
Espèce | lanosa |
Abondante
Les pompons des ascophylles sont parfois très développés sur certains thalles*. D’après les observations personnelles de l'auteur de cette fiche, Vertebrata lanosa se développe à partir d’une plaie sur le thalle de l’ascophylle. Dans le cas présent les plaies sont infligées par la radula* des patelles environnantes. Dans la majorité des cas le développement s’effectue au niveau de la cicatrice laissée par la perte des conceptacles* sexuels de l’ascophylle.
Estran Trébeurden
04/2014
Forme typique
Sur cette photographie, le pompon des ascophylles illustre parfaitement son nom commun. En effet cette algue forme des petits pompons pourpres sur les frondes* de l’ascophylle dont elle est un hémiparasite (elle parasite l’ascophylle mais reste capable d’utiliser l’énergie lumineuse).
Estran Trébeurden
04/2014
Sur les ascophylles
Algues formant des touffes foncées toujours observées sur des Ascophyllum nodosum, d'où le nom de pompons des ascophylles.
Estran de la pointe du Chevet, St-Jacut de la mer (22)
01/05/2010
Au microscope
L’une des caractéristiques de Vertebrata lanosa est que le segment déterminé par l’assemblage cyclique des cellules péricentrales est toujours plus large que haut. On peut également observer les siphons qui se dessinent par transparence. De plus il faut remarquer l’extrémité qui est en train de croître : comme les végétaux terrestres, durant l’hiver les températures sont trop basses pour permettre le développement de l’algue et c’est au printemps (moment où a été pris la photo) que la croissance redémarre.
Spécimen collecté sur l’estran de Trébeurden
04/2014
Coupe transversale
Sur cette coupe transversale observée au grossissement 40x on remarque bien le siphon central (d’où l’ancien nom de genre Polysiphonia) entouré ici de 26 ou 27 cellules péricentrales (ce nombre est variable selon la partie du thalle où la coupe est effectuée). Lors de la coupe on se rend compte de la robustesse de l’algue qui est à juste titre qualifiée de cartilagineuse.
Spécimen collecté sur l’estran de Trébeurden
04/2014
Vue rapprochée
Détail d’une fronde* allongée et dichotomique de l’algue Vertebrata lanosa. Le pompon formé sur l’ascophylle se compose d’une multitude de frondes de ce genre.
Spécimen collecté sur l’estran de Trébeurden
04/2014
Rédacteur principal : Maxence GEMIN
Vérificateur : Gaël ROCHEFORT
Responsable régional : Gaël ROCHEFORT
La page sur Vertebrata lanosa sur le site de référence de DORIS pour les algues : AlgaeBase
La page sur Vertebrata lanosa dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN