Points blancs et rouges sur le céphalothorax et l'abdomen
Pattes grêles et longues avec des anneaux blancs et rouges
Pinces avec des anneaux blancs et rouges
Longues antennes rouges
Très long rostre avec des anneaux blancs et rouges
Crevette nettoyeuse des anémones, crevette nettoyeuse des murènes, crevette nettoyeuse de grotte, crevette nettoyeuse des cavernes
Clear cleaner shrimp, Anton Bruun cleaner shrimp, cleaning rock pool shrimp, rock shrimp, jelly cleaner shrimp, cave cleaner shrimp, Bruun’s cleaning partner shrimp (GB), Putzergarnele, Bruun´s Partnergarnele (D)
Leandrites cyrtorhynchus Fujino & Miyake, 1969
Periclimenes antonbruunii Bruce, 1967
Leandrites longipes Liu, Liang & Yan, 1990
Océan Pacifique Ouest et Centre, océan Indien, mer Rouge
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]Sa distribution est la suivante : mer Rouge, golfe d’Aden, golfe d’Oman, golfe Persique, océan Indien (Mozambique, Kenya, Comores, Mayotte, Madagascar, Réunion, Maurice, Rodrigues, Seychelles, Australie…) et océan Pacifique Ouest (Indonésie, Moluques, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Hawaii, Chine, Japon…).
On l'observe principalement de la surface jusqu'à 40 m de profondeur, parfois jusqu’à 60 m ; plus profondément, il s’agit souvent de Urocaridella urocaridella. La crevette nettoyeuse de Bruun affectionne les milieux rocheux avec des trous pour se cacher. Elle peut aussi bien être posée sur un support (roche, poissons) que se tenir en pleine eau en nageant ou immobile.
Cette crevette mesure jusqu’à 30 mm de longueur. La femelle adulte, de grande taille, est quasiment translucide avec des taches ou des points blancs et rouges répartis sur le céphalothorax* et l'abdomen. Les pattes et le rostre* portent des anneaux successivement rouges et blancs. La première et la deuxième paire de pattes (péréiopodes*) portent des pinces blanches et rouges, la première paire étant plus petite que la deuxième. Les petits individus sont moins pigmentés que les gros et la coloration générale est sans doute moins marquée la nuit que le jour. On devine souvent par transparence les organes internes dans le céphalothorax, estomac, glande digestive et ovaire ; ce dernier a une couleur orangée ou vert-clair selon le développement de la vitellogenèse*.
Le céphalothorax porte un très long rostre recourbé vers le haut et qui dépasse largement les écailles antennaires*. Les yeux sont normalement pédonculés*. Les antennes et les antennules* sont longues et rouges, avec quelques points blancs à la base.
Les péréiopodes* (pattes marcheuses) sont longs et grêles. Les pléopodes* (pattes nageuses situées sous l'abdomen) sont efficaces et permettent à l’animal de se maintenir immobile en pleine eau. Lorsqu'elle nage, seuls les pléopodes sont en action, les péréipodes pendent sous l'animal.
L'abdomen forme un angle droit caractéristique au niveau duquel se trouve une tache rouge précédée d'une tache blanche. La tache rouge peut s'élargir pour former une bande qui traverse latéralement l'abdomen. A la base du telson*, on distingue une bande rouge ou blanche mais qui peut être absente, suivie de 2 ou 3 gros points blancs, eux-mêmes suivis d'un point rouge foncé sur chaque uropode*.
A priori, la coloration bien particulière de cette espèce devrait permettre une identification sans risque de confusion. Il convient de noter cependant qu’il existe dans la zone géographique couverte par la crevette nettoyeuse de Bruun une bonne demi-douzaine d’espèces du genre Urocaridella, dont certaines ne sont pas encore décrites par les scientifiques : Urocaridella cyrtorhyncha, Urocaridella pulchella, Urocaridella urocaridella et Urocaridella vestigialis. Ces espèces sont moins bien connues et leurs colorations respectives sont mal cernées. Il n’est pas exclu que de nouvelles espèces soient décrites à l’avenir. Il existe sur la toile des photos attribuées à U. antonbruunii mais dont la coloration générale est assez différente de la coloration type décrite sur cette fiche ; il y a là manifestement des erreurs d’identification.
Urocaridella urocaridella (Holthuis, 1950) : c'est la première espèce à avoir été décrite. Contrairement aux autres espèces du même genre, sa coloration générale ne comporte pas de taches rouges et blanches distinctes. En partie transparente, sa coloration est beige-orangé relativement uniforme et résulte de la présence de petits chromatophores* blanc-orangé assez uniformément répartis ; son allure générale est plus massive. Cette espèce a une distribution géographique assez vaste dans l’Indo-Pacifique Ouest. Elle a été signalée en Nouvelle-Calédonie.
Urocaridella antonbruunii (Bruce, 1967) est la seconde espèce à avoir été nommée et fait donc l’objet de la présente fiche DORIS.
Urocaridella cyrtorhyncha (Fujinno & Miyake, 1969) et Urocaridella vestigialis Chace & Bruce, 1993 : elles sont rarement mentionnées et illustrées. La première espèce est considérée par certains auteurs comme un synonyme de U. antonbruunii. La seconde est également très proche de cette même espèce, elle ne serait connue que de la station type (Célèbes en Indonésie). Le lien entre les photos des plongeurs et les critères scientifiques d’identification reste à faire car la couleur de ces deux espèces n’a pas été précisée lors de la description initiale.
Urocaridella pulchella (Yokes et Galil, 2006) est l’espèce décrite la plus récemment ; c’est également une espèce très proche de Urocaridella antonbruunii. Sa couleur est la suivante d’après la description originale : "Carapace transparente, abdomen avec de petites taches rouges, présence d’une barre rouge transversale au niveau du 3e segment abdominal ; exopodites* des uropodes rayés de rouge et de blanc, le rostre blanc, avec une bande rouge subterminale. Péréiopodes blancs avec des bandes rouges : P1 et P2 avec du rouge vif au niveau les paumes et de l’articulation carpe-propode (article du péréipode, voir définition plus précise à propodite*) ; P3 à P5 avec carpe et propode rouge". Décrite en Méditerranée (Turquie) où elle a été introduite (espèce lessepsienne*), elle est évidemment présente en mer Rouge et sa distribution précise dans l’Indo pacifique est encore mal définie.
Urocaridella sp. : pour finir, signalons l’existence de plusieurs espèces non décrites. La plus souvent illustrée sur la toile à la fois dans le monde de la plongée et en aquariophilie est la crevette nez jaune. C’est une crevette pouvant atteindre 3 cm, transparente avec de gros chromatophores sombres (couleur grenat, pourpre ou violacée) et clairs (blancs ou jaunâtres) répartis sur tout le corps (sauf les 2 derniers segments abdominaux). Le rostre, les péréiopodes 1 et 2, et la chaîne nerveuse ventrale sont complètement jaunes, dessinant ainsi des lignes très visibles. Une ligne jaune sur la marge antérieure des uropodes forme également un croissant bien visible en vue dorsale sur la « queue ». La distribution géographique de cette espèce semble assez large dans l’Indo-Pacifique inter-tropical puisque des photos sont connues de l’Indonésie au Japon.
Periclimenes sp. : la crevette nettoyeuse de Bruun porte à tort le genre Periclimenes dans la toile. Dans le genre Periclimenes (Pontoniinae), le telson porte 3 paires d'épines marginales postérieures alors que dans le genre Urocaridella (Palaemoninae), le telson porte 2 paires d'épines marginales postérieures seulement. Signe distinctif pas évident à observer en plongée... On peut néanmoins parvenir à les distinguer en observant les éléments suivants :
- Sur le dessus du 3e segment abdominal une tache le plus souvent en cœur pour Periclimenes versus une tache pas en forme de cœur pour Urocaridella
- Crevettes solitaires ou en couple pour Periclimenes versus crevettes par 3 ou 4 pour Urocaridella
- Crevettes faiblement nettoyeuses moyennement farouches pour Periclimenes versus crevettes fortement nettoyeuses montant facilement sur la main ou le masque pour Urocaridella
- Crevettes souvent sur des anémones de mer ou cnidaires pour Periclimenes versus crevettes sur toutes sortes de substrats* pour Urocaridella
- Crevettes nageant rarement en pleine eau pour Periclimenes versus crevettes nageant souvent en pleine eau, les pattes pendantes ou étalées pour Urocaridella
Elle se nourrit entre autres de parasites qui vivent sur les poissons, probablement des copépodes, de déchets alimentaires, de mucosités (bouche).
Elle attire son hôte par un mouvement vibratoire latéral de ses antennes blanches.
Lorsque le poisson est disposé, il se pose sur le fond à proximité de la crevette. Celle-ci nage vers lui et commence le nettoyage.
Elle entre parfois dans la bouche et dans les cavités branchiales.
Les œufs sont fixés sur les pléopodes. Cette crevette se rencontrant dans les eaux chaudes superficielles de l’hémisphère Nord comme de l’hémisphère Sud, sa reproduction est sans doute possible toute l’année.
On observe régulièrement ces crevettes en compagnie des murènes dont elles assurent le nettoyage mais elles peuvent nettoyer d'autres poissons. Elles peuvent changer d'hôte facilement, notamment un plongeur, en nageant en pleine eau.
Parmi les espèces nettoyées, citons la murène Gymnothorax javanicus, le poisson ballon à taches noires Arothron nigropunctatus et le perroquet machoîron Chlorurus gibbus.
La biologie de cette crevette peu commune ne semble pas avoir fait l’objet de recherches par les scientifiques. Cette crevette forme des groupes de quelques individus dans de petites grottes ou à proximité immédiate ; elles y ont leur station de nettoyage et y constituent une guilde (association solidaire).
Cette espèce est occasionellement commercialisée vivante pour l’aquariologie de loisirs.
Compte tenu des connaissances scientifiques actuelles limitées sur les colorations des espèces décrites sur des spécimens fixés en liquide conservateur et de plusieurs espèces nouvelles à décrire, il peut y avoir des imperfections dans les identifications. Identifier sur photos n'est déjà pas toujours chose aisée, et malgré le plus grand soin apporté pour ne pas se tromper, il n'est pas garanti à 100 % qu'il s'agisse bien de l'espèce indiquée.
Crevette nettoyeuse : vient de ses habitudes alimentaires
de Bruun : nom de l'océanographe Anton Bruun
Urocaridella : du grec [oura] = queue et du latin [carid] = crustacé marin
antonbruunii : Anton Frederik Bruun (1901–1961) était un océanographe danois et un spécialiste des poissons. La raison pour laquelle cette crevette porte le nom de cet océanographe n'est pas définie.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Eucarida | Eucarides | Présence d'un rostre. |
Ordre | Decapoda | Décapodes | La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces. Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises). |
Sous-ordre | Caridea | Caridés | Les Caridés sont caractérisés par des pléopodes natatoires. C'est à ce groupe qu'appartiennent une grande partie des espèces de crevettes. |
Famille | Palaemonidae | Palaémonidés | Pinces de la seconde paire de pattes beaucoup plus fortes que la première ; carpopodite de la seconde paire de pattes non divisé en articles ; rostre généralement moyennement long avec dents sur le bord dorsal et ventral. Espèces marines littorales ou d'eaux saumâtres. |
Genre | Urocaridella | ||
Espèce | antonbruunii |
Allure générale
Cette crevette est quasiment translucide avec des points blancs et rouges répartis sur le céphalothorax* et l'abdomen. L'abdomen forme un angle droit caractéristique. Mayotte est la localité type de l’espèce, c’est-à-dire que le spécimen ayant servi à la décrire provient de cet endroit.
Passe en S, Mayotte, 15 m
27/11/2011
Pattes fines et grêles
Les péréiopodes* (pattes marcheuses situées sous le céphalothorax) sont longs et grêles. Notez le rostre* particulièrement long chez cette espèce.
Malapa Kalengaman, Malapascua, Philippines, 26 m
27/02/2012
Pattes et rostre
Les pattes et le rostre portent des anneaux successivement rouges et blancs. Le céphalothorax* porte un très long rostre et des yeux pédonculés*. Les antennes et les antennules* sont longues et rouges, avec quelques points blancs à la base.
Mayotte, 20 m
27/09/209
Pinces
Le bout des pinces est généralement blancs, mais il peut être rouge, voire un mélange des deux.
Epave USS Liberty, Bali, 20 m
04/2011
Queue
A la base du telson*, on distingue une bande rouge ou blanche mais qui peut être absente, suivie de 2 ou 3 gros points blancs, eux-mêmes suivis d'un point rouge foncé.
Sur cette photo, on voit également la tache rouge du dessus de l'abdomen s'étirer en une bande.
Dega Thila, de nuit, Maldives, 15 m, nuit
08/04/2009
En Polynésie
Un joli individu de la Polynésie française.
Moorea, Polynésie française, 30 m
28/12/2012
Déplacement
Sur cette photo, l'identification de l'espèce n'est pas aisée mais il pourrait s'agir de U.pulchella. La façon de se déplacer est commune au genre : lorsque les pattes nageuses sont en mouvement, les pattes marcheuses pendent souvent sous le corps de l'animal.
Maya Corner, Kho Phi Phi, Thaïlande, 20 m
22/04/2006
En pleine eau
Les pléopodes* (pattes nageuses situées sous l'abdomen) sont efficaces et lui permettent de se maintenir immobile en pleine eau. Ici, l'espèce est Urocaridella pulchella.
Iles Similan, 18 m
05/2011
Escadrille
Ces crevettes se voient souvent en groupe.
Il y a une forte probabilité pour qu'il s'agisse ici de U.pulchella.
Tobia Arba, Safaga (Egypte), 13 m
12/08/2009
Sur un cnidaire
La crevette de Bruun se place dans des endroits stratégiques de nettoyage. Ce cnidaire, était placé sous un surplomb formant une petite grotte, une dizaine de crevettes se trouvaient là, attendant un poisson à nettoyer.
Ces crevettes sont faciles à approcher car elles sont friandes de vos peaux mortes!
Dega Thila, de nuit, Maldives, 15 m, nuit
08/04/2009
Sur une éponge
Tous les supports sont bons en attendant un client à nettoyer. Ces crevettes sont souvent en groupe.
Mayotte, 15 m
26/11/2011
Espèce voisine : sur le nez d'un poisson-ballon
Ici, il ne s'agit probablement pas de la crevette de Bruun. Ses couleurs correspondent plutôt à Urocaridella pulchella. Elles ont le mode de vie et nettoyent toute sorte de poisson, comme ici, un poisson ballon à taches noires Arothron nigropunctatus.
Togian, Indonésie, 12 m, nuit
13/10/2004
Espèce voisine : Urocaridella pulchella
La taille et la transparence de cette crevette la rendent parfois difficile à voir! Ici, il s'agit également de Urocaridella pulchella en train de nettoyer un perroquet machoîron Chlorurus gibbus.
Sulawesi, Indonésie, 16 m
17/10/2004
Espèce voisine : œufs
Ses couleurs laissent penser qu'il s'agit plutôt de Urocaridella pulchella. Pour ce genre, les œufs sont portés sous l'abdomen et maintenus par les pléopodes*.
Détroit de Lembeh, Sulawesi, Indonésie, 8 m
24/01/2012
Œufs et organes
Sur cette photo, en plus des œufs gris clair sous l’abdomen, on voit bien les organes internes de la crevette (probablement Urocaridella pulchella) : estomac (marron), ovaire (blanc). L’intestin qui descend vers l'anus est également visible.
Détroit de Lembeh, Sulawesi, Indonésie, 8 m
24/01/2012
Espèce voisine : non décrite
Cette espèce non encore décrite appartient au genre Urocaridella. On l'appelle crevette nez jaune, elle est souvent illustrée sur la toile à la fois dans le monde de la plongée et en aquariophilie. Ses lignes jaunes sont caractéristiques.
Lembeh, 10 m
05/07/2010
Rédacteur principal : Sandra SOHIER
Correcteur : Pierre NOËL
Responsable historique : Sandra SOHIER
Responsable régional : Jean-Michel SUTOUR
Bruce A.J., 1967, NOTES ON SOME INDO-PACIFIC PONTONIINAE III-IX. Description of some new genera and species from the Western Indian Ocean and the South China Sea, Zoologische Verhandelingen, Leiden, 87, 1-73.
Fourmanoir P., 1955, Note sur la faune intercotidale des Comores : 1.Crustacés macroures et anomoures stomatopodes, Le Naturaliste malgache, 7 (1), 19-33.
Monod T., 1976, Sur une nouvelle collection de Crustacés Décapodes de Nouméa (Nouvelle-Calédonie), Cahiers du Pacifique, 19, 7-28.
Yokes B., Galil B. S., 2006, New records of alien decapods (Crustacea) from the Mediterranean coast of Turkey, with a description of a new palaemonid species, Zoosystema, 28, 747-755.